Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de 4 albums.
Au programme :
- Sin City tome 2 : Une femme à se damner (Huginn & Muninn)
- Batman : One Bad Day : Catwoman (Urban Comics)
- Blue Beetle Infinite : Remise de diplôme (Urban Comics)
- Hitman tome 1 (Urban Comics)
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Sin City tome 2 : Une femme à se damner
- Éditeur : Huginn & Muninn
- Prix : 19.95€
- Date de sortie : 22/09/2023
- Format : Couverture cartonnée, 224 pages
- Auteur(s) : Frank Miller
- EAN : 9782364809222
Frank Miller nous livre un second personnage principal pour cette histoire se déroulant dans l’univers sombre de cette ville sans foi ni loi qu’est Sin City. Dwight est un détective privé, ancien journaliste dont le tempérament lui a joué des tours dans sa vie d’avant et dont la vie actuelle n’est pas forcément idéale. Le personnage est en permanence en train de lutter pour conserver le contrôle, afin d’éviter de lâcher une partie de sa personnalité qui ne fait pas dans la dentelle.
Dwight se retrouve ici embarqué dans une drôle d’histoire en croisant le chemin d’une femme fatale nommée Ava. Cette dernière n’est pas une inconnue pour lui, mais le lecteur apprend à la connaitre au fil des révélations de Dwight et de la spirale d’événements qui se déclenche quand les deux personnages voient à nouveau leurs chemins se croiser. Une spirale implacable, dont nul ne sortira indemne.
Frank Miller a par le passé déjà livré des personnages abimés par la vie et marchant en permanence sur le fil du rasoir pour conserver leur santé mentale. On pense ainsi à Matt Murdock alias Daredevil ou à Bruce Wayne alias Batman qui ont tous les deux de sacrées fêlures sous la plume Millerienne, et ça peut donner des situations sacrément explosives ! Dwight est un personnage très Millerien en ce sens, avec lui aussi des blessures qui vont finir par être autant de points de ruptures de sa vie prête à exploser lorsqu’Ava y retrouve une place.
Il est intéressant de constater avec ce second tome que Sin City reste un univers partagé où les différents personnages se croisent. Ainsi Marv, personnage principal du premier album, tient une place non négligeable dans ce second volet et la temporalité des deux récits fait qu’ils sont imbriqués l’un dans l’autre (on retrouve même une scène du premier album dans le second). C’est tout un univers qui se met en place, avec les mêmes personnages en toile de fond tandis que l’auteur continue de l’enrichir au fil des récits.
Une fois encore, on se retrouve dans une atmosphère de polar noir et sans concession avec la recette certes classique mais toujours efficace du privé aux prises avec la femme fatale. Frank Miller ne ménage ni ses personnages ni le lecteur dans une histoire avec des rebondissements parfois très surprenants dans une intrigue qui laissera ce dernier le souffle coupé une fois atteinte la dernière page.
Ce second tome de Sin City est passionnant du début à la fin, avec une histoire tellement prenante qu’elle en devient addictive pour un lecteur quasi hypnotisé par ce que lui raconte Frank Miller. Le désespoir quasi palpable qui se dégage de cette seconde incursion dans l’univers de Sin City est en outre une composante importante de ce polar noir sans concession.
En ce qui concerne le graphisme, Frank Miller est toujours en très grande forme et signe une nouvelle fois une prestation époustouflante. Exploitant à merveille tout ce que peut apporter le noir et blanc, il signe des planches tour à tour précises et stylisées avec des clair obscurs du plus bel effet. Les scènes d’action sont toujours d’un grand dynamisme, et l’ambiance de polar noir est merveilleusement représentée par un graphisme qui lui sied à merveille.
Un excellent album, où Frank Miller nous livre une histoire passionnante et bien plus surprenante qu’elle ne le parait de prime abord.
Batman : One Bad Day : Catwoman
Contenu : Batman - One Bad Day: Catwoman
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Deluxe
- Prix : 15.00€
- Date de sortie : 18/08/2023
- Format : Couverture cartonnée, 72 pages
- Auteur(s) : Gwendolyn Willow Wilson, Gerry Duggan / Jamie Mckelvie, Matteo Scalera
- EAN : 9791026824855
Sous la plume de G. Willow Wilson, nous suivons donc Selina Kyle alias Catwoman qui met en place le vol d’un bijou qui a pour elle une valeur qui va bien au-delà de sa simple valeur financière.
Cette histoire est l’occasion de découvrir une blessure du passé de Selina Kyle, avec un épisode triste de son enfance qui a donc des conséquences sur son présent. Ce n’est guère surprenant de voir qu’elle n’a pas eu une enfance facile, étant donné qu’au gré des retcon sur ses origines le fait qu’elle ait eu une enfance compliquée reste une constante, mais ce qui surprend c’est ce lien qui est établi entre cette période et ses agissements dans le cadre de cette histoire.
G. Willow Wilson trouve le ton juste pour toucher le lecteur sans pour autant pousser trop loin le curseur à tremolo, ce qui fait que cette histoire fonctionne vraiment très bien. On pourra aussi apprécier une alternance entre des moments un peu légers – notamment avec un certain personnage qui n’est jamais très loin de Catwoman – et des moments touchants, ce qui donne un rythme tout à fait agréable pour cette lecture.
Cette histoire est aussi l’occasion de découvrir un personnage à la fois mystérieux et redoutable, qui suscite bien des interrogations et donne envie d’en savoir davantage à son sujet. En tout cas dans ce contexte ce personnage fonctionne à merveille !
Si on n’est pas dans un registre aussi sombre que l’album consacré au Riddler, on reste tout de même dans le concept du moment du passé d’un personnage influençant son présent et côté qualité on reste sur un niveau équivalent. L’album est passionnant, avec une très bonne utilisation du personnage de Catwoman au sein d’une histoire très bien ficelée.
Côté dessin nous avons droit à une excellente prestation de Jamie McKelvie. Si on peut avoir quelques doutes sur le design de la tenue de Catwoman – les parties ajourées c’est sympa mais ça diminue la capacité de dissimulation dans le noir – le dessin est de qualité avec un bon rendu des scènes d’action.
Un excellent album, avec une très belle histoire autour du personnage de Catwoman.
Blue Beetle Infinite : Remise de diplôme
Contenu : Blue Beetle: Graduation Day #1-6
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Infinite
- Prix : 17.00€
- Date de sortie : 18/08/2023
- Format : Couverture cartonnée, 152 pages
- Auteur(s) : Josh Trujillo / Adrian Gutierrez
- EAN : 9791026815969
Blue Beetle – Remise de diplôme met en scène un jeune super-héros qui doit concilier tous les aspects de sa vie. De Peter Parker à Kamala Khan en passant par Miles Morales, la thématique n’a rien de nouveau et permet en outre à un jeune lectorat de plus facilement s’identifier au héros dont il suit les aventures mais ce n’est pas pour autant que cette histoire de Josh Trujillo est une simple redite d’autres récits.
En effet, déjà il y a une notion d’héritage vu que comme indiqué plus haut il y a déjà eu d’autres Blue Beetle par le passé et d’ailleurs l’un d’entre eux se trouve dans cette histoire. Mais il y a aussi des éléments qui apportent de l’originalité à ce récit.
Il faut en effet garder en tête que les pouvoirs de Blue Beetle sont d’origine extra-terrestre – via une relation symbiotique avec un scarabée venu de l’espace avec au départ des intentions pas forcément très louables – et justement, il semblerait qu’une invasion extra-terrestre se profile à l’horizon. En plus, il y a d’autres « Beetles » qui débarquent successivement, avec chacun une couleur différente (là par contre ça fait penser à Radiant Black). De quoi renouveler quelque peu la recette du super-héros ado qui doit concilier vie ordinaire et vie de « super » !
Josh Trujillo nous livre une histoire intéressante, avec un jeune super-héros attachant dont on suit les aventures avec plaisir. Le récit est riche en rebondissements, avec en outre une bonne utilisation de la notion d’héritage chère à DC Comics et du contexte de jeune héros qui doit faire ses preuves face à ses ainés (surtout un…). On passe donc un moment très sympa avec la lecture de cet album, dont le héros est sympathique à souhaits.
Par contre sur le plan du graphisme c’est moins la fête. Si le style d’Adrian Gutierrez apporte à cette histoire tout le dynamisme dont elle a besoin, la représentation des visages avec des sourires un peu caricaturaux peut rebuter certains lecteurs. Le graphisme n’est pas mauvais non plus, mais il est perfectible.
Un très bon album, où l’histoire est très sympa malgré un graphisme perfectible.
Hitman tome 1
Contenu : The Demon Annual #2, Batman Chronicles #4, Hitman #1-20
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : Urban Comics Nomad
- Prix : 39.00€
- Date de sortie : 15/09/2023
- Format : Couverture cartonnée, 576 pages
- Auteur(s) : Garth Ennis / John McCrea
- EAN : 9791026826651
Derrière ce curieux pitch on retrouve un certain Garth Ennis, auteur pour le moins turbulent de Preacher, The Boys ou encore Punisher… avec un tel auteur à la barre on se doute que nous allons nous retrouver face à quelque chose d’assez particulier et force est de constater que c’est précisément le cas.
Tommy Monaghan alias Hitman (qui n’est d’ailleurs presque jamais appelé ainsi dans les épisodes de sa série) est un personnage assez particulier, survivant éditorial d’un crossover insolite des années 1990. Sous la plume de Garth Ennis, nous découvrons donc ses origines ainsi que ses aventures où il va croiser le démon Etrigan, Batman, le Joker, Catwoman ou encore Green Lantern… parce qu’en plus ce personnage fait bel et bien partie de la continuité DC malgré le ton décapant de ses aventures.
Tommy Monaghan est un de ces anti-héros qu’affectionne Garth Ennis dans ses écrits, on retrouve en lui tel ou tel trait qu’on peut aussi retrouver chez Jesse Custer, Billy Butcher et Frank Castle. Forcément, ce n’est pas un enfant de chœur vu qu’il s’agit d’un tueur à gages avec en outre un passé assez chargé. Mais là encore, l’auteur a doté son personnage d’un code moral qui fait qu’il ne cible que les « méchants » même si au fond ça ne fait pas de lui un « gentil » pour autant. Parmi les influences qui ont donné naissance à ce personnage, on pourrait se demander si le Cobra de Sylvester Stallone n’est pas de la partie vu le combo gros flingues/lunettes noires.
Si on n’est pas dans le même registre d’ambiance déjantée semi-parodique que dans The Boys, l’ambiance est tout de même loin d’être totalement sérieuse. En plus du contexte des années 1990, il y a aussi une certaine dose d’humour noir avec par exemple certains adversaires de Hitman. On est dans un registre particulièrement bourrin, où ça défouraille sec et où ça flingue à tout va. A noter aussi que lorsque Hitman croise des « supers », ces derniers sont pour la plupart tournés en dérision.
Mais de façon assez surprenante le registre n’est pas uniquement urbain, car il y a une bonne dose de surnaturel dans ces épisodes. En fait c’est surprenant sans l’être, vu que l’équipe créative a oeuvré sur les aventures du démon Etrigan (et d’ailleurs les origines de Tommy Monaghan ont lieu dans un annual de cette série), mais de prime abord quand on lit le pitch de la série on ne s’attend pas à ce registre.
Malgré sa taille plus que respectable, ce premier tome de Hitman se lit rapidement et c’est avec plaisir que l’on suit les curieuses aventures de Tommy Monaghan. S’il ne s’agit pas forcément des meilleures histoires de Garth Ennis, son talent de conteur entraine tout de même le lecteur dans son monde avec beaucoup d’efficacité. C’est vraiment très intéressant, avec un personnage dont on suit les aventures avec beaucoup d’intérêt.
Côté graphisme, c’est John McCrea qui tient les crayons et là aussi la magie opère. L’artiste signe en effet des planches très soignées, avec un style qui restitue à merveille cette ambiance un rien bizarroïde qui caractérise Hitman. Forcément, il y a des passages un peu crado pour mettre en images les élucubrations du scénariste mais ça passe bien grâce à une certaine distance qui s’installe entre ce qu’on voit et ce que cela représente.
Un excellent album, où nous pouvons découvrir avec plaisir une œuvre intéressante du turbulent Garth Ennis.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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Hey clairement il n’y a que Bluebeetle qui m’intéresse, pas lu, j’ai envie d’une lecture sympa sans prise de tête comme tu l’évoque.
UrbanComics propose malgré un bon rapport qualité prix.
Merci
Alors en effet Blue Beetle coche toutes les cases 🙂