Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de quatre albums édités par Panini Comics :
- Dr Strange – Chirurgien suprême
- Spider-Woman t1
- Goodnight paradise
- Magnificent Ms Marvel t3
Dr Strange – Chirurgien suprême | ||
Panini Comics 136 pages – 18€ Mark Waid |
Stephen Strange a récupéré l’usage complet de ses mains et il peut de nouveau être chirurgien ! Mais peut-il encore tenir son rôle de Sorcier Suprême dans le même temps ? Une saga complète pouvant être lue indépendamment de la précédente série également signée Mark Waid.
(Contient les épisodes US Dr Strange: Surgeon Supreme (2019) 1-6, inédits)
Depuis ses origines, le Dr Strange a renoncé à la chirurgie vu qu’il ne peut plus utiliser ses mains suite à un grave accident… mais maintenant le voici de retour avec le scalpel à la main !
Faisant suite à sa série où il a notamment orchestré la guérison du Sorcier Suprême, Mark Waid montre donc ce qui se passe lorsque le fringuant magicien doit faire cohabiter ses deux vies : à la fois magicien et médecin, sans que l’une ne doive interférer avec l’autre. Et bien entendu toute la mécanique mise en place dès le début, qui semble tourner comme une montre suisse au départ, finit par dérailler dans les grandes largeurs.
Faisant même revenir un personnage du folkore surnaturel de Marvel qui était un peu mis de côté, Mark Waid orchestre de main de maître ce nouveau statu quo du Dr Strange. Cette nouvelle approche du personnage, qui continue à exploiter toute sa redéfinition sous la plume de Jason Aaron il y a quelques années, fonctionne à merveille. L’ambiance est faussement détendue, car on sent bien qu’entre deux passages un peu plus calmes il se passe des choses tendues et que chaque chose aura des conséquences.
Exploitant à merveille la double nature de médecin et de sorcier du Dr Strange, l’auteur signe un récit particulièrement agréable à lire et riche en rebondissements. Il se passe en effet beaucoup de choses dans ces pages, et il y a surtout une tonne de très bonnes idées parfaitement exploitées. En les découvrant, on se dit souvent que c’est logique, mais déjà il fallait y penser et surtout la plupart du temps on ne les voit pas venir.
L’album se dévore d’un bout à l’autre tellement il est passionnant, et – cerise sur le gâteau – il est totalement accessible sans avoir lu le run de Mark Waid. Cet opus peut donc se savourer comme un one shot, même si sa qualité donne une forte envie de s’intéresser au reste de la production de l’auteur sur le Sorcier Suprême.
La partie graphique, signée Kev Walker, ne démérite pas face à l’excellence de l’histoire. L’artiste est très inspiré et est parfaitement à l’aise pour illustrer toutes les idées bizarroïdes de son compère scénariste. Qu’il s’agisse d’incruster de la magie dans ce qui devrait être le quotidien ordinaire des personnages ou pour les plonger dans une atmosphère étrange, l’artiste ne se laisse pas démonter et signe des très jolis dessins avec la même efficacité.
Un excellent album, une nouvelle ère pour le Dr Strange qui est en plus très accessible
Spider-Woman t1 – Mauvais sang | ||
Panini Comics 112 pages – 17€ Karla Pacheco |
Longtemps remplacée par un Skrull, Jessica Drew est de retour ! Mais quelle est la nouvelle mission de Spider-Woman et pourquoi est-elle si difficile ? Une nouvelle ère commence pour l’un des personnages les plus complexes de l’univers Marvel.
(Contient les épisodes US Spider-Woman (2020) 1-5, inédits)
Retour aux affaires pour Jessica Drew, la Spider-Woman originale qui a droit à une nouvelle série solo.
Dotée d’un nouveau costume, celle qui fut espionne, super-héroïne et détective privée se retrouve dans une situation complètement inédite en découvrant des choses nouvelles sur son passé, ce qui a une influence directe sur son présent et également sur son fils.
Karla Pacheco relève haut la main le difficile défi de s’occuper d’une super-héroïne qui non seulement n’a jamais été facile à écrire mais qui en plus a connu une redéfinition complète sous la plume de Brian Michael Bendis – redéfinition qui m’a beaucoup déplu d’ailleurs mais c’est un détail – ce qui la rend d’autant plus compliquée à appréhender.
L’autrice s’en sert à merveille, en construisant une intrigue tout à fait cohérente en se faufilant dans les zones d’ombres du passé de Jessica Drew. Du coup, il y a des petites choses qui peuvent un peu surprendre les lecteurs de longue date, mais ça passe finalement très bien car c’est bien fait. La caractérisation du personnage est à la fois fidèle à ce que l’on a connu et un peu différente, en rapprochant sa personnalité de celle de Jessica Jones (pour la petite histoire, Jessica Jones a été créée parce que Brian Michael Bendis s’était vu refuser l’autorisation d’utiliser Jessica Drew).
Riche en rebondissements et avec des scènes d’action bien rythmées, cet album se lit très bien et constitue un point d’entrée efficace pour les lecteurs qui veulent découvrir Spider-Woman sans se faire saigner le cerveau avec les contradictions de ses aventures vintage. L’histoire est très intéressante, et les idées d’abord intrigantes sont finalement bien trouvées et tout ceci forme un tout très cohérent.
La partie graphique de l’album est de son côté très réussie, avec des planches très joliment illustrées par les artistes à l’œuvre. Je ne raffole pas forcément du nouveau costume de Spider-Woman, mais il rend bien dans cet album.
Les scènes d’action sont très soignées, apportant pas mal de dynamisme à l’ensemble et on appréciera l’idée d’intercaler des couvertures au récit pour l’épisode anniversaire de Spider-Woman.
Un excellent album, qui exploite parfaitement la redéfinition du personnage de Spider-Woman dans de nouvelles aventures
Goodnight paradise | ||
Panini Comics 168 pages – 19.95€ Joshua Dysart |
Après Sara et Sentient, titres auxquels vous avez fait un triomphe, découvrez le nouveau bijou de TKO Comics ! Le changement de style est total, puisqu’il s’agit cette fois d’un polar californien, par les auteurs d’Unknown Soldier. Lorsqu’un SDF de Los Angeles découvre le cadavre d’une adolescente, c’est le début d’une enquête sordide…
(Contient les épisodes Goodnight Paradise 1-6, inédits)
Sous le soleil de la côte ouest américaine, il ne se passe pas que des choses paradisiaques comme nous pouvons le voir dans cette histoire.
Joshua Dysart met en scène un personnage principal qui est un SDF, mais pas un sans-abri représenté avec tous les filtres habituels qui atténuent le quotidien de ces personnes qui n’ont plus rien. L’auteur montre en effet tout ce que le quotidien du personnage a de difficile, entre son alcoolisme et les petites choses qui nous semblent évidentes à nous qui sommes dans notre douillet cocon de confort mais qui sont tellement compliquées pour les déshérités de la société humaine.
En plus de ne pas verser dans un récit offrant une version fantasmée de la condition de SDF, l’auteur ne braque pas non plus les curseurs à fond dans l’autre sens en recourant à du pathos démesuré. C’est un récit brut et âpre, comme un reportage objectif sur le quotidien des personnages qui sont à la rue sur Venice Beach.
L’histoire tourne autour d’une histoire de meurtre, à priori assez simple mais dont les ramifications sont finalement assez complexes d’autant que le fil narratif de l’histoire passe par le ressenti du personnage principal qui n’est pas forcément la personne la plus fiable en la matière. Au fur et à mesure de l’avancée du récit, on en apprend davantage avec notamment les flashbacks qui permettent de mieux saisir ce qui s’est passé. L’enquête est l’occasion là aussi de contempler dans le blanc des yeux tout ce que le rêve américain réserve à ceux qui sont exclus de son système, et ce n’est pas joli. Non, ce n’est pas assez : ce quotidien où ces personnes vendent jusqu’à leur âme et risquent tout s’ils se rebellent est carrément sordide, et même si c’est traité avec justesse et sans voyeurisme cela a de quoi mettre mal à l’aise. En tout cas c’est remarquablement bien écrit, et l’album est passionnant.
Récit sans concession, Goodnight paradise est une lecture brute qui ne laisse pas le lecteur indemne. C’est comme un reportage choc, une plongée dans tout ce que la condition des SDF a de sordide comme exprimé plus haut. Une lecture qui fait l’effet d’un coup de poing au ventre dont les effets se ressentent bien longtemps après la lecture de la dernière page. C’est passionnant mais très dur, une lecture à ne pas recommander si vous n’avez pas le mental qui vous permettra de l’encaisser.
C’est à Alberto Ponticelli que revient la difficile mission d’assurer le graphisme de cette histoire forte, et le moins qu’on puisse dire c’est que l’artiste ne ménage pas sa peine : en effet, il va jusqu’à illustrer le récit de deux façons différentes.
L’artiste a en effet utilisé deux représentations suivant ce dont il est question dans l’histoire : un style pour l’histoire en train de se dérouler, et un autre pour les flashbacks et les souvenirs. Cette dualité est particulièrement efficace, car non seulement elle permet de situer instantanément dans quelle partie du récit se trouvent les cases mais aussi car cela illustre parfaitement la différence d’ambiance entre les deux.
En tout cas, qu’il s’agisse d’un type de dessin ou d’un autre, l’artiste signe des planches très soignées qui reflètent très bien les différentes ambiances de l’histoire.
Un excellent album, qui traite avec beaucoup de justesse un sujet difficile
Magnificent Ms. Marvel tome 3 | ||
Panini Comics 176 pages – 22€ Saladin Ahmed |
Dernier tome pour les aventures de Kamala Khan, et pour cause : Suite à un terrible incident au cours d’une mission des Champions, une loi interdit aux jeunes super-héros d’utiliser leurs pouvoirs ! Quel avenir pour Miss Marvel ?
(Contient les épisodes US Magnificent Ms Marvel (2019) 13-18 et Outlawed (2020) 1, inédits)
Toutes les bonnes choses ont une fin, et voici donc venu celui de la fin de Magnificent Ms. Marvel.
Après un très bon second tome, certes un peu prévisible, voici donc la fin des aventures de Kamala Kahn sous la plume de Saladin Ahmed. L’auteur remet sur le tapis un sujet qui avait déjà été au coeur de Civil War il y a bien longtemps : la responsabilité des super-héros lors de leurs missions. L’auteur traite cependant du sujet plus délicat des jeunes super-héros (quoique les New Warriors dont la bavure a causé la catastrophe de Stanford n’étaient pas bien vieux), et du fait qu’ils ne doivent plus utiliser leurs pouvoirs.
C’est assez malin comme approche, car cela met en opposition les jeunes et les adultes, ce qui est cohérent avec l’ambiance de la série qui est focalisée sur des personnages adolescents. Bien entendu rien ne va se passer comme prévu et Saladin Ahmed en profite pour évoquer au passage la thématique de la récupération lorsqu’un personnage se voit associé à tout ceci sans avoir rien demandé !
L’histoire est bien ficelée et intéressante, avec un bon équilibre entre la vie personnelle et les activités super-héroïques de Kamala. D’ailleurs cette dernière est toujours attachante, et se retrouve au cœur de passages particulièrement touchants. Mais ce n’est pas pour autant que l’auteur dédaigne sa vie de super-héroïne, en mettant en scène non seulement ses collègues des Champions mais aussi des scènes d’action en solo très réussies.
C’est un joli feu d’artifice qui nous est offert pour les derniers épisodes de la série, mais par contre il est dommage que le final soit un rien précipité. On a vraiment l’impression que l’auteur cherche à tout boucler en quatrième vitesse, et cette fin précipitée donne une impression mitigée. La lecture reste cependant fort agréable, c’est jute qu’à la fin on se retrouve largués un peu abruptement en mode « bon bin c’est fini, merci et au revoir ».
Du côté du dessin, les artistes à l’oeuvre signent des planches très réussies. Le dynamisme inhérent à la représentation des pouvoirs de Kamala est bel et bien présent, et les personnages sont joliment dessinés.
Le graphisme de l’album reflète une ambiance adolescente et détendue (quand il le faut), sans pour autant aller jusqu’à un graphisme cartoony. Ce type de dessin colle parfaitement à la série, et lui donne un cachet particulièrement sympathique.
Un très bon album, très agréable à lire même si la fin est un peu rapide
C’est tout aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera articulé autour d’albums à couverture souple, rendez-vous lundi prochain pour voir ce que nous vous réservons !
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