Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de 4 albums.
Au programme :
- Superman Chronicles 1987 Volume 3 (Urban Comics)
- Pill Hill (Delcourt Comics)
- Kroma (Delcourt Comics)
- Sin City tome 4 : Le salaud en jaune (Huginn & Muninn)
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Superman Chronicles 1987 Volume 3
Contenu : Adventures of Superman #431-435, Adventures of Superman Annual #1, Superman #9-12, Action Comics #592-595, Action Comics Annual #1, Booster Gold #23
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Chronicles
- Prix : 35.00€
- Date de sortie : 25/08/2023
- Format : Couverture souple, 432 pages
- Auteur(s) : John Byrne, Marv Wolfman, Jim Starlin, Dan Jurgens / John Byrne, Dan Jurgens, Erik Larsen, Art Adams, Jerry Ordway
- EAN : 9791026826811
Les séries Action Comics et Adventures of Superman se poursuivent sous la plume de leurs auteurs respectifs, et entrainent l’Homme d’acier dans de nouvelles directions dont certaines parfois très surprenantes.
L’épisode ouvrant l’album est à ce titre particulièrement étonnant, car outre son ambiance très sombre il questionne en sous-texte un thème de société toujours débattu de nos jours (on ne vous dira pas lequel pour ne pas gâcher la surprise). Il y a bien sûr tout un enrobage super-héroïque dans cette histoire, mais le fond du récit est tragique et surprenant pour une histoire de ce type.
Il y a également un autre épisode à l’ambiance de romance, où il est question du grand amour perdu de Clark Kent à une époque où il ne se faisait pas appeler Superman. Cela surprend car on est dans une ambiance romanesque qu’on n’associait pas forcément à Superman ni à John Byrne qui signe cet épisode. Mais c’est très bien fait, avec une ambiance de tragédie qui fonctionne à merveille.
En dehors de ces deux épisodes étonnants, on retrouve Superman dans une série d’aventures plus conventionnelles même si elles ne sont pas exemptes de surprises comme notamment dans l’arc où il croise le fer avec Booster Gold. Les rebondissements sont en effet nombreux, on ne risque pas de s’ennuyer en suivant les aventures de Superman !
Et bien entendu, Lex Luthor n’est jamais bien loin lorsqu’il s’agit des aventures de Superman. Le personnage maléfique tire les ficelles de la plupart des intrigues, étant impliqué à un degré plus ou moins prononcé. Toujours abject, il est de surcroit particulièrement ignoble dans un épisode où il a une conversation pour le moins sidérante avec une serveuse.
Ce troisième tome est aussi passionnant que les précédents, avec une suite d’épisodes très agréables à lire et surtout très bien écrits. Superman termine l’année 1987 en beauté sous la plume d’auteurs très inspirés et régale le lecteur avec ses aventures.
Sur le plan du graphisme, aux côtés d’artistes confirmés on retrouve aussi des débutants (à l’époque) qui font leurs débuts. Le résultat est globalement très bon, avec des styles différents mais qui servent très bien les histoires.
Côté éditorial, les textes de Bob Greenberger sont toujours particulièrement pertinents et permettent d’aborder pleinement le contexte des épisodes. Ils sont accompagnés de fiches pour certains personnages, ainsi que d’extraits du courrier des lecteurs.
Un excellent album, Superman termine l’année 1987 en beauté !
Pill Hill
- Éditeur : Delcourt Comics
- Prix : 25.50€
- Date de sortie : 02/11/2023
- Format : Couverture cartonnée, 256 pages
- Auteur(s) : Nicholas Breutzman
- EAN : 9782413075318
Car en effet l’histoire que nous raconte Nicholas Breutzman va bien plus loin que ce pitch un brin fantaisiste. Dans un récit très autobiographique, l’auteur aborde quantité d’autres sujets, le mystère du chewing-gum n’étant en somme qu’un fil rouge servant à amorcer le dialogue avec le lecteur.
Il est en effet question d’un père divorcé qui est en train de reconstruire sa vie, dans des circonstances pas forcément faciles : la séparation a été compliquée, la situation autour de la garde des enfants – son fils et son beau-fils – l’est tout autant. Il est difficile pour lui de faire les bons choix tout en préservant les enfants, d’autant que ceux qui pourraient l’aider détournent pudiquement le regard.
Alors dans ce cas, effectivement l’auteur/personnage se raccroche un peu à des trucs futiles comme l’histoire du chewing-gum mais aussi part parfois très loin dans ses réflexions qui l’amènent dans un contexte fantasmé de science-fiction voire de complotisme. C’est compliqué pour lui de garder toute sa tête dans un cadre pareil, son principal point d’ancrage étant l’amour indéfectible qu’il éprouve pour ses enfants.
C’est une histoire très intéressante et particulièrement touchante qui nous est racontée dans ces pages, partant de quelque chose de tout à fait insolite – l’obsession de trouver qui colle des chewing-gum sur les arbres – pour en fait livrer un récit où les moments émouvants ne sont pas rares et sont racontés avec suffisamment de talent pour ne pas sombrer dans le pathos dégoulinant.
Pill Hill est une œuvre passionnante, où l’auteur entraine le lecteur dans une histoire très bien racontée malgré le fait qu’il donne parfois l’air de se disperser (comme lorsqu’il raconte en détail ses recherches sur tel ou tel sujet). On s’attache tout de suite aux personnages tandis que leur vie est exposée devant nous, l’auteur n’hésitant pas à se mettre à nu pour dévoiler ce qu’il ressent. En tout cas c’est une très belle découverte, montrant une fois de plus toute la richesse thématique de la BD (n’en déplaise aux esprits étroits qui la déprécient régulièrement).
Il nous arrive fréquemment de vous prévenir lorsqu’un album est violent et/ou gore risque de heurter le lecteur. Ici, il n’est pas question de ça mais nous pouvons néanmoins vous dire que les parents divorcés – et particulièrement ceux dont la séparation a été compliquée – vont en prendre plein la figure avec cet album.
Le graphisme est lui aussi signé de Nicholas Breutzman et est très réussi. Bien entendu, on n’est pas dans des planches cinématographiques qui en mettent plein les yeux, et l’artiste use de plusieurs techniques pour le dessin, mais il reste qu’il s’agit d’un graphisme qui colle parfaitement à ce qui est raconté et qui rend le tout très vivant.
Un excellent album, qui traite une thématique difficile avec une approche touchante et émouvante.
Kroma
- Éditeur : Delcourt Comics
- Collection : Contrebande
- Prix : 22.95€
- Date de sortie : 22/11/2023
- Format : Couverture cartonnée
- Auteur(s) : Lorenzo De Felici
- EAN : 9782413081760
C’est le point de départ de cette histoire signée Lorenzo de Felici, qui signe ici son premier projet où il est à la fois scénariste et artiste. L’auteur brosse le portrait d’une société de survivants d’une apocalypse ayant décimé l’humanité, dont on ne saisit que les contours dans les premières pages. Puis d’un seul coup, apparait l’ennemi : la couleur.
Lu comme ça, tout ceci doit paraitre bien étrange mais le fait est que ce curieux concept a le bon goût de parfaitement fonctionner. Il n’est pas surprenant de voir une société humaine avoir basculé dans la superstition la plus absolue – notre civilisation ne cache qu’à peine ses tendances à toujours s’y réfugier – mais le concept en lui-même est particulièrement étonnant.
Si le début de l’histoire a pour objectif de poser les bases de cet univers de désolation, nous faisons ensuite connaissance avec celle qui devient le personnage central de l’histoire : Kroma. Considérée comme un monstre et traitée comme tel, Kroma a toutefois un rôle important à jouer dans le destin de cette société qui la hait. Aux côtés d’un jeune garçon qui prend le temps de la découvrir autrement que comme une menace, elle va vivre une aventure hors du commun.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Lorenzo de Felici n’a pas opté pour la facilité ! Le concept de Kroma est en effet très ambitieux, racontant en effet comment l’humanité a sombré dans un nouvel âge de ténèbres suite à une apocalypse racontée de façon succincte. L’idée de faire de la couleur elle-même un ressort narratif important de l’histoire fonctionne à merveille, et permet de mettre en scène des situations insolites.
De même, l’auteur ne se contente pas d’une histoire plan-plan pour exploiter son concept : les rebondissements sont en effet très surprenants – dont un qui est particulièrement saisissant – et l’histoire évolue dans une direction certes un peu attendue mais très bien amenée.
Kroma est une histoire passionnante et touchante, dont le concept en béton armé est d’une redoutable efficacité. Il n’est pas forcément rare de découvrir une histoire post-apocalyptique où la société humaine se reconstruit comme elle peut, mais celle-ci repose sur des idées originales et très bien exploitées.
Sur le plan du graphisme, Lorenzo de Felici signe une prestation tout autant remarquable que pour le scénario. L’artiste signe des planches de toute beauté, avec une représentation très soignée de cette étrange société ayant banni la couleur. Cette dernière, qui apparait d’abord comme des petites touches avant d’être davantage présente, est presque comme un cadeau distillé au fur et à mesure des cases.
Côté bonus, un cahier graphique complète le sommaire de l’album.
Un excellent album, dont l’histoire est passionnante et le graphisme est superbe.
Sin City tome 4 : Le salaud en jaune
- Éditeur : Huginn & Muninn
- Collection : Signatures USA
- Prix : 21.00€
- Date de sortie : 17/11/2023
- Format : Couverture souple, 224 pages
- Auteur(s) : Frank Miller
- EAN : 9782364809246
Dans ce nouvel opus de la série, Frank Miller remonte le temps pour ouvrir son récit comme en témoigne l’âge du personnage de Nancy que les lecteurs ont déjà pu croiser adulte dans les tomes précédents. De même, l’auteur introduit un nouveau personnage : le policier John Hartigan.
Ce dernier se retrouve dans une situation peu enviable tandis qu’il a voulu protéger la jeune Nancy d’un pervers à l’abri de toutes représailles judiciaires. Il va en effet connaitre un enfer tout particulier suite à ses actions, et comme bien d’autres personnages de Sin City il va se retrouver entrainé dans une spirale d’événements.
Une fois encore, l’histoire est dure et sans concession dans une atmosphère de polar noir. On touche ici à un sujet difficile pour lancer l’histoire, le méchant de l’histoire étant un pervers particulièrement ignoble. Face à lui, il fallait un personnage à la moralité à toute épreuve se posant comme le bras armé et inflexible de la justice : John Hartigan.
Comme il est souligné dans l’introduction, John Hartigan fait penser à Clint Eastwood. Ce dernier est une source d’inspiration pour Frank Miller dans d’autres œuvres, et il y a probablement un coin du multivers où le comédien a tenu le rôle de Batman dans The Dark Knight returns (on peut toujours rêver). Le personnage de John Hartigan est caractérisé comme plusieurs rôles de Clint Eastwood, ce qui fonctionne très bien dans le contxte de l’histoire.
Ce quatrième tome de Sin City ne démérite absolument pas par rapport aux précédents, en livrant une nouvelle fois une histoire passionnante à la conclusion tout à fait saisissante. L’immersion est immédiate, et on se laisse porter par le talent narratif de Frank Miller qui signe une nouvelle fois un récit captivant de la première à la dernière page.
Il y a quelques scènes qui rendent mal à l’aise (c’est probablement l’effet recherché), et l’atmosphère est toujours aussi étouffante dans cet univers de noirceur qui est la marque de la série. D’ailleurs, outre Nancy qui tient un rôle central dans cette histoire on croise d’autres personnages des tomes précédents et cela contribue une fois encore à montrer que cet univers a une vraie cohérence.
Sur le plan du dessin, Frank Miller signe une nouvelle fois des planches de toute beauté. Il serait assez répétitif de s’extasier une fois encore devant sa maitrise du noir et blanc et le dynamisme de ses scènes d’action et pourtant… une fois encore l’artiste montre à quel point il y excelle ! Sa narration graphique est tout simplement impeccable, que les planches soient chargées ou au contraire presque dépouillées, avec une mise en page très étudiée.
A noter que le « salaud en jaune » est justement colorié ici.. en jaune ! Seule touche de couleur de tout l’album, la présence de ce personnage est ainsi soulignée de case en case, l’idée est simple mais d’une redoutable efficacité.
Du côté des bonus, le sommaire de l’album est une nouvelle fois complété par une introduction passionnante et particulièrement bien faite.
Un excellent album, où le lecteur a droit à une histoire dure et sans concession.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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