Le lundi c’est librairie ! Au programme cette semaine :
- These savage shores (Hi Comics)
- Mercy tome 1 (Glénat Comics)
These Savage Shores | ||
Hi Comics 176 pages – 17.90€ Ram V. |
Sur les rives de l’Indus, les jours sont brûlants, et les nuits, pleines de crocs. 1766. Deux siècles après l’arrivée du premier navire européen sur les côtes de Malabar et l’implantation des colons à Calicut, la Compagnie des Indes cherche à protéger ses intérêts économiques sur la Route de la Soie. Un vampire embarque sur un bateau de la Compagnie, dans l’espoir de redémarrer de zéro sur ces nouvelles terres prometteuses. Mais il comprendra vite que les rives de l’Indus abritent des démons et des créatures légendaires bien plus anciennes et plus puissantes que lui.
Avec These savages shores, partons pour un voyage vers l’Inde du dix-huitième siècle et ses légendes dont nous vous parlions la semaine dernière.
Sous la plume de Ram V. le lecteur est donc invité à revenir à une lointaine époque coloniale où l’Inde vivait sous le joug européen tout en étant le théâtre de divisions internes. Mais c’est aussi l’occasion de mettre en scène un contexte de mystères propre à cette région, avec une créature surnaturelle qui se retrouve confrontée à des créatures européennes avec lesquels le public est plus familier : des vampires.
La narration de The savages shores est peu commune pour de la BD : il s’agit en effet d’une histoire racontée sous forme épistolaire, où nous assistons à des événements qui sont appuyés par une narration issue de la correspondance entre plusieurs personnages. Cette narration est donc orientée en fonction du rédacteur de la lettre, et donc offre un point de vue différent. Ca a l’air complexe en la décrivant, mais en fait la narration de l’album est d’une fluidité exemplaire et cette touche épistolaire qui ne ralentit pas la lecture apporte un cachet historique très en phase avec l’époque où se déroule ce récit.
Mais These savages shores n’est pas juste une histoire de baston de créatures surnaturelles : les personnages sont soignés, et Ram V. a pris soin de dresser un parallèle pertinent entre ce qui se passe à l’échelle des personnages eux-mêmes et les conflits qui agitent la région. Dans un cas comme dans l’autre, ce qui peut sembler être une victoire sur le moment peut très bien avoir un goût très amer par la suite.
Cet album est vraiment passionnant, avec un très bon dosage entre les scènes d’action et les moments plus calmes et une narration orchestrée avec beaucoup d’efficacité par son métronome épistolaire.
Le dessin de l’album est signé Sumit Kumar, qui nous régale de superbes planches qui donnent vie aux mots du scénariste. Qu’il s’agisse de mettre en scène les créatures étranges qui hantent les pages de l’histoire ou de signer des décors provenant de temps anciens, l’artiste est très inspiré pour signer des dessins magnifiquement réalisés.
Un excellent album, qui emmène le lecteur dans un beau voyage à l’atmosphère envoûtante
Mercy tome 1 | ||
Glénat Comics 64 pages – 14.95€ Mirka Andolfo |
Jusqu’à quel point peut-on changer par amour ?
Alaska, fin du XIXe siècle. Hellaine, une femme d’apparence noble et aux origines mystérieuses, débarque dans la petite ville de Woodsburg non loin de l’épicentre de la ruée vers l’or du Klondike, Dawson City. Elle cherche à acheter la concession d’une mine à l’abandon. Car ce que tout le monde ignore, c’est que sous les décombres se cache un lac souterrain donnant accès à une autre dimension peuplée d’êtres cauchemardesques. Hellaine est en réalité l’un de ces êtres. Et manifestement, elle a un plan. Un plan qui va être bouleversé par l’apparition de Rory, une jeune orpheline amérindienne pour qui Hellaine va se prendre d’affection après l’avoir délivré des griffes de son agresseur…
Nous vous en parlions samedi dernier, revenons sur le premier tome de la série Mercy.
Mirka Andolfo, dont nous avons déjà parlé à l’occasion de la chronique de Contro natura, nous plante ici le décor d’une histoire pleine de mystères dans l’Alaska du dix-neuvième siècle. Dès le début de l’album, le lecteur se rend compte qu’il se passe des choses étranges dans la ville de Woodsburg.
Au fur et à mesure de l’avancement du récit, le mystère semble s’épaissir et les questions que le lecteur peut se poser au sujet de cette histoire ne trouvent pas forcément les réponses qu’il attend. Certes, on se doute assez facilement que les mystérieux nouveaux arrivants dans la petite ville ne sont pas exactement ce qu’ils prétendent être, mais il y a tout de même quelques surprises.
L’ambiance de l’histoire est très particulière, avec une tension certaine face aux mystères de cette petite ville qui n’est pas aussi tranquille qu’elle ne le parait. Il y a une très bonne reconstitution du contexte du dix-neuvième siècle (notamment concernant deux personnages méprisés de par leurs origines) qui est propice à l’installation d’un climat de peur face à l’inconnu.
Ce premier album, frustrant par sa brièveté, est passionnant et constitue une excellente entrée en matière. Mirka Andolfo plante le décor de la série avec une grande efficacité, qu’il s’agisse du cadre de l’histoire ou de la présentation des personnages. On peut plus ou moins se douter de quelques développements à venir, mais il reste une vaste marge de manœuvre à l’autrice pour surprendre le lecteur.
En ce qui concerne le graphisme, là aussi nous sommes gâtés grâce aux fabuleux dessins de Mirka Andolfo. Les planches sont superbement réalisées, avec un style qui semble influencé par le manga comme en témoignent notamment les visages des personnages.
Les décors sont tout aussi réussis que les personnages, et la colorisation est quant à elle magnifique et contribue grandement à l’atmosphère de l’album.
Un excellent album, plein de mystères et de promesses pour la suite de la série
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le programme de la semaine prochaine sera articulé autour d’un seul album, qui vous sera révélé lundi prochain !
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