Le lundi c’est librairie !

Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de 4 albums.

Au programme :

• Au-dedans (404 Comics, en avant-première)
• Joe Fixit : Ce qui se passe à Vegas… (Panini Comics)
• Gotham City : Année un (Urban Comics)
• Rom tome 2 : Reinforcements (Vestron)

Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie !  la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.

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Au-dedans

Nick est un jeune citadin, illustrateur, dont la vie oscille entre ses projets personnels et un travail alimentaire au sein d'une agence de publicité. Il prend la pose dans des cafés et des bars à bière artisanale, conscient que quelque chose manque à sa vie, et que ce quelque chose ce sont les autres et leurs mondes intimes. Bien plus qu'un critique ou un récit autobiographique simpliste de la vie d'un millénial parmi les millénials, cette tranche de la vie de Nick s'attarde sur le fossé qui nous sépare tous les uns des autres. Qu'il s'agisse du barista au coin de sa rue, des membres de sa famille ou de Wren, une oncologue dont le chemin croisera douloureusement le sien, Nick ne peut s'empêcher de penser qu'il existe un monde caché d'interaction humaine hors de sa portée. Nick s'ouvrira finalement aux autres au moment le plus tragique de sa jeune vie.

• Éditeur : 404 Graphic
• Prix : 26.50€
• Date de sortie : 18/01/2024
• Format : Couverture cartonnée, 280 pages
• Auteur(s) : Will Mcphail
• EAN : 9791032408124

  

 

Au-dedans, c’est l’histoire d’une personne très heureuse dans un saladier… Hein ? Comment ça ? C’est quoi cette histoire ? En fait, c’est un résumé assez simple d’une histoire tout à fait passionnante, racontée par Will McPhail.

Le saladier en question, c’est un tobogan où Nick, le personnage principal de cette histoire, aimait rester quand il était enfant car il s’y sentait bien. C’est une parfaite façon d’illustrer le mal être de l’adulte qu’il est devenu, ne se sentant à l’aise nulle part et devant même faire semblant d’interagir avec les autres d’une façon naturelle.

A la suite de Nick, nous faisons nous aussi la tournée des différents bars où il se rend et où il fait la connaissance de Wren. Cette dernière, pleine de bon sens et de répartie, n’hésite pas à malmener Nick après avoir vu clair dans son jeu, et apporte beaucoup de fraicheur dans l’histoire.

Au début, Au-dedans semble partir un peu dans tous les sens : on suit Nick dans son exploration des bars, on assiste à des petits bouts de son quotidien, on le voit rencontrer Wren… on pourrait presque penser qu’il s’agit d’une suite d’anecdotes non connectées sur la vie d’un jeune citadin qui se cherche. Mais assez rapidement, on s’aperçoit que Will McPhail raconte en fait une seule histoire, dont on suit la progression et dont la cohésion est beaucoup plus forte au fil des pages.

Avec Au-dedans, Will McPhail raconte l’histoire d’un personnage attachant dont les fêlures sont autant de points d’intérêts. La thématique de la famille, d’abord un peu distendue, prend de l’essor au fil des pages tandis que les personnages s’ajoutent à l’intrigue et que cette dernière prend une tournure beaucoup moins triviale que le début de l’album ne laissait le supposer.

Au-dedans, c’est de l’émotion à l’état brut qui submerge le lecteur au fil des pages. Tour à tour, Will McPhail le rendra joyeux et triste en partageant avec lui de petits moments de vie de son personnage. Case après case, l’auteur nous amène à nous attacher à son personnage en partageant ses joies et ses peines. On assiste également à son évolution, rythmée par les petits plaisirs et les grandes tristesses de sa vie.

Il est des lectures dont on ne sait pas de prime abord ce qu’elle vont nous apporter, et que l’on achève avec le sentiment d’avoir vécu une belle expérience au-travers d’elle. Au-dedans fait partie de ces lectures, son propos devrait parler à pas mal de lecteurs et leur donner un peu de baume au cœur s’ils sont dans une période de creux. C’est en tout cas un énorme coup de cœur en ce début d’année, vous pouvez être sûrs que cet album figurera dans notre Sélection de l’Avent annuelle !

Côté dessin, le style de Will McPhail est simple mais très expressif. On saisit en effet très bien les émotions des personnages, même avec un trait aussi épuré. Les parties en noir et blanc, qui constituent l’essentiel de l’ouvrage, sont complétées par des passages en couleurs qui entrainent alors le lecteur dans un tout autre type de narration : il s’agit en effet davantage de ressentir ce que l’artiste exprime au travers de situations décrite de façon très imagée et métaphorique, ce qui fonctionne parfaitement.

A noter que l’édition est de grande qualité, avec un format qui sied très bien aux planches et un papier très bien choisi pour les mettre en valeur.

Un excellent album, apportant au lecteur une très belle dose d’émotion au travers d’un récit particulièrement touchant.

Joe Fixit : Ce qui se passe à Vegas…

Alors que Wilson Fisk cherche à étendre son empire criminel à Las Vegas, il se heurte à un obstacle de taille en la personne du garde du corps de son rival : le mystérieux Joe Fixit, qui n’est autre que Hulk qui se fait passer pour mort. Spider-Man, en visite à Vegas, prête main-forte au Colosse gris.

Contenu : Joe Fixit (2023) 1-5, inédits

• Éditeur : Panini Comics
• Collection : 100% Marvel
• Prix : 18.00€
• Date de sortie : 02/11/2023
• Format : Couverture cartonnée, 112 pages
• Auteur(s) : Peter David / Yildiray Cinar
• EAN : 9791039120098

     

 

Ce qui se passe à Vegas… reste à Vegas, c’est bien connu !

Peter David revient sur une période de la vie de Hulk où ce dernier – présumé mort – jouait les gros bras à Las Vegas sous le nom de Joe Fixit. L’album se déroule après que Spider-Man ait découvert le pot aux roses, et par la même occasion la véritable identité de Joe Fixit.

Comme dans d’autre récits un rien nostalgiques où des auteurs ajoutent des chapitres à leurs runs emblématiques, Peter David s’amuse à inventer une nouvelle histoire au sein de son run historique sur Hulk. Il convoque donc Wilson Fisk, qui débarque à Las Vegas pour agrandir son fief, mais aussi conserve Spider-Man dans l’intrigue histoire d’ajouter un ingrédient intéressant à une recette très efficace.

S’il peut tout à fait écrire des histoires très sérieuses – La mort de Jean Dewolff en est un très bon exemple – Peter David excelle aussi dans des récits plus légers avec une touche d’humour pour alléger une histoire qui serait beaucoup plus sombre. L’auteur nous montre ici une nouvelle fois sa maîtrise de ce genre de récits, avec un mélange détonnant entre une histoire de gangsters « façon Vegas » et du Hulk, parsemée de petits gags qui font mouche à chaque fois.

Cette aventure inédite de Joe Fixit est tout à fait passionnante, qu’on ait lu récemment ou pas cette partie du run de Peter David le talent de narrateur de ce dernier garantit une immersion immédiate, dès la première page. On s’amuse beaucoup des affrontements entre Fixit et Fisk (qu’on aura rarement vu aussi malmené) et la présence de Spider-Man, pas du tout gratuite, ajoute un peu de piquant.

Côté dessin, un Yildiray Cinar en grande forme nous régale de planches tout à fait réussies. Le graphisme rend tout à fait justice à l’histoire, sans chercher à singer le style de la période de parution du run d’origine.

Un excellent album, où le lecteur se voit gratifié d’un très bon moment de détente en compagnie de Joe Fixit.

Gotham City : Année un

Deux générations avant Batman, le détective privé Slam Bradley se retrouve mêlé au "kidnapping du siècle" lorsque l'enfant héritier des Wayne disparaît dans la nuit... Lancé à sa recherche, il découvre vite que les faux-semblants se multiplient, et que les justes ne sont peut-être pas ceux que l'on croit. Ainsi débute l'histoire brutale d'une Gotham devenue moderne, cité d'abord radieuse abritant en son sein le vice, la violence et la corruption, et prête à déverser le chaos sur ses habitants.

Contenu : Gotham City: Year One #1-6

• Éditeur : Urban Comics
• Collection : DC Deluxe
• Prix : 20.00€
• Date de sortie : 13/10/2023
• Format : Couverture cartonnée, 208 pages
• Auteur(s) : Tom King / Phil Hester
• EAN : 9791026827139

     

 

Retour aux sources pour Gotham City… bien avant Batman !

Tom King nous amène en effet deux générations avant Bruce Wayne, en nous présentant une enquête mouvementée de Slam Bradley. Le personnage n’est pas un inconnu pour les lecteurs de comics DC, car il a fait quelques apparitions notamment sous la plume d’Ed Brubaker.

Deux générations avant Bruce Wayne, cela situe ce récit au début des années 1960. C’est amusant, car on est dans un décalage obligatoire pour conserver une certaine cohérence avec la temporalité actuelle de Batman mais techniquement il a commencé sa carrière vingt deux ans plus tôt ! En tout cas, si on passe outre ce détail totalement anecdotique mais amusant ce choix de situer le récit à cette date n’a rien d’anodin par contre.

Tom King donne en effet une place importante au contexte sociétal américain de l’époque, donc avec une forte ségrégation envers la population afro-américaine. Cela joue un rôle important dans l’histoire, et permet même à l’auteur de glisser l’air de rien une sacrée révélation.

Le contexte de polar noir fonctionne à merveille, et Gotham City se prête à merveille à l’exercice comme on a déjà pu le voir sous la plume d’autres auteurs. On appréciera d’ailleurs de retrouver des petites références glissées ici et là, ce qui permet de solidifier encore davantage le contexte de l’histoire.

Cette histoire est passionnante du début à la fin, grâce au talent d’un auteur qui maîtrise très bien son sujet et ne se laisse pas déborder par lui. En outre, il se permet quelques audaces qui fonctionnent bien, dont un sous-entendu particulièrement gonflé mais qui fait sens !

Amateurs de polar noir avec un privé bourru et des rebondissements à la pelle, ne passez pas votre chemin que vous soyez fan de Batman ou non. Vous regretteriez en effet de rater une histoire tout à fait réussie dans ce genre, et même une très bonne histoire tout court. Et si c’est l’univers de Gotham City qui vous intéresse de prime abord, ne ratez pas non plus cette histoire qui vous apportera des éléments de mythologie supplémentaires.

Pour illustrer cette histoire, il fallait un artiste à la hauteur et Phil Hester relève le défi avec brio. L’artiste est tout à fait à l’aise avec cet univers et cette ambiance, livrant ainsi une prestation impeccable qui sied fort bien à ce récit.

Un excellent album, avec une histoire passionnante mettant en scène Slam Bradley dans un contexte de polar très soigné.

Rom tome 2 : Reinforcements

À Cooper’s Mill, ROM retourne auprès de son alliée humaine, Camilla, et découvre que l’infection Wraith s’est propagée, rendant sa mutation inéluctable. Alors que Rom s’apprête à la tuer Camilla, deux autres Spaceknights font leur apparition : Orphion et Livia. Ils sont là pour éliminer les Dire Wraiths, même si la Terre elle-même doit disparaître avec !

• Éditeur : Vestron
• Prix : 17.95€
• Date de sortie : 25/08/2023
• Format : Couverture souple, 112 pages
• Auteur(s) : Chris Ryall, Christos Gage / Paolo Villanelli
• EAN : 9782383730552

     

 

On retrouve ROM, chevalier de l’espace de l’ordre Solstar, dans la suite de ses aventures.

Toujours présent sur Terre, le chevalier venu de l’espace continue sa croisade contre les Dire Wraiths qui ont infiltré la planète comme on a pu le voir à plusieurs reprises dans des histoires du Hasbroverse. Cet univers partagé des séries inspirées de jouets Hasbro – Transformers, GI Joe, MASK, ROM, Micronautes et Revolution / Revolutionnaries – est encore fortement ancré dans l’histoire de cet album puisque des personnages de cet univers y sont présents et y jouent un rôle qui n’est pas sans importance.

Chris Ryall et Christos Gage continue d’exploiter la mythologie de ROM en montrant l’évolution de la situation de Camilla, son alliée humaine qui a été infectée par les Dire Wraiths dans une aventure précédente. Mais c’est aussi l’occasion de mettre en scène d’autres chevaliers de l’espace venus du même monde que ROM mais qui ne partagent pas forcément son point de vue sur notre planète.

Quand on lit cette version de ROM, on peut se dire que la tentation de faire un remake des aventures originales du chevalier de l’espace doit être forte et à plusieurs moments certains événements peuvent laisser penser que cela va finir par être le cas. Mais fort heureusement les auteurs ne font pas le choix de la facilité (ou ont beaucoup trop peur des avocats de Marvel pour s’y risquer) et finalement empruntent des chemins différents que ceux de Bill Mantlo en son temps.

Cette nouvelle phase des aventures de ROM reste intéressante, avec une bonne utilisation du contexte de l’extra-terrestre sur un monde étranger où se sont infiltrés ses ennemis. En outre, un rien de paranoïa instillée par les effets de bord des actions des autres acteurs du Hasbroverse – ça bouge pas mal du côté des Transformers – ne fait pas de mal pour apporter des éléments de suspense au récit sur ce qui peut arriver au guerrier venu de l’espace.

Ce nouveau tome, un peu court, est intéressant à lire : on peut voir l’évolution du personnage grâce à la comparaison avec ses confrères, l’intrigue sur l’invasion des Dire Wraiths tient toujours la route et les interactions avec les autres personnages du Hasbroverse sont bien pensées.

Cette relecture de ROM tient ses promesses tome après tome, et si la version originelle garde toujours son aura – notamment grâce à la nostalgie des lecteurs – cette version revisitée a sa propre identité pour exploiter le concept à sa façon.

Le graphisme de l’album n’est pas en reste, grâce au talent de Paolo Villanelli qui signe des planches très joliment illustrées.

Un très bon album, où les aventures du chevalier de l’espace sont toujours intéressantes.

C’est tout pour aujourd’hui !

Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle chronique.

Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !

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