Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de deux albums.
Au programme :
- The Blue Flame (404 Comics)
- Stray dogs (Panini Comics)
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
The Blue Flame
Sam Brausam est un justicier des rues du Milwaukee.
Sam Brausam est un réparateur de chaudière.
Sam Brausam est l’avocat de l’humanité.
Sam Brausam est The Blue Flame.
À la suite d'une horrible tragédie, les frontières de l'identité de Sam Brausam s'effritent et avant un procès universel, il doit prouver que l'humanité vaut la peine d'être sauvée. Pour ce faire, Sam Brausam doit d'abord se sauver lui-même mais, le peut-il ?
- Éditeur : 404 Graphic
- Prix : 26.50€
- Date de sortie : 17/05/2023
- Format : Couverture cartonnée, 280 pages
- Auteur(s) : Christopher Cantwell, / Adam Gorham
- EAN : 9791032406731
Christopher Cantwell commence par nous raconter une histoire au fin fond de l’espace, où le super-héros Blue Flame explore l’inconnu et se retrouve contraint de défendre la survie de l’humanité au sein d’un procès hors norme. Puis très vite, on se retrouve sur terre, où nous nous intéressons à Sam Brausam qui est un héros urbain nommé… Blue Flame. Deux personnages, qui semblent à la fois être la même personne et être totalement différents.
C’est le point de départ d’une histoire passionnante, où l’auteur entremêle les vies des deux Blue Flame. D’ailleurs, peut-on parler de deux héros, sachant qu’ils ont la même identité civile et qu’ils se font mutuellement référence ? C’est en cela que le lecteur peut être un peu déstabilisé au départ car il ne sait pas vraiment si le Blue Flame « terrien » rêve ou hallucine le Blue Flame « spatial », s’il s’agit de deux temporalités différentes, de deux univers parallèles… bref, les possibilités sont très nombreuses.
L’exercice de style est périlleux, mais Christopher Cantwell maîtrise son concept et ne se laisse jamais déborder par lui. C’est en outre assez fascinant de voir ces deux moitiés de l’histoire se répondre mutuellement dans un ping-pong permanent, l’une étant même parfois la métaphore de l’autre. Mais le vrai cœur de l’intrigue (ou des intrigues), ce sont les personnages.
Outre Sam / Blue Flame qui est un personnage intéressant et touchant à la fois, il y a aussi toute une galerie de personnages qui gravitent autour de lui et que l’on apprend à connaître grâce à une caractérisation soignée. La thématique de la famille est d’ailleurs particulièrement importante, et constitue même un axe majeur de cette histoire tout en apportant des moments particulièrement touchants.
On peut observer que Christopher Cantwell donne l’impression d’employer le passage du côté « cosmique » au côté « terrien » de son histoire comme une sorte de loupe : si Blue Flame doit défendre l’Humanité dans son ensemble face à une espèce extra-terrestre qui souhaite son extinction, on s’attache dans la partie consacré au héros urbain à la face B du rêve américain qui n’est par ailleurs guère réjouissante : tueries de masse, politique migratoire… On traite donc ainsi le cas général et le cas particulier, le procédé est astucieux et fonctionne à merveille.
The Blue Flame est une histoire passionnante et touchante, offrant au lecteur un traitement pertinent de thématiques fortes aussi bien à travers le prisme de la science-fiction que d’une façon plus directe sans le moindre artifice. Il est par ailleurs assez compliqué de rester évasif pour ne pas vous dévoiler les secrets de cette histoire, qui mérite de conserver sa part de mystère lorsque vous la découvrirez.
La lecture de cet album est par ailleurs très addictive, une fois que l’on a commencé à le lire les pages s’enchaînent tandis que l’on veut en lire toujours plus… même s’il est très tard ! 😉
En ce qui concerne le dessin, nous avons droit à de très jolies planches réalisées par Adam Gorham. Il n’était certainement pas facile de représenter à la fois des scènes se passant au fin fond de l’espace et des passage sur notre bonne vieille Terre, mais l’artiste relève le défi haut la main. Les différentes ambiances sont ainsi parfaitement représentées, avec une mise en page efficace.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par une galerie de couvertures.
Un excellent album, où les thématiques sont parfaitement traitées au sein d’une histoire passionnante et touchante.
Stray dogs
Contenu : Stray Dogs (2021) 1-5, Stray Dogs FCBD 2021 1 et Stray Dogs: Dog Days (2021) 1-2, inédits
- Éditeur : Panini Comics
- Collection : Panini Graphic Novel
- Prix : 24.00€
- Date de sortie : 24/05/2023
- Format : Couverture cartonnée, 240 pages
- Auteur(s) : Tony Fleecs / Trish Forstner
- EAN : 9791039114639
C’est en effet le paradoxe de Stray Dogs, qui commence comme une histoire très classique sur des chiens adoptés qui « parlent » (en fait c’est un procédé narratif qui permet au lecteur de les comprendre), une petite chienne visiblement abandonnée rejoignant tout un groupe dans la maison de leur maître. Le début est tranquille, histoire d’apprendre à cette petite nouvelle – et au lecteur – les us et coutumes de la maison qui sont aussi les codes de l’histoire…
… et puis on bascule, assez vite en fait, dans quelque chose de bien plus sinistre. L’histoire de Sophie, la nouvelle arrivante au sein de ce groupe, est un point d’entrée vers les secrets du mystérieux maître de ce groupe de chiens, et c’est à travers cette histoire que l’ambiance bascule dans un registre beaucoup plus sombre.
Tony Fleecs prend ainsi le lecteur par surprise, même si la campagne promotionnelle de Stray Dogs montre bien qu’il se trame quelque chose derrière le vernis de l’histoire de petits chiens tout mignons. Comme toujours, nous n’allons pas vous dévoiler trop de choses sur ce dont il retourne dans cet album en vous laissant le plaisir de la découverte… et cela complique l’exercice car la qualité de cette histoire donne envie d’en discuter encore et encore !
De façon toute à fait logique, l’auteur met les chiens de Stray Dogs au coeur de l’intrigue et s’attache à bien les caractériser. Chacun d’entre eux a sa personnalité et son importance, et on s’attache très vite à ce groupe improbable d’individus très différents. Mais ce n’est pas pour autant que Tony Fleecs est tombé dans le piège de déguiser des comportements humains décalqués sur des animaux, car il a pris soin au contraire de bien prendre en compte toutes les particularités de ces derniers. La notion de mémoire est par ailleurs un élément clef de l’histoire, et elle est parfaitement employée.
Stray Dogs est une véritable pépite : l’histoire est passionnante, le sujet est poignant à souhaits, les personnages canins sont très attachants et le concept est parfaitement maîtrisé. C’est une excellente lecture, méritant tous les superlatifs pour la décrire !
A noter que cette histoire recèle des passages durs, particulièrement si vous êtes sensible à la souffrance animale. Le macaron « pour lecteurs avertis » n’est pas de trop, et il faut espérer qu’il permettra d’éviter que des lecteurs jeunes et/ou sensibles ne soient confrontés à une histoire faussement mignonne qui pourrait les marquer.
En seconde partie de l’album, nous avons droit à un enchaînement d’histoires courtes qui racontent les circonstances de l’arrivée de chaque chien dans cette maison. Cela permet de détailler des passés à peine esquissés dans l’histoire, ce qui est une très bonne idée, et aussi de prolonger le temps passé avec ces personnages auxquels on s’est attachés et là aussi c’est une très bonne idée !
Ces petits récits sont intéressants, et leur lecture est un très bon complément à celle de l’histoire principale.
La partie graphique de l’album est de son côté assurée par Trish Forstner, qui régale le lecteur de planches superbement dessinées. Là aussi le lecteur est pris par surprise, car le graphisme peut laisser présager un récit tout joli et mignon, mais il n’en est rien et il y a d’ailleurs quelques dessins assez durs.
Côté bonus, nous avons droit à une abondante galerie de couvertures qui détournent des affiches bien connues de films et de séries.
Un excellent album, véritable pépite à lire sans modération.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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