Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de trois albums édités par Delcourt Comics :
- Nocterra tome 1
- Reckless – L’envoyé du diable
- Solo – Alphas
Toutes les semaines, nous vous proposons la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Nocterra tome 1
Notre soleil émet toujours de la chaleur, mais plus aucune lumière. Dès lors que les ténèbres touchent les personnes, elles sont infectées par une gangrène et se transforment en créatures monstrueuses. La parade ? Utiliser des sources de lumière artificielle. Au cœur de ce monde dévasté, Valentina “Val“ Riggs est une passeuse. Elle roule au volant de son poids lourd bardé de phares !
- Éditeur : Delcourt Comics
- Collection : Contrebande
- Prix : 16.50€
- Date de sortie : 19/01/2022
- Format : Couverture cartonnée, 160 pages
- Auteur(s) : Scott Snyder / Tony Daniel
- EAN : 9782413045014
L’auteur décrit en effet un monde dévasté par la nuit perpétuelle qu’il connait, un monde uniquement éclairé par des lumières artificielles trop rares pour que la sécurité règne. En outre, cette nuit infinie a provoqué un phénomène de mutation touchant les animaux et même les humains ! De quoi constituer une ambiance particulièrement paranoïaque, ou tout semble pouvoir arriver !
Le concept est original, reprenant des éléments post-apocalyptiques – on pense autant à Mad Max qu’à Walking dead pour tel ou tel aspect de l’histoire – pour les intégrer dans un contexte inhabituel : une nuit sans fin qui provoque des changements et dont on ne connait pas la cause. En suivant les aventures de la passeuse Val et de son frère, le lecteur s’immerge dans une atmosphère de danger permanent, dont il acquiert les clefs au fur et à mesure. La narration de cet album n’est pas totalement linéaire, il y a pas mal de retours en arrière au gré des souvenirs de Val qui permettent d’en apprendre davantage sur cet univers sombre dans tous les sens du terme.
Il se passe beaucoup de choses dans ce premier album, qui s’avère à la fois épais et dense. Les rebondissements sont nombreux, avec pas mal de surprises au fil des pages. Scott Snyder semble prendre un malin plaisir à faire sursauter le lecteur avec des surprises désagréables, et tandis qu’il apporte des réponses à ses interrogations il les accompagne de nouvelles questions ! On l’aura compris, même si l’auteur n’est pas avare en révélations il est suffisamment habile pour en garder sous le coude et ne pas griller toutes ses cartouches d’entrée de jeu.
Ce premier album, qui non seulement pose les bases de l’univers de Nocterra mais apporte aussi son lot de péripéties, est palpitant du début à la fin. Le parallèle entre la situation actuelle de la Terre et le passé compliqué de l’héroïne est bien trouvé, et l’auteur a trouvé le ton juste pour exprimer du désespoir associé à de la résignation sans pour autant en faire de trop. Il y a une bonne dose d’action, équilibrée par des passages permettant de bien poser l’histoire.
Il est également appréciable que la caractérisation des personnages principaux soit soignée : on apprend à bien connaître Val au fil des pages de cet album et par la même occasion à connaitre son jeune frère. Leur relation est bien écrite, et propice à des moments touchants qui trouvent parfaitement leur place dans ce contexte tendu.
Sur le plan graphique, le lecteur est tout autant gâté que du côté du scénario. Tony Daniel relève en effet haut la main le difficile défi de mettre en images cette histoire et son ambiance de désolation dans une nuit qui ne se termine pas, et signe des planches très joliment dessinées. En outre les scènes d’action sont efficaces, ainsi que les design des créatures étranges qui hantent les ténèbres éternelles de Nocterra.
Côté bonus, le sommaire est complété par un cahier graphique riche en illustrations : croquis, recherches et couvertures sont en effet au programme de ce cahier.
Un excellent album, qui intègre avec efficacité les thématiques post-apocalyptiques dans un récit percutant et passionnant à la fois
Reckless : L'envoyé du diable
Ethan Reckless est de retour. On est en 1985 et tout va bien pour lui... Jusqu'à ce qu'une femme disparue dérange l'équilibre de sa vie. Il sera amené à traîner dans les bas fonds d'Hollywod pour s'en sortir !
- Éditeur : Delcourt Comics
- Collection : Contrebande
- Prix : 16.50€
- Date de sortie : 19/01/2022
- Format : Couverture cartonnée, 144 pages
- Auteur(s) : Ed Brubaker / Sean Phillips
- EAN : 9782413044833
Ed Brubaker met cette fois le cap vers l’année 1985, montrant son personnage se livrer à son activité de détective privé. Après un début un peu cryptique, l’auteur rembobine le fil de son histoire pour nous expliquer comment tout a commencé… et alors que le début de ce récit semble plutôt classique très vite les choses vont s’emballer au fur et à mesure de l’implication de Reckless dans une histoire sombre et glauque qui semble bel et bien le dépasser.
On pourrait en effet penser de prime abord que le personnage va vivre une aventure un peu tranquille, notamment sur un plan personnel, mais tout en gardant en tête le début mystérieux de l’album on découvre que les événements s’enchainent pour former un récit particulièrement sombre. Clairement, la légèreté n’est pas de mise, on est dans une histoire glauque qui va vraiment très loin.
On le sait, le duo Brubaker / Philips est une figure incontournable du thriller et du polar noir. Une fois encore, le duo fait mouche avec une nouvelle aventure d’Ethan Reckless tout aussi passionnante que la précédente. Tandis que l’on suit un homme en proie à ses doutes et menant une enquête difficile, on est véritablement prisonniers d’une narration toujours aussi efficace.
L’ambiance de ce second opus est encore plus sombre et glauque que celle du premier volet. Le titre n’est pas choisi au hasard, il est fortement question d’explorer les recoins les plus sombres de l’âme humaine dans cet album. Il se passe donc des choses particulièrement tragiques et moches dans cette aventure, tandis que Reckless va de découverte en découverte dans un contexte toujours plus sombre. La moindre petite lueur positive est aussitôt noyée par une vague de ténèbres dans un récit à l’atmosphère oppressante.
L’envoyé du diable est un album passionnant, parfaitement articulé autour d’une enquête très bien ficelée dans un contexte qui s’avère sordide et permet d’explorer les dessous peu reluisants du show business. Le personnage d’Ethan Reckless est toujours aussi intéressant, ses fêlures le rendant plus humain qu’un indestructible détective privé comme on peut en voir treize à la douzaine au cinéma ou à la télévision.
Bien évidemment, le graphisme de Sean Phillips est une composante essentielle de la qualité de cet album. Une fois encore la véritable symbiose qui règne dans le duo créatif fait des miracles, les planches reflétant à merveille l’ambiance de l’histoire. La colorisation de Jacob Philips n’est pas en reste, soulignant à merveille l’ambiance en question.
Un excellent album, où nous découvrons une nouvelle aventure passionnante d’Ethan Reckless dans une atmosphère très sombre
Solo Alphas
Ce sont des experts du combat, de la survie, ils forment les clans de chiens les plus puissants du monde cannibale. Mais alors que l'équilibre des forces est remis en question, une lutte fratricide va s'engager pour décider de qui sera l'Alpha. Entre récit d'action et lutte de pouvoir, Alphas est une histoire de destinée dans le monde de Solo.
- Éditeur : Delcourt Comics
- Collection : Contrebande
- Prix : 16.95€
- Date de sortie : 26/01/2022
- Format : Couverture cartonnée, 80 pages
- Auteur(s) : Oscar Martin / Juan Alvarez
- EAN : 9782413044925
Après avoir lu plusieurs albums de Solo, on sait en effet que le contexte post-apocalyptique d’Oscar Martin rime avec une ambiance de désolation particulièrement marquée. Cet album ne fait pas exception à la règle, semblant considérer une fois de plus que la notion même d’espoir est particulièrement incongrue vu qu’elle est absente de cette histoire.
Initialement centré autour de deux clans de chiens qui veulent se rapprocher, Alphas prend très vite une tournure tragique et même shakespearienne tandis que l’auteur entraine le lecteur dans une histoire pleine de rebondissements. C’est une véritable épopée à laquelle nous sommes conviés, tandis qu’à la suite des personnages nous explorons ces terres de désolation qui constituent le paysage de cette ère de désolation.
Il se passe beaucoup de choses dans cette histoire, avec une dose d’action qui trouve parfaitement sa place au sein de l’intrigue. On ne s’ennuie pas une seconde en suivant les aventures tragiques des personnages, et le ton associé à l’univers de Solo fait toujours mouche.
Récit dur et sans concession, Alphas est une grande réussite. L’écriture est soignée dans ce récit passionnant qui ne laisse aucun récit aux personnages mais aussi au lecteur prisonnier d’une mécanique narrative implacable et d’une grande efficacité.
A noter qu’il s’agit d’un récit complet, et s’il s’insère dans tout un univers dont il récompensera les lecteurs cet album peut tout à fait se lire seul et être apprécié par les lecteurs appréciant ce type d’ambiances sans pour avoir autant entendu parler de Solo auparavant.
La partie graphique est de son côté confiée à Juan Alvarez, qui signe des planches de toute beauté. Certes, l’artiste livre certains dessins assez durs mais il n’y a rien de gratuit dans ce qui illustre parfaitement une ambiance de désolation.
Côté bonus, un cahier graphique avec des études de personnages complète le sommaire de l’album.
Un excellent album, dur et sans concession et superbement illustré. Une lecture passionnante pour les afficionados de Solo, mais pas seulement !
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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