Critique de Invisible Girl (Invisible Sue) de Markus Dietrich (2018), garantie sans spoilers.

Avec Ruby M. Lichtenberg, Anna Shirin Habedank, Lui Eckhardt, Victoria Mayer et Luc Schiltz.

Après un accident dans le laboratoire de sa mère, la jeune Sue a le pouvoir de se rendre invisible. Quand sa mère se fait enlever, Sue fait équipe avec deux amis pour la secourir et dévoiler les secrets derrière sa disparition.

Un film invisible ?

Tandis que les blockbusters et séries télévisées à base de super-héros sont très visibles dans l’actualité, Invisible Girl débarque en catimini en France avec une sortie directe en vidéo. Il faut dire que le film est Allemand et propose un personnage qui n’est pas directement tiré d’une BD, ce qui est sommes toutes assez peu en accord avec les canons de la production super-héroïque. C’est donc un véritable OVNI qui est passé sous le radar, arrivant très prochainement dans les bacs.

Un hommage aux comics

Tout en n’utilisant pas explicitement de titres bien connus – licence oblige – Invisible Girl s’oriente vers un hommage au monde des comics. Tout d’abord on retrouve la trame classique d’une origin story : on présente la jeune héroïne, qui est d’ailleurs plutôt mal aimée, elle acquiert des pouvoirs, apprend à s’en servir et affronte le vilain de l’histoire. La jeune Sue est aussi une grande amatrice de comics, prenant en modèle la super-héroïne imaginaire Moon Girl, qui est à priori un personnage créé pour le film (en tout cas je ne l’ai pas trouvée en faisant des recherches).

Il y a également quelques clins d’œil aux comics, ne serait-ce que via le surnom de Suzanne : Sue, c’est aussi le diminutif de Susan Storm (devenue Susan Richards) qui n’est autre que la Femme Invisible chez Marvel. La filiation saute aux yeux, encore plus avec le titre original même si Invisible Girl fait aussi penser au membre féminin des Quatre Fantastiques.

Ce qui marche…

La plupart du temps, les jeunes spectateurs aimant les super-héros n’ont guère de modèles de leur âge : soit les super-héros sont adultes, soit ils sont adolescents mais plutôt en âge d’aller au lycée et sont de toutes façons le plus souvent joués par de jeunes adultes. Invisible Girl met en scène des héros qui peuvent davantage parler à des spectateurs plus jeunes, qui auront alors davantage de facilités à s’identifier à eux. Les jeunes filles seront contentes de pouvoir suivre les aventures d’une jeune héroïne qui leur ressemble au lieu d’un colosse bodybuildé ou d’une femme fatale en combinaison moulante.

On pourra apprécier aussi que l’histoire ne soit pas un repompage complet de telle ou telle histoire de super-héros, mais une histoire nouvelle à défaut d’être originale puisque comme je l’expliquais plus haut elle applique à la lettre la recette de l’origin story la plus classique.

... et ce qui marche moins bien

Si on fait abstraction des énormes facilités scénaristiques en plaidant avec l’âge du public ciblé – encore qu’il ne faut pas non plus prendre les enfants pour des imbéciles – il faut tout de même reconnaître que le jeu d’acteurs n’est quand même pas formidable avec des interprètes en roue libre les trois quart du temps. En outre, la version Française n’est franchement pas fameuse, les comédiens de doublage donnant l’impression de s’ennuyer ferme. L’écriture des personnages est également assez sommaire, avec une psychologie très rudimentaire.

Le manque de budget est particulièrement visible, l’invisibilité étant plutôt bien rendue mais on sent qu’il faut faire des économies partout : entre le casting plutôt serré, les décors qui sont fauchés ou se ressemblent beaucoup – et sont vraisemblablement réutilisés – ou encore des situations assez cocasses comme une conférence de presse particulièrement déserte, le film a davantage d’ambition que de moyens.

En conclusion

Invisible Girl est un film à destination d’un public jeune et indulgent, qui pourra apprécier de voir les aventures d’une jeune fille aux super-pouvoirs, mais les spectateurs plus âgés risquent de trouver le temps long. On appréciera toutefois les hommages plus ou moins marqués à l’univers des comics.

Invisible Girl (Invisible Sue) – Disponible en DVD à partir du 2 octobre 2019