Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de trois albums édités par Panini Comics et Glénat Comics.
Au programme : VS, Ody-C et Sabrina t1.
VS | |
Panini Comics 144 pages – 19€ Ivan Brandon |
Dans le futur, la guerre est devenu un sport hyper-médiatisé. Le gladiateur Satta Flynn va découvrir à ses dépends que la nouvelle génération de soldats est plus dangereuse que jamais et que la lumière des feux de la rampe brûle tout ce qu’elle touche. Une série Image Comics illustrée par Esad Ribi? (Secret Wars) !
(Contient les épisodes US VS (2018) 1-5, inédits)
On connait bien l’expression « Du pain et des jeux », utilisée depuis l’Antiquité. Avec cet album, l’idée va encore plus loin que par le passé.
En effet, Ivan Brandon situe l’action dans un futur où le spectacle pour les masses à divertir va jusqu’à la guerre. Le sport est en effet remplacé par des conflits meurtriers, sous l’oeil des spectateurs avides de sensations fortes.
Nous suivons donc Satta Flynn, gladiateur qui se rend compte du côté éphémère de sa popularité influant directement sa survie. Tout le côté cynique de notre société actuelle, très axée sur le spectacle et le voyeurisme – si vous en doutez, feuilletez donc un programme télé – est ici exploité à son paroxysme sous le filtre de la science-fiction permettant ainsi d’en faire une critique grinçante.
L’histoire d’Ivan Brandon est intéressante, avec des passages spectaculaire pour en ponctuer la progression, mais par moments on se demande un peu où il veut en venir. En effet, l’histoire est parfois un peu confuse et on se demande si l’auteur n’a pas un peu de mal à tenir son propre sujet. Il en reste que la trame principale, à savoir la critique de la société exprimée plus haut, est quant à elle très pertinente. Et hélas tellement vrai qu’on se demande si le récit présent dans ces pages n’est pas tristement prémonitoire…
Côté graphisme, Esad Ribic nous offre comme à son habitude des planches particulièrement soignées. Les dessins sont en effet magnifiques, restituant à merveille l’ambiance futuriste de l’histoire.
Une galerie de couvertures complète le sommaire de l’album.
Un bon album, au propos un peu confus mais magnifiquement illustré.
Ody-C Omnibus | |
Glénat Comics 336 pages – 35€ Matt Fraction |
Une réécriture de l’Odyssée, version psychédélique !
Bienvenue dans le XXVIe siècle… À la suite d’une guerre intergalactique de cent ans, Odyssia la Sage Championne et ses compatriotes entament le plus long et le plus étrange voyage jamais réalisé : le retour au bercail. Une odyssée de science-fiction libérée et psychédélique commence maintenant !
Avec cet album, Matt Fraction revisite l’Odyssée de Homère à sa façon… mais pour le coup ne fait vraiment pas les choses à moitié.
En effet, l’auteur ne se contente pas de reprendre la célèbre oeuvre classique en la transposant dans un univers futuriste mais la manipule pour en faire une expérience onirique à la limite du trip sous substance hallucinogène.
L’histoire est donc particulièrement complexe à lire, et la moindre seconde d’inattention est fatale à la compréhension du récit. En outre, histoire de ne pas faciliter la tâche au lecteur, Matt Fraction n’utilise pas une narration conventionnelle de bande dessinée mais plutôt des vers qui se suivent comme s’il s’agissait un récit poétique illustré. On comprendra donc qu’il faudra vraiment lire cet album au calme, sous peine de décrocher rapidement.
Tout en se basant sur l’Odyssée, l’auteur en profite pour explorer des thèmes divers tout en procédant à un changement audacieux par rapport au matériel d’origine : il a en effet changé le genre des personnages. Le changement en question est surprenant, mais guère choquant et cette nouvelle vision de l’oeuvre de Homère est pour le moins originale. Les thèmes explorés par l’auteur le sont en profondeur, quoique certaines choses sont laissées un peu en suspens à la fin de l’album.
On retrouve par contre certains travers des travaux de Matt Fraction, comme une propension à se perdre au sein de ses intrigues au point que le lecteur peut se demander où il veut en venir. L’histoire est donc plutôt déroutante par moments, et certains passages peuvent nécessiter une relecture pour être sûr d’avoir compris. Quoique c’est tellement bizarre que même si on pense avoir compris quelque chose il n’y a aucune garantie que cela soit vraiment ce que l’auteur voulait dire !
Le dessin de Christian Ward participe quant à lui au côté psychédélique assumé de l’oeuvre. C’est très coloré mais très déstabilisant aussi, sur certaines planches le lecteur a de quoi se demander s’il n’est pas un peu sous l’emprise de substances étranges (et se poser ensuite la question sur l’artiste). C’est pas vilain, loin de là, mais cela donne vraiment une identité visuelle complètement bizarre à une histoire qui était déjà bien barrée.
Une oeuvre étrange, qui revisite l’Odyssée d’une façon vraiment peu orthodoxe.
Sabrina tome 1 | |
Glénat Comics 144 pages – 12.50€ Roberto Aguirre-Sacasa |
« Je leur dirai… Je leur dirai, à tous, qui tu es vraiment… »
À l’aube de son seizième anniversaire, la jeune sorcière Sabrina Spellman se retrouve à la croisée des chemins, obligée de choisir entre un destin astral et une vie tranquille avec son petit-ami bien mortel, Harvey. Mais madame Satan, une ennemie mortelle de sa famille, fait son apparition à Greendale, les yeux rivés sur notre jeune sorcière… Sabrina est-elle capable de lui faire face, ou sa carrière de sorcière va-t-elle se terminer précipitamment – en même temps que ses études ?
La jeune sorcière Sabrina, plus connue par chez nous pour la série télévisée qui lui est consacrée que par les comics Archie où elle vit le jour, est de retour dans une nouvelle série.
Roberto Aguirre-Sacasa nous présente donc une histoire de sorcellerie, où il ne fait pas bon mélanger les destinées des sorciers et des mortels. En effet, dès le début de l’histoire, on peut voir que cela provoque de sacrés problèmes.
Quand j’ai entrepris la lecture de l’album, j’avais un vague souvenir d’avoir entendu parler de la série télévisée des années 90 et je m’attendais à quelque chose de gentillet. Monumentale erreur ! Cet album n’a absolument rien de gentillet, au contraire il est même carrément malsain.
Ce n’est certes pas la première histoire qui s’intéresse aux sorciers et sorcières ainsi qu’à leur rapports avec les simples mortels, mais on dirait que dans cet album tout est prétexte à raconter des choses très glauques. Les passages dégoûtants s’enchaînent jusqu’à la nausée, avec force détails prompts à donner des cauchemars au lecteur un rien sensible.
C’est dommage, car d’autres auteurs ont pu montrer avec talent que l’on peut faire de l’horrifique sans sombrer dans un grand déballage dégoûtant dont le seul but semble de montrer des choses choquantes. L’histoire en soi passe donc au second plan, déjà qu’elle n’est pas forcément très originale elle sert surtout de véhicule à des scènes toujours plus répugnantes.
Je suis rarement aussi véhément sur un titre, mais là je ne peux que fortement déconseiller sa lecture à moins que vous ne soyez fan d’histoires cousues de fil blanc ne servant qu’à enchaîner des passages gore de façon totalement gratuite. En ce qui me concerne, il est en tout cas clair que la suite ça sera sans moi.
En ce qui concerne le dessin, c’est Robert Hack qui tient les crayons. Ses dessins sont très réussis, avec une patine vintage qui sied fort bien à l’époque où se situe l’histoire. Par contre en ce qui concerne le gore, l’artiste n’y va pas à moitié, et son graphisme contribue grandement au côté malsain de cet album.
Un album malsain, fortement déconseillé si vous êtes sensible.
C’est tout pour aujourd’hui !
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