Le casting des super-vilains s’opposant au Tisseur de toiles de Marvel continue de s’étoffer avec l’introduction de nouveaux personnages comme Kraven le chasseur ou encore un certain Bouffon vert… dont l’identité secrète reste justement secrète ! C’est assez amusant d’ailleurs de redécouvrir ces épisodes avec les artifices pour cacher le visage de celui qui deviendra le pire ennemi de Spider-Man et de se souvenir que bien des années plus tard les mêmes techniques seront employées pour dissimuler les traits du Super-Bouffon.

Le Bouffon vert n’apparait pas qu’une seule fois dans cette suite d’épisodes, puisqu’après sa première apparition il fait son retour en ayant au passage troqué son espèce de balais volant contre son iconique planeur. C’est d’ailleurs une évolution plus que souhaitable, car le balais en question était vraiment ridicule.

La série suit son petit bonhomme de chemin, avec un Spider-Man qui affronte des ennemis à tour de bras tout en croisant le chemin d’autres héros : la Torche humaine ou encore Daredevil sont en effet de la fête pour des team-up permettant à notre Tisseur préféré de triompher de ses adversaires. Et si on ne le classe pas forcément dans le registre des héros vu l’emploi qui en est fait, il faut aussi signaler la présence de Hulk dans un épisode.

On reste sur le même type d’atmosphère, avec toujours un Peter Parker qui est finalement assez peu sympathique. Il affiche en effet assez régulièrement un certain égoïsme, ce qui tranche quelque peu avec l’évolution future du personnage. Sur le plan sentimental, il y a une sorte de triangle amoureux matérialisé par la rivalité entre Liz Allen et Betty Brant, cette dernière étant la petite amie de Peter Parker. Cette rivalité ne fonctionne pas aussi bien que la future jalousie entre Gwen Stacy et Mary Jane Watson, mais offre quelques moments amusants et montre là aussi la personnalité de Peter Parker sous un jour peu attrayant. Betty Brant est d’ailleurs montrée sous un jour qui n’est guère flatteur, avec notamment une jalousie maladive.

On retrouve par ailleurs à plusieurs reprises des références à Mary Jane Watson, la nièce de l’amie de Tante May qui veut absolument la présenter à son nigaud de neveu (qui a pourtant déjà une petite amie). On est à cette époque dans le domaine du running gag, avec un personnage que l’on ne voit jamais apportant un petit élément comique supplémentaire. Et puisqu’on parle de Tante May, si bien entendu on retrouve des démonstration de sa fameuse santé fragile il est toujours amusant de la voir en admiration devant le Dr Octopus !

Au cœur de ces épisodes figure également le premier numéro d’Amazing Spider-Man Annual, et pour cet épisode spécial on met les petits plats dans les grands avec ni plus ni moins que la création des Sinister Six : Dr Octopus, l’Homme sable, Electro, le Vautour, Kraven et Mysterio… rien que ça ! Il est clair qu’à l’époque c’était une petite révolution que d’avoir un épisode de ce type avec réunis la plupart des ennemis du héros de la série, mais surtout c’était une très bonne idée car après tout qu’est ce qui empêchait les super-vilains de faire alliance comme les super-héros ? D’ailleurs il y a quelques caméo des héros en question dans cet épisode…

Cet annual est par ailleurs complété par une série de fiches descriptives des ennemis de Spider-Man ainsi que par un rappel des fondamentaux du personnage. Cette idée est toute simple mais d’une grande efficacité pour rattraper en route les lecteurs qui n’avaient pas forcément suivi les premières aventures du héros, et sera utilisée à plusieurs reprises dans les titres Marvel bien avant que le concept n’évolue carrément vers la bible des lecteurs : the official handbook of the Marvel universe. En tout cas cette petite collection de fiches est bien sympa, même si du coup elles cassent un peu le rythme de lecture de la revue vu que deux épisodes se trouvent à leur suite.

Cette suite d’épisodes reste très plaisante à lire, avec toujours le plaisir de (re)découvrir les fondamentaux de l’univers de Spider-Man. C’est toujours assez déstabilisant de voir un Peter Parker moins sympathique que ce qu’il deviendra par la suite, mais cela n’entame pas du tout le plaisir de lecture de ces épisodes au charme délicieusement rétro.

Côté dessin, Steve Ditko signe des planches toujours réussies avec des scènes d’action dynamiques. L’artiste est tout aussi à l’aise pour représenter ses personnages que ceux provenant d’autres séries, et fait preuve d’une certaine originalité pour ses nouvelles créations.

A noter que question traduction on reste toujours sur des standards de qualités bas associés à la personne qui officie. Vous connaissez notre point de vue sur ces traductions, donc on ne va pas radoter… ah zut trop tard ! 😉