Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de 3 albums édités par Delcourt Comics et Glénat.
Au programme :
- Night Eaters tome 1 : Elle dévore la nuit
- Poussière d’Os
- Friday tome 3 (en avant-première)
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Night Eaters tome 1 : Elle dévore la nuit
- Éditeur : Delcourt Comics
- Collection : Contrebande
- Prix : 25.50€
- Date de sortie : 04/09/2024
- Format : Couverture cartonnée, 208 pages
- Auteur(s) : Marjorie Liu / Sana Takeda
- EAN : 9782413078449
Ce premier tome de Night eaters semble démarrer comme une histoire familiale sommes toutes assez classique, avec de fréquents flashbacks pour donner davantage de contexte à l’histoire en détaillant le passé des parents. Puis l’air de rien, une petite touche de surnaturel est ajoutée suivie d’une autre… jusqu’à ce qu’on bascule complètement !
Marjorie Liu raconte l’histoire de deux jumeaux américains d’origine chinoise, qui travaillent dur dans leur restaurant sans pour autant recevoir l’attention qu’ils attendent de la part de leur mère (tandis que leur père est tellement cool qu’à côté de lui un bisounours semblerait méchant). Au fil des pages, on sent bien que l’autrice ne nous dit pas tout malgré les flashbacks qui devraient nous éclairer sur le passé des parents des jumeaux.
D’ailleurs en parlant de flashback, il y a un petit bonbon pour les amateurs de kung fu avec une guest star totalement inattendue. Et on pourra même dire que ce cameo est avant tout dédié aux connaisseurs car les indices sur son identité sont au début particulièrement subtils.
L’ambiance devient de plus en plus étrange au fil de l’histoire, tandis qu’une drôle de découverte dans le jardin de la maison voisine commence à transformer une simple corvée de nettoyage en tout autre chose. Le surnaturel au début à peine perceptible à travers le voile dont l’autrice l’a entouré devient de plus en plus prédominant tandis que le fin mot de l’histoire se dévoile au fur et à mesure.
Ce premier tome de Night Eaters, qui pose les bases de l’univers du récit, est d’une grande efficacité. La narration est très maitrisée, Marjorie Liu prenant soin de distiller ses révélations à un rythme savamment étudié pour ne pas livrer trop tôt les clefs de son histoire. En dehors de la composante fantastique inhérente à ce récit surnaturel, l’aspect familial du récit est très bien trouvé et offre ainsi des moments touchants.
La partie graphique de l’album est assurée par Sana Takeda, qui signe des planches tout à fait en phase avec l’ambiance étrange de cette histoire. Le rendu est cependant un petit cran en-dessous de celui de Monstress, peut être parce que le style de l’artiste colle davantage à l’atmosphère éthérée de cette dernière. Mais c’est tout de même réussi !
Un très bon album, dont l’histoire entrainera le lecteur dans une direction très surprenante.
Poussière d'Os
- Éditeur : Delcourt Comics
- Collection : Contrebande
- Prix : 18.50€
- Date de sortie : 11/09/2024
- Format : Couverture cartonnée
- Auteur(s) : Ben Stenbeck
- EAN : 9782413085393
En effet, le monde concocté par Ben Stenbeck est violent et même très violent. Dans un cadre de désolation consécutive à une apocalypse jamais précisée, les humains restants sont autant de bandes rivales dont la plupart se livrent au cannibalisme pour survivre. Par moments, on peut même se dire qu’à côté de l’univers de Poussière d’Os on pourrait reléguer Mad Max au rang de petite histoire naïve !
Ce monde en décomposition est exploré par Attis, une intelligence artificielle d’origine inconnue qui s’intéresse de près à ce qui s’y trouve. Le concept d’une IA venue d’ailleurs pour explorer les ruines du monde n’est pas forcément nouveau – on a déjà vu ça au cinéma – mais cela fonctionne toujours aussi bien et la caractérisation de cet être étrange est réussie.
Mais Poussière d’Os est aussi l’histoire d’un jeune garçon qui a la violence comme seul langage. Confronté aux redoutables survivants de cette ère de désolation, il redouble d’ingéniosité pour rester vivant et n’hésite pas à recourir à des moyens extrêmes pour combattre ceux qui ne lui veulent pas du bien. Bien entendu il finit par croiser le chemin d’Attis et cela a des résultats pour le moins inattendus.
Réduire Poussière d’Os à une simple histoire de cannibales qui se tapent dessus serait une approximation pour le moins grossière, car Ben Stenbeck va au-delà de cette première image. Certes la violence reste omniprésence, mais à travers les yeux – artificiels – d’Attis il y a une réflexion tout à fait intéressante sur la nature humaine.
Cet album est une bonne surprise, avec une histoire qui tient très bien la route et une utilisation tout à fait judicieuse du cadre de désolation qui nous est montré. Certes, il demeure quelques mystères – la nature de l’apocalypse, la provenance d’Attis – mais la force du récit est de rendre ces interrogations finalement secondaire devant l’universalité des thèmes abordés.
S’il est tout à fait passionnant, cet album est aussi particulièrement violent avec des passages particulièrement sauvages. Il conviendra donc d’éviter de le placer entre les mains de lecteurs un peu trop sensibles, qui risquent de ne pas forcément en apprécier le contenu.
Le graphisme, également signé par Ben Stenbeck, est très réussi. L’ambiance de désolation est très bien rendue, et l’apparence d’Attis est pleine d’inventivité. Par contre, comme signalé juste au-dessus, la violence est omniprésente donc il y a des cases très goûtues qui ne sont pas adaptés aux estomacs fragiles.
Côté bonus, une galerie d’illustrations et un cahier de croquis complètent le sommaire de l’album.
Un excellent album, qui met en scène un univers à la fois désolé et fascinant. Estomacs fragiles s’abstenir !
Friday tome 3
En revenant à Kings Hill, Friday a retrouvé son meilleur ami Lancelot. Ce petit prodige a toujours su résoudre les affaires étranges de la région. Mais cette fois, il y a laissé la vie. Alors que Friday est dévastée par le chagrin, pour les autorités, l'affaire est close : c'est un accident. Comment peut-on imaginer pareille sottise ? Lancelot travaillait sur une mystérieuse affaire au moment où Friday a découvert son corps dans leur Q.G. en feu. De toute évidence, on a essayé de le faire taire à jamais. Malgré la douleur, Friday se lance dans une épineuse enquête pour honorer la mémoire de son ami. De pistes en pistes, elle va se heurter à une énigme qui évoque une légende locale tout en essayant de déchiffrer les signes que Lancelot semble lui avoir laissés sur sa route. La jeune femme n'avait pas prévu qu'elle devrait se dresser face à une créature maléfique !
- Éditeur : Glénat
- Prix : 19.00€
- Date de sortie : 25/09/2024
- Format : Couverture cartonnée, 136 pages
- Auteur(s) : Ed Brubaker / Marcos Martin
- EAN : 9782344055052
Le second tome de Friday
Ed Brubaker avait en effet créé une très grande surprise lors du second tome de Friday en faisant basculer l’ambiance de l’histoire du polar au surnaturel. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’avait pas fait les choses à moitié !
Avec ce troisième et dernier tome de Friday, l’auteur continue sur sa lancée et enchaine les révélations toutes plus surprenantes les unes que les autres. On est vraiment très loin de ce qu’on pouvait imaginer en ouvrant le premier tome car même si on conserve le coeur même du récit – le retour de Friday au pays et un nouveau mystère sur lequel elle enquête – tout ce qu’il y a autour ne fait que se mouvoir pour entrainer le lecteur dans d’autres directions qu’une « simple » histoire de jeunes détectives.
Si on parle de choses surprenantes, il y a par contre une révélation sur laquelle le mystère est un poil moins efficace car on devine ce qu’il en est avant que l’auteur ne nous livre l’information directement. Ce n’est pas bien gênant, et le souligner relève un petit peu du chipotage, mais puisqu’on parle de surprises autant être honnête sur celle qui est un peu éventée.
L’histoire est en tout cas passionnante, avec une excellente utilisation de l’atmosphère angoissante de la série. Tout en puisant dans différentes mythologies – de la science-fiction au surnaturel plus classique – Ed Brubaker signe ici une histoire qui se lit avec beaucoup d’intérêt. En outre, il y a des passages touchants qui apportent une composante émotionnelle tout à fait bienvenue à ce récit.
Friday aura été du début à la fin une belle aventure, régalant le lecteur de moments de lecture très agréables avec suffisamment de surprises pour le faire sursauter à plus d’une occasion.
La partie graphique, signée Marcos Martin (avec de jolies couleurs de Muntsa Vicente), est de son côté toujours aussi soignée. L’ambiance est très bien posée, avec en outre une mise en page très réussie. Le graphisme fait tout autant honneur aux moments surnaturels qu’aux passages plus intimistes, et remplit parfaitement son office en donnant vie à cette histoire.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par un mot des auteurs et un sketchbook.
Un excellent album, qui conclut en beauté une trilogie passionnante.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous la semaine prochaine !
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