Le lundi c’est librairie ! vous propose la chronique de trois albums édités par Urban Comics.
Au programme : I hate Fairyland, Greg Rucka présente Wonder Woman t1 et Injection t1.
I hate fairyland | |
Urban Comics 136 pages – 10€ Skottie Young |
Gertrude, petite fille au tempérament de feu, se retrouve subitement aspirée par sa moquette de la chambre, prisonnière du monde magique de Fairyland. Trente longues années de captivité et de bain de sang durant lesquelles sa seule motivation a été de rentrer chez elle. Bienvenue au royaume de la reine Claudia, des hommes-champignon, des faunes zombies et des haches géantes. Bienvenue à Fairyland.
Contient : I Hate Fairyland vol1 (#1-5)
Skottie Young fait partie de ces auteurs et artistes totalement déjantés qui sont capables de fournir des histoires totalement barrées mais irrésistiblement drôles. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas les choses à moitié.
Imaginez une petite fille qui se retrouve piégée dans un monde magique pendant des décennies sans vieillir physiquement mais en développant une aigreur de dimension gargantuesque (et un langage de charretier). Imaginez toutes les situations loufoques qui peuvent découler d’un tel pitch de départ, avec une héroïne complètement barge et qui ne recule devant aucun excès. Vous aurez alors une (toute) petite idée de la folie de l’histoire de Skottie Young. C’est simple, cette histoire c’est Le magicien d’Oz (illustré aussi par Skottie Young, comme quoi…) sous acide ou autre psychotrope. C’est d’ailleurs assez inquiétant pour la santé mentale de l’auteur ! Nous avons droit ici à une histoire complètement barrée, avec un personnage antipathique mais irrésistiblement drôle dans un univers qui n’était pas fait pour elle, mais alors vraiment pas. Les péripéties se succèdent comme dans un Looney tunes en avance rapide et une chose est certaine avec ce premier album : on rit beaucoup en le lisant. Certes, il faut apprécier un ton très corrosif et un humour assez absurde, mais il est clair qu’avec cette série on tient là une série hors norme qui accomplit parfaitement son office de divertissement. Certes, cet album ne plaira pas à tout le monde, mais c’est dommage car les personnes qui n’apprécient pas cette histoire manquent une bonne occasion de rire un bon coup. Il est clair qu’avec une entrée en matière pareille, on en demande beaucoup plus et j’espère que la suite ne se fera pas trop attendre.
Côté graphisme, nous retrouvons un Skottie Young en roue libre qui se lâche encore plus que d’habitude. Le graphisme est donc très cartoony et le style de l’artiste fait mouche pour mettre en images la folie de son scénario.
Côté bonus, nous avons juste droit à une petite galerie de couvertures.
Un excellent album, totalement barré mais surtout très drôle.
Greg Rucka présente Wonder Woman tome 1 | |
Urban Comics 296 pages – 22.5€ Greg Rucka |
L’ambassade de Themyscira est également l’adresse où réside la plus célèbre héroïne de la Ligue de Justice, Wonder Woman. Mais lorsqu’une jeune fille traquée demande asile et protection de cette dernière, la princesse amazone se retrouve confrontée à son plus dangereux allié, Batman, le Chevalier Noir.
Contient : WONDER WOMAN: THE HIKETEIA + Wonder Woman #195-201
Parmi les auteurs qui ont travaillé sur Wonder Woman, l’un des plus appréciés est Greg Rucka. Il faut dire que l’auteur, qui a particulièrement mis en valeur Renée Montoya dans les pages de Gotham Central, sait parfaitement écrire des histoires tout à fait passionnantes sur des femmes fortes. Son run sur Wonder Woman ne fait pas exception, comme nous pouvons le constater dans ce premier tome.
S’ouvrant sur le graphic novel Hiketeia, l’album relate une période de la vie de Diana où non seulement elle n’a pas vraiment d’identité civile mais en outre elle est ambassadeur de Themyscira (l’ile des Amazones dont elle est originaire). Hiketeia est déjà en soi une excellente histoire, particulièrement bien écrite et très poignante. Le face à face entre Wonder Woman et Batman est bien traité, avec une dimension qui va au-dela de la simple bagarre de super héros qui ont une divergence d’opinions. En effet, c’est également une opposition entre la justice à tout prix de Batman et le respect le plus strict de la tradition par Wonder Woman (sans compter que vu le sujet, il peut être difficile de trancher sur qui a vraiment raison, j’ai envie de dire chacun d’entre eux suivant le point de vue). Le reste de l’album est tout aussi intéressant, même si j’avoue avoir eu un peu de mal à prendre le train en marche avec certains détails que je ne connaissais pas sur les personnages qui figurent dans ces pages (rien d’insurmontable je vous rassure). Les différentes thématiques abordées, dont le fameux livre de Diana, sont très traitées et on retrouve là le style efficace de Greg Rucka qui nous livre une série de récits passionnants et surtout très bien écrits. Il y a également une dimension mythologique très présente dans ces pages, et cet aspect est tout aussi bien traité que le reste et contribue à l’atmosphère particulière de ce début de run qui donne envie d’en lire davantage.
La partie graphique est par contre plus irrégulière. Malgré ses qualités scénaristiques, Hiketeia n’est pas toujours très réussi sur le plan du dessin avec des visages souvent loupés. Le reste de l’album fluctue en niveau suivant les épisodes, ça reste globalement bon mais je ne cacherai pas une petite déception sur ce plan mais peut être avais-je des attentes trop élevées.
Côté bonus, nous avons droit à une galerie d’illustrations, un reportage (fictif) sur Wonder Woman et une série de croquis pour les études de personnages.
Un très bon album, avec juste un graphisme en dessous de mes attentes personnelles.
Injection tome 1 | |
Urban Comics 136 pages – 10€ Warren Ellis |
Il était une fois, cinq génies excentriques. Après avoir empoisonné le XXIe siècle, ils doivent désormais trouver un moyen de survivre à un monde qui ne tolère plus la vie humaine sur son sol.
Contient : Injection vol.1 (#1-5)
Quand on laisse Warren Ellis travailler tranquille sur les thématiques qui lui sont chères, comme sur l’utilisation de la science à bon ou mauvais escient, nous avons le plus souvent droit à des lectures de qualité. Cet album fait partie de cette catégorie de son travail.
Dans ce premier tome, l’auteur pose donc les bases de son univers mais dans un ordre assez insolite. Le lecteur sera en effet plutôt perdu dans les premiers épisodes, car l’auteur ne livre que plus tard les clefs pour comprendre de quoi il retourne. Mais une fois que les pièces du puzzle se mettent en place, le talent de Warren Ellis fait des merveilles et nous avons droit à une histoire passionnante (mais je ne dis pas que les premiers épisodes ne sont pas bien, c’est juste qu’on ne comprend pas forcément où il veut en venir). Certes, on retrouve des notions et concepts qui ne sont pas étrangers aux lecteurs de Planetary (entre autres) mais cela est recyclé intelligemment. Les différents personnages sont bien caractérisés, et on se retrouve donc dans un début de série non seulement intriguant (car l’auteur n’a pas tout dévoilé, loin de là) mais également très intéressant. Il est difficile d’en dire plus sans risquer de dévoiler des morceaux de l’intrigue, et ça serait dommage, mais en tout cas si vous appréciez les travaux ambitieux de Warren Ellis avec une forte composante scientifique, alors cet album vous plaira. Et si ce n’est pas votre cas, essayez tout de même car c’est vraiment une histoire très bien ficelée qui vaut la peine de s’y intéresser.
Du côté du dessin, c’est Declan Shalvey qui officie et l’artiste nous propose de bien jolies planches. Le scénario de Warren Ellis se retrouve donc mis en images d’une bien belle façon grâce au style de l’artiste qui colle parfaitement à l’ambiance de la série.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par une galerie de couvertures.
Un excellent album, captivant de bout en bout.
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