Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de quatre albums édités par Urban Comics.
Au programme :
- The Nice House on the Lake tome 2 (en avant-première)
- Batman – One Bad Day : Le Sphinx
- Batman Dark City tome 1 : Failsafe
- Harleen
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
The Nice House on the Lake tome 2
Contenu : #7-12
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Black Label
- Prix : 20.00€
- Date de sortie : 31/03/2023
- Format : Couverture cartonnée, 192 pages
- Auteur(s) : James Tynion IV / Martinez Alvaro
- EAN : 9791026825029
Après un premier tome époustouflant, il est temps de retourner voir ce qui se passe du côté de la jolie maison au bord du lac.
Suite aux événements du premier tome, Walter a effacé la mémoire de ses invités afin de repartir dans une ambiance bonne enfant sans qu’il ne soit question ni de sa vraie nature ni de ce qui se passe au-delà de cette bulle paradisiaque. Mais bien entendu, la situation va encore déraper.
James Tynion IV n’avait pas fait les choses à moitié dans le premier tome, avec cette suite il passe la seconde ! L’auteur raconte donc la suite de cette histoire étrange où sont rassemblés les survivants de la fin du monde autour de celui dont ils ne soupçonnaient pas la nature.
Si dans le premier tome nous avions eu quelques clefs pour mieux saisir les tenants et aboutissants de cette histoire, nous en apprenons beaucoup plus ici. Le lecteur est en effet davantage invité dans les coulisses de ce qui se trame ici au travers de révélations savamment distillées au fil de ce second opus. James Tynion IV fait à nouveau preuve d’une grande habileté dans sa narration, en dosant parfaitement le rythme des révélations : il ne s’agit en effet ni de griller toutes ses cartouches d’un coup ni de frustrer le lecteur avec des mystérieux mystères opaques, tout est question de dosage !
Ce qui est également intéressant dans The nice house on the lake, c’est que l’histoire va au-delà d’une « simple » histoire de fin du monde : en plus de livrer des pistes sur ce qui se passe, l’auteur s’intéresse énormément aux personnages dont il explore la personnalité. Il y a donc d’autres thématiques que celle qui saute aux yeux du lecteur, avec à la clef une exploration de la nature profonde des personnages et de leur psychologie. Cela donne lieu à des moments tour à tour durs et touchants, et le récit est plus complexe qu’il n’en a l’air au premier regard.
Comme le premier tome, ce nouvel album de The nice house on the lake est passionnant de la première à la dernière page. La narration est construite avec beaucoup de soin, les rebondissements sont bien dosés et les révélations sont à la fois tout à fait logiques mais suffisamment surprenantes pour ne pas être devinées trop en amont (encore qu’il y a tout de même une chose ou deux qui s’anticipent).
The nice house on the lake est une lecture excellente lecture que nous vous recommandons chaudement, hissée tout en haut de notre palmarès de lecture pour l’année 2023.
A noter que contrairement à ce qui était suggéré par l’éditeur, ce tome 2 ne marque pas vraiment la fin de l’histoire mais celle du premier cycle. Cela reste toutefois assez conclusif, mais il y a encore des choses à découvrir et la mention de cycle en fin d’album semble signifier que l’auteur en a encore sous le pied !
En ce qui concerne le dessin d’Alvaro Martinez Bueno, même si la surprise de la découverte du premier tome n’est plus de mise ce n’est pas pour autant qu’on ne prend pas une nouvelle claque ! L’artiste en met plein les yeux au lecteur, non seulement avec une très bonne restitution de l’ambiance très étrange de l’histoire mais aussi à travers une mise en page toujours très recherchée et inventive.
Un excellent album, où l’auteur traite avec beaucoup d’intelligence les thématique de son histoire très bien servie par un excellent graphisme.
Batman – One Bad Day : Le Sphinx
Contenu : Batman - One Bad Day : The Riddler
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Deluxe
- Prix : 15.00€
- Date de sortie : 17/03/2023
- Format : Couverture cartonnée, 72 pages
- Auteur(s) : Tom King / Mitch Gerads
- EAN : 9791026821397
Une mauvaise journée est-elle suffisante pour donner naissance à un monstre ? Explorons ce concept avec le maître des énigmes : Le Sphynx.
C’est à Tom King que revient la difficile mission de mettre en scène ce duel implacable entre le protecteur de Gotham et son ennemi friand de devinettes. Ce dernier n’est en effet pas qu’un criminel farfelu qui fait des blagues (vous pouvez lire notre avis sur l’album Batman Arkham qui lui est consacré pour vous en convaincre), mais un personnage très dangereux de par son intelligence qui lui permet de monter des stratagèmes élaborés. Un peu comme sa version cinéma dans le film The Batman d’ailleurs…
Donc, une mauvaise journée… ce concept a déjà été exploré par Alan Moore dans le mythique The killing joke, qui justement est connecté à cette intrigue d’une façon à la fois surprenante et logique. A travers ceci, Tom King revisite donc les origines du Sphynx (et sa fameuse mauvaise journée) tout en le confrontant à un Batman qui semble bien démuni face à tout ce que son ennemi est capable de faire.
Cet album est brillant, avec une histoire passionnante et parfaitement goupillée. Batman et le Sphynx se livrent un duel sans merci, aux conséquences inattendues et avec une réaction tout à fait étonnante de la part de Bruce Wayne. Heureusement que l’histoire est courte, parce qu’on la lit avec le souffle coupé ! Quant au dénouement, qui là aussi convoque un passage controversé de The killing joke (voire aussi un film d’ailleurs), il est d’une très grande dureté et d’une logique sans faille.
Si on peut regretter de ne pas avoir eu une édition regroupant tous les One bad day, ce premier tome est en tout cas passionnant et offre un excellent moment de lecture. Tom King a déjà montré à plusieurs reprises un talent certain pour instiller un sentiment de malaise lors de la lecture de ses travaux, c’est le cas ici avec ce récit percutant.
Du côté du graphisme, nous bénéficions de planches très soignées de Mitch Gerads. L’artiste a parfaitement restitué l’ambiance toute en tension de cette histoire, ainsi que son côté angoissant. C’est poisseux à souhaits, et ça colle merveilleusement bien l’intrigue.
Un excellent album, où nous profitons d’un duel sans merci et riche en rebondissements entre Batman et le Sphynx.
Batman Dark City tome 1 : Failsafe
Contenu : Batman #125-130 + back up Catwoman
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Infinite
- Prix : 21.00€
- Date de sortie : 24/02/2023
- Format : Couverture cartonnée, 224 pages
- Auteur(s) : Chip Zdarsky / Jorge Jimenez, Belen Ortega, Leonardo Romero
- EAN : 9791026826798
Il est bien connu que Batman a toujours un coup d’avance sur tout le monde… mais ici ce n’est pas forcément une bonne chose.
Chip Zdarsky nous raconte une histoire qui semble assez classique, du moins dans le nouveau statu quo du protecteur de Gotham City (expliqué par un peu de rédactionnel si vous avez manqué quelques épisodes) : Batman affronte un de ses ennemis jurés, et doit déployer les grands moyens pour protéger les innocents… sauf qu’en fait tout ceci va déraper. Méchamment déraper même.
Bruce Wayne va donc se retrouver confronté à une menace comme il n’en a jamais affronté, et n’est même pas sûr de parvenir à la vaincre vu que les origines de cette menace prouvent en elle-même qu’il est logiquement impossible qu’il y parvienne. Nous n’en dirons pas plus pour ne pas gâcher la surprise, en tout cas c’est bien trouvé !
Ce premier tome de Batman Dark City est surprenant : en effet, quand on lit le travail de Chip Zdarsky sur Daredevil on pourrait penser qu’il s’agirait d’une histoire très urbaine avec des criminels très classiques… et en fait pas du tout ! Non seulement l’auteur nous offre un voyage mémorable au sein de la psyché de Batman, mais il ne lésine pas sur le côté spectaculaire… et que dire de cette fin qui rebat complètement les cartes !
On remarquera au passage que Chip Zdarsky a bien fait ses devoirs et n’hésite pas à convoquer des éléments venus du run de Grant Morrison et même d’une histoire de JLA signée Mark Waid (sans toutefois l’amender avec les événements de Crise d’identité comme cela a pu être fait ailleurs). Tous ces éléments servent de matériau de base à une histoire passionnante, où le lecteur va rester un bon moment bouche bée et yeux écarquillés ! C’est du très bon Batman, et cela donne furieusement envie d’en lire la suite !
A noter que l’histoire principale est complétée par des back-up stories qui insistent sur d’autres aspects de l’intrigue : l’une des deux met en scène Catwoman, tandis que l’autre… donne des informations peu réjouissantes sur la santé mentale de Batman ! C’est tout aussi passionnant que l’histoire principale, et cela complète à merveille l’album.
Côté dessin, les artistes à l’œuvre signent des planches superbement réalisées dans des styles différents mais collant parfaitement aux ambiances des récits. A noter que pour le côté spectaculaire mentionné plus haut Jorge Jimenez ne s’est pas vraiment économisé !
Un excellent album, où nous retrouvons un Batman plus redoutable que jamais au sein d’une histoire implacable.
Harleen
Contenu : Harleen #1-3
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Black Label
- Prix : 21.00€
- Date de sortie : 12/06/2020
- Format : Couverture cartonnée, 224 pages
- Auteur(s) : Stjepan Sejic
- EAN : 9791026816065
C’est l’histoire de la psychiatre du Joker qui tombe amoureuse de son patient… mais ce n’est pas si simple que ça.
Dans cet album, Stjepan Sejic repart du tout début de cette histoire et même d’avant puisqu’il met en scène le passé de Harleen Quinzel tout en soulignant des fêlures de sa personnalité antérieures à sa rencontre avec le Joker et qui ont ainsi formé le terreau fertile de son évolution vers la criminelle que nous connaissons.
Nous assistons également aux déconvenues rencontrées par Harleen, broyée par un système qui ne lui est guère favorable et où le moindre de ses faux pas peut avoir de lourdes conséquences. Ironiquement, c’est une main tendue qui sera la première étape de sa chute, comme il est rappelé dans ces pages l’Enfer est pavé des meilleures intentions.
L’auteur raconte avec beaucoup de pertinence la naissance de l’histoire de Harley Quinn et du Joker, s’attardant sur le ressenti des personnages tout en laissant une petite part des circonstances à l’interprétation du lecteur. Mais il ne se contente pas de cette relation, car il prend soin de la situer au sein de quelque chose de plus vaste : l’écosystème foncièrement nocif de Gotham City, véritable poudrière où tout le monde semble prêt à exploser en vol à chaque instant.
L’album est passionnant, Stjepan Sejic capturant l’attention du lecteur dès la toute première case sans jamais la relâcher jusqu’à la toute dernière. Non seulement le personnage de Harley Quinn est dépeint avec beaucoup de soin (avec une rétro-insertion d’éléments de son évolution qui sont survenus plus tard) mais toute l’intrigue autour des autres personnages qui surnagent dans cette ville sombre qu’est Gotham fonctionne à merveille.
Véritable guide du personnage de Harley Quinn, Harleen est un album indispensable pour bien saisir toute la nature d’un personnage dont la chute était inévitable et inexorable au sein d’une société qui ne lui a véritablement rien épargné.
La partie graphique de l’album, elle aussi signée par Stjepan Sejic, est tout simplement superbe. Il y a un grand soin apporté à la représentation des personnages et de leurs émotions, ainsi qu’à la mise en place de l’ambiance.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par une galerie d’illustrations, des informations sur l’évolution de Harleen au cours du temps, les prémices du projet au sein d’autres séries et des recherches graphiques.
Un excellent album, qui nous présente habilement toute la complexité du personnage de Harley Quinn.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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Harleen, j’ai bien aimé, enfin pas autant que la plupart .
Je salue le travail de l’artiste pour ses magnifiques planches et ses recherche sur la psychés.
Après je suis très déçu de l’apparition de double face qui n’a rien à voir avec celle connu. Il aurait dû faire un flash back ou autre.
Le sphynx, je ne suis pas trop fan de King mais pourquoi pas et je rejoins ton avis, ils auraient dû compilé l’ensemble.
Batman, mouais, disons que je ne suis pas fan des longues séries mais ce que tu en retire est intéressant.
Merci
Merci pour ce retour détaillé 🙂
C’est vrai que ça surprend concernant Double Face, mais ça ne me choque pas vu la logique de l’album pour dépeindre les ennemis de Batman.
Concernant Tom King, j’ai déjà pu constater que c’est un auteur assez clivant. Je suis plus intéressé par ses travaux type « mini série » (Vision, Strange Adventures…) que par du travail au long cours comme son Batman (même si je l’ai bien aimé), il a un style bien à lui qui me parle 🙂
Pour Batman Dark City, franchement même sans une logique de longue série (d’ailleurs je ne sais pas combien de numéros sont prévus) mais ça vaut vraiment le détour 🙂