Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de trois albums édités par Panini Comics, Delcourt Comics et Mana Books.
Au programme : Immortal Hulk t1, Invincible t24 et Stranger Things – De l’autre côté (en avant-première).
Immortal Hulk tome 1 | |
Panini Comics 120 pages – 16€ Al Ewing |
Fresh Start ! Lorsque Bruce Benner meurt, Hulk revient à la vie quelques heures plus tard. Et désormais le Colosse de Jade est plus cruel que jamais. Découvrez un Hulk comme vous ne l’avez jamais vu dans un récit glaçant devenu instantanément un classique du personnage.
(Contient les épisodes US Immortal Hulk (2018) 1-5, inédits)
Avec cette nouvelle série, nous découvrons Hulk sous un nouveau jour qui le rend encore plus effrayant.
Depuis ses débuts, Hulk a déjà été dépeint de façon à le rendre terrifiant. On pense notamment au run de Jason Aaron, où Hulk et Banner étaient d’abord séparés avec des conséquences plutôt inattendues. Mais ici on va encore plus loin. Al Ewing emmène en effet le personnage dans un contexte horrifique, où il devient non plus seulement un mastodonte vert qui casse tout sur son passage mais une créature terrifiante et surtout immortelle. Car le nom de la série n’est pas choisi au hasard : la mort de Bruce Banner entraîne sa résurrection sous les traits de Hulk, et ce dernier devient encore plus effrayant de par son caractère inéluctable.
En dehors de cette nouvelle donne concernant Hulk, Al Ewing concocte surtout une série de récits où l’horreur est de mise. Pas de l’horreur démonstrative et malsaine avec des litres de sang et des tripes partout, mais quelque chose de plus insidieux, de plus subtil. Certes, il y a des monstres et des créatures effrayantes, mais l’auteur est suffisamment habile pour laisser le lecteur se faire son petit cinéma dans sa tête et donc rendre lui-même encore plus effrayant ce qu’il lit que si cela était montré explicitement. L’ambiance d’horreur de ces pages est très moite et pesante avec un côté viscéral et organique, ce qui donne un curieux mélange entre la série télévisée des années 1970 et l’oeuvre de David Cronenberg, comme si on se retrouvait dans un monde parallèle où le second aurait réalisé la première qui d’ailleurs a droit à un petit clin d’oeil plutôt sympathique.
Les récits qui composent ce premier tome sont tous très intéressants, avec une exploitation très fine de la dualité Banner/Hulk et une utilisation judicieuse du passé du colosse vert. On peut même croiser un « collègue » de Hulk, même si par contre je trouve dommage que l’auteur ait un peu tordu le cou aux origines réelles du personnage en question même si à sa décharge elles sont bien tordues. Le dernier épisode du tome est intriguant, et donne furieusement envie d’en lire davantage.
Du côté du dessin, le style de Joe Benett est tout simplement parfait pour retranscrire la folie et l’horreur du scénario. Tout en montrant quand même des choses pas toujours très jolies, on n’est pas non plus dans un catalogue de tripes et même en étant un rien sensible – ce qui est mon cas – ça passe très bien.
Un excellent album, qui met en scène un Hulk plus terrifiant qu’il ne l’a jamais été.
Invincible tome 24 | |
Delcourt Comics 160 pages – 15.95€ Robert Kirkman |
Ce récit qui marque le début de la fin de la série était si important qu’il faut pas moins de deux albums pour le raconter. Aucun recoin de l’univers de Invincible ne sera épargné… Et ensuite, tout sera TERMINÉ. Mark Grayson alias Invincible doit accepter le fait que Thragg ne peut être battu sans qu’il s’en mêle, même si c’est au péril de sa vie. Après tout, le sort de l’univers entier en dépend !
Avec ce vingt-quatrième tome, voici que commence ce que les lecteurs de la série n’avaient aucune envie de lire : la fin d’Invincible.
Je fais partie des lecteurs de longue date de la série de Robert Kirkman, l’ayant découverte avant le long hiatus de sa publication en Français interrompu plus tard grâce au succès de Walking dead. Cela fait donc des années que je suis les aventures de Mark Grayson et de ses comparses dans cet univers très riche mis en place tome après tome, et je dois avouer que ça me fait une boule au ventre d’en lire la fin.
Pour ce grand final, Robert Kirkman ne fait pas les choses à moitié. Tout en flattant le lecteur de longue date avec des petites choses sympathiques ici et là, il range ses jouets pour conclure cette série où tant de choses se sont passées. En outre, il faut passer derrière des moments de bravoure restées dans la mémoire des lecteurs comme la Guerre des Viltrumites. Mais l’auteur ne démérite pas et livre une histoire au rythme soutenu, où chaque élément à son importance. Et surtout les personnages restent au coeur de l’histoire, comme toujours sous sa plume.
Dans cette première partie de l’ultime tour de piste d’Invincible, nous avons donc droit à des moments intimistes mais aussi à du grand spectacles avec ces baston homériques dont la série à le secret. Les personnages sont toujours très bien traités, comme je le soulignais plus haut : ces personnages ont évolué au cours de la série, ils ont grandi ou mûri, certains se sont améliorés et d’autres sont devenus encore plus. Mais il est clair que ce que l’on lit dans ces pages ne sort nullement du chapeau de Robert Kirkman mais au contraire est le fruit d’une évolution parfaitement maitrisée et d’enchainements d’événements parfaitement maîtrisés grâce à son talent de conteur.
Il est clair que n’avoir que la première partie du final est en soi assez cruel, surtout vu le cliffhanger de l’album – j’ai couiné en le lisant ! – mais d’un autre côté autant apprécier la qualité d’écriture d’une histoire parfaitement dosée plutôt que de n’avoir qu’un final bâclé. Ce vingt-quatrième tome est passionnant d’un bout à l’autre, comme toujours avec Invincible dont la qualité aura été quasi constante tout au long de sa publication.
Du côté du dessin, Ryan Ottley livre comme à son habitude une prestation tout à fait fantastique. Les planches sont en effet très soignées, avec toujours autant d’efficacité pour dessiner des scènes avec énormément de personnages, et ces derniers sont tout autant soignés qu’il s’agisse d’humanoïdes ou bien de créatures très bizarres. Par contre je trouve qu’il a beaucoup de splash pages, c’est très joli mais à force quand il y en a trop ça donne un peu l’impression de jouer la montre.
Côté bonus, le traditionnel sketchbook commenté par l’équipe créative complète le sommaire de l’album. Ca par contre, c’est quelque chose qui ne me manquera pas quand la série sera terminée !
Un excellent album, qui rend particulièrement impatient de lire le dénouement de la série.
Stranger Things – De l’autre côté | |
Mana Books 96 pages – 15€ Jody Houser |
Will Byers ne comprend pas dans quel monde il se trouve ni comment il est arrivé là, mais une chose est sûre : il n’est pas en sécurité. Sa famille et ses amis ont disparu, tandis qu’un terrible monstre rôde dans les ténèbres de cette réalité parallèle. Seule la voix de sa mère semble parvenir à traverser les dimensions, mais comment lui répondre ? Sait-elle au moins où il est ? Livré à lui-même, le jeune garçon va se raccrocher au souvenir des moments passés avec ses proches pour éviter de sombrer dans la folie… et tout faire pour échapper au Démogorgon.
Alors que la saison 3 de Stranger Things ne va pas tarder à être diffusée, voici une façon originale de revivre la première saison de la série.
Sous la plume de Jody Houser, il nous est en effet proposé de revivre cette saison mais du point de vue de Will. Alors que le jeune garçon avait disparu, nous avons pu assister dans la saison 1 aux efforts pour le retrouver et aux événements qui en ont découlé. Mais que s’est-il passé de l’autre côté ?
Cette idée de revisiter la saison à travers les yeux de Will s’avère tout à fait excellente et fonctionne très bien. On retrouve en effet des repères qui attachent la narration de l’histoire aux événements de la saison 1 de la série télévisée, ce qui permet de rattacher les wagons facilement. Mais l’histoire ne s’adresse pas qu’aux spectateurs de la saison 1 : certes eux seuls auront l’intégralité des cartes en main et donc ne se contenteront pas d’effleurer la surface de l’histoire mais cela reste tout à fait accessible sans l’avoir lue. En effet l’album en lui-même reste une histoire fantastique tout à fait efficace, décrivant avec beaucoup d’efficacité les mésaventures d’un jeune garçon lors de ses efforts pour retourner chez lui.
Même s’il est incontestable que l’album s’inscrit dans une logique d’attraction du public de la série, nous ne sommes pas du tout dans le cadre d’un produit dérivé sorti à la va-vite pour surfer sur son succès : c’est au contraire un album soigné et bien écrit qui est agréable à lire. Jody Houser livre en effet un excellent travail sur cette histoire revue d’après un autre point de vue : elle complète en effet très bien le récit de la série télévisée en enrichissant ce qui s’y est produit, et le tout en restant dans le cadre de cette dernière sans la dénaturer. Cela permet en outre de mieux comprendre certaines choses qui s’y sont produites et étaient laissées à l’imagination du spectateur. On retrouve vraiment l’ambiance de la série, qu’il s’agisse de son ambiance très « années 80 » qui fait fortement écho au cinéma de Steven Spielberg de cette époque ou encore de la caractérisation des personnages qui est très fidèle à leurs versions télévisées.
Du côté du graphisme, nous avons droit à de magnifiques planches signées Stefano Martino. Son style colle parfaitement à l’ambiance de la série qu’il restitue à merveille, et on pourra apprécier que même s’il s’efforce de dessiner des personnages qui ressemblent à leurs modèles télévisées il ne s’agit pas non plus d’un simple décalque des visages des acteurs.
Un excellent album, qui permet de faire une balade bien agréable dans l’univers de Stranger Things.
C’est tout pour aujourd’hui !
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