Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de 4 albums édités par Delcourt Comics et Vestron.
Au programme :
- Spawn – La malédiction de Spawn tome 1
- Stillwater tome 3
- Scarlett’s Strike Force
- Godzilla : Cataclysm
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Spawn - La malédiction de Spawn tome 1
L'univers de Spawn ne se limite pas à une succession d'arcs narratifs, mais est riche de nombreux personnages secondaires ou d'incarnations du suppôt de l'Enfer. Cette série - écrite par l'auteur du film Spawn, Allen McElroy, et dessinée principalement par Dwayne Turner - passe en revue divers personnages créés par Todd McFarlane.
- Éditeur : Delcourt Comics
- Collection : Contrebande
- Prix : 29.95€
- Date de sortie : 23/08/2023
- Format : Couverture cartonnée, 272 pages
- Auteur(s) : Todd Mcfarlane, Alan McElroy / Dwayne Turner
- EAN : 9782413077015
Al Simmons n’est pas le seul dépositaire de la malédiction de Spawn, comme le montre une nouvelle fois cet album.
Nous avons en effet droit ici à trois récits dans l’univers de Spawn, mettant en scène d’autres dépositaires de la malédiction infernale les faisant revenir à la vie sous d’atroces conditions, ainsi que l’ange Angela à une époque où elle n’avait pas été intégrée à l’univers Marvel. Trois récits, trois époques.
Nous commençons en effet par aller dans un lointain futur aux relents cauchemardesques avant de mettre le cap sur l’époque contemporaine (de l’époque) puis de s’intéresser à l’univers d’Angela. Au moins, on ne risque pas de s’ennuyer en trouvant l’album monotone !
Les deux premières histoires sont tout à fait dans la mouvance habituelle des aventures de Spawn : un(e) mort(e) revient à la vie, victime d’un marché de dupes d’origine démoniaque, et vient exercer sa vengeance. Leur atmosphère est cependant totalement différente, car la première histoire est dans une ambiance de science-fiction post-apocalyptique dominée par l’Enfer tandis que la seconde est davantage dans un registre de polar avec des tueurs en série et le fameux duo Sam & Twitch en guest star. Quant à la troisième, si on reste dans le même univers on part dans une exploration plus métaphysique du concept en suivant Angela.
Le concept de Spawn est bien exploité, on retrouve les fondamentaux de l’univers de l’anti-héros de Todd McFarlane et cela permet de l’enrichir… mais bon sans que c’est glauque ! Ce fameux concept de Spawn étant ce qu’il est, on se doutait bien qu’on ne partait pas sur du pouet-pouet rigolo ou du simple super-slip en lycra moulant mais là ça va tout de même très loin. Outre le fait que le désespoir est une thématique omniprésente dans ces différentes histoires, c’est surtout le fait que le lecteur est entrainé dans une spirale d’événements tous plus glauques les uns que les autres, et au bout d’un moment (qui arrive assez vite…) ça devient assez sur à lire.
Les histoires ne sont cependant pas inintéressantes, et il y a comme toujours de bonnes idées (et on est toujours contents de retrouver Sam et Twitch), mais à part les afficionado purs et durs de l’univers de Spawn qui y trouveront sûrement leur compte le lecteur risque de se retrouvé décontenancé par toute cette noirceur omniprésente (voire finir dépressif).
Côté graphisme, c’est un peu le même constat. La noirceur est omniprésente, et il y a une surabondance de passage vraiment dégueu qui mettront à mal la résistance de l’estomac du lecteur. C’est pas non plus mauvais, loin de là même, mais ça en rajoute sur le malaise du lecteur.
Un bon album, avec trois histoires exploitant bien le concept de Spawn mais dont l’atmosphère générale est tout de même très glauque.
Stillwater tome 3
Les règles ont changé et Daniel occupe désormais une place spéciale à Stillwater. L'emprise de Galen sur la ville peut-elle résister à un nouveau challenger ? Troisième et ultime tome de cette série imaginée par Chip Zdarsky et dessinée par Ramon K. Pérez qui concluent l'histoire dans ce volume inoubliable.
- Éditeur : Delcourt Comics
- Collection : Contrebande
- Prix : 16.95€
- Date de sortie : 18/10/2023
- Format : Couverture cartonnée, 192 pages
- Auteur(s) : Chip Zdarsky, Jason Loo, Andrew Wheeler, Ethan Young / Ramón Pérez, Jason Loo, Soo Lee, Dee Cunniffe
- EAN : 9782413078807
Après un second album au final saisissant, voici la suite et fin de Stillwater.
Sauvé in-extremis d’une mort atroce par un stratagème aussi simple qu’astucieux, Daniel va pouvoir tenir un rôle important dans l’avenir de cette ville d’immortels qui ont totalement vrillé sous le poids de leur vie sans fin. Mais le souci… c’est que ce stratagème est à double tranchant ! Galen, qui est à la tête de ces immortels aux agissements discutables, va pouvoir en tirer parti d’une façon pour le moins inattendue tout en étant d’une logique imparable.
Chip Zdarsky nous raconte donc ici la fin de son histoire insolite, celle d’une ville qui plie sous le poids d’une immortalité mystérieuse ayant de graves conséquences sur la santé mentale de ses habitants. Enfin pas tous, mais comme souvent ce sont ceux qui se manifestent le plus qui donnent le ton !
L’album est riche en révélations, dont la plus importante : la cause de tout ceci, en remontant aux racines de l’immortalité de la ville de Stillwater. C’est plutôt bien trouvé, encore qu’on puisse y voir une influence d’un récit horrifique de W. W. Jacobs (ce n’est pas exactement la même histoire, mais il y a une idée similaire). La simplicité du concept ouvre la porte à pas mal d’astuces pour tirer parti de la situation, et d’ailleurs la fin très surprenante de l’histoire exploite justement cette idée.
La narration de l’album fait une pause à un moment pour livrer au lecteur de courts récits signés d’autres auteurs et artistes, donnant davantage de contexte à l’histoire. Cela permet d’approfondir l’histoire de cette ville étrange, avant de rebondir sur les causes de son étrangeté.
Si les deux premiers tomes étaient passionnants, la qualité retombe quelque peu avec ce troisième et dernier opus. Cela donne un peu l’impression que Chip Zdarsky s’est laissé dépasser par son concept tandis que l’histoire tend à partir un peu dans tous les sens.
Ce dernier tome de Stillwater reste intéressant, avec de bonnes idées et des moments touchants, mais on peut se dire qu’il était temps que ça s’arrête avant que la qualité ne s’effondre. C’est un peu dommage que la fin de cette trilogie fasse un peu soufflé, tout en restant une lecture intéressante autour d’une exploration de la thématique de l’immortalité.
Côté dessin, là aussi ça donne l’impression d’une baisse de régime. Ramon K. Perez semble moins inspiré que dans les deux premiers tomes, et là aussi il était temps de conclure. A noter que côté gore ça va très loin sur certaines cases, c’est même un peu gratuit car il n’y avait pas forcément de nécessité de nous montrer certaines choses bien crado.
Un très bon album, mais une qualité en baisse par rapport aux deux précédents et du gore quelque peu gratuit.
Scarlett's Strike Force
- Éditeur : Vestron
- Prix : 16.95€
- Date de sortie : 26/05/2023
- Format : Couverture souple, 112 pages
- Auteur(s) : Aubrey Sitterson, Paul Allor / Nelson Daniel, Corey Lewis
- EAN : 9782383730378
Prenant la suite de MASK x GI Joe, cet album explore l’éventail des possibles.
Comme la magie a fait son irruption dans le Hasbroverse, il se passe de drôles de choses et nos héros issus de MASK et GI Joe se retrouvent dans de drôles de situation. Nous avons en effet droit à différentes itérations qui explorent ainsi des potentialités de cet univers partagé.
Aubrey Sitterson et Paul Allor semblent ne rien se refuser tandis qu’ils tordent le cou à la réalité de l’univers partagé des titres inspirés des jouets Hasbro. L’éditeur parlait d’un récit complètement allumé sur la quatrième de couverture de l’album… et il a totalement raison ! Pourtant on a déjà vu des choses bizarres dans le Hasbroverse mais là ça va très loin. Trop loin peut être ?
C’est en effet l’impression que ça donne, car tout ceci est tout de même assez fouillis. Quitte à convoquer l’image du coffre à jouets pour parler des séries du Hasbroverse, on a l’impression que les gamins qui joueraient avec leurs jouets seraient allés très loin dans le délire ! Ca part dans tous les sens, ça en deviendrait même presque involontairement parodique tellement l’histoire devient bizarre. Après ce n’est pas forcément surprenant, vu que cela prend la suite de la moins bonne histoire de l’album MASK x GI Joe…
Il y a cependant de bonnes idées, et on peut saluer l’envie de tordre le cou au concept pour le pousser dans ses derniers retranchements. Scarlett’s strike force est donc une lecture intéressante par certains aspects, mais les auteurs se sont laisser déborder par leur concept (ou au contraire ont eu envie de mettre tous les curseurs à fond) et c’est trop le bazar. On a déjà lu beaucoup mieux dans le Hasbroverse que cette histoire un rien trop barrée sans le côté comique qui aurait facilité sa lecture.
Côté dessin, les planches sont dynamiques mais parfois un peu brouillonnes. Le côté fouillis de l’histoire se retrouve aussi dans le graphisme, même si globalement ce n’est pas vilain non plus.
Un bon album, où les auteurs se lâchent pour explorer des évolutions possibles de l’univers partagé mais c’est tout de même trop fouillis.
Godzilla : Cataclysm
- Éditeur : Vestron
- Prix : 18.95€
- Date de sortie : 23/06/2023
- Format : Couverture souple, 128 pages
- Auteur(s) : Cullen Bunn / Dave Wachter
- EAN : 9782383730446
Le monde a été ravagé par les monstres, qui ont disparu depuis… mais ne sont peut être pas totalement partis pour autant !
Cullen Bunn raconte l’histoire d’une Terre dévastée, suite au combat de trop entre les monstres aussi appelés kaijus ou encore dieux par certains. L’humanité a été décimée et lutte pour survivre dans les décombres de sa civilisation en se répétant les récits du cataclysme qui l’a plongée dans les ténèbres. Mais la situation peut encore changer !
Les histoires sur Godzilla et les autres monstres de ce type sont le plus souvent des récits qui donnent à réfléchir sur l’inconscience des humains qui détruisent leur environnement avec leurs armes de destruction massive et la pollution galopante qui dévore la planète. Godzilla – Cataclysm ne fait pas exception, car les monstres ne sont pas forcément les seuls responsables de cette chape de plomb qui s’est abattue sur l’humanité en la décimant.
Dans un climat anxiogène où tout peut arriver, nous assistons donc au retour des monstres avec une logique qui nous est expliquée par petites touches même si certaines choses se devinent assez vite. Le mélange du récit post apocalyptique avec le récit catastrophe fonctionne très bien, le lecteur se retrouve embarqué dans une histoire toute en tension tandis que le thème de la culpabilité est tout autant exploré.
Cullen Bunn nous livre ici un récit passionnant, qui ne s’adresse pas uniquement aux amateurs de grosses bestioles effrayantes. Bien entendu, ceux-ci seront aux anges car le bestiaire habituel du genre est convoqué par l’auteur qui orchestre donc des bonnes grosses bastons de kaijus bien bourrines, mais les thématiques abordées dans cet album intéresseront un lectorat plus large trouvant ici un récit tragique et poignant à la fois.
Godzilla – Cataclysm est une lecture très prenante, avec une narration particulièrement efficace et apte à capturer rapidement l’attention du lecteur qui voudra alors en savoir plus au fur et à mesure de sa lecture (et c’est plutôt bon signe). L’album est passionnant, grâce à une histoire bien écrite qui exploite à merveille les thématiques qui y figurent.
Le graphisme signé Dave Watcher n’est pas en reste, avec une très bonne description visuelle de cette ère post-apocalyptique désespérée. En outre, le gigantisme des différents monstres est très bien représenté, et on ressent bien leur puissances lors de leurs affrontements titanesques.
Un excellent album, avec une très bonne utilisation de Godzilla et un sous-texte pertinent.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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