X-Men : La collection mutante est une collection éditée par Hachette. Retour sur son numéro 67, disponible en kiosque : La saga de l’ours démon.
Dans notre chronique précédente, nous revenions sur le soixante-sixième numéro de la collection Hachette intitulée X-Men la collection mutante : La croisade de Magnéto, par Joe Kelly, Fabian Nicieza, Alan, Davis, Lee Weeks, Leinil Francis Wu et Mark Farmer.
Aujourd’hui, c’est au tour du numéro 67 de la collection d’être chroniqué, mettant en scène les Nouveaux Mutants (avec un tout petit peu de X-Men) : La saga de l’ours démon, par Chris Claremont, Bill Sienkiewicz et Bob McLeod. Il est vendu au prix de 14.20€.
Nous vous recommandons une fois de plus de discuter avec votre libraire qui pourra vous mettre votre exemplaire de côté tous les quinze jours, ce qui assure également que la collection sera suivie dans son point de vente.
New Mutants #18 | Chris Claremont / Bill Sienkiewicz / Bill Sienkiewicz | 08/1984 | |
New Mutants #19 | Chris Claremont / Bill Sienkiewicz / Bill Sienkiewicz | 09/1984 | |
New Mutants #20 | Chris Claremont / Bill Sienkiewicz / Bill Sienkiewicz | 10/1984 | |
New Mutants #21 | Chris Claremont / Bill Sienkiewicz / Bill Sienkiewicz | 11/1984 | |
New Mutants #22 | Chris Claremont / Bill Sienkiewicz / Bill Sienkiewicz | 12/1984 | |
New Mutants #23 | Chris Claremont / Bill Sienkiewicz / Bill Sienkiewicz | 01/1985 | |
New Mutants #24 | Chris Claremont / Bill Sienkiewicz / Bill Sienkiewicz | 02/1985 | |
New Mutants #25 | Chris Claremont / Bill Sienkiewicz / Bill Sienkiewicz | 03/1985 | |
New Mutants Annual #1 | Chris Claremont / Bob McLeod / Bob McLeod, Tom Palmer | 1984 |
Du côté de l’édition, c’est toujours le même type d’album depuis le début de la collection en ce qui concerne le format et le papier. Pour ce numéro, l’impression de ce tome ne présente pas de souci particulier au niveau du rendu.
Concernant le numéro sur le dos de l’album, il s’agit du 16.
Comme pour tous les tomes précédents, l’album s’ouvre par une introduction désormais signée par un membre du Studio Makma. Dans ce numéro, on revient sur les circonstances éditoriales de la naissance des Nouveaux mutants ainsi que sur l’arrivée de Bill Sienkiewicz au dessin.
L’album s’ouvre par la saga qui donne son nom à l’album : La saga de l’ours démon. Alors que les arcs précédents étaient plus proches du super-héros classique, Chris Claremont entraine ici le lecteur dans un climat horrifique particulièrement flippant. D’ailleurs cette saga a dû donner des insomnies à Lug, vu que l’éditeur avait dégainé sa tronçonneuse – à ce niveau de coupe on a dépassé les ciseaux – pour faire disparaitre un nombre conséquent de pages !
S’il est en effet encore question des événements de l’arc précédent, où Illyana et Dani voyageant dans le futur avaient vu leurs camarades rejoindre les Hellions, on part dans une nouvelle direction en faisant nager les jeunes mutants en plein mysticisme. Dani est en effet confrontée à un mystérieux démon en forme d’ours qui est responsable de la mort de ses parents. Les Nouveaux mutants doivent ensuite affronter ce démon tandis que leur camarade a été gravement blessée.
Cet arc est particulièrement prenant, avec à la fois une exploitation très détaillée des racines amérindiennes de Dani et une utilisation de la magie qui va plus loin que ce que l’on avait pu voir jusqu’ici dans ces pages. En dehors du plaisir de lire cette histoire en entier – et donc de comprendre certains allusions ultérieures – on appréciera ici une autre facette du talent de Chris Claremont qui aime passer d’un genre littéraire à l’autre dans ses récits.
Graphiquement, c’est l’arrivée de Bill Sienkiewicz au dessin et donc le début d’une petite révolution graphique. Il va sans dire que son graphisme joue pour beaucoup pour l’installation de cette ambiance horrifique mentionnée plus haut, et lorsque l’on connait son travail avec un style plus classique (comme Moon Knight) cela surprend grandement.
Ce style a probablement pris à rebrousse-poil les lecteurs de l’époque habitués à des choses plus sages comme les dessins de Bob McLeod ou Sal Buscema, mais avec le recul on ne peut que reconnaitre la puissance de ce graphisme hors norme ainsi qu’un talent certain pour casser les codes de la narration graphique avec une mise en page étonnante. Et encore, avec cette saga l’artiste était juste en train de se chauffer !
On passe ensuite à ce qui semble être une histoire de transition : Dani est convalescente et profite d’une petite boum avec ses amies… de quoi laisser Chris Claremont montrer qu’il sait bien maitriser des personnages plus jeunes que les super-héros habituels.
Cependant ce n’est pas qu’une simple histoire de soirée pyjama, car cet arc montre l’arrivée d’un nouveau membre des Nouveaux mutants : Warlock, le métamorphe biomécanique venu d’outre-espace ! Certes, tout ne se fait pas sur un claquement de doigts et l’arrivée de l’insolite personnage est au début source de pas mal de malentendus… d’ailleurs c’est ici que Douglas Ramsey apprend qu’il est un mutant.
Outre une ambiance moins horrifique que dans l’arc précédent (mais avec un peu de tension relative à la chasse à l’intrus), cette histoire expose ici la quintessence du concept même des X-Men (et des Nouveaux mutants) : recueillir quelqu’un de différent et lui offrir un abri loin des persécutions. Le concept est poussé à l’extrême ici, puisque Warlock est un extra-terrestre et non un humain mutant, mais le discours sous-jacent est bien la lutte contre toutes les formes de xénophobie et d’intolérance.
Graphiquement, Bill Sienkiewicz est toujours en grande forme et continue à montrer qu’il est parfaitement à l’aise avec cet univers qu’il s’est approprié avec talent.
Changement de registre ensuite, pour un annual pour le moins inhabituel : une aventure spatiale des Nouveaux mutants ! Tout démarre d’une rencontre des jeunes étudiants avec la chanteuse Lila Cheney, mais très vite on part dans un registre complètement inattendu où les jeunes enfants de l’atome se retrouvent embarqués dans une histoire très étonnante.
Comme mentionné plus haut, Chris Claremont aime varier les styles dans ses écrits : ici on retrouve son goût pour la science-fiction, avec ses personnages entrainés bien loin de chez eux dans une atmosphère pleine de panache. C’est fun, bien rythmé et riche en rebondissements. C’est par ailleurs assez incompréhensible que Lug ait fait l’impasse sur cette histoire, vu qu’elle n’a rien d’effrayant (et du coup les apparitions ultérieures de Lila Cheney étaient assez obscures).
Graphiquement, on change radicalement de style avec le retour de Bob McLeod ! Le co-créateur des Nouveaux mutants signe des planches bien plus lumineuses – et classiques – que son collègue, avec un soin certain apporté aux visages. Ca fait un sacré changement, mais c’est très sympa de retrouver l’ambiance des débuts le temps d’un récit.
Pour terminer l’album, nous avons droit un autre arc qui flirte allègrement avec le genre horrifique : faisant suite à une histoire antérieure où Rhane et Roberto avaient été soumis à une drogue de synthèse similaire à celle ayant donné leurs pouvoirs à la Cape & l’Epée, ce récit montre que leurs capacités étranges – en plus de leurs pouvoirs de mutants – sont toujours présentes.
L’ambiance est déstabilisante, car si on commence l’histoire assez classiquement on fait d’abord un détour dans le conte de fées puis on vire complètement dans la magie et un contexte horrifique. Ca ne va pas aussi loin que La Saga de l’ours démon en la matière, mais on est dans un cadre qui instille un certain malaise tandis que les deux jeunes mutants ne font que sombrer à cause de ces nouveaux pouvoirs étranges et des comportements qu’ils induisent.
L’arc est passionnant, un peu bavard mais Chris Claremont prend le temps d’explorer en détail la psyché de ses personnages alors ce verbiage est un prix assez modeste à payer en regard de ce qu’il nous offre en terme de caractérisation. C’est même assez touchant, notamment lorsque le Professeur Xavier se met à nu pour parler de l’éveil de ses pouvoirs. L’histoire est captivante, et sa conclusion – censurée par Lug – est glaçante.
Côté dessin, on retrouve Bill Sienkiewicz toujours plus à l’aise pour décrire cette ambiance avec son style qui s’affirme de plus en plus. C’est toujours très bien illustré, avec de très bonnes idées en ce qui concerne la narration graphique.
Côté bonus, outre du rédactionnel sur les Nouveaux mutants nous avons droit à une galerie d’illustrations de Bill Sienkiewicz ainsi qu’un texte de ce dernier.
On poursuit les aventures des Nouveaux mutants dans le prochain numéro, intitulé Légion. Rendez-vous dans deux semaines !
Retrouvez nos chroniques sur les tomes précédents de X-Men : La collection mutante :
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L’un des plus magnifiques travaux de BS (je ne chercherai même pas à écrire son nom !).
On retrouve le style qu’il avait testé sur l’adaptation Comics du Dune de Lynch (un autre chef-d’œuvre).
Alors là, j’attends ça avec impatience! J’ai vu à notre médiathèque l’intégrale des NW par BS (idem que Cathelotte :)). Mais j’avais l’espoir de les avoir dans la collection, c’est peut-être chose faite. A voir dans 15 jours.
En tout cas ce tome est généreux en pagination, ça fait plaisir après un tome un peu maigrelet 🙂