Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de quatre albums édités par Urban Comics.
Au programme :
- The Flash Chronicles 1992
- Batman Superman World’s Finest tome 2
- The Department of Truth tome 4
- Lazarus tome 8 : Fracture
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
The Flash Chronicles 1992
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Chronicles
- Prix : 39.00€
- Date de sortie : 16/06/2023
- Format : Couverture souple, 464 pages
- Auteur(s) : William Messmer-Loebs, Mark Waid, Gérard Jones, Craig Boldman / Collectif
- EAN : 9791026824244
L’année 1992 marque en effet l’arrivée de Mark Waid pour écrire les aventures de Flash version Wally West, et cet album marque la transition entre le run de William Messner-Loebs et celui de son successeur.
Le début de l’album est donc un peu abrupt, car il s’agit de boucler les intrigues en cours. Heureusement que l’éditorial permet de ne pas trop se sentir perdu – on en reparle plus bas – parce que sinon la pente est raide !
Cette première partie est ancrée dans son époque, encore qu’elle ne soit pas aussi sombre que d’autres titres mainstream des années 1990. Les histoires se lisent bien, on s’amuse bien des mésaventures de Flash (notamment avec Power Girl) mais il y a aussi des passages plus touchants et des thématiques tout à fait sérieuses. Tout ceci contribue à faire de cette première partie une suite d’épisodes agréables à lire.
Puis entre en scène un certain Mark Waid, qui change de ton et surtout reprend l’histoire au début. Il y a en effet un arc inaugural tout en introspection, qui est l’occasion d’un long flashback où Wally West remonte à sa rencontre avec celui qui allait changer sa vie : Barry Allen alias Flash. Alors que ce dernier lui raconte ses origines, voilà que cet incident improbable se reproduit ! L’auteur ne se contente pas de reraconter l’histoire à sa sauce, mais il la revisite en la dépoussiérant et en ajoutant quelques petits ingrédients qui l’enrichissent sans pour autant renier ce qui a été fait auparavant.
Après ce détour par les origines de Wally, nous avons donc droit à toute une enfilade d’épisodes très agréables à lire. On retrouve dans ces pages une ambiance super-héroïque en opposition marquée par rapport aux canons narratifs de cette époque dans le cadre super-héroïque, et cette ambiance donne un cachet très sympa à ces épisodes. Mais on a tout de même droit à un crossover entre les aventures de Flash et celles de Green Lantern (Hal Jordan, qui a encore ses tempes blanches) qui s’avère être bien ficelé et riche en bonnes idées.
Puis on repart sur du Flash en solo toujours très efficace, l’épisode avec Wally qui cherche une solution à super-vitesse pour sauver un homme menacé de mort est un modèle du genre. A noter un cliffhanger particulièrement angoissant en fin d’album, de quoi donner envie de se ruer sur le prochain tome !
Au final, cet album de The Flash Chronicles est très agréable à lire, avec une transition d’un run à l’autre qui se fait en souplesse grâce au travail des auteurs mais aussi grâce à l’éditorial (on y vient). Il y a de l’action, un personnage sympathique – apparemment ce n’était pas le cas avant – et une ambiance qui fait penser à la grande époque des aventures de Barry Allen.
Graphiquement, Greg Larocque signe des planches très joliment réalisées ainsi que ses collègues à l’œuvre sur d’autres épisodes. C’est un peu daté, mais ça a pas trop mal vieilli et si certains clichés graphiques sont inévitablement au rendez-vous cela reste toutefois maîtrisé.
Côté bonus, nous avons droit à un éditorial abondant et particulièrement intéressant signé Yann Graf. Cela permet de se replonger facilement dans le contexte de l’époque, et de raccrocher les wagons si on ne connait pas forcément tous les détails des aventures de Flash avant cet album ou les ennemis de son prédécesseur. Ces textes ont une très grande valeur ajoutée, et constituent un complément de choix aux épisodes de l’album. Nous avons également droit à un message d’adieu de William Messner-Loebs, sous la forme d’un long texte lui aussi très intéressant.
Un excellent album, offrant une transition très réussie entre deux périodes de la carrière de Flash.
Batman Superman World's Finest tome 2
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : DC Infinite
- Prix : 17.00€
- Date de sortie : 30/06/2023
- Format : Couverture cartonnée, 152 pages
- Auteur(s) : Mark Waid / Dan Mora
- EAN : 9791026821762
Mark Waid continue en effet de nous offrir des aventures de Batman et Superman dans un cadre sans période temporelle précise qui rappelle beaucoup le silver age. Cela lui permet ainsi de s’affranchir de toute contrainte liée à la continuité et de revenir à une époque super-héroïque particulièrement féconde en terme de créativité.
L’essentiel de l’album est consacré à l’histoire de Boy thunder, un jeune garçon venu d’ailleurs que vont prendre sous leur aile Batman et surtout Superman qui ressent dans son histoire un douloureux écho de la sienne. Bien entendu, rien n’est simple et la présence de super-vilains redoutables va venir compliquer l’histoire.
Comme dans le premier tome, Mark Waid ne se contente pas de mettre en scène le duo Batman/Superman mais convoque tout un casting des deux côtés de la barrière de la loi. Les personnages qui interviennent ici sont judicieusement choisis, avec une caractérisation en phase avec la période visée par l’auteur (malgré un léger clin d’œil avec une barre à mine qui pour le coup est un peu limite).
Et comme dans le premier tome, cet album est un vrai ravissement ! L’histoire est captivante (mon bus aurait pu être conduit par un chauffeur en tutu et faire 3 loopings que je ne n’aurais rien remarqué !) et est particulièrement agréable à lire, avec ce sens du merveilleux que Mark Waid a su capter dans les récits du silver age pour l’injecter ici. En outre, il y a une composante émotionnelle particulièrement importante et très bien dosée, qui est un plus non négligeable. Si vous voulez lire du bon super-héros DC et que vous ne connaissez pas cette série, vous ratez quelque chose !
L’album se termine sur une note un peu plus légère, Mark Waid racontant un rencard entre Robin et Supergirl qui ne se passe pas vraiment comme prévu. Il est intéressant de voir la même soirée racontée par chacun des protagonistes, donc avec des points de vue pas forcément convergents, et ce devant leurs figures parentales respectives. L’épisode est très sympa, avec toujours un petit côté touchant pour un récit qui ne se contente pas de faire dans la rigolade.
Côté graphisme, nous avons droit à la présence de Dan Mora pour signer les planches de ce second album. L’artiste est en grande forme et livre un travail de toute beauté avec un rendu toujours en phase avec le contexte « silver age » de la série.
Un excellent album, qui apporte une fois encore un très agréable moment de lecture avec du super-héroïsme d’antan.
The Department of Truth tome 4
Contenu : Department of Truth #18-22
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : Urban Indies
- Prix : 17.00€
- Date de sortie : 30/06/2023
- Format : Couverture cartonnée, 144 pages
- Auteur(s) : James Tynion IV / Martin Simmonds
- EAN : 9791026828754
En effet, à la lecture de The Department of Truth comment peut-on savoir qui finalement raconte la vérité ? Et est ce que LA vérité existe, ou bien est ce qu’il n’y a pas DES vérités ? Bien entendu, on arrive à suivre le fil pour démêler ce qu’on doit comprendre de tout ceci, mais on doit tout de même admettre que James Tynion IV ne nous facilite vraiment pas la tâche.
L’auteur continue en effet à jouer avec les théories du complot, ajoutant ici plus de fond dans l’univers du Département de la vérité en faisant intervenir son homologue soviétique : Le ministère du mensonge. C’est d’ailleurs assez amusant que ces dénominations aient été choisies : elles placent d’emblée le premier dans le « camp du bien » et le second dans « le camp du mal », ou alors on peut dire que le second est honnête vis-à-vis de ses intentions et le premier plus hypocrite. Mais laissons de côté cette simple parenthèse sémantique et revenons à l’histoire.
L’intrigue progresse donc dans des directions inattendues, non seulement avec le Ministère du mensonge mais aussi les différentes manœuvres de Black Hat. Et au milieu de tout ceci figure toujours Cole Turner, qui en apprend toujours plus sur les coulisses incroyables de ce qu’il pouvait comme nous appeler la réalité.
La notion même de réalité est remise en question à plusieurs reprises par un James Tynion IV qui ne s’interdit rien et projette une fois encore le lecteur dans un grand huit dont il ne sortira pas indemne. Tout est fait pour le déstabiliser autant que les personnages, avec toujours ce fascinant numéro d’équilibriste au dessus du gouffre où entrent en collision toutes les nuances du folklore associé à la théorie du complot.
Ce quatrième opus est tout aussi fascinant que les trois précédents, avec toujours un concept fort et ambitieux que son auteur maitrise avec la même prestance qu’un illusionniste qui détourne votre attention pour effectuer son tour. C’est une lecture exigeante, pas de doute là dessus, mais une lecture qui sait récompenser le lecteur qui s’accroche tout au long de son parcours dans un univers toujours plus étrange. Et surtout c’est une lecture passionnante, une fois que James Tynion IV a capturé votre attention vous ne pourrez pas vous en détacher !
Pour que la recette fonctionne aussi bien, il fallait un graphisme à la hauteur et une fois encore Martin Simmonds fait des merveilles. Son style contribue énormément à la construction de cette ambiance déstabilisante, bouleversant tous les repères pour plonger le lecteur dans un monde où il ne sait plus très bien ce qu’il doit comprendre. C’est savamment déconstruit, avec une grande créativité dans le dessin et la mise en page, et surtout d’une efficacité redoutable. A noter que sur quelques cases Cole affiche une ressemblance avec Robert Redford époque Les trois jours du Condor, si c’est volontaire c’est amusant.
Un excellent album, qui poursuit une série toujours aussi fascinante.
Lazarus tome 8 : Fracture
Contenu : Lazarus #27-28 + Lazarus: Risen #5-7
- Éditeur : Urban Comics
- Collection : Urban Indies
- Prix : 19.90€
- Date de sortie : 07/07/2023
- Format : Couverture cartonnée, 216 pages
- Auteur(s) : Greg Rucka / Michael Lark
- EAN : 9791026829157
C’est toujours Greg Rucka qui signe cette histoire dystopique où le monde est dirigé par de grandes familles qui se partagent le pouvoir. Dans le tome précédent, nous avions fait la connaissance d’Eve qui est une « nouvelle Forever » et dans ce tome nous allons encore plus loin en ce sens.
Nous commençons par suivre un personnage qui n’est pas aussi mort qu’il le devrait, et qui se retrouve donc au coeur d’une histoire riche en rebondissements et propice à former le terreau d’une implacable vengeance à suivre.
Puis nous continuons sur deux trajectoires : l’histoire de Forever, dont la loyauté vacille de plus en plus et qui se rapproche de celle qui prendra sa succession, et l’intrigue de fond avec l’empire Carlyle face à bien des péripéties.
Nous en sommes déjà au huitième tome, mais Greg Rucka ne donne pas du tout de signe de fatigue dans son histoire qui reste toujours aussi intéressante. Qu’il s’agisse de suivre les aventures de Forever – qui va de découverte en découverte et donc de déconvenue en déconvenue – ou de s’intéresser à l’intrigue globale avec les différents empires liés aux familles, on ne s’ennuie pas une seule seconde en dévorant ce nouveau tome.
Vous l’aurez compris, notre intérêt pour Lazarus reste intact tout comme le plaisir de lecture avec ce huitième album tellement attendu. C’est passionnant, écrit avec un style toujours aussi efficace et un rythme parfaitement dosé qui permet d’enchaîner les événements sans en faire de trop et d’alterner les intrigues sans perdre en fluidité.
Sur le plan du dessin, là aussi la qualité reste au rendez-vous ! Michael Lark est toujours en grande forme et signe un graphisme de grande qualité qui restitue toujours à merveille le climat de cette histoire. Les couleurs de Santi Arcas jouent pour pas mal dans ce rendu impeccable, portrait d’une époque qui ne donne vraiment pas envie d’y vivre !
Nous en avons parlé sur nos réseaux sociaux, mais nous tenons à saluer une fois encore cette nouvelle chance donnée à Lazarus par Urban Comics et l’effort porté à la continuité visuelle pour les lecteurs qui ont déjà les sept premiers tomes. Ce huitième tome, premier édité par le nouvel éditeur, affiche une charte graphique identique (couleur, design de la couverture, maquette) et c’est très appréciable pour ne pas dépareiller les bibliothèques.
Un excellent album, ce huitième tome est tout aussi passionnant que les précédents. Vivement la suite !
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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