Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de 3 albums.
Au programme :
- Human Target (Urban Comics)
- Swamp Thing : Green Hell (Urban Comics)
- Walking Dead : Clementine tome 1 (Delcourt Comics)
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Human Target
Contenu : #1-12 + Tales of the Human Target #1
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Black Label
- Prix : 35.00€
- Date de sortie : 27/10/2023
- Format : Couverture cartonnée, 424 pages
- Auteur(s) : Tom King / Greg Smallwood, Kevin Laguire, Mikel Janin, Rafael Albuquerque
- EAN : 9791026827443
Il n’est pas facile d’enquêter sur son propre meurtre, surtout quand on est une cible vivante.
Après Rorschach, Mister Miracle, Supergirl, Adam Strange et même Vision (chez la concurrence), c’est à Christopher Chance que s’attaque Tom King dans Human Target. Le pitch est simple : en se faisant passer pour Lex Luthor dans le cadre d’un de ses contrats habituels, la cible vivante se retrouve empoisonnée à sa place et n’a plus que douze jours à vivre. Douze jours pendant lesquels le personnage va mener l’enquête sur ce meurtre. Douze chapitres pour douze jours à vivre, c’est comme ça qu’est articulé ce récit.
Par plusieurs aspects, l’histoire fait penser au film Mort à l’arrivée sorti au cours des années 1980. On part en effet du fait que le héros est mourant et passe le temps qui lui reste à rechercher la personne qui a orchestré ce meurtre dont il est la cible involontaire du fait de son métier peu commun. Il y a aussi une ambiance qui tutoie là aussi le thriller, voire le polar noir.
Histoire de ne pas se faciliter la vie, Tom King n’a pas opté pour une liste de suspects banale car il s’agit de membre de la Justice League Internationale. Contre toute attente, on ne retrouve pas tant que ça le côté décalé habituellement associé à cette équipe encore qu’il surnage ici et là quelques moments plus légers… mais d’un autre côté cela aurait été étrange vu l’ambiance de jouer la carte de la rigolade.
Comme à son habitude, Tom King va loin pour analyser les personnages de son sujet. Christopher Chance passe donc sous le scalpel narratif d’un auteur qui dissèque soigneusement le personnage et le concept qui l’accompagne, sans pour autant explorer des territoires déjà connus (notamment sous la plume de Peter Milligan). A ses côtés, un membre de la JLI tient le rôle de la femme fatale de rigueur avec le concept de l’histoire et se retrouve elle-aussi analysée par l’auteur.
Brillant. C’est avec ce mot que l’on pourrait résumer Human Target si on devait se contenter d’un simple mot. Tom King livre en effet un drame en douze actes tout à fait passionnant, construit avec une minutie d’orfèvre. Comme souvent dans ce genre de récits, on connait la destination et ce qui importe c’est le voyage et ce dernier s’avère être tout à fait captivant.
L’atmosphère sombre de l’histoire est très soignée, et la caractérisation des personnages l’est tout autant. Malgré sa taille respectable, l’album se dévore tandis que le lecteur enchaine les chapitres pour en lire toujours plus. Le concept est parfaitement maitrisé, et le lecteur se retrouve baladé d’un rebondissement à l’autre tandis que l’enquête se déroule sous ses yeux. A noter qu’il s’y passe des choses vraiment surprenantes !
Sur le plan du graphisme, là aussi on pourrait le qualifier en un mot : somptueux. Un Greg Smallwood en transe nous livre des planches de toute beauté, avec un style en osmose complète avec les mots de son collègue auteur. C’est très joliment dessiné, avec en prime un très joli travail sur les visages des personnages. La colorisation est de son côté parfaitement réussie, soulignant à merveille l’ambiance du récit.
L’histoire principale est accompagné d’un récit annexe se déroulant avant son début. C’est intéressant également, permettant une mise en contexte après avoir lu l’histoire qui néanmoins se suffisait à elle même.
Un excellent album, où le lecteur bénéficie d’une histoire passionnante au graphisme superbement réalisé.
Swamp Thing : Green Hell
Contenu : Swamp Thing - Green Hell #1-3
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Black Label
- Prix : 17.00€
- Date de sortie : 27/10/2023
- Format : Couverture cartonnée, 160 pages
- Auteur(s) : Jeff Lemire / Doug Mankhe
- EAN : 9791026820895
La Terre est dévastée, et une nouvelle menace se profile à l’horizon qui ne pourrait être combattue que par Alec Holland qui n’est autre que la Créature du marais… et qui surtout est mort depuis longtemps.
C’est un bien triste avenir que Jeff Lemire raconte pour l’espèce humaine, la Terre étant dévastée par une catastrophe non dévoilée mais très probablement d’origine écologique vu qu’il s’agit d’une montée des eaux (ce qui nous pend aussi au nez en vrai d’ailleurs). Une poignée de survivants lutte pour survivre dans les décombres de l’ancien monde, ce qui s’avère de plus en plus difficile.
C’est ainsi que des forces surnaturelles en colère viennent compliquer davantage la vie de ce qu’il reste d’humains, afin notamment de remettre les compteurs à zéro : la Sève, le Sang et la Nécrose. Cela n’est guère surprenant si on connait les travaux antérieurs de Jeff Lemire, et c’est plutôt bien amené.
Brodant sur le thème d’un ultime combat pour un personnage qui pensait avoir trouvé la paix, ce récit aurait très bien pu s’appeler Swamp thing – The end tant on y retrouve un cahier des charges similaire à ce qu’a fait la concurrence dans ce domaine. Alec Holland revient pour un dernier tour de piste en compagnie d’un autre personnage associé à sa mythologie, ce qui est plutôt bien vu.
L’ambiance de cette histoire est très sombre, à la fois pour le contexte post-apocalyptique qui n’est guère réjouissant et pour le contexte horrifique associé aux factions en présence. C’est un récit âpre, qui ne laissera aucun répit au lecteur.
Swamp thing : Green hell est une histoire passionnante, confrontant l’humanité aux conséquences des actes de ceux qui ont scié la branche sur laquelle ils sont assis. Le concept associé à la Sève, au Sang et à la Nécrose fonctionne parfaitement dans ce contexte sans que cela ne fasse jamais forcé ni gratuit. En outre, il y a une certaine émotion associée à la destinée souvent peu enviable de Alec Holland.
Signé Doug Mahnke, le graphisme est quant à lui tout à fait réussi. Le dessin est soigné, avec une représentation pertinente de l’atmosphère de désolation de cet avenir sans espoir ainsi que des différents protagonistes surnaturels. Contexte horrifique oblige, certaines cases ne sont pas forcément pour tous les yeux, donc cela s’adresse aux lecteurs avertis.
Un excellent album, où le mariage entre le post-apocalyptique et l’horrifique sur fond d’écologie fonctionne à merveille.
Walking Dead : Clementine tome 1
- Éditeur : Delcourt Comics
- Collection : Contrebande
- Prix : 18.95€
- Date de sortie : 02/11/2023
- Format : Couverture souple
- Auteur(s) : Tillie Walden
- EAN : 9782413075745
La jeune Clémentine, 17 ans, parcourt le monde de désolation de Walking dead et rencontre d’autres survivants.
Tillie Walden met en scène un personnage de jeu vidéo (sans que cela soit un souci, on en reparle plus bas) qui parcourt le monde ravagé par l’épidémie de zombies de la série Walking dead. Malgré son jeune âge, Clémentine est une survivante aguerrie comme en témoigne sa détermination que rien ne semble pouvoir entamer.
Ce qui est de prime abord assez surprenant dans cette histoire, c’est le traitement du handicap : Clémentine est en effet affublée d’une prothèse à la jambe et croise d’autres personnages également abimés et « ‘réparés ». C’est une thématique pas forcément inédite dans cet univers mais ça surprend quelque peu de voir le phénomène aussi fréquent dans ces pages. En tout cas c’est traité de façon pertinente par l’autrice !
Clémentine croise donc le chemin d’une communauté Hamish, dont un de ses membres l’accompagne dans son périple, avant de rencontrer une autre communauté dont les membres sont aussi jeunes qu’elle. Comme souvent dans cet univers, l’histoire montre une communauté essayant de se reconstruire tandis que des tensions naissent non seulement du contexte d’apocalypse zombie mais aussi des relations entre les personnages.
Tillie Walden a parfaitement saisi l’essence du concept de Walking dead, traitant ainsi davantage les personnages que les zombies qui ne sont en fin de compte qu’un moyen et non une fin en soi comme dans les récits de Robert Kirkman. Il en ressort une histoire bien pensée, avec des personnages attachants.
Ce premier tome des aventures de Clémentine est toutefois une bonne surprise, en apportant du sang neuf dans l’univers de Walking dead. Ca se lit bien, avec des rebondissements pour bousculer les certitudes du lecteur au fur et à mesure de la progression de l’intrigue. On ne sera cependant pas aussi dithyrambique que Robert Kirkman sur la quatrième de couverture de l’album, car on reste justement un cran en-dessous de la série Walking dead signée par ce dernier.
A noter que si cette histoire est centrée autour d’un personnage du jeu vidéo Walking dead il n’est nul besoin d’y avoir joué pour lire cet album car le récit se comprend très bien sans pré-requis. Ce dernier s’adresse donc tout autant aux joueurs souhaitant prolonger l’expérience qu’aux lecteurs intéressés par l’univers de Walking dead.
En ce qui concerne le graphisme, c’est également Tillie Walden qui officie et le résultat est très bon. Les nuances de gris font forcément penser à Charlie Adlard mais l’artiste a un style radicalement différent qui convient très bien à un lectorat plus jeune (les scènes de zombies sont plus suggérées que montrées même si on voit des choses).
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par un cahier de croquis.
Un très bon album, les aventures de Clémentine dans l’univers de désolation de Walking dead sont agréables à suivre.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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