Le lundi c’est librairie !
Au programme de cette chronique, quatre albums édités par Delcourt Comics :
- Farmhand tome 3
- Folklords tome 1
- Blade Runner 2019 tome 2
- Bone Parish tome 3
Farmhand Tome 3 | ||
Delcourt Comics 160 pages – 15.95€ Rob Guillory |
Rob Guillory, co-créateur et dessinateur de Tony Chu, Détective Cannibale, lauréat d’un Eisner Award, poursuit sa nouvelle comédie noire sur la science devenue sinistre et les effets apocalyptiques d’une agriculture vici Les graines cultivées par Jedidiah Jenkins s’infiltrent dans l’écosystème local à un rythme toujours croissant. Les recherches de ce fermier pas comme les autres pour trouver un remède miracle le mènent aux racines mêmes de la création. Mais ce qu’il y trouve va secouer Freetown et risque fort de briser toute sa famille. Et il ne semble pas y avoir de retour possible.
Après un excellent second tome, voici la suite de la série décalée de Rob Guillory.
Nous retrouvons donc les personnage de Farmhand confrontés à des phénomènes de plus en plus bizarres liés aux cultures étranges de Jedidiah Jenkins. Ca fait déjà deux tomes que l’ordre solidement établi ne cesse de voler en éclats, et dans ce troisième tome le phénomène s’amplifie encore et on se demande jusqu’où tout ceci va nous mener.
Rob Guillory ne ménage pas sa peine pour pousser son concept décalé dans ses derniers retranchements, montrant tout ce qui peut arriver de déplaisant lorsqu’on joue un peu trop avec la nature. Mais il en profite aussi pour apporter de nouvelles clefs de compréhension au lecteur en expliquant certains détail de cette histoire finalement plus compliquée qu’elle n’en a l’air, et la fin de l’album s’avère particulièrement intrigante.
Comme les deux premiers tomes de Farmhand, cet album est passionnant et entraîne le lecteur dans une histoire très étrange et flirtant allègrement avec l’horreur sans toutefois franchir totalement le pas grâce à une ambiance décalée. Le cocktail fonctionne avec une redoutable efficacité, et la fin de l’album donne envie d’en lire davantage !
Le graphisme, également signé Rob Guillory, est toujours aussi réussi et contribue largement à l’atmosphère bizarre de cette histoire. Comme pour Tony Chu, on peut apprécier que le style cartoony de l’artiste permette de faire passer des scènes qui auraient été difficile à digérer sans la patine parodique qui est sa marque de fabrique.
Et comme à l’accoutumée, il faut rester bien attentif car Rob Guillory s’amuse toujours à parsemer ses dessins de gags visuels qu’on ne remarque pas forcément du premier coup d’oeil.
Côté bonus, nous avons toujours droit à une galerie de couvertures et aux Freetown Funnies, des strips de Burt Durand complètement barrés et amusants.
Un excellent album, qui exploite parfaitement son concept décalé.
Folklords tome 1 | ||
Delcourt Comics 144 pages – 16.50€ Matt Kindt |
Entre Fables et Le Seigneur des Anneaux, Matt KINDT associé à Matt SMITH nous offrent le superbe récit complet d’une quête initiatique qui révèle une vérité choquante sur le monde auquel Ansel, le héros, pense appartenir Dans un monde de magie et de monstres, Ansel est un outsider hanté par des visions de costumes bien repassés et de technologie moderne. Quand vient le temps pour lui de démarrer sa quête, Ansel brave l’interdit et décide de rechercher des personnages légendaires : les « Folklords ». Il veut aller jusqu’au bout car il espère qu’ils pourront expliquer ses visions…
Un jeune garçon qui se lance dans une quête initiatique dans un monde de fantaisie, c’est classique… mais pas dans cet album.
Matt Kindt a en effet construit un univers pour le moins étrange, avec notamment un jeune héros en costume cravate dans un univers où ce n’est pas vraiment la norme. Tout au long de l’album, l’auteur joue avec le lecteur pour lui faire perdre ses repères : rêve ? réalité ? les deux ? aucun des deux ?
La narration de ce tome est particulièrement habile, car tout en s’amusant avec les nerfs du lecteur (qui aimerait bien savoir si on lui fait prendre des vessies pour des lanternes) l’auteur fait progresser une intrigue bien trouvée et qui tient parfaitement debout sans s’appesantir sur les façons de malmener le lecteur.
Ce premier tome, riche en surprises, est passionnant grâce à un univers riche et très bien construit donc nous apprenons les tenants et aboutissants au fur et à mesure de notre lecture. Le lecteur n’a en effet pas forcément toutes les clefs dès le départ mais l’histoire est suffisamment bien faite pour que cela ne soit pas un problème et l’apprentissage de cet univers participe au plaisir de découverte du récit.
Passionnant d’un bout à l’autre, avec une galerie de personnages bien pensée qui vivent pas mal de péripéties et une bonne couche de mystère prompts à faire fonctionner notre imagination à plein régime, le premier tome de Folklords est une vraie réussite et constitue une lecture particulièrement dépaysante et agréable.
C’est Matt Smith qui tient le rôle du onzième Doct… heu pardon qui s’occupe du graphisme de cet album, et il s’acquitte de cette tâche avec beaucoup de talent. Son style donne en effet beaucoup de vie à cet univers, qu’il s’agisse d’en représenter les habitants parfois insolites et les lieux qui sont particulièrement dépaysants.
Les planches sont superbement dessinées, avec beaucoup de dynamisme dans le trait et une parfaite représentation du côté étrange de cette histoire.
Côté bonus, une abondante galerie d’illustrations complète le sommaire de l’album.
Un excellent album, où le lecteur flotte entre rêve et réalité de par la narration habile de l’équipe créative.
Blade Runner 2019 Tome 2 | ||
Delcourt Comics 128 pages – 15.50€ Mike Johnson / Michael Green |
Cette série est la seule séquelle officielle du film de Ridley Scott. Cet album est la suite directe des aventures palpitantes de Ash, la Blade Runner, découverte dans le premier opus. Ash, la Blade Runner qui hait les replicants, poursuit sa plongée vertigineuse dans l’atmosphère moite du Los Angeles inspiré par le roman de Philip K. Dick. Elle doit assumer les conséquences de son enquête sur la disparition de la femme et de la fille d’un riche industriel. Mais une nouvelle menace met sa vie en danger et la conduit dans les colonies spatiales…
Après un premier tome très bien ficelé, voici la suite de cette aventure dans l’univers de Blade Runner.
Mike Johnson et Michael Green racontent donc la suite des aventures de Ash qui s’était enfuie à la fin du premier tome. Comme on pouvait s’y attendre, le duo d’auteurs sort des chemins battus en entraînant le lecteur dans ce qui n’avait été qu’évoqué dans les films : les colonies.
La première partie de l’album se déroule donc dans l’espace avec un climat tellement hostile qu’on ne s’étonne pas qu’il faille des répliquants ! Puis on retourne dans un cadre plus familier, avec quelques nouveautés héritées de l’ellipse temporelle entre les deux albums avec notamment une autre méthode pour identifier les Nexus qui entraine des mesures pour le moins radicales (d’ailleurs : berk !).
Ce second volet est tout aussi intéressant que le premier, les auteurs continuant à questionner la notion d’humanité à travers les agissements et réflexions des personnages. Qui est le plus humain, celui qui l’est biologiquement ou celui qui a été conçu pour agir comme lui ? La réponse n’est pas forcément évidente, comme nous pouvons continuer de le constater.
Ce second tome est intéressant, dès le début on se retrouve à nouveau entrainés dans un univers riche en tensions avec du suspense et des rebondissements. Même dans les parties de l’intrigue qui s’éloignent des parties « classiques » de l’univers de Blade Runner on retrouve ce côté glauque et désespéré d’un futur totalement déshumanisé et privé de toute notion même d’espoir.
Du côté du dessin, Andres Guinaldo nous régale à nouveau de planches très soignées. L’artiste est toujours à l’aise pour dépeindre l’avenir d’une façon qui est raccord avec l’univers des films Blade Runner, mais est tout aussi capable de s’en éloigner pour montrer des choses qui n’y figuraient pas.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par une galerie de couvertures, des recherches pour les couvertures et un hommage à Syd Mead.
Un très bon album, qui développe efficacement un pan méconnu de l’univers de Blade runner.
Bone Parish Tome 3 | ||
Delcourt Comics 112 pages – 14.95€ Culenn Bunn |
Bone Parish est un fascinant récit d’horreur nécromantique signé Cullen Bunn (Harrow County, Deadpool, The Sixth Gun), spécialisé dans les récits d’horreur, et associé à Jonas Scharf, un dessinateur allemand. Ce dernier tome est sans doute le meilleur de la trilogie tant la famille Winters, autrefois seule détentrice de la « Cendre », est malmenée ! Cette nouvelle drogue ravage tout sur son passage et attise les convoitises…
Après deux excellent tomes de Bone Parish, il est temps de conclure cette série hors norme.
Culenn Bunn a savamment dosé une montée en pression d’épisode en épisode et forcément ce dernier volet de sa trilogie ne pouvait qu’être explosif… en tout cas c’est que le lecteur pouvait espérer et il peut se réjouir car l’auteur ne le déçoit pas !
C’est un final apocalyptique qui est en effet mis en scène dans ce dernier volet de Bone Parish, avec un concept toujours aussi efficace mêlant les codes des trafics de drogue et de l’horreur. Forcément, vu les intrigues qui étaient en cours on ne pouvait s’attendre qu’à une façon particulièrement costaud de les résoudre avec les codes respectifs des deux ambiances.
Cette conclusion, toute en restant ouverte, est tout à fait satisfaisante et conclut en beauté une histoire originale qui aura su maintenir le lecteur en haleine tout au long des trois tomes. C’est dur, âpre et violent, mais vraiment passionnant et plein de rebondissements prompts à faire sursauter le lecteur au détour d’une surprise désagréable.
Le dessin est toujours signé Jonaas Scharf, qui n’a pas son pareil pour mettre en image cette ambiance de polar matinée d’horreur qui constitue l’identité de cette série. Les scènes d’action sont tout aussi bien représentées que les passages surnaturels, particulièrement effrayants dans cet ultime tome.
D’ailleurs comme souligné pour le tome 2, il y a des passages très graphiques dans cet album avec des dessins bien crado. Bone Parish est vraiment une série pour lecteurs avertis, à l’estomac solide !
Un excellent album, qui conclut en beauté une saga captivante.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le programme de lundi prochain sera consacré à plusieurs albums, à la semaine prochaine ! 🙂
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