Critique de Spider-Man – Far from home de Jon Watts (2019) garantie sans spoilers.
Avec Tom Holland, Jake Gyllenhaal, Samuel L. Jackson, Zendaya, Jon Favreau, Jacob Batalon, Cobie Smulders et Marisa Tomei.
Peter Parker alias Spider-Man a du mal à gérer les conséquences de ses aventures dans Avengers – Infinity War et Avengers – Endgame. Parti en voyage scolaire avec ses camarades de classe, il devra jongler entre les attentes de Nick Fury à son égard et ses préoccupations d’adolescent tandis qu’il fait la connaissance d’un nouveau héros surnommé Mysterio.
L’épilogue de la Phase 3
Alors qu’au départ Avengers – Endgame devait conclure la Phase 3 du Marvel Cinematic Universe (MCU), il a été annoncé plus tard qu’en fait ce serait Spider-Man – Far from home qui s’en chargerait. Plutôt qu’une conclusion dans le sens strict du terme, le film est davantage un épilogue : Endgame a en effet bouclé toute une ère d’aventures des Avengers depuis la Phase 1, tandis que Far from home entérine cette conclusion en expliquant au passage les conséquences des événements du film. Mais en tout cas il a vraiment sa place dans la Phase 3, tout en glissant quelques pistes sur la Phase 4. On appréciera aussi un petit clin d’oeil sur une palissade à la fin du film : un slogan « Nous sommes vraiment excités de vous montrer ce qui va venir ensuite » suivi de trois cercles avec 1, 2 et 3 dedans menant à un quatrième cercle avec un point d’interrogation. Allusion à la Phase 4 ou à un célèbre quatuor attendu de pied ferme ? Les paris sont ouverts!
Vu ce qui s’est passé dans les films Avengers précédents (ça devient un peu dur de rester évasif !), l’ambiance du film est différente de celle de Homecoming : elle est en effet davantage douce-amère, ajoutant des thématiques plus graves qu’auparavant tout en conservant un côté teen-movie très appréciable avec une bonne dose d’humour. Au fil du film, on se rend aussi compte que l’intégration au MCU est vraiment très poussée, avec même des événements dont on ne se souvenait pas forcément mais provenant d’autres films qui finissent par être exploités ici, ce qui est très bien pensé.
Côté spectaculaire, on peut dire aussi que ce dernier épisode de la Phase 3 ne fait pas les choses à moitié : à côté de quelques petits loupés comme le rendu du costume Iron Spider au début du film qui évoque davantage une tenue type Space Sheriff, nous avons droit à des scènes très spectaculaires servies par des effets spéciaux vraiment très soignés. Cerise sur le gâteau : Spider-Man n’est pas économe en tenues pour ce film !
Le Spider-Man ultime ?
En comptant ses films solo et sa présence dans les autres films du MCU, Tom Holland en est à sa cinquième apparition dans le rôle de Peter Parker / Spider-Man. Cela le met en tête devant ses prédécesseurs et vu qu’un troisième film est prévu ce n’est pas prêt de s’arrêter. Vu le capital sympathie du comédien qui est très à l’aise dans la peau de Peter Parker, on ne va pas du tout songer à se plaindre ! Par contre il faut voir que si Peter Parker ne vieillit pas beaucoup depuis son arrivée dans le MCU, Tom Holland ne va pas garder sa tête de gamin toute sa vie et on risque d’avoir le même souci qu’avec les films Harry Potter ! (mais on a encore de la marge par rapport à Amazing Spider-Man).
Comme dans les autres films, Peter Parker version Tom Holland tape largement dans la version Ultimate de Spider-Man mais tout en piochant quelques petites choses ici et là du côté de la version « classique » du personnage. On pourra d’ailleurs apprécier le petit clin d’oeil dans une scène du film où des rues Vénitiennes sont des calembours autour des noms de Brian Michael Bendis, David Michelinie et Dan Slott, ce qui appuie le côté composite du personnage adapté.
Le Spider-Universe
Comme dans Spider-Man – Homecoming, Peter Parker n’est pas tout seul : tout son univers est une nouvelle fois au rendez-vous, à l’exception de Liz qui ne revient pas après le premier film. Mais comme notre fringant lycéen n’a d’yeux que pour MJ, cela n’a pas l’air de le traumatiser outre mesure…Comme dans le premier film, cette dernière est incarnée par Zentaya et reste une ado rebelle tendance badass (on notera d’ailleurs en VF qu’elle a la même doubleuse que Jessica Jones). Le duo fonctionne plutôt bien, même si par moments Zentaya en fait des tonnes dans le registre ado rebelle et futée.
Autre duo qui fonctionne toujours très bien : celui de Peter et Ned (version MCU de Ganke). Même si ce dernier a disons d’autres choses à penser pendant le film – ce qui est à la fois surprenant et très drôle – il reste tout de même très complémentaire avec son copain super-héros et est même à l’origine d’une vanne meta hilarante à l’adresse de la concurrence.
Quant à Tante May, qu’on voit assez peu, elle opère toujours comme un dépoussiérage en règle de la vieille tantine souffreteuse des comics et reste dans la lignée de la version plus moderne vue dans les comics Ultimate. Marisa Tomei est toujours aussi pétillante et est impeccable en tante devant à la fois gérer un ado super-héros et surtout les conséquences des deux derniers films Avengers.
Côté Spider-Universe venant du reste du MCU, Happy Hogan est toujours là sous les traits d’un Jon Favreau impeccable en soutien logistique et moral version gros nounours tandis que Nick Fury (Samuel L. Jackson) et Maria Hill (Cobie Smulders) font leur apparition.
Le premier est malheureusement encore une fois un peu esquinté par l’écriture de son personnage, un peu moins que dans Captain Marvel mais tout de même un peu même si la seconde scène post-générique vise à expliquer plus ou moins cette évolution. Quant à Cobie Smulders, elle donne l’impression de s’ennuyer ferme d’un bout à l’autre du film….
L’arrivée de Mysterio
Après le Vautour dans Spider-Man – Homecoming, c’est au tour de Mysterio de faire son apparition dans le MCU. Ce n’était pas un pari facile d’adapter un tel personnage sans le dénaturer, ne serait-ce qu’à cause de son apparence tellement improbable avec son bocal sur la tête ou ses capacités insolites. On aurait même pu penser que Mysterio faisait partie de ces personnages qui rendent très bien sur le papier ou en animation mais pas du tout en film « live », comme il y en a dans le bestiaire des ennemis de Spider-Man ou même de ses collègues.
Mais comme le Vautour, Mysterio a réussi avec brio son passage sur le grand écran. Incarné avec beaucoup de justesse par Jake Gyllenhaal qui joue très bien tous les aspect du personnage, Mysterio est impressionnant et parfaitement rendu à l’écran. On notera bien entendu quelques petits ajustements par rapport à la version comics, mais parfaitement justifiés pour une intégration complète au MCU et surtout respectant à la lettre l’esprit du personnage.
Des ados au pays de Mission Impossible
Vu l’âge de ses protagonistes principal, Spider-Man – Far from home reste solidement ancré dans le teen movie, qu’il s’agisse des préoccupations des ados, de l’humour qui va avec ou de leurs professeurs totalement dépassés. Mais au contraire de Homecoming, Far From Home ne se contente pas de saupoudrer un film d’ados avec une ambiance de super-héros.
En effet, sous couvert d’un voyage scolaire totalement improbable – ce qui devient même un peu gros à force – la joyeuse petite bande est envoyée d’un pays à l’autre, et chaque étape est l’occasion pour Peter Parker d’effectuer des missions sous une autre identité. Ca donne un petit côté Mission Impossible au film, où il est fréquent que les espions voyagent d’un pays à l’autre pour mener à bien leur mission. Cela reste en tout cas bien amené, le mélange des genres fonctionnant très bien.
Après le générique
Deux scènes post-générique sont au programme de Spider-Man – Far from home, la première au milieu des crédits et la seconde à la toute fin du générique. Contrairement à Spider-Man – Homecoming, pas de grosse plaisanterie dispensable donc il vaut mieux rester jusqu’au bout !
La première scène bouleverse le status quo du super-héros en le mettant dans une situation qui a de quoi glacer d’horreur ses fans. La scène est efficace et inattendue, et surtout met en scène un personnage bien connu de l’univers de Spider-Man n’ayant pas son pareil pour lui pourrir la vie ! C’est une excellente surprise pour les spectateurs – surtout pour ceux des versions antérieures de Spider-Man au cinéma – et ça donne vraiment envie d’en voir davantage !
Quant à la seconde scène, elle est tout aussi inattendue : elle ancre bien le film dans une position de pivot entre les Phases 3 et 4 du MCU, en donnant quelques indications sur ce qui peut nous attendre pour la suite. Comme indiqué plus haut, elle explique aussi plus ou moins quelques petites choses un peu curieuses du film, même si je trouve que ça fait un peu rattrapage aux branches. Mais une fois encore, il faut vraiment la voir !
En conclusion
Dans la lignée de Homecoming, Spider-Man – Far from home est un divertissement solide et bien ficelé qui met en valeur la petite araignée du quartier. Le personnage reste vraiment très sympathique et les surprises du film ont de quoi faire sursauter les spectateurs !
Si vous souhaitez en savoir plus sur les références du film, vous pouvez consulter l’article qui y est consacré mais attention il contient des spoilers !
Vu hier… des scènes d’action énormes, des effets visuels superbes liés aux illusions de Mysterio, de la comédie ado pas trop lourde, une histoire un peu limite mais un bon Jake Gyllenhaal… bref j’ai apprécié le spectacle.
Et j’ai adoré le costume noir 🙂
La chute de la première scène post générique est énorme (il n’y qu’un seul acteur capable d’incarner ce personnage) mais j’ai peur que la résolution de ce problème ne soit pas géré frontalement mais en off (comme pour la fin de Homecoming lorsque May découvrait Peter dans le costume).
La deuxième scène explique mieux pourquoi Fury fait si facilement confiance à un nouveau venu (et explique aussi que Fury avait besoin d’une pause après le décès de Stark).
Et coïncidence hier, Sony et Marvel annoncent avoir trouvé un accord pour la mise en route du 3ème volet 🙂
Content que le film t’ait plu 😉 Nouvelle coïncidence, je viens juste de mettre en ligne mon article sur l’accord 😉