Critique garantie sans spoilers de la saison 2 de Umbrella Academy, diffusée en 2020 sur Netflix.
Avec Ellen Page, Tom Hopper, David Castañeda, Emmy Raver-Lampman, Robert Sheehan, Aidan Gallagher, Colm Feore, Justin H. Min, Marin Ireland, Ritu Arya, Yusuf Gatewood et Kate Walsh.
1er octobre 1989 : 43 femmes accouchent simultanément partout dans le monde, sans avoir été enceintes auparavant. Sept de ces enfants sont adoptés par le millionnaire excentrique Sir Reginald Hargreeves, qui en fait une équipe de jeune super-héros : L’Umbrella Academy.
Propulsés dans le Dallas des années 1960, les membres de la fratrie dispersée se construisent de nouvelles vies… jusqu’à ce qu’une nouvelle menace les réunisse.
Un petit tour dans les années 60
C’est dans les années 1960 que se situe l’action de cette seconde saison d’Umbrella Academy, ce qui est à la fois propice à l’exploitation de thématiques liées à l’époque – on en reparle plus bas – mais permet aussi de s’affranchir du cadre de la première saison en partant dans une ambiance complètement différente, ne serait-ce que sur le plan visuel.
Ce décalage de l’action dans une autre époque permet de renouveler la série, même si en fin de compte l’intrigue est une nouvelle fois articulée autour d’une apocalypse à venir et de l’enquête pour la comprendre et l’empêcher. Mais au moins les scénaristes en sont conscients, vu que les dialogues ironisent sur ce point.
Umbrella Academy, une équipe en super forme
Retrouvant leurs rôles de la première saison, les interprètes de la famille Hargreeves sont en grande forme pour cette seconde saison. C’est l’acide Numéro Cinq qui mène le bal, parfaitement interprété par Aidan Gallagher qui restitue très bien la maturité de son personnage dissimulée derrière son apparence juvénile. Ses collègues ne sont pas en reste, et Ellen Page (Numéro 7) est nettement plus présente que dans la première saison avec une interprétation impeccable d’un rôle pourtant pas forcément facile.
Il est par contre un peu dommage que Tom Hopper (Numéro 1) soit cantonné au rôle de pitre de service (souvent à ses dépends) tandis que dans le registre humoristique Robert Sheehan (Numéro 4) reste toujours très efficace mais s’avère également très touchant, notamment en duo avec Justin H. Min (Numéro 6). Tout comme Emmy Raver-Lampman (Numéro 3), qui traverse des moments difficiles marqués par une thématique forte. Par contre David Castañeda (Numéro 2), impeccable pour les scènes d’action, est parfois un peu pénible en tournant en boucle, au point qu’on se demande si les scénaristes n’ont pas déjà fait le tour du personnage et ne savent pas trop quoi en faire.
Aux côtés de la famille Hargreeves, nous retrouvons quelques personnages de la saison 1, mais aussi pas mal de nouvelles têtes ! Sans en dire de trop pour ne pas faire de spoiler on pourra dire que les nouveaux personnages ne déméritent pas à côté des héros de l’histoire, avec même un côté particulièrement décalé pour certains d’entre eux.
Une saison soignée avec des thématiques fortes…
Pour cette seconde saison, la production de Umbrella Academy a mis les petits plats dans les grands : effets visuels très réussis, mise en scène efficace avec de jolis plans, décors soignés, bande-son très présente rythmant certaines scènes d’action… L’intrigue elle-même, qui picore des choses ici et là – les emprunts à 22-11-63 sont rapidement évidents mais il y en a d’autres – est propice à un emploi de cette famille pas comme les autres, et fonctionne finalement plutôt bien même si elle est trop longue (on en reparle plus bas).
En dehors de tout ce qui a directement trait à la famille Hargreeves, nous avons droit à des thématiques fortes : la ségrégation raciale, l’homosexualité, les sectes à l’américaine (encore que là ce soit traité de façon assez légère)… autant de thèmes qui sont malheureusement toujours d’actualité d’une façon ou d’une autre, comme en témoignent les événements survenus aux Etats Unis ces derniers mois. On notera aussi une volonté de gentiment se payer la tête des complotistes ici et là, ainsi qu’une intégration des personnages au sein de l’Histoire avec des points de repère plutôt bien indiqués.
… mais ça pêche quand même un peu
Le principal point faible de cette seconde saison repose sur son rythme : en reprenant la recette de la saison 1, à savoir multiplier les sous-intrigues dans chaque épisode tandis que l’intrigue principale avance au ralenti, Umbrella Academy peut frustrer le téléspectateur qui a non seulement déjà grillé une partie des twists bien avant qu’ils ne se produisent à l’écran mais qui surtout aimerait bien que les personnages cessent de faire du sur-place dans leurs recherches. Certes, toutes ces sous-intrigues sont suffisamment fournies pour que le téléspectateur ne s’ennuie pas vu qu’il se passe toujours quelque chose, mais on ressent quand même une impression de dispersion à certains moments et on a envie de se dire « Oui c’est bon, il y a un autre truc sur le feu là ».
L’autre point négatif concerne les personnages eux-mêmes : ils n’évoluent pas, ou alors très peu. Après une première saison introductive et un début de saison impliquant une période où les membres de l’académie ont le loisir d’évoluer, une fois arrivés à la fin du dixième épisode ils n’ont absolument pas changé (ou comme dit plus haut : très peu). C’est un peu dommage, parce qu’on a l’impression de voir des individus figés qui resteront toujours tels qu’ils sont, ce qui enlève un peu de l’interêt de les voir affronter un quotidien susceptible de les faire changer comme tout un chacun.
Du côté de l’adaptation
La saison précédente de Umbrella Academy puisait déjà dans les deux arcs les plus connus de la série de Gerard Way et Gabriel Ba, donc on pouvait se demander ce que cette saison pourrait bien adapter. Au vu du pitch et des extraits déjà diffusés, on pouvait supposer que le second tome (Dallas) serait au coeur de l’intrigue… et en fait c’est le cas sans vraiment l’être. On retrouve des choses qui en proviennent, mais pas plus que ça.
Mais en restant une nouvelle fois dans l’esprit du comic book sans l’adapter à la lettre, cette saison s’en rapproche pour le côté barré qui est plus marqué. On retrouve ici des choses bien plus surprenantes qui semblaient avoir été mises de côté pour ne pas trop charger la mule lors de l’adaptation et si les passages les plus loufoques de la version papier de Umbrella Academy ne sont pas au rendez-vous on retrouve tout de même ce côté décalé qui fait partie de son identité.
En conclusion
Même si le rythme et le côté figé des personnages peuvent s’avérer un peu frustrants, cette seconde saison de Umbrella Academy est très plaisante à regarder et les épisodes s’enchaînent avec fluidité.
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