Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de trois titres édités par Glénat Comics et Delcourt Comics.
Au programme : Dark Crystal t1, Umbrella Academy t3 et Walking dead t32.
Dark Crystal tome 1 | |
Glénat Comics 112 pages – 14.95€ Simon Spurrier |
Un univers culte refait surface
Des années ont passé depuis que Jen et Kira sont devenus roi et reine de Thra. Corrompus par le pouvoir, ils ne ressentent plus les besoins du monde qu’ils ont autrefois contribué à sauver. Thurma, une jeune élémentaire de feu, est alors chargée de voler un morceau du Dark Crystal pour restaurer le pouvoir de son royaume. En chemin, elle se liera d’amitié avec le jeune Gelfling Kensho, ramenant accidentellement les Seksis et les Mystics. C’est le début d’une incroyable aventure…
En plus d’une série télévisée, l’univers de Dark Crystal est de retour sous la forme d’un comic book mettant en scène son univers étrange.
Au risque de passer pour un inculte vis-à-vis des autres spectateurs et lecteurs de ma génération, je dois faire une confession : je n’ai jamais vu Dark Crystal ni la série télévisée, et je n’ai pas lu le Top BD paru à l’époque. C’est donc avec un œil totalement neuf que je peux vous livrer mon avis sur l’album, et juger ainsi de son accessibilité pour les lecteurs dans mon cas.
Ceci étant dit, passons maintenant à l’histoire proprement dite. Se passant bien après le film, nous y retrouvons ses deux héros mais dans un rôle qui n’est guère flatteur. Les héros sont fatigués, pourrions-nous dire poliment… Une société est mise en place autour du fameux cristal qui donne son nom à cet univers, mais elle ne semble guère idéale en reposant sur des bases discutables. C’est ce délicat équilibre qu’un nouveau protagoniste vient bousculer, et par la même occasion lancer cette nouvelle histoire.
Tout en donnant suffisamment de billes au lecteur pour qu’il ne se sente pas perdu, Simon Spurrier met très vite en place les éléments qui partent dans de nouvelles directions. Les héros de son histoire ne sont donc pas ceux d’avant, mais d’autres personnages qui ont aussi une quête à accomplir en relation avec ce fameux cristal.
Tout au long de ce premier album, Simon Spurrier place le décor d’une ambiance de fantasy qui laisse entrevoir un univers extrêmement riche. Il y a plusieurs personnages au sein de différentes factions avec des intérêts qui peuvent entrer en collision, chaque « camp » essayant de tirer son épingle du jeu. Mais l’auteur conserve une trame narrative simple à saisir, ne noyant pas le lecteur dans une profusion de détails qui le perdrait en route.
Ce premier tome est en tout cas très intéressant, entrant rapidement dans le vif du sujet avec cette nouvelle quête. Les personnages sont intéressants, et il est appréciable que Simon Spurrier n’ait pas joué la carte de la redite en optant pour des choix similaires au film. Le décor est planté avec efficacité, avec une exposition concise et efficace des enjeux de l’histoire, et le rythme de l’histoire est bien dosé.
La partie graphique, assurée par Kelly et Nichole Matthews, est de son côté très réussie. Pour les raisons exposées plus haut, je ne peux pas juger de la qualité de la restitution du visuel de l’univers de Jim Henson, mais je peux tout de même dire que le graphisme rend justice à l’histoire en proposant des personnages et des décors très soignés. On est vraiment happés par cette ambiance de fantasy, et le style ne ressemble pas à d’autres productions.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par une préface, une postface et une galerie de couvertures.
Un excellent album, qui se lit très bien même sans connaître son univers.
Umbrella academy tome 3 | |
Delcourt Comics 224 pages – 17.95€ Gerard Way |
Lorsque 47 enfants naissent de femmes qui ne montraient jusqu’alors aucun signe de grossesse, Sir Reginald Hargreeves en adopte sept dans l’espoir de sauver l’humanité.
Les dysfonctionnements de la famille ont conduit à la dissolution du groupe, notamment après la mort de Hargreeves. Pour ne parler que d’eux, Numéro 5 est devenu mercenaire, Rumeur ne se remet pas de son mariage raté tandis que Space Boy ère dans les rues de Tokyo. Les années ont passé, et nos héros doivent faire face à Perseus et aux vilains d’Oblivion. Et le spectre d’une nouvelle menace apparaît bientôt…
Après une longue attente, voici enfin la suite des aventures de l’équipe de Sir Reginald Hargreeves et le moins qu’on puisse dire c’est que l’attente en valait la peine !
Gerard Way a en effet enfin retrouvé le chemin de sa machine à écrire pour relater la suite de son excellente série, laissée un bon moment en stand-by au grand dam des lecteurs, et pousse son concept encore plus loin. Le côté dysfonctionnel de la famille d’adoption formée par les membres de l’Académie est par ailleurs très poussé dans ce troisième tome, vu qu’ils sont très rarement réunis autrement que par petits groupes.
L’auteur va donc très loin dans les concepts barrés qui font le charme de la série, montrant au passage le vilain petit secret de Sir Reginald qui répond aux questions qu’on se posait sur les ennemis neutralisés par l’Académie. Les personnages vont jusqu’au bout d’eux-mêmes et explorent des territoires fort insolites pour la plupart.
Gerard Way en profite par ailleurs pour continuer à instiller des mystères ici et là l’air de rien, et conclut ce tome en laissant des interrogations pour le lecteur même si ce dernier peut se douter de quoi il retourne. L’intrigue secondaire, tournant autour d’un personnage qui avait été un peu laissé de coté – au sens propre et au figuré – fonctionne tout aussi bien que les aventures des membres de l’Académie et joue finalement un rôle plus important qu’il n’y parait.
Comme dans les tomes précédents, les scènes d’action sont spectaculaires et très bien orchestrées, avec un emploi très judicieux des capacités des membres de l’Académie. L’univers de la série, que l’on découvre de façon assez brutale au fil des épisodes, est décidément très riche et il y a véritablement tout un folklore à explorer.
Si vous avez aimé les deux tomes précédents et la série télévisée, il est clair que ce troisième tome va vous plaire. On retrouve vraiment tous les ingrédients qui font tout l’intérêt de Umbrella Academy, et on ne s’ennuie pas une seule seconde en dévorant cet album.
Du côté du dessin, on retrouve Gabriel Ba qui officiait déjà sur les deux précédents. C’est assez surprenant car l’artiste fait du « pareil mais différent » : on retrouve en effet la patte de l’artiste, mais son style a évolué entre temps et le rendu est à la fois familier et différent de ce que à quoi il nous avait habitués. C’est en tout cas très réussi, avec des dessins très dynamiques et une parfaite restitution du côté barré de l’histoire.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par un cahier graphique contenant des recherches sur les personnages et des dessins, ainsi que des couvertures alternatives.
Un excellent album, tout aussi passionnant et étrange que les deux précédents.
Walking dead tome 32 | |
Delcourt Comics 152 pages – 14.95€ Robert Kirkman |
Rick va-t-il réussir à ramener la paix au Commonwealth ? La situation s’envenime avec la Gouverneuse Milton. Et une question essentielle reste posée, sans réponse dans l’immédiat : si une communauté aussi puissante et organisée que le Commonwealth venait à tomber, qu’est-ce que cela dirait de l’état du monde ? Pas certain que le futur soit très brillant pour nos protagonistes…
Un nouveau tome de Walking dead est toujours un événement en soi, mais celui-ci va probablement encore plus rester dans les mémoires.
En effet, Robert Kirkman a placé dans ce tome quelque chose qui va certainement nouer l’estomac des lecteurs qui devaient redouter ce moment depuis pas mal de temps. Je n’en dirai pas plus pour ne pas faire de spoiler, mais en tout cas en tant que lecteur de longue date ce passage m’a pas mal secoué.
Faisant suite à la situation explosive du tome précédent, l’auteur résiste à son cycle habituel de construction -> péripétie -> destruction -> etc pour non pas tout faire voler en éclats mais partir dans une direction finalement assez logique et surprenante à la fois. La fin de la série approchant à grands pas, il est peut être en effet temps de ne pas tout faire voler en éclats tous les quatre matins mais partir vers quelque chose de plus durable. En tout cas, cela fonctionne vraiment très bien.
La caractérisation des personnages, qui est vraiment un des points forts de l’auteur, est une fois de plus très soignée et est au cœur de l’histoire. Ce sont vraiment les personnages qui mènent la danse, et leurs relations sont dépeintes avec beaucoup de justesse. Les dialogues sont également très bien écrits, ce qui renforce cette justesse évoquée pour les rapports entre les personnages. Cette approche orientée personnage fonctionne très bien, et s’affranchit d’autres titres où les personnages ne sont qu’esquissés.
Passionnant une fois de plus, ce tome offre à la fois des moments violents et emplis d’action et des périodes plus calmes, propres au dialogue. Les rebondissements sont nombreux, et ont de quoi surprendre les lecteurs. Au bout de tant de temps, la recette de Walking dead est toujours aussi efficace, et tout en se rapprochant de sa fin la série est toujours aussi captivante.
Du côté du dessin, une fois encore la qualité est au rendez-vous avec le duo formé par Charlie Adlard et Stefano Gaudiano. Le graphisme reste impeccable, avec une mise en scène soignée pour le graphisme des scènes d’action et celui des dialogues. Il n’y a vraiment rien à redire, l’élégant graphisme en noir et blanc de la série est toujours aussi efficace pour lui donner une identité graphique reconnaissable entre mille.
Un excellent tome, passionnant et poignant à la fois.
C’est tout pour aujourd’hui !
Derniers commentaires