Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de trois albums.
Au programme :
- GILT, La guilde des temporalistes indépendantes (Delcourt Comics)
- La nuit de la goule (Delcourt Comics)
- We only see them when they’re dead tome 3 : La vie (Hi Comics)
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
GILT, La guilde des temporalistes indépendantes
Hildy Winters est une survivante, une dure à cuire de l'Upper West Side de New York, une sacrée vieille bonne femme qui possède son propre portail lui permettant de voyager dans le temps. Hildy appartient à La Guilde des Temporalistes Indépendantes, des femmes capables de voyager dans le passé (sans le modifier !), tout en bénéficiant de leur expérience accumulée jusqu'à présent.
- Éditeur : Delcourt Comics
- Collection : Contrebande
- Prix : 16.95€
- Date de sortie : 28/06/2023
- Format : Couverture cartonnée, 128 pages
- Auteur(s) : Alisa Kwitney / Mauricet
- EAN : 9782413077534
Alisa Kwitney nous plonge en effet rapidement dans une histoire de voyage temporel, où les deux personnages principaux se retrouvent dans les turbulentes années 1970 suite à un télescopage de leurs vie entrainant une suite d’événements déclenchant un voyage qui n’est pas vraiment celui qui est prévu. Ou peut être l’était il en fin de compte ?
Le concept est bien trouvé, reprenant certes quelques petites choses vues ailleurs (et totalement assumées comme en témoigne la quatrième de couverture de l’album). Après tout, qui n’a jamais rêvé d’avoir une autre chance de revivre son passé pour y rectifier ce qui n’est pas allé ? Reste à trouver le moyen de remonter le temps, et justement c’est là que l’autrice a fait preuve d’originalité en introduisant la Gilde des Temporalistes Indépendantes.
Les rebondissements les plus farfelus sont au programmes de cette histoire, avec toujours une utilisation très marquées du concept de voyage dans le temps. Bien entendu, la loi de Murphy n’était jamais bien loin tout ce qui peut aller mal va mal et dans un contexte de voyage dans le temps ça peut prendre des proportions tout à fait énormes !
Si le concept est original, par contre il y a quelque chose qui ne va pas avec l’histoire elle-même : elle est assez fouillis, avec des télescopages de trajectoires pour les personnages (en plusieurs versions) qui font que ça part assez régulièrement dans tous les sens et il peut arriver qu’on soit à deux doigts de perdre le fil. De même, le rythme de révélation des clefs de l’histoire ne permet pas forcément d’en profiter de suite et le fin mot de tout ceci est un rien bizarre.
Malgré ses défauts, GILT reste une histoire agréable à lire, avec des passages farfelus qui sont amusants. Le citron du voyage dans le temps est pressé de façon très marquée, histoire d’en extraire les moindres gouttes qui serviront à nourrir le contexte décalé de cette histoire.
Au crayon, nous retrouvons Mauricet qui signe des planches très joliment dessinées. Son style fait des merveilles pour mettre en images le côté un peu décalé cette histoire qui ne se prend pas au sérieux, avec notamment un travail de qualité sur les visages.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par un carnet de croquis et des études de personnages commentés par l’équipe créative ainsi que des démonstrations de l’évolution des planches du rough à la version encrée.
Un bon album, où nous retrouvons une histoire agréable à lire mais tout de même assez fouillis.
La nuit de la goule
- Éditeur : Delcourt Comics
- Collection : Contrebande
- Prix : 17.95€
- Date de sortie : 05/07/2023
- Format : Couverture cartonnée, 168 pages
- Auteur(s) : Scott Snyder / Francesco Francavilla
- EAN : 9782413049760
C’est en effet le sujet de La nuit de la goule, où Scott Snyder commence les choses en douceur : le fan retrouve le réalisateur du film disparu dans une maison de retraite, amorce le dialogue avec lui dans des circonstances un peu rocambolesques… puis d’un seul coup tout bascule : l’histoire du film n’est peut être pas qu’une histoire en fin de compte.
Jouant sur la notion de temporalité tout en enchâssant une histoire dans une autre, Scott Snyder raconte une histoire riche en surprises et en rebondissements. On peut se targuer d’avoir grillé une chose ou deux, mais d’autres sont bien plus étonnantes. Le talent de l’auteur pour raconter les histoires est employé ici de façon poussée, tandis qu’il nous sert un récit prompt à nous effrayer.
La nuit de la goule est en effet une histoire horrifique qui raconte l’histoire d’un film d’horreur, il y a plusieurs couches angoissantes dans ce récit qui sont tout à fait capables de nous faire dresser les cheveux sur la tête. L’ambiance est particulièrement pesante, et comme l’auteur nous fait prendre des vessies pour des lanternes à plusieurs reprises il y a de quoi se sentir tout à fait déstabilisé au fil des pages.
Le concept qui sert de clef de voûte à cette histoire est très bien trouvé, et permet ainsi de surfer l’air de rien sur plusieurs mythologies horrifiques histoire de renforcer le côté angoissant du récit. Et tout au long de la lecture, deux question restent posées : jusqu’où tout ceci va t-il aller, et quel est le degré de réalité dans ce que nous lisons ? Il ne nous appartient pas de lever le voile sur les mystères de La nuit de la goule dans cette chronique, histoire de conserver le plaisir de sa lecture, mais en tout cas il y a de quoi être sacrément surpris !
Cet album est tout à fait passionnant, avec une narration très efficace dont nous évoquions les spécificités plus haut et une ambiance horrifique qui ravira les lecteurs qui aiment se faire peur. Mais que les petites natures se rassurent, on peut tout à fait apprécier cette lecture même sans apprécier l’horreur !
La partie graphique de l’album est quant à elle signée Francesco Francavilla, qui livre un travail tout à fait remarquable. On pourra apprécier déjà que l’artiste n’ait pas forcément recouru à du gore bien gras pour ce contexte horrifique, optant pour quelque chose de plus feutré dans l’horreur même si quelques cases ne sont pas piquées des vers ! Mais outre un trait qui sied à merveille à cette histoire, l’artiste a opté pour des couleurs minimalistes (avec une palette adaptée aux différentes parties du récit) qui donnent à cette histoire un cachet tout particulier et servent très bien la construction de l’ambiance.
Un excellent album, où le lecteur se retrouve entrainé dans une histoire angoissante dont le concept fonctionne parfaitement.
We only see them when they're dead tome 3 : La vie
Thierry-9, intelligence artificielle créée à partir du corps du Dieu Malik se réveille face à Jason Hauer. La discussion qu’ils entament embarque Thierry-9 dans un voyage à travers l’espace, le temps et les souvenirs de Malik, et revient sur le vol tragique du Vihaan II. Une quête qui les mènera, définitivement, à l’origine des Dieux.
- Éditeur : Hi Comics
- Prix : 24.95€
- Date de sortie : 12/07/2023
- Format : Couverture cartonnée
- Auteur(s) : Al Ewing / Simone Di Meo
- EAN : 9782378871697
Après un second album passionnant, il est temps pour Al Ewing de nous livrer l’arc final de sa saga de science-fiction dont nous nous régalons depuis sa toute première page. Une fois encore, nous faisons encore un bond en avant dans le temps, mais la chronologie n’est pas forcément linéaire dans cet arc.
En effet, Al Ewing ne suit pas un déroulé chronologique allant directement du point A au point B mais marque des étapes en sautant d’une époque à l’autre. Cela convient très bien à ce l’auteur veut nous raconter, ainsi qu’au concept ambitieux qui sous-tend We only see them when they’re dead.
Avec ce troisième tome, nous continuons d’explorer ce qui se produit avec les étranges dieux morts qui étaient particulièrement présents dans les deux premiers tomes. Leur nature est à l’origine des événements de ce troisième tome, notamment à travers l’énigmatique être artificiel Thierry-9 qui a été créé à partir de l’un d’entre eux… et pas n’importe lequel, l’ombre de Malik planant une fois encore sur cette saga !
Des rebondissements sont au programme de cet arc de clôture, il se passe en effet pas mal de choses dont certaines sont très surprenantes. Et bien entendu, l’auteur continue sur sa lancée concernant la réflexion amorcée dans les deux premiers tomes avec un recul induit par la temporalité de ces nouveaux événements qui lui donne un contexte plus global.
Ce qui avait frappé depuis le premier tome de We only see them when they’re dead, c’est ce contexte de science-fiction matinée de mysticisme qui donnait une aura particulière à cette saga. De même, l’atmosphère qui ménageait des moments à l’atmosphère planante contribuait au cachet de cette histoire.
Ce troisième opus ne démérite absolument pas par rapport à ses prédécesseurs, avec toujours cette atmosphère très travaillée qui entraine le lecteur dans un récit très bien pensé et riche sur le plan thématique. Cette dernière étape du beau voyage auquel Al Ewing nous a conviés est toute à fait passionnante, et on ne voit absolument pas passer le temps en lisant ce troisième album. L’auteur a déjà montré son talent dans d’autres atmosphères, notamment dans le registre horrifique avec son Hulk qui est une période de grande qualité du personnage, ici il nous montre s’il était encore besoin que dans le registre de la science-fiction il est vraiment très fort également !
La partie graphique est quant à elle toujours signée Simone Di Meo, qui signe une fois de plus des planches superbement réalisées. Son style colle parfaitement au registre de la science-fiction, et nous avons droit à de bien jolies cases pour mettre en images cette histoire hors norme, notamment sur la fin de l’album.
Un excellent album, où l’équipe créative nous régale d’un très bon arc final de cette saga de science-fiction.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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