Critique sans spoilers du film Comment je suis devenu super-héros, réalisé par Douglas Attal et sorti en 2021 sur Netflix.
Avec Pio Marmaï, Vimala Pons, Benoît Poelvoorde, Leïla Bekhti, Swann Arlaud, Clovis Cornillac, Gilles Cohen…
À Paris en 2020, alors que les surhommes sont désormais parfaitement intégrés à la société une mystérieuse substance donne des super-pouvoirs à ceux qui n’en ont pas. Les policiers Gary Moreau et Cécile Schaltzmann mènent l’enquête sur les incidents provoqués par cette substance, aidé par deux anciens justiciers. Mais Moreau cache un secret qui va ressurgir lors de cette enquête.
Comment je suis devenu super-héros : un polar français avec des super-pouvoirs
Dès le début du film, s’il est bien entendu question de super-pouvoirs dans une société où ils sont parfaitement acceptés on est plongés dans un registre de polar. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’il s’agit avant-tout d’un polar à la française qui ne renie pas son identité pour tendre vers un mimétisme envers ses cousins d’outre-Atlantique. Loin de moi l’idée de crier « cocorico » en disant cela, il est plutôt question de mettre en avant le fait que les scénaristes n’aient pas cherché à faire une photocopie de film américain en adoptant des us et coutumes et des procédures qui auraient sonné faux par chez nous.
La composante « super-pouvoirs » de l’intrigue est quant à elle très bien intégrée, en étant le moteur de l’histoire et justifiant toute la partie « enquête » du film. Les effets spéciaux qui matérialisent les dons des personnages sont d’ailleurs très bien faits, mais on en reparle plus bas… 😉
Une bonne intégration des codes du genre et des influences multiples
Forcément, lorsque l’on parle de super-héros il y a des codes associés au genre. Ce qui est normal, car chaque genre a ses codes et passages obligés. Comment je suis devenu super-héros ne déroge pas à la règle et affiche une bonne utilisation des codes super-héroïques. Le cahier des charges d’une histoire de super-héros est donc respecté, avec entre autres les éléments liés à la thématique des justiciers qui se sont rangés des voitures mais pas seulement. Les scénaristes ont bien fait leurs devoirs, car tout ceci est parfaitement traité et ne sonne jamais faux.
Ici et là on devine quelques influences probables du film : Watchmen, Daredevil et Batman sont revendiqués par Douglas Attal mais on retrouve également des éléments qui font penser à Spider-Man (une blague amusante au détour d’un dialogue), Top ten, Alias (l’arc avec le MGH), New X-Men (l’histoire avec le kick) mais surtout Powers avec son duo d’enquêteurs sur des affaires liées aux surhommes. Le film est adapté d’un roman de Gérald Bronner que je n’ai malheureusement pas lu, donc je ne saurais dire si ces influences proviennent du roman ou si elles ont été ajoutées lors de son adaptation.
Un très bon casting
En tête de distribution, nous retrouvons Pio Marmaï et Vimala Pons dans le rôle des deux policiers qui mènent l’enquête. Les deux comédiens sont à l’aise dans leur rôle, et le côté torturé et décalé du premier complète très bien le côté ronchon de la deuxième. Bien entendu, on est dans le registre « buddy movie » par moments avec deux collègues qu’on force à travailler ensemble et sont comme chien et chat au début, mais c’est une recette qui a le bon goût de fonctionner grâce au talent des comédiens.
Du côté des anciens justiciers, Leïla Bekhti et Benoît Poelvoorde sont impeccables, avec une mention spéciale pour ce dernier qui offre une prestation époustouflante en ancien super-héros décalé sans toutefois sombrer dans l’exubérance à laquelle il nous a habitués dans certains de ses rôles. Le reste de la distribution n’est pas en reste, tout le monde tient son rôle avec justesse.
Comment je suis devenu super-héros : bien ficelé et bien fait
Dès le début du film, l’histoire est captivante et on se prend vite au jeu en suivant le personnage de Moreau dans son quotidien terne tandis que l’intrigue super-héroïque arrive assez vite : en parallèle d’abord, puis avec une convergence de plus en plus marquée d’éléments qui semblaient éloignés au départ. Le film bénéficie également d’un rythme efficace, jamais plombé par les passages plus calmes qui aident à poser l’histoire afin de bien en appréhender les tenants et aboutissants. Le fin mot de l’histoire est par ailleurs bien trouvé, et fonctionne bien.
Sur le plan visuel, comme indiqué plus haut les super-pouvoirs sont vraiment très bien représentés. Les pouvoirs présents dans le film sont bien choisis, et leur représentation permet de bénéficier de passages qui rendent vraiment très bien à l’écran. Par ailleurs, même si certains décors semblent suggérer que des choix ont été faits pour compenser les effets spéciaux ça ne fait pas cheap non plus. Dans le domaine, on est très au-dessus du fauché Invisible girl (autre film européen de super-héros) et puis on en parle des épisodes des séries de l’Arrowverse qui se passent dans des bunkers après qu’un personnage se soit envolé ou ait envoyé des lasers ? 😉 Le film bénéficie d’un visuel qui tient la route, et on ne se dit jamais que cela fait faux.
En conclusion
Comment je suis devenu super-héros est une très bonne surprise, avec une bonne assimilation des codes du genre sans pour autant renier son identité ni sombrer dans la repompe pure et simple. Bien fait et agréable à regarder, le film remplit son contrat de divertissement.
Le film adopte d’ailleurs ces codes en allant jusqu’à proposer lui aussi une scène post-générique, qui est bien sympa donc on reste bien jusqu’à la fin du générique !
Watchtower Comics a besoin de vous !
Watchtower Comics est un site autofinancé et indépendant, qui vous offre depuis 2006 des contenus quotidiens sans publicité et des services gratuits.
Tout ceci coûte cher et nous avons besoin d'aide pour poursuivre notre activité.
Vous appréciez notre travail et vous voulez nous soutenir ? Faites un don sur notre page Tipeee !
Derniers commentaires