Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de quatre albums.
Au programme :
- A walk through hell tome 1 (Black River)
- Far Cry – Le rite initiatique (Black River)
- The Cape : Fallen (Hi Comics)
- Adventureman tome 2 (Glénat)
Toutes les semaines, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie ! la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.
A walk through hell tome 1
Les agents spéciaux Shaw et McGregor sont désormais en charge des affaires courantes, et c'est exactement ce que Shaw aime. Elle a presque 40 ans, à la limite de l'épuisement et les souvenirs effroyables de sa dernière enquête la hantent comme des ombres. McGregor, quant à lui, est plus jeune et plus dévoué : il s'accroche à une certaine forme d'idéalisme, quoi que le monde puisse lui faire subir.
Lorsque deux de leurs collègues disparaissent dans un entrepôt de Long Beach, Shaw et McGregor sont envoyés pour enquêter. Mais ils sont loin d’imaginer ce qui les attend et les deux agents vont se confronter à une terreur dépassant leurs plus terribles cauchemars, dans un lieu où la nuit pourrait ne jamais se terminer.
- Éditeur : Black River
- Collection : Imaginaire
- Prix : 18.90€
- Date de sortie : 25/08/2022
- Format : Couverture cartonnée, 136 pages
- Auteur(s) : Garth Ennis / Goran Sudzuka
- EAN : 9782384260102
Deux agents du FBI en mission qui entrent dans un entrepôt, c’est banal… ou c’est le point de départ d’un inquiétant voyage au royaume de l’horreur.
Mais on ne parle pas que de cela dans ce premier tome, car l’histoire est en fait bien plus complexe. Il est question de plusieurs intrigues où les deux agents jouent un rôle, notamment la traque d’un criminel aux actes abominables. Le passé et la personnalité même des deux agents sont explorés, ce qui a son importance pour la suite.
Au scénario de A walk through hell, on retrouve Garth Ennis et rien que la présence de son nom est un signal sur la qualité de l’histoire (il a tout de même signé des petites choses comme Punisher, Preacher, Hellblazer, War Stories…). L’auteur ne va en effet pas se contenter de raconter une banale histoire qui fait peur – même si pour le coup cet aspect fonctionne très bien, croyez-moi ! – mais va au contraire explorer la notion même de l’horreur sous différentes formes.
La structure de ce premier volet est particulièrement déstabilisante, car l’auteur fait des allers/retours dans sa narration qui n’est pas linéaire la plupart du temps. On découvre donc ce qui se produit par toutes petites touches, et à chaque fois qu’on croit que c’est parti pour poursuivre ce qui est commencé, l’auteur nous entraine ailleurs !
Si on devait résumer ce premier tome, sans avoir peur d’employer un lieu commun on pourrait dire que l’horreur est humaine. Garth Ennis, comme à son habitude, livre une analyse implacable des ténèbres qui se tapissent dans l’âme humaine et s’il y a des éléments qui sont d’un registre irréel il y a des choses qui sont par contre tout à fait réelles, ce qui provoque un malaise certain.
Comme indiqué plus haut, l’histoire progresse d’une façon surprenante et on peut probablement y voir une volonté de l’auteur de déstabiliser le lecteur autant que les personnages. Jusqu’à ce qu’on arrive à des choses plus concrètes au sujet de cet entrepôt, tout est suggéré et il est bien connu que c’est à ce moment là que le lecteur se fait son petit cinéma dans sa tête… et a encore plus peur !
Maniant des thématiques qu’il emploie dans d’autres travaux, l’auteur livre un premier tome captivant articulé autour du tour de force consistant à alimenter la volonté du lecteur de progresser dans sa lecture avec sa propre frustration de se faire bananer par la narration qui ne prend jamais la direction souhaitée.
Qu’il s’agisse des histoires qui se passent en dehors de cet entrepôt ou de ce qui finit enfin par y être raconté, A walk through hell mérite largement son titre (en VF cela signifie Une promenade en enfer) et entraine le lecteur dans une promenade tendue au cœur de terrifiantes ténèbres. C’est passionnant, très bien raconté et cela donne envie d’en lire davantage… mais en plein jour et avec toutes les lumières allumées !
Le graphisme de ce premier tome est signé Goran Sudzuka, qui nous livre des planches au dessin en parfaite adéquation avec le scénario. L’ambiance effrayante – et même horrifique – est parfaitement restituée, et s’il y a quelques dessins un peu crado – voire dérangeants pour certains – il y a tout de même une volonté de ne pas faire peur en ne reposant que sur des projections de liquides et d’organes… et une fois encore, c’est l’horreur qu’on ne voit pas qui fait le plus peur !
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par une galerie de couvertures, un carnet de croquis et des démonstrations du processus créatif partant du script pour arriver aux planches.
Un excellent album, où Garth Ennis joue avec les nerfs du lecteur dans une atmosphère savamment construite
Far Cry - Le rite initiatique
Le jeune Diego Castillo vient d’avoir treize ans, mais cet anniversaire signifie plus qu’une simple célébration – pour le fils unique d’El Presidente, Antón Castillo, c’est un rite initiatique. Antón emmène Diego vivre une aventure qui lui apprendra d’importantes leçons sur le leadership. Leçons qui commencent toutes par des récits édifiants au sujet d’autres hommes célèbres : Vaas Montenegro, un pirate ; Pagan Min, un dictateur ; et Joseph Seed, un prédicateur.
À l’écoute de ces leçons, Diego sera-t-il capable d’accepter son destin ?
- Éditeur : Black River
- Prix : 15.90€
- Date de sortie : 25/08/2022
- Format : Couverture cartonnée, 80 pages
- Auteur(s) : Bryan Edward Hill / Geraldo Borges
- EAN : 9782384260096
Cet album propose un petit tour dans l’univers des jeux vidéo Far Cry, avec une collection d’origines !
Comme l’indique le titre de l’album, Bryan Edward Hill signe ici une histoire initiatique : le jeune fils d’Anton Castillo, le dictateur qui est le « méchant » du jeu Far Cry 6, reçoit de son père une leçon de vie censée faire de lui un homme comme lui.
Le principe de l’histoire initiatique tel qu’il est employé dans cet album permet en fait de livrer l’air de rien trois récits d’origines sur des « méchants » d’autres jeux Far Cry : le pirate Vaas Montenegro, le dictateur Pagan Min et le prédicateur Joseph Seed.
Nous avons donc droit à trois récits successifs, où Anton Castillo raconte à son fils comment les personnages en question sont devenus tels que les joueurs les connaissent dans les jeux où ils apparaissent. Les trois personnages ont chacun un contexte tout à fait différent, ce qui permet au narrateur – Anton Castillo – de souligner des points différents dans la leçon de vie qu’il souhaite donner à son fils.
Pour être parfaitement honnête, l’album est principalement adressé aux joueurs de Far Cry souhaitant approfondir cet univers. Lorsqu’on ne connait absolument pas les jeux, on se retrouve face à une histoire initiatique banale et accumulant les clichés du dictateur éduquant son fils afin qu’il prenne sa relève plus tard.
L’album n’est pas non plus désagréable à lire, mais sans avoir le contexte des jeux ce n’est pas non plus palpitant. Cette lecture est donc en priorité adressée aux joueurs, le lecteur occasionnel aura probablement davantage de mal à s’y plonger.
Le dessin, signé Geraldo Borges, est quant à lui soigné et restitue parfaitement l’ambiance des trois récits d’origines.
Un bon album, pas désagréable à lire et joliment dessiné mais dispensable lorsqu’on n’est pas joueur de Far Cry.
The Cape : Fallen
Après avoir commis l’irréparable, Eric Chase disparaît. En pleine confusion, il part se réfugier dans le lieu où, avec son frère, ils ont passé leurs dernières vacances en compagnie de leur père. Mais la cabane de son enfance est désormais occupée par un groupe de rôlistes, et le voilà invité à participer à un jeu grandeur nature. Au milieu de la forêt, coupé de la réalité, Eric parvient à s’intégrer… jusqu’à ce qu’il impose ses propres règles. Le jeu de rôle devient alors jeu de massacre.
- Éditeur : Hi Comics
- Prix : 19.95€
- Date de sortie : 24/08/2022
- Format : Couverture cartonnée, 104 pages
- Auteur(s) : Jason Ciaramella / Zach Howard
- EAN : 9782378872014
Nouvel album dans l’univers de The Cape, Fallen raconte une histoire se déroulant pendant une brève parenthèse.
Eric Chase, le personnage principal de The Cape, est donc de retour pour un récit qui s’intercale entre deux chapitres de l’histoire principale. On retrouve donc le détenteur de cette cape qui donne des pouvoirs alors qu’il cherche à revivre un épisode de son passé.
Contrairement à ce que la couverture de l’album laisse penser, ce n’est pas Joe Hill qui est à la barre mais Jason Ciaramella, comme pour The Cape. Cette fois, il ne s’agit pas d’une adaptation d’une nouvelle de Joe Hill mais on reste dans le même registre avec cette nouvelle histoire dont l’ambiance est résolument sombre.
Car bien entendu, Eric Chase ne perd pas beaucoup de temps avant de retomber dans ses travers et sa rencontre avec un groupe de rôlistes vire très vite au pugilat. Comme dans l’œuvre-mère, le personnage est tout de même bien malsain et prend très au sérieux son rôle de « méchant ».
Bien entendu, on ne va pas vous raconter toute l’histoire mais quand on connait The Cape on se doute de ce qui va se produire ! D’ailleurs, si vous n’avez pas lu The Cape – ce qui serait dommage – vous raterez quelques détails mais l’histoire peut se lire tout de même.
Comme on dit souvent, lorsqu’on connait le point de départ et l’arrivée c’est davantage le voyage qui a son importance et c’est une fois encore le cas dans ce récit : on sait en effet très bien qui est Eric Chase et ce qu’il devient, mais il est intéressant de le voir se complaire ici dans ses actes de violence gratuite.
Fallen est une histoire captivante, où même si on se doute de ce qui va se passer on se laisse porter par le récit implacable de cette rencontre qui vire au cauchemar. On appréciera d’ailleurs au passage l’intégration des codes du jeu de rôle (ici sous sa déclinaison GN, Grandeur Nature) qui apporte une touche originale à ce qui aurait pu se contenter d’être l’histoire d’un super qui pète les plombs.
La partie graphique est de son côté signée Zach Howard, le dessinateur de The Cape, on est donc en terrain connu ! Les planches sont soignées, avec une représentation bien pensée pour les scènes de jeu de rôle, et sans surprise vu la violence de l’histoire il y a des passages… goûtus !
Un excellent album, complétant les violentes aventures d’Eric Chase avec un chapitre très sombre.
Adventureman tome 2
Que se passe-t-il après la fin du monde ? Pour Claire Connell, l’Apocalypse signifie devenir l’héritière du légendaire héros de pulps Adventureman. Aujourd’hui, elle découvre que reprendre le flambeau d’Adventureman signifie que c’est elle qui doit affronter ses ennemis, passés ET présents…
- Éditeur : Glénat
- Collection : Hors collection
- Prix : 19.95€
- Date de sortie : 14/09/2022
- Format : Couverture cartonnée, 168 pages
- Auteur(s) : Matt Fraction / Terry Dodson
- EAN : 9782344054307
Après un premier album très réussi, nous retrouvons la suite des aventures de l’héritière du légendaire Adventureman.
Dans la première partie de l’album, Matt Fraction conclut l’arc entamé dans le tome précédent. La conclusion est tout à fait à la hauteur du reste de l’arc, avec des personnages typiquement « pulps » et une patine d’aventure intemporelle à l’efficacité redoutable.
Puis on part dans de nouvelles aventures, introduisant ainsi de nouveaux personnages. Les idées qui servent de socle à cette partie sont très pertinentes et sont très bien exploitées, en restant toujours dans les thématiques qui sont au cœur de la série.
Parmi ces thématiques, celle de la famille est une fois encore mise en avant à travers les personnages qui constituent celle de Claire, alias Adventureman (ou Adventurem’an comme elle est affectueusement surnommée). C’est plutôt malin qu’une série au titre suggérant un héros solitaire soit en fait un récit choral reposant sur l’importance de chacune des voix.
Il est également pas mal question de mystère, avec de nouvelles menaces insolites nécessitant une enquête de nos héros. L’ambiance de cet album mélange l’aventure pure avec le fantastique, et cela fonctionne vraiment très bien. On n’est de fait pas vraiment dans le registre de bagarres de super-héros (même s’il y a de l’action), mais plutôt dans celui de la matrice dont descendent les récits super-héroïques.
Comme indiqué plus haut, de nouveaux personnages sont introduits dans cet album, dont un autre héros appelé le Duelliste. On retrouve avec lui aussi les thématiques de l’héritage et de la famille, et cet ajout à la mythologie d’Adventureman fonctionne à merveille. Il forme en outre un duo plus qu’efficace avec l’héroïne de la série, les deux personnages montrant une belle alchimie.
Amateurs d’Aventure avec un grand A, cet album est fait pour vous, à l’image du tome précédent. C’est fun, mené à un rythme endiablé et le concept fonctionne à merveille. La bonne vieille recette de l’aventure façon pulp a de beaux restes et fonctionne toujours aussi bien, comme le prouve cet album passionnant.
La partie graphique de l’album, signée Terry Dodson, est quant à elle absolument splendide. Les planches sont magnifiquement dessinées, le style de l’artiste se prêtant à merveille à l’ambiance de la série. En outre, le grand format permet au lecteur d’en prendre plein les yeux en savourant ce superbe travail.
Côté bonus, cet album nous offre un fantastique voyage dans l’envers du décor avec une présentation détaillée des coulisses d’Adventureman. Nous retrouvons ainsi la présentation détaillée de la création d’une planche par Terry Dodson, les origines de la série par Matt Fraction, la création d’une couverture… de quoi appréhender au mieux le processus créatif qui a donné naissance à Adventureman.
Un excellent album, dont l’ambiance pulp procure un moment de lecture particulièrement agréable.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous lundi prochain !
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