Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de deux albums édités par Black River.
Au programme :
- Marjorie Finnegan : Criminelle temporelle
- Les sept lames
Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
Marjorie Finnegan : Criminelle temporelle
Tout ce que Marjorie veut faire, c'est parcourir le Temps et voler tous les objets précieux qu'elle peut. Mais son parcours de voleuse, du Big Bang au 95e Reich, ne passe pas inaperçu. Elle attire l'attention du marshall adjoint, un enquêteur acharné de la police temporelle mais aussi de son ex, un sale type. Ce dernier et son partenaire encore plus pourri ont l'intention d'utiliser sa technologie temporelle pour changer l'histoire à leur propre avantage.
Le seul allié de Marjorie ? Un gars appelé Tim. Et c'est juste une tête...
- Éditeur : Black River
- Prix : 19.90€
- Date de sortie : 09/03/2023
- Format : Couverture cartonnée, 208 pages
- Auteur(s) : Garth Ennis / Goran Sudzuka
- EAN : 9782384260232
Le voyage dans le temps, ça peut se faire calmement… ou pas !
Garth Ennis a opté pour le « ou pas » pour raconter l’histoire de Marjorie Finnegan, qui traverse le temps en mode « sale gosse » pour non seulement y voler des objets de valeur mais aussi se livrer à des plaisanteries assez insolites. De quoi permettre à l’auteur de nous faire une nouvelle démonstration de son humour décapant à travers une histoire pour le moins décalée.
Nous avons en effet droit à une galerie de personnages tous plus improbables les uns que les autres, dans une atmosphère parfois très étrange qui ne fera plus regarder le voyage dans le temps de la même façon. Oubliez donc des voyageurs du temps beaucoup plus sages et préoccupés de sa cohérence, ici grâce au réaligneur (appelé aussi désemmerdeur) finalement on peut saccager le passé sans trop de conséquences… et notre héroïne ne s’en prive pas !
Garth Ennis est connu pour sa facilité à brouiller les cartes en agitant une bonne dose d’humour très noir (voir scatologique) sous le nez du lecteur tout en lui racontant autre chose. Ici, les aventures débridées de Marjorie sont aussi l’occasion de raconter l’histoire d’une relation compliquée entre cette dernière et une super marshall qui veille sur le temps. On reste sur une approche décalée pour dépeindre leur rapports, mais il y a un fond qui a du sens derrière les bêtises.
Il s’agit néanmoins d’une histoire complètement barrée, au niveau des adversaires qui ont un plan insolite (mais là aussi bien pensé sur le fond) et sont particulièrement bizarres… et encore on ne parle pas de Tim, la tête qui est… une tête avec une histoire pas piquée des vers ! Tout est prétexte à l’auteur pour nous faire son numéro de sale gosse et livrer des moments bien trash dont il a le secret… et franchement ça fait du bien de lire une histoire avec une bonne couche de délire montrant le voyage dans le temps sous un jour nettement moins académique que dans d’autres œuvres de fiction.
On passe donc un très bon moment en suivant les aventures loufoques de la non moins loufoque Marjorie Finnegan, même si on peut trouver que par moments l’histoire est un peu fouillis. Il y a en effet quelques moments où se demande où Garth Ennis veut en venir, donnant un peu l’impression de se disperser dans le grand n’importe quoi. Mais globalement, même s’il ne s’agit pas forcément de ce que l’auteur a écrit de mieux on reste sur un très bon divertissement agréable à lire.
Côté dessin, on retrouve Goran Sudzuka qui montre un style très différent de celui que l’on voit dans des récits plus sérieux. Tout en glissant quelques touches de gore ici et là, l’artiste signe des planches très joliment dessinées reflétant très bien l’ambiance décalée de cette histoire.
Un très bon album, un peu fouillis par moments mais très agréable à lire.
Les sept lames
Pour sauver le monde, d’Artagnan devra s’allier à sept héros de cape et d’épée emblématiques tels que Don Juan ou Cyrano de Bergerac. Les SEPT LAMES devront surmonter une foule de différences et travailler ensemble pour déjouer les plans diaboliques de Richelieu.
- Éditeur : Black River
- Prix : 17.90€
- Date de sortie : 13/04/2023
- Format : Couverture cartonnée, 136 pages
- Auteur(s) : Evan Daugherty / Federico Dallocchio, Riccardo Latina
- EAN : 9782384260157
Les rencontres de personnages ne sont pas réservées au monde des super-héros, comme le montre Les sept lames.
Sous la plume d’Evan Daugherty, nous voyons en effet se monter une équipe formée de D’Artagnan, Cyrano de Bergerac, Don Juan, Catalina, le Capitaine Blood, La Maupin et Ahmed le Voleur de Bagdad. Sept lames pour une seule mission : combattre Richelieu, qui joue avec le surnaturel pour accroitre son pouvoir.
La rencontre entre Cyrano et d’Artagnan n’est pas inédite : il y a en effet notamment eu le film d’Abel Gance en 1964 où les deux rôles sont tenus par José Ferrer et Jean-Pierre Cassel, ce qui ne manque pas d’humour d’ailleurs quand on voit le casting du récent film Les trois mousquetaires. Mais là, il y a nettement plus de personnages et surtout l’utilisation du registre surnaturel pour pimenter le tout.
Grand amateur de l’œuvre d’Alexandre Dumas, Evan Daugherty a concocté une rencontre très bien rythmée entre tous ces personnages, utilisant les codes du team-up (rencontre de super-héros) pour faire se rencontrer et s’allier un casting prestigieux face à un ennemi commun. Le parti pris de mélanger ainsi les genres est pour le moins audacieux, et a le bon goût de très bien fonctionner.
Nous avons donc droit à une histoire menée tambour battant, avec tout ce qu’il faut de panache pour rendre hommage à ce contexte aventureux. Les fondamentaux des personnages sont au rendez-vous (un petit bémol sur Cyrano, mais rien de grave), et tout ce petit monde cohabite pour le plus grand bonheur du lecteur. La juxtaposition de tous ces personnages d’œuvres différentes est bien pensée, et ce rassemblement des sept lames ne fait pas du tout artificiel.
Le contexte surnaturel associé à ce récit est quant à lui une excellente idée, apportant une menace d’une ampleur encore plus grande pour justifier l’alliance de ces personnages. Cela fait du Cardinal un personnage encore moins recommandable que dans la littérature ! Là aussi, l’intégration de cette composante inédite à cet univers de cape et d’épée est bien trouvée et cela se passe sans donner l’impression d’une greffe artificielle.
Le seul défaut de cet album, est de se finir trop vite : il y a une vraie montée en pression tout au long du récit, puis ça se résout tout de même très vite. Un peu comme si on vous teasait un très gros dessert tout au long du repas et qu’au final ça se finisse avec un yaourt ! Cela reste une très bonne histoire, mais cette fin précipitée est frustrante.
Côté dessin, les planches de Federico Dallocchio et Riccardo Latina sont superbement réussies. Le contexte est très bien restitué, et le panache est au rendez-vous !
Côté bonus, outre l’introduction de l’auteur nous avons droit à une présentation des personnages, une galerie de couvertures et un carnet de croquis.
Un très bon album, qui offre une bonne dose d’aventure malgré une fin un peu rapide.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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