Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de trois albums.
Au programme :
- Big under tome 1 (404 Comics)
- Friday tome 1 (Glénat)
- Blue in green (Hi Comics)
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Big under tome 1 : Catacombes
Paris, hiver 1774.
La terre tremble. Rue d'Enfer, c'est un pâté de maisons entier qui s'affaisse pour laisser place à un cratère géant. Contraint par l'état catastrophique des galeries et des carrières souterraines, Louis XVI fonde l'Inspection Générale des Carrières.
Paris, printemps 2021.
Sophie, fille de Pierre-Guillaume Alain-Serré, directeur actuel de l'Inspection Générale des Carrière, a disparu. Sa seule amie, Sonia, remarque son absence du lycée. Elle décide alors de convoquer trois autres ami.e.s : Dez, Berry et Kim pour tenter d'élucider ce mystère dont les catacombes parisienne semblent être le point de départ. Simultanément, Antoine part avec trois collègues étudier les éboulements survenus dans les galeries souterraines, à des emplacements historiques bien particuliers.
- Éditeur : 404 Graphic
- Prix : 17.90€
- Date de sortie : 26/01/2023
- Format : Couverture cartonnée, 128 pages
- Auteur(s) : Virgile Iscan / Alex Nieto
- EAN : 9791032404126
Les souterrains de Paris sont depuis longtemps empreints de mystère, et constituent ici une part importante de l’intrigue.
Nous avons en effet d’un côté des adolescents qui s’inquiètent suite au silence soudain d’une camarade de classe, et de l’autre des phénomènes mystérieux qui sont liés aux profondeurs de la capitale. Deux intrigues qui semblent de prime abord n’avoir que peu de rapport, mais si elles semblent parallèles au début elles vont s’avérer être très connectées.
Sous la plume de Virgile Iscan, Big under met en scène un groupe d’adolescents confrontés à un mystère bien plus étrange que ce qu’ils pouvaient imaginer. La pop culture n’ayant pas attendu Stranger things pour nous proposer des récits mettant en scène des adolescents enquêtant sur des mystères, on peut tout autant penser aux Goonies ou encore au Club des cinq dans ce registre même si le contexte évoque peut être davantage les événements de la petite ville de Hawkins.
Il se passe en effet des choses très étranges dans ce premier tome, avec une succession d’événements tous plus mystérieux les uns que les autres et des connexions qui s’établissent entre ce qui pourrait passer pour une histoire banale d’adolescents et des choses bien plus sinistres qui prennent leurs racines dans un passé plus lointain.
Ce premier volet pose avec efficacité l’univers de Big under, avec une caractérisation soignée des personnages. On a vraiment affaire à des adolescents qui se comportent comme des adolescents, et non des adultes en miniature. C’est paradoxalement une force et une faiblesse de ce tome : les personnages ont en effet un parler que l’on retrouve chez les adolescents de notre époque mais, outre le fait que tous les adolescents n’ont pas forcément cette façon de s’exprimer, cela devient assez rapidement pénible à lire.
Cela n’affecte cependant pas la qualité de l’histoire, qui est très intéressante et qui captive le lecteur grâce à une narration bien pensée. Les surprises sont nombreuses, et tandis que de nombreux points d’interrogations persistent à flotter au-dessus de la tête du lecteur ce dernier peut se demander quel est le fin mot de tout ceci et surtout jusqu’où Virgile Iscan va aller !
Big under est une bonne surprise, malgré le petit défaut autour des dialogues mentionné plus haut, et est suffisamment intriguant pour donner envie de poursuivre l’aventure.
Côté dessin, le trait d’Alex Nieto est tout aussi efficace que les mots de son collègue scénariste pour mettre en scène cette histoire. Les planches sont soignées, avec un soin particulier apporté aux personnages dont on ressent bien l’énergie.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par une galerie de personnages et des illustrations.
Un très bon album, dont l’histoire est très prenante et donne envie d’en lire davantage.
Friday tome 1
- Éditeur : Glénat
- Collection : Hors collection
- Prix : 19.00€
- Date de sortie : 11/01/2023
- Format : Couverture cartonnée, 120 pages
- Auteur(s) : Ed Brubaker / Marcos Martin
- EAN : 9782344055038
Retourner chez soi après une longue absence, cela peut provoquer des événements compliqués à gérer !
C’est le constat que pourrait faire la jeune Friday Fitzhugh, de retour dans sa petite ville pour les vacances de Noël. Il y a les difficultés à retrouver son cadre, mais aussi un certain inconfort à retrouver son ami d’enfance Lancelot Jones et surtout… un drôle de mystère.
Grand maitre du polar noir, Ed Brubacker s’attaque à une histoire qui sort quelque peu de sa zone de confort : on retrouve certes les notions d’enquête et de mystère qui constituent la clef de voûte de son œuvre, mais l’auteur traite aussi d’autres thématiques dont on découvre la teneur au fur et à mesure qu’il nous les dévoile.
Friday met en effet en scène un duo de jeunes enquêteurs en herbe qui ont grandi et emprunté des voies différentes, même si cette divergence ne semble pas forcément perçue de la même façon par les deux personnages. Si l’auteur est au début assez énigmatique quant aux facteurs qui ont pu compliquer les relations entre Friday et Lancelot, on devine assez aisément de quoi il peut s’agir et si le récit ne tourne pas exclusivement autour de ces dernières elles en constituent une part importante.
Avec son talent habituel, Ed Brubacker raconte une histoire où le mystère se combine aux complications qui peuvent naitre du passage à l’âge adulte des deux jeunes personnages. L’ambiance est tour à tour douce amère et oppressante, tandis que l’auteur abat ses cartes pour montrer au lecteur qu’il lui raconte davantage qu’une « simple » histoire d’une jeune fille revenant au pays.
L’atmosphère de ce premier tome est très soignée, l’auteur faisant comme à son habitude d’une grande maîtrise dans sa narration. La vie dans cette petite ville est dépeinte avec efficacité, cohérente à l’idée qu’on pourrait s’en faire au travers d’autres récits qui mettent en scène cette vie très peu urbaine qui constitue la face B de l’American way of life.
Passionnant d’un bout à l’autre, ce premier volet de Friday laisse le lecteur pantois avec bien des surprises. Espérons que le second tome sortira dans un avenir pas trop lointain, parce qu’avec une telle qualité on en redemande !
La partie graphique est de son côté superbement réalisée, grâce au talent de Marcos Martin. Son style colle parfaitement à l’ambiance de l’histoire, à mi-chemin entre les simples retrouvailles d’enquêteurs en herbe d’une petite ville et la découverte de mystères plus sinistres.
Côté bonus, un texte d’Ed Brubacker expliquant la genèse de Friday et un abondant sketchbook complètent le sommaire de l’album.
Un excellent album, passionnant et superbement illustré.
Blue in green
Jeune prodige du saxophone, Erik Dieter n’a jamais percé et enseigne la musique, loin de sa famille et de ses ambitions passées. De retour dans la maison de son enfance suite à la mort tragique de sa mère, il tombe sur une vieille photographie d’un musicien de jazz dans d’étranges circonstances, et sa vie bascule. Désormais, Erik n’a plus qu’une idée en tête : découvrir l’identité de ce mystérieux saxophoniste. Mais cette quête réveille en lui les démons de son ambition… De clubs de jazz en révélations sur le passé de sa mère, Erik sombre peu à peu dans la folie, obsédé par la poursuite du génie créatif et de la reconnaissance… jusqu’à y laisser son âme ?
- Éditeur : Hi Comics
- Prix : 24.95€
- Date de sortie : 18/01/2023
- Format : Couverture cartonnée, 152 pages
- Auteur(s) : Ram V / Anand RK
- EAN : 9782378871512
Revenant chez lui à l’occasion d’un deuil, Erik Dieter va se retrouver embarqué dans une histoire qui va bien au-delà de ce qu’on pouvait imaginer.
Ram V entraine en effet son personnage – ainsi que le lecteur – dans une histoire étrange à la frontière entre le réel et le rêve… ou plutôt le cauchemar ! Comme une poupée ruse, la « simple » histoire du fils venu rendre hommage à sa mère décédée est composée de couches qui se dévoilent peu à peu, et le réel se délite chaque fois un peu plus tandis que l’intrigue progresse.
Le fait qu’Erik Dieter soit musicien est loin d’être innocent, car outre l’utilisation pertinente d’éléments venus du milieu du jazz on perçoit très bien toute la musicalité qui sous-tend la construction de cette histoire hors norme. Une atmosphère horrifique s’installe peu à peu tandis que le personnage va de mystère en révélation, et remet en question pas mal de choses.
Quand on lit Blue in green, on pense également à These savages shores : les deux intrigues sont aussi dissemblables que possibles tant dans leur thématique que leur construction, mais il surnage dans ces deux histoire un côté lancinant qui entraine le lecteur dans une histoire qui se ressent tout autant qu’elle se lit.
Blue in green est une histoire passionnante, exigeante de par sa construction peu ordinaire mais qui récompense le lecteur avec son écriture de grande qualité. Malgré ce que l’on pourrait penser, cet album ne s’adresse pas uniquement aux afficionado du jazz mais bel et bien à tout lecteur ayant envie de découvrir une très bonne histoire dont la narration tant écrite que visuelle est remarquable.
Le dessin de Blue in green est de son côté assuré par Anand RK, et c’est une véritable claque visuelle ! L’artiste fait en effet preuve d’une inventivité remarquable tant pour la composition de ses planches que pour les dessins eux-mêmes. L’atmosphère quasi-onirique de l’histoire et son socle musical sont parfaitement rendus et mettent le lecteur en état de transe au fil de sa lecture, on peut saluer le tour de force de l’artiste d’être à la fois original dans son travail sans pour autant sacrifier la fluidité de la narration.
Côté bonus, nous entrons dans les coulisses de l’œuvre en contemplant le passage du script aux planches.
Un excellent album, où nous bénéficions d’une histoire passionnante au graphisme envoûtant.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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