Le premier semestre 2016 est plutôt chargé en films de super héros, et c’est donc au tour des X-Men de faire parler d’eux sur le grand écran. Depuis la fameuse scène post-générique de Days of future past, ce film était attendu de pied ferme par le public, d’autant que ce volet met en scène des personnages des premiers films X-Men dans des versions rajeunies.
Il faut être honnête : X-Men – Apocalypse est le moins réussi de la série de films initiée par X-Men – Le commencement. Il faut dire aussi que ce dernier et Days of future past avaient mis la barre suffisamment haut pour que n’importe quel film passant derrière soit un véritable défi en terme de qualité, mais X-Men – Apocalypse a également des défauts qui lui sont propres et viennent le plomber.
En soit, ce n’est pas un mauvais film, même s’il est un peu trop long, et il reste bien au-dessus de X-Men 3 contrairement à ce que j’ai pu entendre ici et là. Mais le souci est que Bryan Singer semble avoir du mal à gérer le grand nombre de personnages au menu de son film, et certains qui ont pourtant été au coeur de la campagne de teasing comme Psylocke ou Angel (à un niveau moindre concernant ce dernier) sont à la limite du cameo tellement ils ne servent à rien. Du coup, le film souffre de la comparaison avec Civil War où par contre l’imposant casting est très bien géré. Quant à Apocalypse, il n’est pas franchement effrayant et ses motivations semblent tout aussi obscures que ses pouvoirs. Et pendant qu’on y est, inutile de chercher la moindre cohérence dans la timeline globale de l’univers des X-Men au cinéma, car elle semble irrémédiablement bousillée (sans oublier les personnages qui ne vieillissent pas).
Cependant tout n’est pas à jeter, loin de là : Sophie Turner est épatante en Jean Grey, Evan Peters est toujours un excellent Quicksilver et malgré les longueurs l’histoire tient plutôt bien la route, mais on a perdu la fraicheur de X-Men – Le commencement et le souffle épique de Days of future past, ainsi que l’aspect politique des actions des mutants de ces deux films. Les pouvoirs des mutants sont très bien rendus à l’écran, et même si on n’évite pas certaines facilités les années 80 sont bien reconstituées.
Sans aller aussi loin que les personnes qui voient une vraie catastrophe dans ce film, voire même le chant du cygne des mutants au cinéma (ce qui ne risque pas d’arriver, les X-Men ont tout de même survécu au premier Wolverine et à X-Men 3 !), je dirais juste que le film ne tient pas ses promesses mais qu’il constitue tout de même un spectacle fort honorable et qu’on passe un bon moment en compagnie des Enfants de l’atome.
Comme à l’accoutumée, le film a une scène post-générique (tout à la fin du générique donc soyez patients) et il semble qu’elle annonce des choses intéressantes à venir.
Depuis les origines de la civilisation, Apocalypse, le tout premier mutant, a absorbé de nombreux pouvoirs, devenant à la fois immortel et invincible, adoré comme un dieu. Se réveillant après un sommeil de plusieurs milliers d’années et désillusionné par le monde qu’il découvre, il réunit de puissants mutants dont Magneto pour nettoyer l’humanité et régner sur un nouvel ordre. Raven et le Professeur X vont joindre leurs forces pour affronter leur plus dangereux ennemi et sauver l’humanité d’une destruction totale.
LA SUITE DE L’ARTICLE CONTIENT DES REVELATIONS SUR L’INTRIGUE (SPOILERS)
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L’histoire
Dès le début, le film nous présente son nouveau vilain, à savoir Apocalypse, dans une scène antique carrément bien fichue avec en outre quatre cavaliers particulièrement réussis. Le décor est alors planté pour une histoire tournant autour d’une menace millénaire… ou pas car finalement le cœur de l’histoire reste le même que dans les deux films précédents : le trio Charles – Raven – Erik et Apocalypse n’est ni plus ni moins que ce qui va leur permettre de se réunir une fois encore, même si le recrutement d’Erik par Apocalypse le fait passer une nouvelle fois du côté obscur avant une énième rédemption qui fait se demander si ce bon vieux Magneto ne serait pas tout aussi bipolaire que Namor sous la plume de John Byrne.
La trame du film met également l’accent sur l’importance de s’accepter soi-même quand on est différent, ce qui est une nouvelle fois symbolisé par Raven et son refus d’assumer sa forme bleue (on peut aussi être cynique et se dire que c’est plus « rentable » d’amortir le cachet de la très bankable Jennifer Lawrence en montrant au maximum son vrai visage plutôt qu’une version grimée).
L’histoire du film souffre tout de même de plusieurs défauts : déjà, on peut oublier toute cohérence avec les premiers films X-Men, mais aussi avec Days of future past, ce qui est plus gênant. Mais il y a aussi des passages un peu gros comme Moira qui « réveille » Apocalypse juste en oubliant de fermer une trappe, le côté « too much » du nouveau moment de gloire de Quicksilver lors de l’explosion de l’école (ça se sent vraiment qu’il fallait faire plus que dans Days of future past) ou tout simplement l’énième revirement de Magneto. Les motivations d’Apocalypse sont aussi plutôt obscures, et son credo de la survie du plus fort n’est abordé que très brièvement, presque à la sauvette.
Mais tout n’est pas non plus mauvais dans cette histoire : elle aurait très certainement gagné à être amputée d’une bonne demi-heure, mais elle n’est pas inintéressante et il y a de très bons moments comme – contre toute attente – le cameo de Wolverine qui nous offre enfin ce qui était attendu de longue date, à savoir son évasion du projet Weapon X. En somme, même si nous n’avons pas la qualité des deux films précédents, l’histoire est suffisamment prenante pour que le film se laisse regarder sans déplaisir.
A noter au passage une vanne pas forcément subtile sur X-Men 3 au détour d’un dialogue, que personnellement je trouve assez déplacée. Oui X-Men 3 est une catastrophe, mais 1) Personne n’a obligé Bryan Singer à laisser tomber le film pour aller faire son Superman (surtout quand on voit le résultat) et 2) Quand on se permet ce genre de pique, autant être irréprochable et ce n’est pas le cas du film.
Les personnages
Concernant les personnages, X-Men – Apocalypse est le film des retours en arrière. On se croirait à nouveau dans X-Men – Le commencement avec Charles qui fait à nouveau son grand show de cabotinage comme dans X-Men – Le commencement (et est pénible à jouer avec sa chaise roulante), Raven qui boude son apparence mutante et Erik qui en veut une nouvelle fois à la Terre entière. Du coup à quelques exceptions près, on peut dire que le traitement des personnages plombe le film. Il est également vraiment bizarre de ne pas avoir cherché un peu de cohérence concernant le vieillissement des personnages, ou plutôt leur absence de vieillissement. Ca passe dans les comics, mais à l’écran c’est vraiment étrange.
Le Professeur X n’est en effet pas encore le digne professeur qu’on attend. Après avoir été dépressif pendant le film précédent, le voici tout guilleret et ce n’est qu’à la fin du film qu’il semble vraiment avoir l’attitude qu’on attend de lui (et pas uniquement parce qu’il a enfin perdu ses cheveux). Je ne pense pas que le jeu de James McAvoy soit en cause, il est d’ailleurs très bien dans les moments où son personnage se comporte plus sobrement, c’est juste l’écriture qui pêche sur ce point. Par contre si le fait qu’il ait espionné Moira est censé être romantique, etc… mais en fait c’est juste flippant de le voir en bon gros stalker des familles obsédé par la femme dont il a effacé la mémoire.
Raven de son côté est une nouvelle fois le personnage fort du film. Même si elle n’assume pas vraiment sa vraie apparence, elle s’est investie dans la protection des mutants et s’avère être le véritable moteur des X-Men. Il est quasiment certain que le fait que Jennifer Lawrence soit une actrice « qui marche bien » ait provoqué cette mise en avant de Mystique, mais en tout cas ça marche plutôt bien.
Quant à Erik, bien qu’il ait essayé de refaire sa vie son passé le rattrape et de la façon la plus cruelle qui soit, ce qui fait écho à son passé de papier. Il est juste dommage que le personnage se contente une nouvelle fois de vaciller sur la ligne étroite qui sépare le bien du mal, en mettant un pied de chaque côté. Michael Fassbender a parfois l’air de s’ennuyer dans son rôle, mais il en impose toujours en maître du magnétisme.
Dans Days of future past, un point négatif était le sous-emploi de Peter Maximoff, qui aurait été fort utile après l’évasion de Magneto. C’est réparé ici, le personnage d’Evan Peter étant cette fois particulièrement présent et utilisé à sa pleine mesure. Bon par contre, le fait de rejouer sa fameuse scène de sauvetage à grande vitesse de Days of future past mais en mode « c’est une suite donc il faut faire mieux » n’est pas forcément l’idée du siècle car du coup ça fait un peu forcé et c’est surtout trop long. Le lien avec Magneto est enfin officialisé, mais c’est une idée particulièrement débile que tout le monde soit au courant sauf ce dernier.
On parlait plus haut de Moira McTaggert, et franchement le moins qu’on puisse dire que le personnage n’est pas gâté au niveau de l’écriture. La redoutable agente de la CIA est devenue une véritable potiche, à la limite de la cruche par moments (Rose Byrne nous a habitués à beaucoup mieux) et à part être l’obsession du Professeur X et la cause du retour d’Apocalyse, elle ne sert pas à grand chose. C’est vraiment dommage d’avoir ramené le personnage pour en faire ça…
Personnage important des deux films précédents, Hank Mc Coy n’est pas moins important dans ce troisième opus où il fait toujours office de Geo Trouvetou de l’Ecole mais aussi de mentor pour les nouveaux venus. En effet, c’est lui qui prend en main le jeune Scott Summers amené par son frère Havok (encore un ancien, mais qui fait par contre un passage rapide et sa mort est tellement mal fichue qu’elle laisse indifférent) et lui donne ses fameuses lunettes de quartz rubis. Nicholas Hoult est toujours très à l’aise dans ce rôle, sous sa forme humaine ou sa forme bestiale qui est vraiment bien fichue.
Passons maintenant aux petits nouveaux dans la famille X… enfin nouveaux sans l’être car nous allons parler de trois personnages qui existaient déjà dans les films mais qui se retrouvent réinterprétés par de nouveaux acteurs.
Sophie Turner est donc la nouvelle Jean Grey, prenant donc la suite de Famke Jenssen. La jeune comédienne est absolument parfaite dans le rôle, et son personnage est en plus très bien traité. On pourra regretter qu’on aille si rapidement flirter avec la force Phenix, mais le côté un peu en retrait de Jean à cause de sa télépathie est carrément bien vu.
Après James Masden, c’est Tye Sheridan qui est le nouveau Cyclope. On appréciera que cette fois il n’y ait pas une grande différence d’âge avec Jean, mais on ne retrouve toujours pas le Cyclope « qui en impose » que les lecteurs de longue date ont connu. Peut être que ça viendra quand le personnage prendra de la maturité, mais en tout cas même s’il est plus présent que son prédécesseur dans les films précédents il n’y a tout de même pas de quoi sauter au plafond même si la prestation du jeune acteur est tout de même très convaincante.
Quant à Diablo, incarné par Kodi Smit-Mc Phee, j’avoue que je suis assez perplexe. J’avais bien aimé la version Alan Cumming du personnage, mais là Diablo en ado j’avoue que je ne suis pas spécialement convaincu et il est dommage de ne pas avoir introduit au passage une filiation avec Raven. Sinon ses téléportations sont toujours aussi impressionnantes.
X-Men – Apocalypse est également l’occasion de retrouver Tornade, Halle Berry ayant cédé la place à Alexandra Shipp. On pourra apprécier de retrouver le passé de la jeune héroïne en tant que voleuse en Egypte, et on nous donne une explication qui en vaut une autre pour sa couleur de cheveux. Les pouvoirs de Tornade sont également bien rendus, et même si le personnage – à l’instar de Cyclope – n’a pas encore la carrure de son modèle de papier cette nouvelle version est plutôt convaincante.
Au rang des déceptions, appelons maintenant à la barre Psylocke et Angel. En voici deux personnages qui ne servent pas à grand chose, la première se contentant de faire penser à une cosplayeuse tout le long du film (ce qui n’est pas une critique envers les gens qui font du cosplay hein !) tandis que le deuxième a autant d’épaisseur que la plus fine de ses plumes (d’ailleurs la transition vers les ailes bioniques est visuellement réussie). Là aussi, beaucoup de bruit pour rien… A noter qu’ironiquement la version revisitée de Caliban – qui est un rôle secondaire – est largement mieux traitée que ces deux personnages qui sont tout de même importants.
Pour finir sur les personnages, intéressons nous donc à Apocalypse. Le fameux grand vilain de l’univers mutant, redoutable et redouté, est incarné ici par un Oscar Isaac en sous-régime qui n’a jamais l’occasion d’exploiter son talent d’acteur (il est bien meilleur dans Ex Machina par exemple). En plus son rendu visuel n’est vraiment pas terrible, même si c’est moins catastrophique que les photos de tournage qui avaient effrayé pas mal de monde. Ses pouvoirs sont également plutôt flous, et on ne comprend pas trop où il veut en venir vu que s’il veut tuer tout le monde c’est assez idiot d’avoir détruit l’arsenal nucléaire mondial. On peine ici à trouver un vilain vraiment convaincant, même s’il en fait voir de belles aux X-Men (et par ailleurs le duel psychique avec le Professeur X est très chouette).
Les effets spéciaux
Dès le premier film X-Men, le défi a toujours été de représenter les pouvoirs des mutants de façon convaincante… et une fois de plus le défi est relevé haut la main. Les effets spéciaux sont soignés, et pas un moment on ne se dit que tel ou tel pouvoir fait pitié à cause de son rendu visuel. Les différentes catastrophes sont aussi particulièrement bien mises en scènes, avec toujours ce parfum de film catastrophe qui sied bien aux films des X-Men.
La scène post-générique
La scène post-générique de Days of future past avait montré Apocalypse sans le nommer autrement que par son vrai nom, du coup le public non connaisseur était passé à côté. Là encore, c’est assez subtil, les échantillons de sang étant recueillis par un homme mystérieux avec une mallette ou figure un nom : Essex.
Hors on connait un certain Nathaniel Essex sous le nom de Mr Sinistre, redoutable ennemi des mutants depuis les années 80 (les Maraudeurs et Madelyne Pryor, c’est lui). Comme un troisième Wolverine se profile à l’horizon, difficile dans ce cas de ne pas penser que le personnage protéiforme sera au programme et comme son hobby préféré consiste à cloner tout ce qui bouge, pourquoi ne pas penser qu’il ferait usage du sang de Wolverine pour créer son clone… une certaine X-23…
L’adaptation
L’adaptation est toujours un sujet délicat, les libertés prises dans les films faisant généralement grincer des dents les lecteurs les plus puristes. Il est clair que vu le nombre de libertés déjà prises dans les films précédents, Bryan Singer n’allait pas s’arrêter en si bon chemin et pour garder un semblant de cohérence il a bien fallu changer des choses.
Curieusement, Apocalypse est celui qui s’en tire le mieux : il a ses quatre cavaliers (et en plus l’un d’entre eux est un des vrais cavaliers), ses pouvoirs et son cycle vital sont tout aussi vagues que dans les comics et même si c’est un peu rapidement évoqué ses motivations sont fidèles à son modèle de papier.
Par contre je dois avouer que même si au final ça ne change pas grand chose ça fait bizarre que Havok soit devenu l’ainé des frères Summers…
Même si le timing est différent, on retrouve également une grande tragédie de l’histoire de Magneto, à savoir la mort de sa femme et de sa fille. Certes, ça fait un peu grosse ficelle pour le faire replonger du côté obscur, mais c’est efficace et cela s’inscrit dans le côté tragique du personnage qui donne l’impression qu’il n’aura jamais le droit au bonheur.
Contrairement à Days of future past, X-Men – Apocalypse n’est pas l’adaptation d’un récit précis de l’histoire des X-Men, donc il est un peu moins aisé de jouer au jeu des sept erreurs. Mais force est de constater que malgré les divergences avec son modèle de papier, le film est fidèle à son esprit.
En conclusion…
Film particulièrement attendu, X-Men – Apocalypse ne retrouve pas le niveau de X-Men – Le commencement et X-Men – Days of future past. Mais loin d’être une catastrophe, il offre un bon divertissement malgré ses défauts. Il faut maintenant espérer que pour le prochain film (qui se déroulerait dans les années 90) le tir soit rectifié car je ne pense pas que le public pardonnera un second loupé aux X-Men, même s’il est tout relatif.
Et franchement, si la fin du film ne vous a pas donné la chair de poule, c’est que vous n’aimez pas les X-Men ! 🙂
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