Comme quand j’étais môme… vous propose aujourd’hui la chronique d’un numéro de Strange.
Strange 194 a été édité par Lug en février 1986 et contient des récits signés John Byrne, Roger Stern & John Romita Jr, Roger Stern & Ron Frenz et Dennis O’Neil & William Johnson.
Février 1986… La léthargie des fêtes est déjà loin, et l’année commence à se dérouler, avec son lot de péripéties plus ou moins importantes. Ce numéro de Strange m’a fait dresser les cheveux sur la tête, à cause de son angoissant épisode de la Division Alpha (et surtout sa conclusion). Mais l’épisode de l’enfant qui collectionne l’Araignée m’a beaucoup touché à l’époque, même plusieurs lectures successives au fil des ans ont été nécessaires pour en saisir toute la portée. Le reste de la revue étant plus classique, j’en garde un bon souvenir mais là aussi c’est une appréciation plus « standard » que pour les deux récits en question.
La Division Alpha – Un cours de biologie (Byrne)
Après un épisode de transition, John Byrne revient dans le vif du sujet en entamant un nouvel arc narratif. Comme avant la mort de Guardian, l’auteur garde une structure éclatée pour son histoire : une trame centrale, centrée ici sur Puck et Heather, et une série d’intrigues secondaires sur les autres membres de la Division Alpha. Cela est inhérent à l’identité même du groupe, constitué non pas d’équipiers vivant sous le même toit (X-Men ou Vengeurs, quoique pour ces derniers ce n’est pas vrai pour tous) mais d’individus éparpillés sur le territoire Canadien et ne se réunissant que rarement. Cette histoire est en tout cas très réussie, avec une montée en puissance au fil des pages et une horreur tout à fait palpable bien que pas forcément très visible (j’ignore cependant si des retouches de Lug sont en cause pour le côté suggéré de l’horreur). La conclusion est en plus prompte à glacer le sang, parce que forcément en repensant à tout ce qui s’est passé et avec la connaissance de la cause des événements l’imagination se met en branle… et c’est probablement bien pire que ce qui aurait pu être montré.
La partie graphique, signée John Byrne également, est toujours aussi efficace avec le style toujours aussi reconnaissable de l’artiste.
L’Homme Araignée – Et il frappe comme un boulet ! (Stern / Romita Jr)
Après une entrée en matière dans le numéro précédent, il est temps de retrouver la suite de l’histoire de Roger Stern. Nous avons droit à un épisode très classique de l’Araignée, où se dernier montre une fois de plus son courage en étant très nettement surclassé mais en continuant à se battre envers et contre tous. Et bien sûr c’est une fois de plus son intelligence qui fera la différence ! Episode classique mais efficace, et plaisant à lire avec une conclusion amusante.
Du côté du dessin, John Romita Jr n’a pas son pareil pour nous croquer des poses acrobatiques de notre Tisseur préféré et nous prouve son talent une fois encore.
L’Homme Araignée – L’enfant qui collectionne l’Araignée (Stern / Frenz)
Quand on parle du caractère infantile des histoires de super héros, qui n’est pas forcément inexistant vu qu’à la base le public ciblé est tout de même assez jeune pour une partie de ce qui est mainstream, il y a des contre exemples de récits plus adultes qui viennent assez naturellement en tête. On pense bien sûr à Dieu crée l’homme détruit, ou d’autres titres ouvertement plus matures, mais il se glisse parfois quelques titres qui ont l’air plus anodins mais dont le propos ne l’est pas. Ce récit en fait partie.
L’histoire que raconte Roger Stern a l’air toute simple en plus d’être brève : l’Araignée qui va rendre visite à un jeune garçon qui est fan de lui, et se met à lui confier ses secrets. Pour le coup ça peut même faire office de piqûre de rappel pour les lecteurs qui auraient manqué certains épisodes de la vie du Tisseur. Mais on se demande aussi pourquoi il se confie comme ça. Un rêve ? Une manipulation mentale ? Malheureusement il n’en est rien. Peter Parker est venu rendre visite à son plus grand fan, et c’est un jeune garçon qui est en train de mourir.
C’est ce qui nous est balancé à la fin de l’histoire, avec dignité et pudeur à travers la chronique du journaliste Jacob Conover qui sert de trame à l’histoire. Avec dureté aussi, parce qu’à l’image d’un Parker qui ne peut retenir ses larmes et est effondré quand il s’en va, le lecteur ne peut pas rester indifférent. Un gamin va mourir d’une saleté de maladie pourrie, et tous les super pouvoirs du monde n’y peuvent rien. Tout ce que pouvait faire le Tisseur, c’est apporter un peu de joie à cet enfant, histoire d’alléger ses derniers instants alors que son quotidien doit être très difficile, tout en portant ensuite en lui une autre souffrance : celle d’avoir croisé un gamin en train de mourir et de ne rien pouvoir y faire malgré tout ce que ses extraordinaires pouvoirs lui permettent d’accomplir. Prouvant de fait qu’être un héros, c’est parfois juste ça : savoir être là pour ceux qui souffrent et ont juste besoin de réconfort. Ca peut paraître dérisoire, mais c’est énorme et malheureusement trop rare.
Cette histoire est courte, mais elle est très bien écrite et ne verse pas dans la larme facile ou la surabondance de pathos. Et elle est très efficace.
La partie graphique est quant à elle signée Ron Frenz, et est tout aussi bien exécutée que ne l’est racontée l’histoire. Le graphisme est sobre, et on appréciera que l’artiste n’ait pas choisi de représenter un gamin trop marqué par les stigmates de sa maladie. Non pas parce que cela serait honteux, loin de là, mais parce que du coup hormis la considération liée à la révélation tardive de tout ceci (qui accentue le choc) cela renforce le fait qu’avant d’être un malade c’est avant tout un enfant comme les autres. Et ça aussi, c’est important.
L’Homme Araignée – Secrets ! (Stern / Romita Jr)
Nouvel arc narratif pour l’Araignée, avec une nouvelle fois la famille Osborn au coeur de l’intrigue. C’est un épisode assez parano que nous propose Roger Stern, où tout le monde soupçonne tout le monde et le lecteur ne sait plus à quel saint se vouer. L’histoire est efficace, et son cliffhanger est angoissant. Bref, un bon épisode de l’Araignée, très représentatif du contexte de l’épisode concernant l’univers du personnage.
Les planches de John Romita Jr sont quant à elles très réussies, mais j’avoue que j’aime moins l’encrage de Dan Green sur ses dessins.
L’intrépide Daredevil – Le Gaël (O’Neil / Johnson)
Avec un épisode stand alone c’est l’introduction d’un nouveau personnage important pour Daredevil qui nous est proposée : Glorianna O’Brien. Dennis O’Neil nous entraîne dans le monde de l’IRA et ses ramifications aux Etats Unis au sein de la communauté Irlandaise, sans trop approfondir mais en utilisant judicieusement le contexte. L’épisode est plaisant à lire, même si le fin mot de l’histoire est tout de même très téléphoné. On appréciera en tout cas que l’Homme sans peur a retrouvé son efficacité une fois guéri de ses blessures, et s’avère toujours un adversaire redoutable même si pour le coup son handicap lui joue de sérieux tours.
Du côté du dessin, je ne raffole toujours pas du dessin de William Johnson mais objectivement c’est tout de même pas mal du tout.
Les informations pour écrire les chroniques de Comme quand j’étais môme proviennent du site Comics VF, merci à son équipe pour son travail de qualité.
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