Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de quatre albums édités par Urban Comics.
Au programme :
- Batman Nocturne tome 1
- Lois Lane : Ennemie du peuple
- Do a Power Bomb !
- Red Hood – Souriez !
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Batman Nocturne tome 1
Contenu : Detective comics #1062-1065 + back up (1062-1064) + Detective Comics Annual 2022
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Infinite
- Prix : 19.00€
- Date de sortie : 07/07/2023
- Format : Couverture cartonnée, 176 pages
- Auteur(s) : Ram V / Rafael Albuquerque
- EAN : 9791026826491
En effet, si les aventures de Batman sont d’emblée situées dans un contexte où le surnaturel et la science-fiction ont leur place (parmi ses collègues on retrouve tout de même un extra-terrestre invulnérable et une magicienne, entre autres) la ville de Gotham n’est que ponctuellement confrontée à une menace d’ordre surnaturel n’ayant rien à voir avec la galerie habituel de méchants high tech.
Ram V nous livre ici le premier volet d’une histoire où Batman est confronté à une menace qui le sort de sa zone de confort, et qui même lui fait ressentir… de la peur. Un comble pour un personnage qui a pour habitude de terrifier aussi bien ses ennemis que son entourage !
Nourri par un riche héritage culturel qu’il a déjà exploité dans d’autres travaux (notamment The savages shores et Toutes les morts de Laila Starr), l’auteur apporte un regard plus facilement porté vers le fantastique sur la mythologie de Batman. Si on retrouve des personnages bien connus de cette mythologie, il y a également des choses surprenantes dans cette histoire.
La menace que doit affronter Batman est en effet assez peu commune, et entraine le protecteur de Gotham City dans des chemins qu’on ne le voit pas forcément emprunter très souvent. Certes, cela se passe toujours dans les ténèbres associées au héros à l’emblème de chauve-souris, mais la nature de ces ténèbres varie quelque peu.
Ce premier tome est très intéressant à lire, avec une savante alchimie entre les fondamentaux de l’univers de Batman – dans un registre quelque peu revisité depuis quelques temps – et ce qu’apporte Ram V pour construire une histoire qui sort de l’ordinaire. Il y a pas mal de rebondissements et de surprises, et comme souvent avec l’auteur une ambiance toute particulière très bien construite qui entraine le lecteur dans un contexte presque hypnotique.
La partie graphique de l’album a quant à elle été confiée à Rafael Albuquerque, et c’est un choix particulièrement judicieux. L’artiste a en effet un style qui colle parfaitement à l’ambiance de cette histoire et les planches sont particulièrement soignées.
Le sommaire de l’album est complété par des récits annexes (back-up, annual) qui complètent l’histoire principale. Le duo créatif se voit donc renforcé par la présence de Simon Spurrier, Dani, Christopher Mitten et Hayden Sherman. Ces récits sont tout aussi intéressants que l’histoire principale, et leur graphisme est tout à fait soigné.
Un excellent album, où Batman et le lecteur sont sortis de leur zone de confort dans un récit surprenant et très agréable à lire.
Lois Lane : Ennemie du peuple
Contenu : The Story – Lois Lane – Enemy of the People #1-12
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Deluxe
- Prix : 30.00€
- Date de sortie : 07/07/2023
- Format : Couverture cartonnée, 304 pages
- Auteur(s) : Greg Rucka / Mike Perkins
- EAN : 9791026827849
Si on pourrait avoir tendance à s’imaginer Lois Lane comme la simple « demoiselle en détresse » de l’univers de Superman, non seulement ce n’est pas du tout le cas mais ça fait surtout un bon moment que le personnage est d’un tout autre registre ! La piquante reporter a été réimaginée à plusieurs reprises pour mettre en avant le fait qu’elle est un personnage de premier plan à la volonté d’acier et au courage plus que marqué (par exemple chez John Byrne lors de sa relecture de Superman).
Partant de là, la voir dans une histoire écrite par Greg Rucka qui a à son palmarès des très bonnes histoires mettant en avant des personnages féminins forts (Wonder Woman, Renee Montoya ou encore Forever dans Lazarus) ne peut que donner envie de s’intéresser de plus près à cet album… et ça tombe bien, parce que c’est une réussite !
Greg Rucka met donc en scène Lois Lane dans une histoire complexe, où elle est face à une menace de grande ampleur pouvant non seulement l’atteindre mais aussi son entourage… Y compris un certain homme d’acier. La relation entre Lois et Clark est par ailleurs montrée sous un jour intéressant, non seulement à cause de la nécessité d’adopter une parade à un événement de nature à compromettre l’identité ou la moralité de Superman, mais aussi parce que la caractérisation de Lois lui donne un rôle bien plus important dans la dynamique du couple qu’elle forme avec l’homme d’acier. Il est assez amusant d’ailleurs de voir de part et d’autres des petites choses qui illustrent à la fois la complicité et la parfaite connaissance qu’on l’un de l’autre les deux personnages.
L’histoire est complexe, car reposant en partie sur un statu quo pas forcément simple pour un lecteur qui tenterait la lecture de l’album sans suivre de très près la continuité DC Comics (on en reparle plus bas) mais aussi parce que l’auteur nous entraine dans une histoire aux vastes ramifications et faisant intervenir certains personnages qu’il manie régulièrement. Rien d’insurmontable, mais il vaut mieux rester attentif au cours de la lecture sous peine de rater quelque chose.
Au-delà d’une « simple » histoire d’espionnage avec Lois Lane, Greg Rucka aborde frontalement la nature même du rôle de journaliste d’investigation et son importance au sein de notre société. C’est très bien pensé, et toujours tristement d’actualité en ce qui concerne la nécessité de protéger ceux qui exercent ce métier face à des personnes aux objectifs discutables.
L’album est passionnant d’un bout à l’autre, apportant au lecteur un très bon moment de lecture avec un récit bien pensé et mettant parfaitement en scène les personnages qui y interviennent. Il y a de très bonnes idées et un discours très pertinent, ce qui n’est pas surprenant de la part de l’auteur mais c’est toujours agréable de le constater. La narration est impeccable, et on ne voit pas du tout le temps passer malgré l’épaisseur de l’album.
Du côté du dessin, nous retrouvons Mike Perkins qui signe des planches joliment illustrées. Par contre le côté réaliste de son graphisme, mis en avant par l’éditeur, montre ses limites sur plusieurs cases dont le rendu n’est pas forcément aussi bon qu’espéré. Cela reste toutefois très agréable à regarder, tout en apportant de l’eau au moulin des détracteurs d’artistes ayant des styles similaires.
A noter que si l’album renferme un récit complet, il est judicieux d’en compléter la lecture avec d’autres récits référencés dans l’intrigue comme le Leviathan de Brian Michael Bendis et Greg Rucka (retrouvez notre chronique du tome 1 et du tome 2 de Leviathan), voire avec d’autres récits signés par ce dernier. Fort heureusement, l’album reste accessible grâce à un éditorial pertinent de Yann Graf qui permet au lecteur de raccrocher les wagons sans avoir scrupuleusement lu tous les récits dont il est question.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par une galerie d’illustrations.
Un excellent album, où nous avons droit à une histoire passionnante mettant parfaitement en avant le personnage de Lois Lane et les thématiques qui lui sont associées.
Do a Power Bomb !
Contenu : Do A Power Bomb #1-7
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : Urban Indies
- Prix : 19.00€
- Date de sortie : 23/06/2023
- Format : Couverture cartonnée, 192 pages
- Auteur(s) : Daniel Warren Johnson
- EAN : 9791026822363
C’est ainsi que l’on pourrait résumer assez grossièrement la création de Daniel Warren Johnson, qui exprime ici son amour pour le catch et ses codes… Mais cela va cependant beaucoup plus loin en abordant d’autres thématiques.
Nous suivons donc Lona Steelrose qui veut suivre les pas de sa mère, tragiquement décédée au cours d’un match de catch, mais qui fait face à des oppositions très fortes. Sa rencontre avec un personnage très étrange fait basculer le récit dans une ambiance qui ne l’est pas moins, teintée de surnaturel. Elle rencontre en effet un nécromancien, doté de grands pouvoirs et donc on part dans un registre différent d’un simple récit sur une jeune catcheuse.
L’ambiance surnaturelle n’est pas la seule particularité de cette histoire, car Daniel Warren Johnson a en fait concocté un récit dont la trame principale est la thématique de la famille. Celle de Lona Steelrose, mais pas seulement car on découvre assez vite que les enjeux de cette compétition touche à la famille de plusieurs personnages.
Cette composante familiale de Do a power bomb ! est très bien dosée, apportant un contexte émotionnel riche en émotion sans non plus sombrer dans la larmichette facile : tout comme les catcheurs se démènent pour aller vers la victoire, l’auteur ne ménage pas sa peine pour susciter une émotion toute légitime chez le lecteur.
Tout ceci se déroule dans un environnement qui, logiquement, transpire le catch par chacun de ses pores : les codes de cette lutte – spectacle sont particulièrement présents, non seulement lors des combats mais aussi pour articuler la progression du récit. On ressent très bien toute la passion de l’auteur pour le catch et son monde, qu’il a mis en scène pour réaliser un récit passionnant et touchant s’avérant particulièrement agréable à lire.
D’ailleurs, on peut se poser la question du public ciblé : s’agit-il uniquement des afficionados du catch ? Et bien en fait pas vraiment… Il est bien entendu assez logique que les amateurs de cette forme de lutte seront aux anges, mais ce récit s’adresse à un lectorat plus vaste qui recherche avant tout une bonne histoire quel qu’en soit le cadre. Il y a suffisamment d’explications tout au long du récit pour ne pas être perdu même si on n’est pas fan de catch, et le talent de l’auteur fait le reste !
Le dessin est également signé par Daniel Warren Johnson, accompagné par Mike Spicer pour la colorisation. On retrouve dans ces pages le style toujours un peu abrupt et rugueux qui caractérise le travail de l’artiste, ainsi que sa très grande efficacité pour faire ressentir la puissance accompagnant les scènes d’action. C’est vraiment très réussi, avec une narration impeccable et des planches très soignées.
Côté bonus, nous avons droit à deux textes de Daniel Warren Johnson qui permettent de comprendre sa vision du catch et de ses codes, ainsi que les circonstances ayant fini par déboucher sur la création de ce récit. Et comme nous avons été très sages, nous avons même droit à un carnet de croquis ! 😉
Un excellent album, dont l’histoire est à la fois une ode au catch et un récit familial particulièrement émouvant.
Red Hood - Souriez !
Contenu : Red Hood & Batman: Cheer
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Infinite
- Prix : 17.00€
- Date de sortie : 23/06/2023
- Format : Couverture cartonnée, 152 pages
- Auteur(s) : Chip Zdarsky / Eddy Barrows
- EAN : 9791026828457
Red Hood n’est autre que Jason Tood, ancien Robin massacré par le Joker (et les vilains lecteurs qui ont voté pour qu’ils meurent) et ressuscité dans des circonstances étranges sur le plan éditorial. Depuis, Red Hood marche sur le fragile fil séparant le bien du mal et tient davantage de l’anti-héros aux méthodes musclées face à un Batman toujours ancré dans ses convictions.
Chip Zdarsky revisite ici l’historique compliqué entre les deux personnages, montrant avant tout deux personnages qui ont souffert chacun à sa manière mais surtout un père et un fils (adoptif) qui ne se comprennent pas et qui en souffrent tout en se faisant souffrir l’un et l’autre. L’idée de faire un parallèle sur le rôle de père à travers un personnage apparu dans ce récit est très pertinente, tout comme celle de placer Jason dans un rôle de père de substitution à son tour.
L’histoire a pour toile de fond un nouveau trafic de drogue qui ravage Gotham, la ville maudite de DC Comics qui semble toujours recueillir le pire de ce que l’humanité est capable de produire. Le fin mot de l’histoire est un peu surprenant, mais n’est pas non plus aberrant et permet à l’auteur d’avoir un peu de marge de manœuvre pour faire apparaitre une nouvelle menace.
Tout en étant un récit complet, Red Hood – Souriez est en fait le point culminant de la relation compliquée entre Batman et Red Hood, apportant une nouvelle pierre dans l’édifice de leur rapports conflictuels avec l’éclairage de leur relation père/fils dysfonctionnelle et une possible évolution. On peut tout à fait apprécier cette lecture sans avoir lu tout ce qui concerne les deux personnages grâce à l’éditorial qui en rappelle les faits marquants au lecteur, même s’il peut être appréciable d’avoir lu quelques un de ces récits pour apprécier au mieux la complexité des rapports du protecteur de Gotham City et de son ancien protégé.
L’album est vraiment passionnant, avec une histoire qui tient très bien la route et une caractérisation très soignée des personnages. On retrouve les fondamentaux des deux principaux, ainsi que leurs propres contradictions, et l’utilisation de leur situation particulière est vraiment très bien pensée.
Côté graphisme, nous avons droit à des planches soignées que signe Eddy Barrows. Il y a parfois un rendu un peu étrange du visage de Red Hood – lorsqu’il porte son masque sans son casque emblématique – mais en dehors de cela c’est vraiment très joliment réalisé.
Un excellent album, où nous avons droit à une histoire touchante dont le cœur va au-delà d’une simple rencontre de héros aux points de vue divergents.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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