Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de trois albums édités par Panini Comics.
Au programme :
- Iron Man – Stark Wars
- Spider-Cochon : Grands pouvoirs, aucune responsabilité
- She-Hulk tome 2 : Jen de coeur
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Iron Man - Stark Wars
Contenu : Iron Man (1968) 215-232 et Annual 9, précédemment publiés dans Strange 220-229, BEST OF MARVEL : IRON MAN – LA GUERRE DES ARMURES et inédit
- Éditeur : Panini Comics
- Collection : Marvel Epic Collection
- Prix : 30.00€
- Date de sortie : 01/03/2023
- Format : Couverture cartonnée, 496 pages
- Auteur(s) : David Michelinie, Bob Layton / Mark Bright, Barry Windsor-Smith
- EAN : 9791039114363
Car en effet cet imposant volume (pas loin de 500 pages !) contient tout le run sur Iron Man du trio David Micheline / Bob Layton / Mark Bright. Les deux premiers revenaient ainsi pour rendre à un Iron Man légèrement sur le déclin son aura d’antan, associés à un autre illustrateur qui tenait les crayons depuis quelques temps, car il faut dire que la période suivant le poignant run de Dennis O’Neil n’était pas forcément très qualitative… le retour du duo gagnant, idée de génie ou doudou nostalgique ? Un peu des deux en fait, mais on en reparle plus bas.
La première partie de l’album contient donc le début du run, le duo Michelinie / Layton remettant Tony Stark sur une trajectoire plus familière : exit le héros assagi par une période en enfer, la station spatiale, l’entreprise de taille modeste, les gadgets spéciaux de l’armure rouge & argent et le casting amené par Dennis O’Neil, bonjour Stark Enterprise, le bling bling superficiel de Tony Stark, les gadgets à tout va, une nouvelle armure rouge et or (certes pas tout de suite) et le casting de leur run précédent… on a vu des transitions plus subtiles que cet appui violent sur le bouton reset !
Après on ne va pas se mentir : cette première partie est d’une efficacité redoutable (surtout l’arc inaugural dont la couverture orne cet album et qui donne encore des frissons à l’auteur de ces lignes) car le duo officiant au scénario connait très bien son boulot et sait servir au lectorat une formule qui a fait ses preuves avec de l’action, du pognon et de la high tech à gogo. L’ambiance est plus légère que sous la plume de Dennis O’Neil, avec de l’action très eighties et un super héros en forme olympique, et ces épisodes se lisent vraiment très bien. D’autant qu’au dessin, Mark Bright est loin d’être manchot et si ses visages sont toujours assez larges (une curiosité qui rend son style immédiatement reconnaissable) il assure complètement pour les scènes d’action et son trait est tellement mieux servi par l’encrage de Bob Layton (moins envahissant qu’à l’accoutumée) que par le barbouillage d’Akin et Garvey !
Là aussi, le duo Michelinie/Layton ramène ses vieilles gloires avec non seulement Roxxon et Hale, mais aussi un personnage associé à un arc mythique de leur premier run. On n’est cependant pas non plus dans du recyclage stérile car cet annual est très intéressant. La thématique centrale fonctionne bien, il y a de l’action à gogo et toujours un Iron Man qui mérite bien de se faire qualifier d’Invincible. Et côté dessin, ça reste vraiment très joliment dessiné. Vraiment cet annual vaut le coup et c’est une très bonne chose de le voir au sommaire de l’album.
Puis il est temps d’attaquer la dernière partie, qui donne son titre à cet album : la fameuse guerre des armures. On commence en douceur, avec un arc inaugural qui pose les briques de la saga à travers la défection du personnage de Force, puis très vite on passe à la vitesse supérieure : espionné, Tony Stark voit sa technologie équiper bon nombre de super vilains à cause de son ennemi de toujours Justin Hammer (oui encore un revenant). Si au début ça démarre un peu gentiment avec un Iron Man qui cherche à évaluer les dégâts, ça monte très vite dans les tours avec une tension de plus en plus palpable et surtout un héros qui va de plus en plus loin… jusqu’à ce qu’arrive l’inévitable, suivi d’une évidente nouvelle ère du héros.
… jusqu’à l’épilogue co-écrit et dessiné par un Barry Windsor-Smith possédé par son sujet, dépeignant une histoire atroce où Tony Stark est confronté aux conséquences de ses actes et montre ses blessures psychologiques. Et là, on a envie de dire : Ca y’est, on y est ! Il y a en effet bien plus de profondeur dans ce simple épisode que dans la saga toute entière, et le graphisme à la fois organique et horrifico-technologique fait des miracles.
Au final, que penser de cet imposant album ? Il montre avant tout un run calibré 200% fan service avec un duo créatif qui ne recule devant rien pour ressortir toutes ses vieilles ficelles (jusqu’à l’armure furtive !) afin d’offrir au lectorat une nouvelle itération d’un run qui avait très bien fonctionné. En cela c’est un peu décevant, car l’évolution du personnage telle que l’a dépeinte Dennis O’Neil avec une prestation qui prenait aux tripes est ainsi foulée aux pieds. Remettre Rhodey sur le banc de touche super-héroïque, même en lui donnant une fonction plus importante que simple pilote, c’est aussi une régression. Tout ceci donne l’impression d’un run doudou pour lecteurs nostalgique du « bon vieux temps d’Iron Man », ce qui n’est d’ailleurs pas forcément vilain comme sensation si on a adoré la période en question.
Car en contrepartie, le fan d’Iron Man est récompensé par une succession d’épisodes parfaitement ciselés pour offrir toute la recette d’un Iron Man plus Invincible que jamais, avec à l’intérieur de la cuirasse un Tony Stark totalement inoxydable au cerveau qui fonce à cent à l’heure. La guerre des armures aura montré certaines failles de l’homme derrière le masque, tout en restant prudemment en surface jusqu’à l’épilogue où les lignes de failles explosent au visage du lecteur. Comme pour Le diable en bouteille, on ressent une volonté de rester dans une optique de divertissement et donc de ne pas aller trop loin. Bob Layton avait justement expliqué en interview que le traitement de l’alcoolisme de Tony Stark était volontairement resté assez soft (là où Dennis O’Neil ne nous a rien épargnés pour montrer la déchéance du héros) et il est fort probable que la même retenue est de mise pour ce run qui au contraire met des curseurs plus positifs totalement à fond.
Donc, malgré ce côté un peu redite et superficiel de la prestation de David Michelinie et Bob Layton cela reste du très bon Iron Man avec des histoires qui se lisent avec beaucoup de plaisir. Une recette certes un peu réchauffée, mais qu’on déguste à nouveau avec plaisir et des réserves qui s’effacent devant l’efficacité de la prestation qui fait exploser le wahoumètre à plusieurs occasions. En tout cas malgré les réserves exprimées ici, vous aurez compris que l’auteur de ces lignes s’est éclaté en lisant cet album !
A noter par contre que côté traduction… bin c’est pas forcément génial. La traduction de La guerre des armures n’a visiblement pas été revue depuis la parution en Best of Marvel, où elle avait été signalée comme étant vraiment pas terrible (avec en prime une grosse bourde, toujours présente dans cette édition). Les autres épisodes de l’album, traduits par la même personne, ne bénéficient pas forcément d’une super qualité de traduction non plus et avec aussi une jolie bourde pourtant facilement évitable. C’est vraiment dommage que lorsque l’éditeur fait monter des histoires en gamme les traductions ne bénéficient pas d’un dépoussiérage, à fortiori lorsqu’elles ont été décriées.
Un excellent album, qui remplit parfaitement son office de divertissement grâce à une équipe créative qui maitrise parfaitement son concept.
Spider-Cochon : Grands pouvoirs, aucune responsabilité
Contenu : Spider-Ham Scholastic Graphic Novel, inédit
- Éditeur : Panini Comics
- Collection : Marvel Next Gen
- Prix : 13.00€
- Date de sortie : 31/05/2023
- Format : Couverture cartonnée, 128 pages
- Auteur(s) : Steve Foxe / Shadia Amin
- EAN : 9791039110679
Spider-Cochon, c’est une araignée mordue par un cochon radioactif (May Porker) ce qui l’a transformée en cochon doté de pouvoirs arachnéens… et du coup May est persuadé que c’est son neveu ! Plus barré comme concept, ça doit être compliqué à trouver… Nous avions d’ailleurs déjà parlé du personnage en chroniquant Les icônes Marvel 2.
Deux histoires sont au menu de cet album de la collection Next Gen : Spider-Cochon doit retrouver les clefs de la ville dans la première, et se retrouve embarqué sur le tournage d’un film sur lui dans la seconde. Le lectorat visé semble plutôt jeune, encore que l’on ne soit pas non plus dans le registre de Spider-Man et ses amis.
Comme on pouvait s’en douter, Steve Foxe a signé deux histoires particulièrement décalées, en accord avec son personnage principal. Il faut dire aussi qu’en plus d’avoir des origines bizarres, Peter Porker n’est pas forcément aussi recommandable que Peter Parker dans l’univers 616 ! Il est en effet assez volontiers roublard et profiteur, et serait même presque un héros par accident tout en étant persuadé d’être le meilleur !
La première histoire de l’album est amusante, avec une histoire où on fait tout autant tourner le lecteur en bourrique que ce pauvre Spider-Cochon qui est dans de beaux draps. Le fin mot de l’histoire est assez simple, et repose surtout sur les cachoteries faites au lecteur qui ne risque pas de deviner tout de suite ce dont il retourne.
La seconde histoire, qui semble être une parodie d’épisodes pas si lointains de Spider-Man, est également amusante même si certaines fois la narration est un peu appuyée et qu’on a envie de dire à l’auteur qu’on a compris ce qu’il souligne avec insistance !
En dehors du cadre barré de l’univers de Spider-Cochon, ces deux histoires ont des trames répétitives : elles reposent en effet sur un défilé continu de personnages de l’univers 616 sous forme d’animaux, et quand on retire ça… bin il ne reste plus grand chose à se mettre sous la dent ! Ca reste plaisant à lire, mais du coup il aurait pu être préférable de viser des paginations plus modestes pour ces deux histoires.
A noter que question version barrée de Spider-Man en mode animal, l’histoire délirante de Man-Spider parue dans la série What If… ? Classic (tome 2 en VF) était largement plus drôle… mais il faut dire aussi que c’était beaucoup plus court !
En tout cas l’album reste amusant à lire et devrait faire le bonheur des jeunes lecteurs, ainsi que des moins jeunes qui cherchent juste une histoire décalée.
Côté graphisme, c’est très sympa grâce aux planches de Shadia Amin qui collent parfaitement au contexte et à l’ambiance décalée de l’histoire.
Un bon album, mais qui est assez vite répétitif en se contentant principalement d’aligner des versions décalées des personnages de l’univers de Spider-Man.
She-Hulk tome 2 : Jen de coeur
Contenu : She-Hulk (2022) 6-10, inédits
- Éditeur : Panini Comics
- Collection : 100% Marvel
- Prix : 18.00€
- Date de sortie : 14/06/2023
- Format : Couverture cartonnée, 120 pages
- Auteur(s) : Rainbow Rowell / Luca Maresca, Takeshi Miyazawa
- EAN : 9791039115513
Nous retrouvons donc Jennifer Walters, qui est redevenue avocate dans un cabinet un peu étrange. Et elle s’est beaucoup rapprochée d’un certains Valet de coeur, pas aussi mort qu’on n’aurait pu le penser. Le tout avec une dose de fantaisie et d’action, une recette qui fonctionne très bien !
Au scénario, on retrouve Rainbow Rowell qui donne à l’histoire un cachet très fun avec des aspects décalés qui surviennent régulièrement. On note aussi un recours à un mécanisme déjà vu chez John Byrne, qui a aussi été employé dans la série TV d’ailleurs. Ca n’est du coup pas forcément très original, mais l’effet de surprise est efficace (on ne s’y attend pas du tout !) et du coup ça marche bien.
Comme indiqué plus haut, on retrouve une ambiance particulièrement fun pour la suite des aventures de Miss Hulk. Il y a des gags bien sentis, et surtout une héroïne particulièrement attachante à qui il arrive des choses assez improbables. Il y a aussi des moments plus sérieux, et même poignants à travers les origines des adversaires de Miss Hulk, et la balance entre ces ambiances est bien dosée.
Et question dosage, c’est aussi le rythme qui est très bien pensé : il y a de l’action quand il faut, des moments calmes quand il faut… bref aucun sentiment d’ennui ni au contraire d’hyperactivité, la lecture est très fluide.
Ce second album est tout autant agréable à lire que le premier, avec une histoire intéressante et des personnages parfaitement employés. Par contre, il y a quelques entorses à l’histoire du Valet de cœur, certes bien pratiques pour la narration mais en contradiction avec son histoire.
A noter quelque chose d’amusant : habituellement appelé Jack Hart, le Valet de Coeur est appelé Jonathan à plusieurs reprises. Même si Jack est bien le diminutif de ce prénom, on peut se dire qu’un Jonathan Hart et une Jennifer (certes Walters mais tout de même) ça sonne la grosse blague pour les lecteurs qui ont connu une certaine série TV parlant d’amour et de risque. Par contre, est-ce une vanne de la traduction ou est-ce le cas aussi en VO ? Nous n’avons pas la réponse, car cette chronique porte sur la VF.
Côté dessin, les styles de Luca Maresca et Takeshi Miyazawa sont différents mais servent tous les deux très bien l’histoire. Le graphisme est plaisant à l’oeil, et on appréciera les petits gags visuels avec un membre insolite du cabinet d’avocats.
Un excellent album, qui apporte un moment de détente toujours bienvenu !
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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