Critique garantie sans spoilers de la saison 2 de The Boys, diffusée en 2020 sur Amazon Prime Video.
Avec Karl Urban, Jack Quaid, Laz Alonso, Tomer Kapon, Karen Fukuhara, Antony Starr, Erin Moriarty, Dominique McElligott, Jessie T. Usher, Chace Crawford, et Aya Cash .
Les super-héros existent, mais ne sont pas pour autant aussi nobles et héroïques qu’on essaie de le faire croire. Après les événements de la saison 1, la petite équipe qui lutte contre les « supers » va avoir affaire à forte partie avec la nouvelle recrue des Sept et les agissements de la toute puissante société Vought International.
Boys are back in town (*)
On les attendait de pied ferme après la conclusion de la saison 1, ils sont de retour et ne se sont pas calmés ! La bande de Billy Butcher est revenue pour faire face aux « supers » et lutter contre les manigances de Vought International, la tentaculaire société qui fait son beurre avec les surhumains. Cette fois, ce face-à-face prend une tournure plus personnelle, certains membres de l’équipe étant touchés par les répercussions des agissements du camp adverse.
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Butcher, incarné par Karl Urban rendant son personnage terrifiant (mais qu’on apprend à comprendre, notamment avec des scènes touchantes), occupe le terrain en compagnie de Hughie (Jack Quaid) qui est toujours parfait dans sa découverte du monde des « supers » qui se solde souvent par une projection de fluides corporels et/ou organes sur lui. « La fille » (Karen Fukuhara) tient une place également importante dans une partie des intrigues de la saison, tandis que par contre « La Crême » (Laz Alonzo) est en retrait. Quant au « Français » (Tomer Kapon), par contre c’est le maillon faible de l’équipe : le personnage est inintéressant et caricatural au possible, et son interprète baragouine du français avec un accent à couper au couteau.
Des adversaires qui carburent au « super »
Dans le camp d’en face, on retrouve les personnages de la saison 1 mais aussi des nouveaux et surtout une nouvelle : Stormfront, incarnée par Aya Cash. Cette dernière déploie un talent tout particulier pour rendre son personnage détestable à un point qu’on lui souhaite tous les malheurs du monde (au personnage hein, pas à la comédienne). Lamplighter, campé par l’ex-Iceman Shawn Ashmore, est quant à lui un personnage très surprenant mais très pertinent dans la critique de la société américaine.
Parmi les revenants, Homelander continue son voyage au pays de la folie furieuse sous les traits d’un Anthony Starr magistral. Queen Maeve (Dominique McElligott) est quant à elle très surprenante et touchante et A-Train (Jessie T. Usher) et The Deep (Chace Crawford) se détachent peu à peu de leur image respective de salaud de service et de ressort comique de la série. Quant à Black Noir (Nathan Mitchel), il fait toujours autant froid dans le dos et il s’avère qu’on peut le ranger dans les divergences marquées entre la série télévisée et les comics. Et même si ce n’est pas un super, le personnage de Stan Edgar (Giancarlo Esposito) prend de l’ampleur dans cette saison et est souvent tout aussi terrifiant qu’un surhumain déchaîné.
Et au milieu des deux camps, quoiqu’il faille assez vite qu’elle en choisisse un, on retrouve Starlight (Erin Moriarty). Avec Butcher et Hughie, Starlight est un personnage majeur de cette saison, qu’il s’agisse de la voir en héroïne badass qu’il vaut mieux éviter de provoquer mais aussi en étant le pendant de Hughie pour l’apprentissage des réalités du monde. La comédienne est vraiment très convaincante dans son rôle, et forme un joli duo avec Jack Quaid dans celui de Hughie.
The Boys : Sang, tripes et boyaux… mais pas que !
Les téléspectateurs de The Boys version série TV risquent de se faire abuser de la même façon que les lecteurs de The Boys version comics, en s’arrêtant à son côté outrancier : Oui, The Boys c’est trash, très trash même, mais ça ne résume pas qu’à une suite de projection de tout ce que peut contenir un corps humain (ou animal). Il y a tout un discours caché derrière ce côté outrancier, un discours qui ne fait pas dans la dentelle non plus !
Et dans la matière, The Boys ne fait pas de jaloux et tape sur tout le monde : les grandes sociétés et leurs astuces de communication (on peut penser que Vought International tire sur Disney et/ou Warner, avec d’ailleurs une petite pique sur Justice League), les groupes religieux (difficile de ne pas reconnaître la Scientologie), les parents qui façonnent leurs enfants bien au-delà de leur bien-être, les magouilles de barbouzes, les influenceurs… La saison 2 de The Boys reprend et complète le discours de la première saison en dressant un portait au vitriol des dérives de la société américaine.
Le début d’un des épisodes est d’ailleurs particulièrement glaçant en dépeignant l’impact des campagnes média calibrées sur les esprits fragiles. Certes, on parle ici de surhumains, mais on devine très facilement que derrière ce fin voile se cache l’évocation de situations dramatiquement bien réelles.
Une adaptation très très très très lointaine
Lors de la saison 1 de The Boys, nous avions déjà pu constater que les scénaristes avaient choisi de diverger fortement du comic book d’origine tout en conservant globalement son esprit. La saison 2 de la série va encore plus loin et diverge complètement de la création de Garth Ennis et Darick Robertson : personnages différent, intrigues différentes et même discours différent. On ne retrouve en effet pas vraiment le discours anti-guerre de Garth Ennis, les scénaristes de la série tapant ailleurs même s’il y a toutefois des similitudes.
A ce titre, on pourra retrouver deux absents de la saison 1 : Terreur et Boudin d’amour. Mais tandis que le second n’a qu’un très lointain rapport avec son modèle de papier (et on va dire que cette version n’est pas forcément du meilleur goût), le premier n’apparait que très brièvement dans la saison. Et même si les scénaristes se sont fendus d’un clin d’oeil salace à la version comics du chien taré de Butcher, on a davantage l’impression d’un rajout un peu forcé pour contenter les fans.
Ce manque de fidélité n’est pas forcément un problème, encore que la version Ennis de Boudin d’amour était hilarante, la série assumant maintenant complètement son émancipation du matériel d’origine et offrant tout de même une pertinence certaine dans son discours savamment planqué derrière les scènes trash. Par contre, le comic book avait un côté sale gosse avec une surabondance d’humour très noir, qui est presque totalement absent à l’écran – même s’il surnage notamment dans une scène outrancière de la fin de la saison – et ça c’est un peu dommage.
En conclusion…
S’éloignant pratiquement complètement du comic-book d’origine, la saison 2 de The Boys continue sur sa lancée en corsant davantage la recette de la saison précédente. Ca reste intéressant, avec une critique acide et pertinente de notre société entre deux projections de sang.
(*) Vous avez la référence ? Venez en parler dans les commentaires ! 😉
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