Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de deux albums édités par Urban Comics.
Au programme :
- Batman Chronicles 1988 tome 2
- Justice League : Faute d’un clou…
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Batman Chronicles 1988 tome 2
Contenu : Detective Comics #582-589 + Detective Comics Annual #1 + Green Arrow Annual #1 + The Question Annual #1
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Chronicles
- Prix : 30.00€
- Date de sortie : 26/05/2023
- Format : Couverture cartonnée, 344 pages
- Auteur(s) : John Wagner, Alan Grant / Norm Breyfogle
- EAN : 9791026821403
Côté sagas emblématiques on est un peu entre deux eaux pour ce nouveau volume, coincé entre un premier tome où figuraient Un deuil dans la famille & Killing joke et un troisième tome à venir où figurera le troublant Le culte. Mais ce n’est pas pour autant que ce nouveau tome est inintéressant, au contraire même ! Nous avons ici droit à une belle collection d’épisodes de Detective Comics, accompagnés de quelques annuals.
Comme souligné dans l’éditorial, c’est l’arrivée au scénario de John Wagner et Alan Grant qui vont propulser le protecteur de Gotham City dans une nouvelle direction. Certains éléments qui s’étaient ainsi greffés autour de Batman au fil des années vont disparaitre tandis que que le justicier à la tenue de chauve-souris va retrouver un style plus proche de ses débuts. Cette évolution avait été amorcée avec la mort de Robin, et s’avère encore plus marqué ici.
Les intrigues des différents épisodes figurant dans cet album sont absolument passionnantes, avec au passage la création de nouveaux personnages à la fois insolites et inquiétants (Ratcatcher et le Ventriloque) qui vont pousser Batman dans ses derniers retranchements. L’arrivée du duo (puis par la suite avec un seul des deux à la barre même si les deux sont crédités) apporte un sacré bol d’air frais à Batman avec un foisonnement d’excellentes idées et un retour aux fondamentaux pour un personnage dont le côté « détective » est ainsi mis en avant… Après tout, ce n’est pas pour rien que le titre s’appelle Detective Comics !
On le disait plus haut, pas de super saga emblématique dans ce recueil mais ce n’est vraiment pas pour autant qu’il faut le laisser de côté vu la qualité des épisodes qui y figurent ! C’est du très bon Batman, avec un ton souvent âpre et des intrigues sombres dans lesquelles on retrouve un personnage d’une grande force sans être pourtant invincible.
En ce qui concerne le dessin, c’est la même claque qu’avec le scénario grâce au talent de Norm Breyfogle. L’artiste instille ainsi une ambiance assez gothique dans un Gotham sans foi ni loi, redonnant à Batman cette stature de personnage à la limite de la créature surnaturelle dont le nom seul terrorise les gangsters. C’est très joliment illustré, et c’est très vivant.
La dernière partie de l’album est occupée par trois annual qui forment l’arc Fables : Detective Comics, Green Arrow et The Question. A la fois sur le plan du scénario et du dessin – terriblement daté – ce n’est pas vraiment la meilleure partie de l’album. Les épisodes sont plutôt plaisants à lire, mais ce n’est pas non plus ce qu’on a pu lire de plus passionnant sur les différents personnages.
Côté éditorial, c’est Bob Greenberger (ancien éditeur chez DC Comics) qui nous livre des textes toujours intéressants. Nous avons aussi droit à des extraits du courrier du lecteurs parfois commentés par Dennis O’Neil.
Un excellent album, où nous profitons d’une ambiance toute particulière pour les aventures de Batman.
Justice League : Faute d'un clou...
Contenu : JLA: The Nail #1 à 3, JLA: Another Nail #1 à 3
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Deluxe
- Prix : 30.00€
- Date de sortie : 09/06/2023
- Format : Couverture cartonnée, 312 pages
- Auteur(s) : Alan Davis / Mark Farmer
- EAN : 9791026819370
C’est tout le propos de Le clou, premier récit de cet album qui part d’un événement terriblement banal : le pneu de Martha et Jonathan Kent est crevé (par le fameux clou), donc restent chez eux et ne trouveront donc pas le petit Kal-El dans sa fusée…
… et à partir de là tout est différent ! Alan Davis brosse le portrait d’une réalité bien plus sinistre que celle que l’on connait, non seulement dépourvue de Superman mais avec aussi une ambiance beaucoup plus dure construite autour d’une politique radicalement xénophobe. On pourrait se demander comment simplement l’absence d’un seul personnage, aussi iconique soit-il, peut expliquer une telle dérive de cette réalité mais au fil des pages les pièces du puzzle s’assemblent avec aisance et tout a du sens.
Le clou fait partie du peloton de tête des Elseworlds, ces récits qui racontent une variante des histoires « classiques » : l’histoire est passionnante, les personnages sont parfaitement caractérisés et l’auteur montre une grande maîtrise de son casting. Il n’y a absolument rien à jeter dans cette histoire aussi touchante que tendue, et rien n’y est gratuit y compris certains passages très durs (mais suggérés, ce qui au final est encore pire !) qui appuient le lecteur dans son constat qu’un monde sans Superman – donc sans l’espoir qu’apporte ce super-héros inspirant – n’est guère enthousiasmant.
Le second récit, Un autre clou, a été écrit quelques années plus tard et en est la suite : Alan Davis repart en effet de certains éléments secondaires de l’intrigue du récit précédent, notamment tout ce qui à trait aux Néo-Dieux et à Darkseid, pour en faire le sujet central de cette nouvelle histoire.
En fait, avec ce second récit on pourrait presque dire qu’Alan Davis s’est fait son petit Crisis on Infinite Earths à lui : certes, les enjeux sont moindres que dans la saga mythique mais entre la thématique, le cadre et la profusion de personnages on peut se dire qu’il y a comme une inspiration !
Cette seconde histoire, qui boucle ainsi les intrigues laissées de côté pour la première, est intéressante et agréable à lire. Bien entendu, on va rester honnêtes et reconnaitre qu’elle est moins bonne que la précédente, mais elle est plaisante à lire et on retrouve avec plaisir cet univers alternatif.
Côté dessin, c’est Alan Davis qui signe les deux histoires et le résultat est tout simplement sublime. L’artiste signe des planches éblouissantes avec ce style qu’on reconnait au premier coup d’oeil : il nous gratifie de personnages aux visages expressifs, de planches remplies de personnages sans que cela ne remette en compte la qualité du dessin et de cases au contenu iconique.
Un excellent album, où nous avons droit à un des meilleurs Elseworlds de DC Comics.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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