Comme quand j’étais môme… vous propose aujourd’hui la chronique d’un numéro de Strange.
Strange 208 a été édité par Lug en avril 1987 et contient des récits signés John Byrne, Tom De Falco & Ron Frenz, Bob DeNatale & Ron Randall et Frank Miller & David Mazzuchelli.
Avril 1987… Les beaux jours reviennent, avec les chocolats des fêtes de Pâques ! Je me souviens très bien de ce Strange pour une histoire qui m’a beaucoup marqué et qui a fait ses débuts dans ce numéro : Born again. Je n’avais certes pas encore la maturité requise pour l’apprécier pleinement, et son charcutage à la Lug ne pouvait pas aider, mais j’ai tout de suite été frappé par son ton très dur et surtout son histoire qui ne ressemblait pas à ce que j’avais l’habitude de lire. Bon, j’étais loin de me douter à l’époque que bien des années plus tard je vivrais des choses dans le même registre mais ça c’est une autre histoire… A part ça, le reste de la revue ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. La Division Alpha commençait à piquer du nez et les deux épisodes de l’Araignée étaient vraiment passables (surtout le second). Mais rien que pour Born again, ce numéro a marqué au fer rouge mon imaginaire de jeune lecteur !
La Division Alpha – Trahison (Byrne)
John Byrne ayant abattu ses cartes dans l’épisode précédent, il est temps pour lui de poursuivre son intrigue basée sur le faux Guardian. C’est à partir de cet épisode qu’on sent vraiment qu’il en a marre de raconter les aventures des héros Canadiens, et d’ailleurs il jettera l’éponge juste après. L’histoire est en effet poussive, et on sent que l’auteur lui-même se contrefiche de ce qui peut arriver à ses personnages. En fait, son run aurait dû s’arrêter avec la conclusion de la quête de l’âme de Sasquatch, car cela lui aurait donné une conclusion positive et n’aurait pas donné l’impression que l’auteur s’ennuie. Cela reste cependant très lisible (du mauvais Byrne est souvent bien meilleur que de bonnes prestations d’autres auteurs) mais on sent que le coeur n’y est pas.
La partie graphique est par contre très soignée. John Byrne livre une fois encore des planches magnifiquement réalisées, c’est un régal à regarder.
L’Homme Araignée – Et un champion viendra (De Falco / Frenz)
Alors que Guerres secrètes II bat son plein, les tie-ins pullulent de série en série et une fois encore c’est l’Araignée qui s’y colle. Tom De Falco utilise le prétexte pour livrer un épisode finalement assez classique en ce qui concerne le fond, à savoir pousser le Tisseur à se livrer à une introspection sur sa mission sur fond de culpabilité et de remords sur son vécu. La forme est quant à elle plutôt bien trouvée, mais ça ne suffit pas à relever l’intérêt pour cette histoire. Ce genre de questionnements sur la vocation de l’Araignée est en effet cyclique, avec toujours la même conclusion positive mais qui est finalement systématiquement remise en question quelques épisodes plus tard (en fait Parker doit être maniaco dépressif !). Du coup, l’épisode se lit mais vraiment sans plus. On a lu beaucoup mieux en tie-ins de Guerres secrètes II, ne serait-ce que du côté de Daredevil !
Du côté du dessin, Ron Frenz est épaulé par pas mal de monde et cela donne un rendu assez curieux dans lequel son style est totalement noyé. C’est pas forcément vilain, mais il a fait nettement mieux !
L’Homme Araignée – La chatte et la souris (DeNatale / Randall)
C’est un épisode assez curieux que signe Bob DeNatale, car il est à mi-chemin entre deux ambiances. D’un côté il s’agit d’une histoire assez innocente, voire même naïve avec des facilités scénaristiques énormes, mais de l’autre il traite d’un sujet plus grave. C’est en effet la confiance au sein du couple qui est au coeur de ce récit, confiance mise à mal par les cachotteries de la Chatte noire envers l’Araignée à propos de ses pouvoirs. Il en résulte un épisode qui n’est pas forcément désagréable à lire, mais qui s’avère assez dispensable et qui ne fait absolument pas avancer les personnages.
Le dessin, assuré par Ron Randall, est à l’image du scénario. Il est en effet honnête, mais sans non plus atteindre des sommets.
L’intrépide Daredevil – Apocalypse (Miller / Mazzuchelli)
Et voilà, nous y sommes : Frank Miller reprend les rennes de Daredevil, qu’il avait déjà propulsée vers de nouveaux horizons lors de son précédent passage. Sauf que cette fois, l’auteur entreprend une tâche qui va définitivement laisser son empreinte sur le personnage, en le déconstruisant totalement. Certes, Dennis O’Neil avait déjà préparé le terrain avec les déboires de Matt Murdock lors des épisodes précédents mais c’est Miller qui va jusqu’au bout de cette logique pour achever de détruire le personnage à travers tout ce qui le définit. C’est aussi l’occasion de définitivement introniser le Caïd comme le pire ennemi de Daredevil, alors que même s’ils avaient déjà croisé le fer à plusieurs reprises par le passé le personnage était à la base un ennemi de l’Araignée. Ce premier épisode est en tout cas saisissant, d’une dureté rarement vue à l’époque dans les comics mainstream et surtout il est baigné du désespoir le plus profond. La descente aux enfers de l’Homme sans peur ne fait pourtant que commencer…
Du côté du graphisme, David Mazzuchelli nous offre des planches magnifiquement réalisées. L’ambiance de l’histoire est parfaitement restituée, et on ressent vraiment une véritable osmose entre son trait et les mots de Frank Miller, au point qu’on pourrait penser que les deux hommes sont nés pour travailler ensemble.
Les informations pour écrire les chroniques de Comme quand j’étais môme proviennent du site Comics VF, merci à son équipe pour son travail de qualité.
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