Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de deux albums édités par Urban Comics.
Au programme : Dark night – Une histoire vraie et Wonder Woman – Dieux et mortels t1.
Dark night : Une histoire vraie | |
Urban Comics 128 pages – 14€ Paul Dini |
Un soir, le scénariste Paul Dini, responsable de BATMAN, LA SÉRIE ANIMÉE, rentre chez lui après un rendez-vous décevant… suivi par deux inconnus. L’agression qui suit remet en cause toute son existence : de ses amours à sa famille en passant par son travail et sa passion pour les mondes de l’imaginaire. Dès lors, il va devoir réapprendre à vivre avec ses fêlures qu’elles soient physiques ou plus intimes, aidé en cela par les personnages de la mythologie du Chevalier Noir.
Contenu : Dark Night: A true Batman Story
Lorsqu’on nous assène des « vérités » telles que « les comics c’est pour les enfants » ou encore « les comics ce sont des matches de catch de types en slip », il est de bon ton de citer des contre-exemples. On pense par exemple au magnifique C’est un oiseau, mais d’autres histoires aussi fortes font tout aussi bien l’affaire. Ce album en fait partie.
Paul Dini, auteur connu et reconnu (il a notamment créé le personnage de Harley Quinn) nous fait vivre dans cet album un épisode douloureux de son passé : il a été victime d’une agression où il a été non seulement gravement blessé, mais également traumatisé. Sauf qu’en fait, cet album n’est pas « juste » le récit de son agression et de sa guérison : c’est également l’occasion de découvrir l’homme derrière l’auteur, et ce depuis son enfance qui n’a pas été franchement joyeuse. Paul Dini nous parle donc des blessures qui ont fait de lui l’homme qu’il est devenu, de ses peurs, de ses doutes… et de tout ce qui ne va pas dans sa vie. Se mettant à nu et dévoilant ses imperfections et ses faiblesses, il n’en devient que plus touchant et surtout plus humain. Les auteurs sont parfois sacralisés par leurs fans, qui les mettent sur un piédestal tel des divinités créatrices de l’univers de leur imaginaire. Ici Paul Dini descend du sien pour montrer qu’il est un homme comme les autres, et que lui aussi connait des épisodes difficiles dans sa vie.
Sa vie, elle pourrait passer pour un rêve quand elle est vue de l’extérieur, mais il apparait assez vite qu’il s’agit d’un équilibre précaire bâti sur des fondations fragiles venues de l’enfance. Et une agression va tout faire voler en éclat, l’obligeant à se reconstruire… Ce qui est original dans l’approche choisie par Paul Dini, c’est que les personnages emblématiques de son univers narratif (Batman, le Joker) sont omniprésents dans son cheminement. Il a ainsi des discussions (fictives) avec Batman à qui il rappelle que contrairement au protecteur de Gotham il ne peut pas se défendre contre des brutes, ou avec le Joker qui ne manque pas de se moquer de tout ce qu’il fait. Cette approche, qui mêle fiction et réalité, est intéressante et montre l’importance qu’on ces personnages sur la personnalité de l’auteur. En tout cas, cet album est vraiment poignant et s’avère être une lecture absolument passionnante. Il est clair qu’il est vraiment à mettre dans les mains de personnes qui ont vécu une agression et/ou des situations similaires à ce que Paul Dini a vécu, et d’ailleurs je ne peux que remercier mon camarade Holdwig (du forum Wax Express) d’avoir réussi à me pousser à le lire. Mais il serait réducteur de cantonner ce livre à un rôle de catharsis pour les lecteurs qui ont souffert : c’est avant tout un récit touchant où un auteur se met à nu pour nous parler de son vécu, et il n’en est que plus attachant…et plus humain.
La partie graphique est de son côté tout aussi exceptionnelle que le scénario. Eduardo Risso, que les lecteurs de 100 Bullets connaissent bien, illustre cet album en mêlant plusieurs techniques suivant ce qu’il représente. Le résultat est magnifique, l’artiste repoussant les limites de son art pour nous livrer là une prestation magnifique.
Un excellent album, captivant et touchant.
Wonder Woman – Dieux et mortels tome 1 | |
Urban Comics 384 pages – 35€ Len Wein / Greg Potter / George Perez |
Isolées depuis des millénaires sur l’île de Themyscira, les Amazones ont vécu recluses et ont développé une société pacifiste et progressiste à l’écart des tourments du monde des hommes. Mais lorsque le pilote Steve Trevor échoue sur cette île paradisiaque, la princesse Diana se charge de le ramener dans son pays : débute alors pour cette jeune Wonder Woman une quête identitaire qui va la mener face à Arès le dieu de la Guerre !
Contenu : Wonder Woman #1-14
A l’issue de Crisis on Infinite Earths, qui a vu la disparition du multivers DC (ça a changé depuis…), il a fallu redéfinir le personnage de Wonder Woman pour l’intégrer dans la nouvelle réalité des super héros DC. Telle fut la mission de Greg Potter, George Perez et Len Wein.
Dans cet album, les auteurs nous proposent une vision revisitée du personnage de Wonder Woman. Tout son univers est redéfini, avec des idées surprenantes – comme l’origine des Amazones – mais très bien exploitées. Les origines de Wonder Woman sont globalement inchangées (ça aussi, ça changera…) mais son arrivée dans le monde des humains est radicalement différente, ne serait-ce que par sa transposition à une époque plus récente qu’auparavant. On retrouve cependant les éléments « classiques » de Wonder Woman : l’Ile du Paradis, sa naissance, Steve Trevor, Etta Candy… mais les auteurs ont véritablement réinventé le personnage en renforçant sa connexion à la mythologie Grecque. Et d’ailleurs, un personnage de cette mythologie ne sort pas grandi de cette réinterprétation, loin de là… Il est également intéressant de souligner que Diana n’est pas le seul personnage qui soit caractérisé avec soin dans ce début de run : sa mère Hippolyte joue un rôle très important dans les récits qui composent cet album, ainsi que d’autres Amazones
Ce premier tome, alternant différentes intrigues, est vraiment passionnant. L’arrivée de Diana dans le monde des humains est très bien gérée, ne serait-ce que par le fait qu’elle ne parle pas la langue des gens qu’elle rencontre – ce qui est logique quand on y pense – et qu’elle doit passer par une phase d’apprentissage pour comprendre ce monde décidément très différent de son île. Il y a tout un côté « bigger than life » dans cet album, Wonder Woman n’étant pas une « simple » super héroïne qui va dérouiller du super vilain comme il en existe des dizaines mais un personnage hors norme qui vit des aventures qui ne le sont pas moins. Il serait criminel de dévoiler ce qui attend le lecteur dans cet imposant volume, mais en tout cas Diana va mener des combats titanesques dans des endroits vraiment insolites. Et tout ceci est orchestré de main de maître par des auteurs très inspirés, qui utilisent intelligemment la dimension mythologique du personnage de Wonder Woman. Autant la version de Greg Rucka (dont nous parlions dernièrement) était plus terre à terre (toutes proportions gardées) que là nous sommes vraiment dans un registre plus orienté vers la démesure. Ce qui n’est pas du tout une comparaison en terme de qualité entre les deux approches : chacune a ses forces et ses faiblesses, mais en ce qui me concerne (et c’est mon avis personnel de lecteur) j’ai préféré la version de George Perez.
Passons maintenant à la partie graphique, signée George Perez. L’artiste est particulièrement inspiré et nous livre des planches magnifiquement réalisées. Son style sied en effet parfaitement à l’ambiance mythologique de l’histoire, et les scènes d’action les plus fantastiques sont rendues à merveille.
Côté bonus, nous avons droit à une galerie d’illustrations particulièrement bien fournie.
Un excellent album, qui entame en beauté un run de référence sur les aventures de la farouche Amazone.
C’est tout pour aujourd’hui !
Derniers commentaires