Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de 3 albums.
Au programme :
- H.P Lovecraft : Kadath, l’inconnue (Black River)
- Saga tome 11 (Urban Comics)
- WildC.A.T.S Evolution (Urban Comics)
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
H.P Lovecraft : Kadath, l'inconnue
Randolph Carter, voyageur au pays des rêves, tente de ne pas se réveiller avant d'avoir atteint son objectif, l'inaccessible Kadath : la demeure des dieux, un lieu de fantastique et d'imagination débordante. Carter parcourt un monde rempli de menaces et de monstres abominables, mais aussi de palais, de cités exubérantes et de paysages qui rappellent à l'homme son rôle insignifiant sur le gigantesque échiquier cosmique.
Quelles sont les raisons de continuer quand tout autour de soi est terrifiant et mortel ? Kadath peut apporter des réponses à cette question !
- Éditeur : Black River
- Prix : 19.90€
- Date de sortie : 09/11/2023
- Format : Couverture cartonnée, 224 pages
- Auteur(s) : Howard Philips Lovecraft - Florentino Florez / Guillermo Sanna, Jacques Salomon
- EAN : 9782384260485
Adaptation d’un roman de H.P. Lovecraft faisant partie du Cycle des rêves, Kadath l’inconnue met en scène Randolph Carter qui est vraisemblablement un avatar de l’auteur. Le personnage est un voyageur des contrées du Rêve qui souhaite atteindre la demeure des dieux, une quête que tout le monde qualifie d’impossible.
C’est Florentino Florez qui relève le défi d’adapter sous forme de BD l’œuvre de Lovecraft, transposant ainsi les univers étranges de l’auteur dans un cadre tout à fait étrange. Le caractère onirique de cette épopée est une porte ouverte à toutes les bizarreries – comme dans toute rêverie – et le moins qu’on puisse dire c’est qu’on ne fait pas les choses à moitié dans cette histoire !
Les endroits insolites se succèdent, tous plus étranges les uns que les autres, et les personnages qui les peuplent sont également particulièrement bizarres. On n’est pas non plus dans du n’importe quoi, il y a une certaine logique dans cette folie narrative et l’histoire a le bon goût de tenir debout même si elle n’est pas forcément facile à suivre.
C’est en effet le point faible de cet album, sans que l’on sache si le roman d’origine est ainsi ou si c’est un effet de sa transposition sous forme de BD. Les transitions entre les parties semblent manquer un peu de liant, et on peine ainsi à suivre la pensée des auteurs de l’une à l’autre. N’ayant pas lu le roman de Lovecraft, nous ne pourrons pas nous prononcer sur l’origine de cette faiblesse.
Il n’en demeure pas moins que Kadath l’inconnue est une histoire intéressante, avec un côté fascinant dû à la richesse de la mythologie que l’on y trouve. On ne s’ennuie pas une seule seconde en lisant cet album, et son ambiance onirique a un charme certain.
Que vous soyez fan ou non du travail de Howard Phillips Lovecraft, Kadath l’inconnue reste accessible et propose une histoire qui vaut le détour en dépit du point faible décrit ci-dessus.
La partie graphique de l’album est quant à elle signée par Guillermo Sanna et Jacques Salomon, ce dernier s’occupant également de la couleur. Le duo signe des planches très soignées, qui reflètent parfaitement la nature onirique de cette épopée hors du commun. Les créatures étranges qui arpentent ces pages bénéficient d’un graphisme efficace, et les petits interludes sont également joliment illustrés.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par un entretien avec l’équipe créative, un cahier de recherches graphiques et des illustrations.
Un très bon album, pas forcément évident à suivre mais proposant un voyage fascinant au de la contrée du Rêve.
Saga tome 11
Contenu : Saga #61-66
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : Urban Indies
- Prix : 17.00€
- Date de sortie : 24/11/2023
- Format : Couverture cartonnée, 152 pages
- Auteur(s) : Brian K. Vaughan / Fiona Staples
- EAN : 9791026822615
Brian K. Vaughan raconte la suite de son histoire, dont les protagonistes continuent leur voyage à travers l’espace. De nouveaux rebondissements viennent ponctuer leur quotidien, tandis que les conséquences des derniers événements continuent de les hanter.
Comme dans les tomes précédents, il n’y a pas qu’une seule intrigue mais plusieurs qui finissent toujours par se télescoper à un moment ou à un autre. Pour parvenir à ce résultat, l’auteur n’hésite pas à mobiliser une vaste galerie de personnages qu’il fait évoluer de chapitre en chapitre.
Car une des forces de Saga, c’est bel et bien cette caractérisation très soignée de ses personnages. Ce n’est pas forcément étonnant de la part de Brian K. Vaughan quand on connait son œuvre, mais il est toujours utile de le souligner. L’auteur s’intéresse particulièrement à ses personnages, il les fait évoluer sous nos yeux en montrant leurs joies et leurs peines tandis que les rebondissements s’amoncellent.
Ce nouvel album de Saga ne ménage pas le lecteur, avec des moments assez durs et de l’émotion à tous les étages. Mais surtout il apporte un très bon moment d’évasion depuis le fin fond de l’espace !
Saga a beau en être à son onzième tome, ce n’est pas pour autant que le rythme s’est calmé ! Sans non plus aller trop vite, l’auteur a tout de même installé un rythme soutenu avec des rebondissements ici et là. Les révélations sont assez espacées, mais en fin de compte on se dit qu’on s’est tellement attachés aux personnages qu’on s’intéresse davantage à ce qu’ils deviennent qu’à des révélations sur eux.
Véritable porte-étendard de la Space Fantasy, Saga demeure une œuvre passionnante de par son atmosphère mais également à travers les thèmes forts qui y sont développés. Il va sans dire que derrière le vernis de la Space Fantasy on retrouve des choses tout à fait actuelles, de quoi alimenter la réflexion du lecteur entre deux planches et une fois le livre refermé.
Si vous avez aimé les tomes précédents de Saga, il n’y a aucune raison objective pour que ce onzième opus ne vous satisfasse pas. Brian K. Vaughan est toujours en forme et sa magie narrative fonctionne toujours aussi bien.
Côté graphisme, Fiona Stapples est toujours aussi inspirée que son collègue scénariste. Le dessin est toujours très soigné, avec un talent certain pour dépeindre des lieux et des personnages toujours aussi étranges.
Un excellent album, la magie de Saga est toujours intacte !
WildC.A.T.S Evolution
Contenu : #21 à 34 + récit court de 8 pages dans le Wildcats #50 "Reincarnation" + Wildstorm Spotlight 1 - Majestic
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Signatures
- Prix : 35.00€
- Date de sortie : 24/11/2023
- Format : Couverture cartonnée, 432 pages
- Auteur(s) : Alan Moore, James Robinson / Travis Charest, Collectif
- EAN : 9791026817307
C’est en gros une façon de résumer cet imposant album regroupant toute la prestation d’Alan Moore sur WildCATS, remplacé par James Robinson sur un épisode. Nous avons ici droit à un nouveau départ, doublé d’une exploration des racines du concept.
En effet, d’un côté Alan Moore raconte comment une nouvelle équipe de WildCATS se construit tandis que l’équipe originale est considérée comme perdue. L’auteur met en scène toute une galerie de personnages insolites, comme l’incontrôlable Ladytron ou le redoutable TAO. Oui vous avez bien lu, c’est bien le TAO que les lecteurs de Sleeper connaissent bien. Du coup, si on connait cette autre histoire le mettant en scène, certaines surprises ont moins d’impact, un peu comme si on essayait de faire croire que l’Orangina sanguine est toute calme !
Tout en menant cette intrigue, Alan Moore ne néglige pas pour autant l’équipe d’origine en orchestrant leur voyage vers le monde d’origine de plusieurs d’entre eux. C’est une façon de revenir aux racines du conflit entre les Kherubim et les Démonites, et d’assister à des révélations pour le moins inattendues…
Alan Moore est connu pour remettre à plat les séries dont il n’est pas le créateur afin d’en livrer sa propre vision après une séance de déconstruction / reconstruction. Son run sur WildCATS ne fait pas exception, et l’auteur repart du concept de base après en avoir extrait la substantifique moelle pour reconstruire l’équipe originale tout en livrant une seconde qui est batie sur l’idée qu’il faut remplacer celle qui a précédé.
Nous avons donc droit ici à des intrigues savamment menées par un auteur qui connait son affaire, manipulant les personnages connus tout en ajoutant de nouvelles têtes. Il y a des thématiques sociétales qui sont amenées l’air de rien au détour des histoires – notamment sur Khera, où un parallèle avec le vrai monde saute aux yeux – tandis que les personnages vivent des aventures mouvementées sur Terre comme dans l’espace.
On pourrait redouter que WildCATS Evolution se cantonne à un exercice de style, mais en fin de compte Alan Moore livre des histoires passionnantes qui propulsent les personnages dans des directions intéressantes. Si ça reste énergique, c’est tout de même nettement moins bourrin que du WildCATS pur jus et on appréciera de voir les personnages dans des aventures intéressantes au fil des épisodes.
A noter que ce run se termine par un épisode un peu spécial, se situant dans un lointain avenir. L’épisode en question est une petite merveille, explorant son concept en le poussant dans ses derniers retranchements.
Cet album est passionnant du début à la fin, avec un bon tempo pour alterner les différentes intrigues menées en parallèle. Alan Moore signe des histoires qui se lisent avec beaucoup d’intérêt, exploitant parfaitement son abondant casting.
Côté graphisme, il y a un certain nombre (voire un nombre certain) d’artistes qui œuvrent sur ces épisodes. Si le graphisme est très typé « Image », il est néanmoins très soigné et les histoires sont très joliment mises en image.
Un excellent album, avec une très bonne relecture du concept des WildCATS.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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