Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de 4 albums édités par Black River et Urban Comics
Au programme :
- Enola Holmes : Le jeu dangereux de Mycroft
- Out of body
- Batman Dark City tome 2 : L’homme chauve-souris de Gotham
- Batman Killing Time
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Enola Holmes : Le jeu dangereux de Mycroft
- Éditeur : Black River
- Prix : 17.90€
- Date de sortie : 14/09/2023
- Format : Couverture cartonnée, 112 pages
- Auteur(s) : Nancy Springer, Mickey George / Giorgia Sposito
- EAN : 9782384260423
Mycroft Holmes a été kidnappé, et ce n’est pas Sherlock Holmes qui va le secourir mais leur sœur Enola !
Héroïne d’une série de romans de Nancy Springer (aussi déclinés en BD) puis de deux films diffusés sur Netflix, Enola Holmes est maintenant la vedette d’un comic book écrit par Mikey George basée sur une histoire de Nancy Springer… la boucle est bouclée !
Nous retrouvons donc la jeune sœur du célèbre détective de Baker Street qui se retrouve entrainée dans le mystère de la disparition de leur frère aux responsabilités étatiques alors qu’à la base elle cherchait à retrouver un objet qui a une grande valeur pour elle. Cela lui permettra de montrer qu’elle a certains talents qui valent bien ceux de ses illustres frères ainés !
Le lecteur se retrouve immédiatement immergé dans l’histoire, l’autrice s’adressant ainsi à un lectorat qui doit connaitre les fondamentaux de l’univers d’Enola Holmes. Il y a certes des flashbacks tout au long de l’histoire, mais cela apporte davantage du contexte à l’histoire que des éléments pour expliquer au lecteur qui est le personnage de l’histoire. Ce n’est pas forcément un problème, car entre les films et les romans il est assez improbable qu’un lecteur se retrouve avec cet album entre les mains sans rien savoir du personnage, mais ça donne un peu le sentiment d’arriver après le début de l’histoire.
Mené à un rythme soutenu, Le jeu dangereux de Mycroft est très plaisant à lire et s’avère même justement plus agréable que les films. On se prend vite au jeu en suivant les aventures d’Enola qui fait preuve d’une grande débrouillardise dans une époque qui n’est guère bienveillante à l’égard des femmes. La jeune héroïne montre qu’elle a des capacités tout à fait équivalentes à celles de ses frères, en bénéficiant en prime d’une éducation un peu différente assurée par leur mystérieuse mère.
Que vous soyez fan des aventures d’Enola Holmes ou juste en quête d’une histoire très sympa sous l’ère victorienne (dans ce cas un tour préalable sur Internet vous apportera des éléments de compréhension), Le jeu dangereux de Mycroft vous fera passer un agréable moment de lecture en compagnie d’une héroïne habile, intelligente et débrouillarde.
Sur le plan du graphisme, Giorgia Esposito signe des planches très joliment dessinées, où l’atmosphère victorienne est bien représentée. Le style est moderne et dynamique, et on reconnait bien les interprètes des personnages dans les films cités plus haut.
Côté bonus, le sommaire de l’album comprend une démonstration du processus créatif de l’album, montrant ainsi le cheminement de sa genèse du scénario au dessin.
Un très bon album, où nous bénéficions d’une histoire très sympa sur le personnage d’Enola Holmes.
Out of body
Par le pouvoir de la projection astrale, il met au jour les circonstances de son malheur, et identifie les acteurs métaphysiques impliqués dans cette énigme occulte.
Qui est la belle mystique qui l'accompagne sur le plan astral ? Qui est August Fryne et pourquoi veut-il l'âme de Dan ? Et quel est le lien avec un démon qui semble n'être autre que Dorian Gray ?
- Éditeur : Black River
- Prix : 17.90€
- Date de sortie : 14/09/2023
- Format : Couverture cartonnée, 144 pages
- Auteur(s) : Peter Milligan / Inaki Miranda
- EAN : 9782384260140
Et si vous étiez coincé dans votre corps sans pouvoir communiquer, mais que vous pouviez tout de même vous en évader ?
C’est le point de départ de cette histoire originale écrite par Peter Milligan, née pendant la pandémie de COVID-19 comme il l’explique en introduction de cet album. L’auteur nous raconte l’histoire de Dan Collins, qu’une mystérieuse agression a cloué dans un lit d’hôpital où il git dans un état apparemment végétatif mais qui peut s’évader de son corps sous forme astrale pour enquêter lui même sur ce qui lui est arrivé.
Mais c’est aussi l’histoire d’une medium nommée Abigail McGrath, qui croise ainsi le chemin de Dan par hasard tandis que ce dernier se voit en grand danger à cause d’un homme étrange qui en veut à son âme. Abigail fera office de guide pour Dan en lui donnant – ainsi qu’au lecteur – les codes de la vie astrale, et l’aidera à mener son enquête tout en luttant avec lui contre cet ennemi qui leur en veut à tous les deux et est sous la coupe d’un démon familier aux lecteurs de littérature fantastique.
Au début de l’histoire, le lecteur est aussi déboussolé que le personnage principal car Peter Milligan prend soin de ne distiller qu’au compte-gouttes les clefs de son récit. On apprend donc au fil de l’eau ce qu’il en est dans cette histoire, rassemblant ainsi en un même fil narratif ce qui semblait être disjoint en ce qui concerne les intrigues. Tout s’avère lié dans ce récit, et le moindre détail a son importance.
Le concept de Out of body est original, et l’histoire réserve son lot de surprises au lecteur. Outre l’enquête de Dan sur son agression, parsemée de fausses pistes, et l’intrigue sur le complot surnaturel pour mettre la main sur son âme, il y a aussi la représentation pertinente d’une peur ancrée en chacun de nous de se retrouver un jour prisonnier de son corps sans pouvoir montrer aux autres qu’on est conscient et vivant.
Peter Milligan nous offre ici une histoire passionnante, où le lecteur se retrouve immergé dans une ambiance prenante et effrayante à la fois. Le registre horrifique, parfaitement dosé sans jamais en faire trop, apporte une plus-value certaine à un récit qui captivera le lecteur dès la première page.
Le graphisme de l’album est signé Inaki Miranda, qui offre au lecteur une excellente prestation. Le style de l’artiste est tout à fait adéquat pour représenter l’ambiance très étrange de l’histoire, avec une représentation très bien pensée de son côté horrifique et de certains passages quasi oniriques. C’est du très bon travail, qui montre une fois encore que l’artiste a beaucoup de talent.
Du côté des bonus, le sommaire de l’album est complété par un cahier de croquis, une galerie de couvertures et le petit manuel de la mort sans mourir.
Un excellent album, très bien servi par une histoire originale et un graphisme de grande qualité.
Batman Dark City tome 2 : L'homme chauve-souris de Gotham
Contenu : Batman #131-135
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Infinite
- Prix : 21.00€
- Date de sortie : 06/10/2023
- Format : Couverture cartonnée, 208 pages
- Auteur(s) : Chip Zdarsky / Mike Hawthorne, Jorge Jimenez, Mikel Janin, Miguel Mendoça
- EAN : 9791026822561
Après un excellent premier album avec une fin laissant le lecteur plein de questions, voici donc la suite de Batman : Dark City.
Batman semblait avoir été tué par Failsafe, sa propre création ou plutôt celle de son alter-ego qui l’avait construit dans son dos, mais la fin de l’album était pour le moins énigmatique et laissait le lecteur très interrogatif sur ce qu’il venait de lire. Réalité ? Hallucination ? Les réponses sont dans ce second tome !
Nous retrouvons donc Bruce Wayne alias Batman, dont Chip Zdarsky raconte la suite des aventures en employant un concept qui n’est certes pas forcément nouveau mais qui s’avère être d’une redoutable efficacité. L’auteur se paie même le luxe de surpasser ses prédécesseurs ayant déjà exploité ce thème, en le poussant encore plus loin.
On a déjà pu voir avec son travail sur Daredevil que l’auteur aime bien jouer avec son personnage pour en extraire la quintessence afin de l’exploiter sous sa forme la plus pure. L’exercice de style est risqué, car cela signifie qu’il faut connaitre son personnage sur le bout des doigts pour ne pas risquer de mécontenter le fan aux aguets de la moindre dissonance avec la sacro-sainte continuité. Mais l’auteur relève le défi haut la main, en montrant ici une bonne connaissance du Bat-Universe sans pour autant exhiber la même érudition maniaque que Grant Morrison dans son run qui reste une référence.
Les réponses aux questions du lecteur arrivent rapidement, et ce dernier est rapidement entrainé dans une histoire captivante remplie de rebondissements. Mais c’est surtout et même avant tout un vibrant hommage au concept même de Batman que l’auteur décortique avec un soin tout particulier. On pourra d’ailleurs remarquer un passage hilarant en fin d’album, qui montre le côté potache de Chip Zdarsky tandis que nous retrouvons mis en scène un élément décalé de la mythologie de Batman. On n’en dit pas plus, mais on a adoré l’idée !
Ce second tome, où l’intrigue principale est habilement complétée par les back-ups, est passionnant et surpasserait même le premier album qui était déjà passionnant. On suit avec beaucoup d’intérêt cette histoire parfaitement racontée, qui trouve même le temps de glisser des passages touchants. C’est du très bon Batman, qui se lit avec beaucoup de plaisir !
En ce qui concerne le dessin, nous sommes tout autant gâtés qu’en ce qui concerne le scénario ! Les artistes à l’œuvre signent de bien jolies planches, que ce soit dans l’histoire principale ou dans les back-ups. Le Bat-Universe est joliment représenté au fil des planches, et l’ambiance des histoires est parfaitement mise en images.
A noter que l’introduction de l’album grille allègrement les premières révélations de l’histoire, atténuant ainsi le plaisir de les découvrir au fil des pages. Nous vous conseillons donc vivement de ne pas la lire en premier mais plutôt de la conserver pour plus tard afin de compléter votre lecture.
Un excellent album, où l’auteur joue avec le concept de Batman tout en lui rendant un vibrant hommage.
Batman Killing Time
Contenu : Batman Killing Time #1-#6
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Deluxe
- Prix : 19.00€
- Date de sortie : 13/10/2023
- Format : Couverture cartonnée, 192 pages
- Auteur(s) : Tom King / David Marquez
- EAN : 9791026828167
Un braquage à Gotham City, pas de quoi s’alarmer, c’est classique… sauf qu’ici pas vraiment !
Sous la plume de Tom King, nous découvrons une curieuse histoire qui entraine le lecteur dans une direction pour le moins inattendue. On pense au départ qu’il s’agit simplement de l’histoire d’un casse particulièrement élaboré, mais il s’avère assez rapidement que l’auteur a autre chose en tête… mais quoi ?
Cette question, il est assez compliqué d’y répondre car l’auteur a opté pour une structure narrative déconstruite sur le plan temporel : il ne se contente pas d’insérer des flashbacks mais opte plutôt pour des aller/retours constants entre plusieurs dates, avec des échos entre le passé et le présent. Il va même très loin dans le domaine, les racines de cette histoire remontant à une époque très reculée, et de fait le temps lui-même pourrait même être considéré comme un personnage de Killing time.
Cette structure déconstruite est assez déroutante (voire même un peu décevante si on attendait autre chose d’une histoire de Tom King), malgré les indications temporelles au début de chaque passage ayant une temporalité différente de ce qui le précède, il vaut mieux avoir une bonne mémoire pour ne pas perdre le fil. Cela peut perturber quelque peu la lecture avant de prendre le rythme pour savourer cette histoire pour le moins intéressante.
Car même s’il joue avec les nerfs du lecteurs en bousculant sa perception du temps, Tom King lui livre en contrepartie une histoire tout à fait passionnante : le fin mot de tout ceci apparait tardivement, avec un ingrédient central qui ferait presque office de McGuffin (non ce n’est pas un burger, Google est votre ami). Les interactions des personnages sont intéressantes aussi, avec un personnage particulièrement insolite qui en fait voir de belles à Batman.
Batman n’est en effet pas le seul personnage de Killing time : Catwoman et le Sphynx y jouent un rôle particulièrement important, et un peu en retrait figurent le mystérieux L’aide (le fameux personnage qui cause des tracas à Batman), deux vieux ennemis de Batman et une femme au langage pour moins fleuri (on peut penser que Tom King avait aimé Nextwave d’ailleurs). Chacun(e) a un rôle précis à jouer dans cette histoire, en ayant une importance certaine pour le déroulement de l’intrigue.
L’histoire est passionnante, avec une succession de scènes d’action et quelques passages spectaculaires mais aussi un concept très bien pensé et qui a le bon goût de très bien fonctionner. On ne s’ennuie absolument pas en lisant ce récit complet, qui fourmille de bonnes idées. Quant à la fin, elle est à la fois étonnante et totalement logique.
Si vous cherchez une bonne histoire de Batman qui sort un peu des sentiers battus et si une narration insolite ne vous fait pas peur, alors Killing time vous attend chez votre libraire !
Le dessin de l’album, signé David Marquez, est quant à lui tout à fait réussi. Les scènes d’action – et les bagarres – font preuve de dynamisme, et les personnages sont très bien représentés.
Un très bon album, où figure une histoire à la narration assez déroutante mais tout de même très intéressante.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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