Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de trois albums édités par Urban Comics :
- The Department of Truth tome 1
- Batman Arkham : L’Epouvantail
- Batman Mythology : Les morts de Batman
Toutes les semaines, nous vous proposons la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
The Department of Truth tome 1
Contenu : Department of Truth vol.1 (#1-5)
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : Urban Indies
- Prix : 16.00€
- Date de sortie : 28/01/2022
- Format : Couverture cartonnée, 152 pages
- Auteur(s) : James TYNION IV / Martin Simmonds
- EAN : 9791026823636
Partant de théories du complot célèbres – y compris LA théorie du complot américaine – James Tynion IV construit un récit insolite qui va mettre à mal les convictions du lecteur. Bien entendu, l’auteur ne va pas prendre pour argent comptant les théories plus ou moins farfelues qui surnagent ici et là, mais va mettre en place tout une mythologie construire autour de ces théories.
On ne va pas trop vous en dévoiler pour ne pas gâcher la lecture de l’album et la découverte des concepts qui servent de base à l’intrigue, mais l’idée est brillante et permet par la même occasion de tout autant perturber le lecteur que le personnage de Cole Turner.
Car en effet, ce premier album de The Department of Truth est perturbant. Son ambiance est très particulière, l’auteur destabilisant en permanence le lecteur qui ne sait plus trop si ce qu’il lit est vrai ou pas. En outre, il y a des éléments assez dérangeants parmi les théories du complot employées et ce qui provient du passé de Cole Turner n’est guère réjouissant non plus. Cela donne une atmosphère très particulière et presque malsaine, quasi onirique même, d’où se dégage une impression de malaise permanent.
Cela n’empêche pas cet album d’être captivant, et à l’image de la quête de la vérité son intrigue est véritablement fascinante grâce à une narration quasiment hypnotique. Le lecteur en transe est alors captif d’une histoire implacable où se multiplient les faux semblants et les rebondissements inattendus qui font qu’il ne sait véritablement plus à quel saint se vouer en lisant le récit.
Ce premier album est riche en promesses d’une mythologie complexe, et sa dernière partie parvient parfaitement à accomplir son objectif : donner une grande envie de lire la suite de l’histoire ! Il est certain en tout cas que ce premier volet hantera longtemps le lecteur une fois la dernière page lue, c’est une lecture exigeante dont on ne sort pas indemne.
Côté dessin, nous sommes là aussi dans quelque chose de peu banal. Le style de Martin Simmonds contribue pour beaucoup à l’atmosphère étrange de ces pages, grâce à des dessins destructurés qui convoquent aussi bien Bill Sienkiewicz que Ben Templesmith dans le ressenti graphique des planches. A l’image du scénario, c’est un graphisme exigeant qui entraine le lecteur dans une aventure à la frontière du rêve… et du cauchemar !
Un excellent album, très exigeant mais au propos fascinant. Il est conseillé de le feuilleter car c’est tout de même assez particulier.
Batman Arkham : L'Epouvantail
Contenu : World's Finest Comics #3 ; Batman #455-457 ; #523-524 ; Detective Comics #503, 571 ; Scarecrow New Year's Evil #1 ; Batman: Scarecrow Year One #1-2 ; Joker's Asylum: Scarecrow #1
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Nemesis
- Prix : 29.00€
- Date de sortie : 11/02/2022
- Format : Couverture cartonnée, 344 pages
- Auteur(s) : Collectif
- EAN : 9791026820352
Insolite, car ses méthodes plongent souvent le protecteur de Gotham City dans une atmosphère où règne l’étrange et où on ne peut se fier à rien. Jonathan Crane est en effet le grand maître de l’illusion induite par ses fameuses drogues qui plongent ses victimes dans un état second dont la terreur est le maître mot… et suivant les auteurs, cette terreur peut aussi être partagée par le lecteur !
L’album couvre une période allant de 1941 à 2008, partant donc des débuts de l’Epouvantail qui est présenté comme un enseignant victime des moqueries de ses collègues et plongeant dans le crime comme une sorte de revanche. Le personnage est cependant affiné au cours des années, comme le montre cette sélection d’épisodes où ses origines sont approfondies ou subtilement remaniées pour en faire un personnage plus complexe qu’au départ.
Les épisodes choisis sont très réussis, avec même pour certains une atmosphère très inquiétante du fait des manipulations de l’Epouvantail. Ce dernier peut prendre une posture véritablement terrifiante lorsque les auteurs montrent ce que perçoivent ses victimes, et sa grande maîtrise des substances qui lui permettent d’arriver à ses fins le rendent tellement redoutable qu’il y a des moments où on se demande vraiment comment Batman va réussir à s’en sortir.
Parmi les histoires présentes dans cet album, il y en a une qui a une importance particulière en plus d’être un récit sur l’Epouvantail : il s’agit de la phase finale de la transformation de Tim Drake en Robin. Le jeune homme, qui prend la suite de Jason Todd dont le destin tragique a marqué Batman, doit apprendre quelles sont les qualités requises pour devenir le partenaire de Batman hormis des facilités athlétiques. Cet arc est passionnant, montrant le cheminement de Tim Drake vers sa nouvelle identité et faisant presque passer au second plan l’intrigue autour de l’Epouvantail.
Ces épisodes, qui proposent une variation bien faite autour du même thème, permettent de dresser un portrait pertinent de cet adversaire hors norme de Batman, avec une complexité qui n’a fait que croitre au fil de son évolution. Cette dernière reflète par ailleurs l’évolution des techniques narratives au fil des époques, les personnage devenant plus fouillés au fil du temps.
Côté dessin, nous avons là aussi droit à une grande qualité au fil de cette sélection. Les ambiances sont très diversifiées d’un épisode à l’autre, avec des récits qui mettent plus en avant que d’autres l’atmosphère presque horrifique qui accompagne le personnage de l’Epouvantail. Là aussi on appréciera de voir l’évolution des techniques avec des styles graphiques qui sont le témoin de leurs époques respectives.
Un excellent album, qui conclut parfaitement cette série dédiée aux ennemis de Batman.
Batman Mythology : Les morts de Batman
Contenu : Batman #291-294 ; Batman #433-435 ; Batman #586 ; Adventure Comics #461-462 ; Batman and the Outsiders #13 ; Detective Comics #347
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Deluxe
- Prix : 29.00€
- Date de sortie : 11/02/2022
- Format : Couverture cartonnée, 304 pages
- Auteur(s) : Collectif
- EAN : 9791026821717
Car en effet, au cours de sa longue carrière Batman a souvent été cru mort et ce volontairement ou pas. Ce sont ces morts de Batman, et ce qu’elles représentent pour l’univers de Batman, qui sont au coeur de cet ouvrage couvrant une période de 1977 à 2020.
Le sommaire de l’album est partagé en deux parties : les morts probables et les morts avérées. Dans ces deux parties, nous trouvons une collection de récits articulés autour de la mort de Batman et du ressenti de ses ennemis et amis à ce sujet. Qu’il s’agisse de ruses, d’enquêtes sur des morts mystérieuses de personnages liés à Batman ou même carrément de la mort de ce dernier (les meilleurs récits de l’album), la sélection est bien choisie même s’il y a un manque un peu curieux.
Il est en effet assez étonnant de ne pas trouver de récits tiré de Batman RIP ou de Final Crisis, qui ont une importance certaine dans la thématique de la mort de Batman et de la nécessité pour ses partenaires de trouver des solutions pour continuer sans lui la mission de protéger Gotham. Il y a peut être une volonté de ne pas faire de doublons avec des albums contenant ces récits, ce qui peut être appréciable en effet, mais ça fait un peu étrange de ne pas les voir figurer au panthéon des récits dont le sujet est justement la mort de Batman !
Les différents épisodes, qui constituent pour certains des arcs en plusieurs parties, sont vraiment très intéressants et montrent avec beaucoup d’efficacité ce que représente Batman au travers de sa mort. Comme évoqué plus haut, les meilleures histoires sont celles où le justicier à l’habit de chauve-souris meurt véritablement. Elles sont particulièrement poignantes, et tout à fait à même de faire ressentir une tristesse certaine au lecteur grâce à leur construction habile.
A noter que l’un de ces récits a une particularité intéressante : non seulement son auteur (Gardner Fox) y apparait en personne, mais ce dernier invente carrément le concept de What if… ? bien avant que Marvel ne lance sa série du même nom ! L’idée est excellente, permettant de disposer d’une fin alternative d’une histoire sommes toutes classique malgré un adversaire assez insolite.
Articulé autour d’un thème qui n’est pas forcément simple à utiliser, l’album est très intéressant grâce à des épisodes qui mettent en outre en avant les talents de détective de Batman. On ne s’ennuie pas une seule minute au long de cette sélection de récits qui s’avère vraiment passionnante à lire.
Le dessin de l’album n’est pas en reste, avec une grande variété de styles tout au long de cette sélection. Comme souvent dans des anthologies de ce genre, les techniques graphiques reflètent parfaitement l’époque où les épisodes ont été conçus, apportant une dimension historique intéressante à cet album.
Un excellent album, exploitant parfaitement le concept de la mort de Batman à travers une sélection pertinente.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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On vient de m’offrir Department of Truth, ça vaut le détour, c’est vraiment très bien et vivement la suite!
Ah oui c’est très très bon ! J’étais chagriné quand son report a été annoncé 🙁