Critique garantie sans spoilers de la saison 1 de Swamp thing, diffusée en 2019.
Avec Crystal Reed, Andy Bean, Derek Mears, Virginia Madsen, Henderson Wade, Maria Sten, Jennifer Beals, Will Patton, Kevin Durand, Jeryl Prescott et Ian Ziering.
De retour dans les marais de Louisiane, le Dr Abby Arcane se retrouve confrontée à une maladie étrange qui semble liée au monde végétal. Le Dr Alec Holland l’aide dans ses recherches avant de mourir tragiquement. Mais alors qu’une mystérieuse créature fait son apparition, une question se pose : est-il vraiment mort ?
On se met au vert
Comme on pouvait s’en douter, le marais est un personnage à lui tout seul de cette première saison de Swamp thing, au point que la petite ville où se passe l’histoire s’appelle Marais ! On retrouve donc une ambiance moite et lourde, faisant presque transpirer le spectateur lorsqu’il regarde ces épisodes dont l’essentiel se passe dans les marais de Lousiane.
La Sève (the Green en VO), à savoir l’interconnexion de toutes les forces de vies végétales dont Swamp thing est le héraut, est aussi au coeur de l’histoire. Les végétaux sont montrés sous un jour assez inquiétant, le marais faisant lui-même penser à un seul organisme agressif.
De l’horreur à tous les étages
On pouvait s’en douter, mais dès le début Swamp thing ne fait pas dans la dentelle : comme dans les comics, l’ambiance est horrifique et il y a des passages qui semblent tout droit sortis d’un film d’horreur. Ce n’est donc pas du tout une série pour les plus jeunes, ni pour les spectateurs un peu sensibles.
La série n’étant pas comme les comics prisonnière des carcans éditoriaux visant à ne pas en faire de trop en matière d’horreur – quoique sous la plume d’Alan Moore Swamp thing s’est affranchie du joug du Comic Code Authority – l’horreur est beaucoup plus graphique que sur papier. Les gens sont empalés et déchiquetés, et certains antagonistes de Swamp thing sont particulièrement dégueu. Et si vous avez jeté un oeil à la liste des épisodes et repéré un titre familier, il s’agit en effet de la même chose que dans les comics mais en largement plus malsain.
Avec un peu d’aide de mes amis
Cette saison de Swamp thing est centrée sur la créature du marais, mais ce n’est pas le seul personnage de l’univers DC qui soit y soit présent. Tout d’abord on retrouve l’énigmatique Phantom Stranger, interprété par Macon Blair. Le personnage est toujours aussi mystérieux, mais avec une apparence un peu plus sobre que dans les comics. Il est accompagné de Madame Xanadu (Jeryl Prescott) et Daniel Cassidy (Ian Ziering), et ces trois personnages sont connectés au sein d’une sous-intrigue même s’ils ne sont pas non plus complètement isolés. En dehors de cela, il n’y a aucune connexion avec les univers DC télévisés actuels, qu’il s’agisse du Arrowverse ou de séries plus indépendantes.
Du bon…
Dès le premier épisode, Swamp thing plante avec efficacité le décor de son histoire. L’ambiance est tout aussi pesante que dans les comics, et on se met à scruter la végétation d’un air méfiant à chaque minute en regardant la série.
Les effets spéciaux sont de leur côté très réussis : la créature est vraiment bien faite, et les effets liés à la végétation ou à ses antagonistes sont très bien faits également. On sent qu’un soin tout particulier a été apporté à l’aspect visuel de la série, qu’il s’agisse justement de ces effets mais aussi des décors et de la mise en scène. Même s’il y a des longueurs – j’en parle plus bas – on ne peut pas vraiment dire qu’on s’ennuie en regardant les épisodes de cette première saison.
… et du moins bon
Malheureusement, tout n’est pas rose – ou vert – dans cette saison de Swamp thing, qui est plombée par plusieurs défauts. Tout d’abord le jeu des comédiens est inégal : de Kevin Durand qui passe son temps à grimacer à Will Patton qui tente en vain de se glisser dans la peau d’un méchant bien flippant, tout le monde n’est pas forcément en phase et c’est bien dommage.
L’autre défaut concerne justement encore Will Patton, ou plutôt son personnage de Avery Sunderland. L’intrigue le concernant, à savoir le cliché du riche homme d’affaires Américain qui a tous les pouvoirs dans une petite ville, prend beaucoup trop d’importance et la plupart de temps on nous impose de suivre ce qui lui arrive alors qu’on s’en contrefiche totalement. Il y a donc tout un pan de la saison qui s’avère dispensable, et l’intrigue aurait donc pu être un peu resserrée.
Et après ?
Si vous suivez un peu l’actualité des séries télévisées, vous devez savoir que Swamp thing n’aura pas de saison 2. Cela a en effet été annoncé dès la diffusion Américaine du premier épisode, même si le fait que la saison ait été raccourcie auparavant était déjà un signal d’alerte non négligeable. Il y a eu des efforts pour essayer de donner une fin cohérente à cette saison, et ça fonctionne plutôt pas mal car l’approche choisie est une fin ouverte même si certaines choses ne sont pas résolues.
Mais il demeure cependant quelque chose d’assez discutable : le dernier épisode de la saison a une scène post-générique, qui par contre relance l’intrigue en nous montrant l’évolution d’un personnage vers un nouveau statut d’antagoniste majeur. Et ça s’arrête là-dessus ! Sachant que la production était parfaitement au courant de l’arrêt de la série, j’avoue ne pas comprendre pourquoi cette scène est toujours là alors qu’en son absence la série avait une fin propre.
Une adaptation très libre
Venons-en maintenant au douloureux aspect de l’adaptation : est ce que Swamp thing est une adaptation fidèle ? En fait, j’ai envie de répondre oui, mais la série prend beaucoup de libertés.
Les lecteurs de Swamp thing reconnaîtront sans aucun doute des choses qui viennent des comics, le travail d’Alan Moore étant une influence majeure de cette saison. L’ambiance est en effet plus proche de celle de ses récits que de celle de l’oeuvre de Len Wein et Bernie Wrightson. Le concept de base, la Sève et la nature de Swamp thing sont bel et bien présents, et les lecteurs ne pourront que reconnaitre les noms de beaucoup de personnages.
Mais ces personnages en eux-mêmes ont quant à eux bien peu de rapports avec leurs modèles de papier en dehors de leurs noms. Si au final ils finissent par interagir avec la créature du marais d’une façon assez similaire aux comics, ils ont des personnalités et des motivations différentes, et les origines de la créature sont quant à elles un peu changées. Et sans être forcément un intégriste de la retranscription intégrale, je dois dire que ça fait bizarre de voir Abby Arcane en brune ou un Alec Holland qui ne ressemble pas du tout à son modèle.
En conclusion
Swamp thing partait avec un grand nombre de handicaps, mais au final cette saison est plutôt réussie. Il est dommage que la série n’ait pas eu sa chance, nous aurions peut être pu voir s’estomper les quelques défauts de jeunesse de la série au fil du temps.
Derniers commentaires