Pour ce trente-quatrième numéro de la rubrique Autres bulles, nous allons nous pencher sur un album qui a fait grand bruit à sa sortie.

Au programme : Goldorak, par Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis Sentenac (Kana)

 

Après L’agence des invisibles, nous changeons radicalement de thématique pour nous pencher sur un album attendu de pied ferme par toute une génération : Goldorak, la suite du dessin animé du même nom.

 

 

 

La guerre entre les forces de Véga et Goldorak est un lointain souvenir. Actarus et sa soeur sont repartis sur Euphor tandis qu’Alcor et Vénusia tentent de mener une vie normale. Mais, des confins de l’espace, surgit le plus puissant des golgoths : l’Hydragon. Alors que le monstre de l’ultime Division Ruine écrase les armées terriennes, les exigences des derniers représentants de Véga sidèrent la planète : sous peine d’annihilation totale, tous les habitants du Japon ont sept jours pour quitter leur pays et laisser les envahisseurs coloniser l’archipel. Face à cet ultimatum, il ne reste qu’un dernier espoir… Goldorak.

 

Lorsque nous avons appris qu’une suite en BD de la série animée Goldorak était annoncée, tout de suite nous avons eu la crainte d’une dérive mercantile histoire de soulager les fans quadra/quinqa de leurs sous pour leur vendre un doudou empreint de nostalgie. Fort heureusement, il n’en est rien. Il faut dire aussi que l’équipe créative de cet album est une sérieuse garantie : Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis Sentenac… rien que cela, c’est rassurant quant à la qualité de l’album !

L’album prend donc la suite de la série animée Goldorak, qui se terminait par le retour du prince d’Euphor et de sa sœur vers leur monde natal pour tenter de le reconstruire. Plusieurs années ont passé, et voilà que les forces de Vega ressurgissent pour menacer la Terre et plus particulièrement le Japon. Il faut donc les combattre, mais ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air.

Plutôt que de jouer la carte de la facilité en remettant directement en selle les personnages de Goldorak, les auteurs ont opté pour une réintroduction progressive de ces derniers témoignant de leur évolution. Le temps a passé, les personnages sont passés à autre chose et il n’est pas aisé de reprendre le combat face à leur ennemi. De même, plutôt que de faire revenir rapidement Goldorak et son pilote les auteurs ont orchestré une montée en puissance des événements pour arriver au moment que tout le monde attendait de pied ferme (et qui fait son petit effet !). La recette fonctionne à merveille, et permet de se (re)familiariser avec les personnages et le contexte de la série.

 

Puisque l’on parle de se familiariser avec les personnages, abordons tout de suite une question importante : A qui se destine cette BD ? Et bien la réponse est simple : à tous les lecteurs intéressés par la science-fiction. Bien entendu les fans de la première heure seront conquis, mais le rédactionnel ouvrant l’album permet à des lecteurs connaissant peu (ou pas du tout) Goldorak de rentrer dans l’histoire sans la moindre difficulté. Goldorak est avant tout une très bonne histoire mettant en scène les personnages de la série animée, et donc est tout à fait accessible à tout type de public intéressé par les thématiques abordées.

Car oui, Goldorak est une très bonne histoire : l’album est passionnant, et dès les premières pages la magie opère pour capturer l’attention du lecteur. Le contexte fonctionne très bien, et les thématiques abordées sont très pertinentes. En effet, si vous pensez que la série animée se bornait à être une série de bagarres de robots et créatures géantes sachez que ce n’est pas le cas : il y était en effet largement question d’un survivant en exil qui reprenait les armes pour défendre son monde d’adoption tout en ayant la guerre en horreur, et toutes les thématiques liées à un conflit étaient invitées au cours des 74 épisodes. En ce sens, Xavier Dorison et Denis Bajram sont dans la lignée de la série animée en traitant ces mêmes thématiques et même en les poussant encore plus loin. L’équipe créative montre une parfaite connaissance de l’univers de Goldorak, allant même jusqu’à glisser un petit clin d’œil musical aux fans de l’époque.

La caractérisation des personnages est quant à elle particulièrement soignée, on retrouve leur psychologie sans aucune fausse note au cours de cette nouvelle aventure. On appréciera d’ailleurs au passage qu’un personnage qui était le plus souvent employé comme un ressort comique de la série animée prenne ici une dimension supplémentaire à travers un passage touchant qui ne trahit cependant pas la version originale vu qu’il s’agit de quelque chose de tout à fait logique.

Avec Goldorak, on est tentés de dégainer tous les superlatifs du dictionnaire tellement l’album est réussi. Excellente œuvre de science-fiction, l’album est en outre une très belle déclaration d’amour à la série animée et un prodigieux cadeau pour toute une génération de téléspectateurs qui ont un jour rêvé qu’ils pourraient aussi se métamorphoser en sautant dans un vide-ordures menant au robot géant qui les faisait rêver (avouez donc que ça vous est passé par la tête au moins une fois !).

 

 

Du côté du graphisme, signé Denis Bajram, Brice Cossu et Alexis Sentenac, nous sommes également particulièrement gâtés ! Les artistes ont parfaitement intégré les codes graphiques de la série animée à leur travail, et on reconnait immédiatement chaque personnage.

Les planches sont superbement dessinées, avec une mise en page particulièrement efficace et une narration graphique impeccable. Clairement, on en prend plein les yeux à chaque page et l’approche à la fois moderne et respectueuse de ces images qui nous ont tant fait rêver est redoutablement efficace.

L’album est également riche en bonus, immergeant le lecteur dans le processus créatif de cette superbe BD. Nous pouvons donc trouver beaucoup d’informations sur la genèse du projet et son évolution, ce qui est particulièrement intéressant.

 

Concernant l’édition collector de Goldorak, l’éditeur a mis les petits plats dans les grands : un coffret, un album d’un plus grand format et muni d’une jaquette, des pages de bonus supplémentaires et un tiré à part avec les plans de Goldorak, voilà ce qui s’appelle une édition collector digne de ce nom !

 

Cette édition collector permet aux fans de fêter dignement le retour de Goldorak, ainsi que de profiter en plus grand format des magnifiques planches de cet album. Malheureusement elle a été très rapidement difficile à trouver, du moins à un prix correct. Si vous pouvez la trouver au détour d’un rayonnage de librairie à son prix original, n’hésitez pas car cela vaut vraiment le détour, mais par contre nous vous conseillons de réfléchir à deux fois avant de vendre un rein pour enrichir les spéculateurs qui la vendent déjà à des prix scandaleux car l’édition standard est déjà de très bonne facture.

 

Passionnant de la première à la dernière page, Goldorak est non seulement un magnifique cadeau à tous les fans du robot géant mais surtout une excellente BD concoctée avec talent par une équipe créative qui maîtrise parfaitement son sujet.

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