Pour ce vingt-quatrième numéro de la rubrique Autres bulles, nous retournons vers l’époque contemporaine.
Au programme : Le Syndrome [E] par Sylvain Runberg et Brahy d’après Franck Thiliez (Philéas)
Encore un changement de décor pour Autres bulles ! Nous laissons l’époque de Sherlock Holmes abordée dans M.O.R.I.A.R.T.Y. et nous retournons à notre époque avec l’adaptation du roman de Franck Thiliez.
Le syndrome [E] | |
Philéas 104 pages – 17.90€ Format 2.2 x 1.4 x 28.9 cm Sylvain Runberg d’après Franck Thiliez |
Un film mystérieux et malsain qui rend aveugle. Voilà de quoi gâcher les vacances de Lucie Henebelle, lieutenant de police à Lille, et de ses jumelles.
Cinq cadavres retrouvés atrocement mutilés, le crâne scié… Il n’en fallait pas plus à la Criminelle pour rappeler le commissaire Franck Sharko, en congé forcé pour soigner ses crises de schizophrénie.
Très vite, ces deux affaires pourtant éloignées semblent étroitement liées. De la casbah d’Alger aux orphelinats du Canada, les deux nouveaux coéquipiers vont mettre le doigt sur un mal inconnu, d’une réalité effrayante.
Nous vous parlions cet été de la naissance de Philéas, nouvel éditeur qui propose notamment des adaptation de romans en BD. Avec Le syndrome [E], voici notre premier retour sur un album de Philéas.
Dans cet album, nous retrouvons une histoire complète qui est l’adaptation d’un roman de Franck Thilliez. Certes, il y a des choses qui restent à éclaircir mais à l’instar du roman, cela se fera dans les prochains albums annoncés pour 2021 et 2022.
C’est une histoire assez étrange de prime abord qui nous est racontée ici, avec un film aux propriétés mystérieuses et une affaire de meurtre particulièrement glauque. Au début, on pense qu’il s’agit de choses complètement distinctes mais il s’avère que tout est lié et que l’affaire va bien au-delà de ce qu’on pouvait imaginer. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, on ne va pas du tout dans le registre du fantastique, tout a une explication bien concrète et – malheureusement – bien humaine.
Adapter un roman en BD peut s’avérer ardu : il faut éviter le piège du « roman illustré » et ne pas non plus trop couper l’oeuvre d’origine pour l’adapter à sa nouvelle forme. C’est à Sylvain Runberg que revient cette mission délicate, et force est de constater qu’il la remplit avec brio !
N’ayant pas lu le roman d’origine, je ne peux pas juger pleinement de la qualité de l’adaptation mais par contre je peux apprécier la qualité de la BD en elle-même. La narration ne souffre d’aucun signe de coupe ni de problème de rythme, ce qui se manifeste généralement lors des adaptations d’un medium à l’autre. En ce sens, s’il manque des choses par rapport au roman, l’auteur a été suffisamment habile pour que cela ne se ressente pas. De même, il est important que l’histoire puisse être lue sans aucun souci par un lecteur ne connaissant pas le roman, et là encore l’auteur a parfaitement rempli son office.
Retournons maintenant à l’histoire en elle-même, qui s’avère être particulièrement sombre. Très vite, le glauque s’invite dans le récit avec des passages durs dans une intrigue à la fois logique et pleine de mystères se dévoilant petit à petit. Ce n’est pas franchement un aspect très reluisant de la nature humaine qui nous est montré ici, au contraire on nous rappelle une nouvelle fois de quelles horreurs elle est capable. Et le plus effrayant de tout cela, c’est que c’est parfaitement plausible (je n’ai pas dit possible, je n’ai pas les compétences pour en juger avec autorité).
L’album est tout simplement passionnant, prenant le lecteur au piège grâce à une narration très efficace et une histoire captivante dont il peut s’avérer difficile de décrocher (prévoyez donc un bon moment au calme pour en profiter pleinement). Les personnages qui sont introduits dans cet album sont également intéressants, notamment Franck Sharko dont les failles sont très bien exploitées sans en faire de trop.
Côté dessin, la réussite est là aussi complète, grâce au talent de Brahy. L’artiste signe des planches très réussies, avec là aussi une narration efficace et fluide qui ne laisse pas transparaitre les origines romanesques de l’histoire. Il y a des passages très graphiques en ce qui concerne les scènes dures de l’histoire, mais on peut remercier Brahy de ne pas non plus avoir joué la carte du gore outrancier en restant finalement assez mesuré.
Cette adaptation de roman est avant tout une excellente bande dessinée, et elle apporte un très bon moment de lecture.
Un excellent album, captivant de bout en bout.
Watchtower Comics a besoin de vous !
Watchtower Comics est un site autofinancé et indépendant, qui vous offre depuis 2006 des contenus quotidiens sans publicité et des services gratuits.
Tout ceci coûte cher et nous avons besoin d'aide pour poursuivre notre activité.
Vous appréciez notre travail et vous voulez nous soutenir ? Faites un don sur notre page Tipeee !
Derniers commentaires