Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de trois albums.
Au programme : Marvels par Busiek et Ross, Thanos – La fin de l’infini et Vision t1.
Marvels par Busiek et Ross | |
Panini Comics 400 pages – 36€ Kurt Busiek |
L’univers Marvel est peuplé de héros dotés d’incroyables pouvoirs. Aux côtés de ces justiciers, vivent des gens ordinaires. Le reporter-photographe Phil Sheldon est l’un d’eux. Il couvre chaque jour des événements surprenants, de l’apparition de la première Torche Humaine jusqu’à l’arrivée sur Terre de Galactus, en passant par la mort tragique de Gwen Stacy. Découvrez dans Marvels le récit de ce témoin privilégié. Un chef d’oeuvre que tout lecteur se doit d’avoir !
Une déclaration d’amour. Voilà comment on pourrait résumer Marvels en quelques mots si on devait le faire. En donnant le point de vue d’une personne ordinaire, Kurt Busiek nous fait revivre les grandes heures de l’univers Marvel, avec une passion et un respect qui transpirent à chaque page. Que les moments retranscrits soient épiques, émouvants ou triste, l’auteur trouve à chaque fois le ton juste pour les dépeindre sans jamais en faire de trop ni minimiser leur portée. C’est en tout cas un voyage au sein de l’histoire de l’univers Marvel qui nous est proposé, mais avec une narration plus moderne (même si elle date pour le coup de 1994) que les histoires d’origine et un certain recul matérialisé par le fait que cela est vu à travers les yeux d’un spectateur « normal » et non pas un super héros ou un sidekick, sans non plus négliger sa propre vie au profit de ce à quoi il assiste. C’est vraiment ce qui pourrait se passer si les héros de l’univers Marvel existaient pour de vrai et qu’un spectateur en parlait autour de lui. En tout cas l’ennui est vraiment absent de cette histoire, le talent de conteur de Kurt Busiek entrainant le lecteur dans un moment de lecture particulièrement agréable sans jamais tomber dans le pompeux. Marvels fait vraiment partie des histoires de référence de l’histoire de Marvel, et même si elle a plus de vingt ans cette histoire ne se démode absolument pas.
La partie graphique, signée Alex Ross, est quant à elle tout simplement sublime. Les planches sont magnifiques, avec des dessins très joliment réalisés dans un style immédiatement reconnaissable. C’est indéniablement la patine « classique » d’Alex Ross qui va le mieux avec l’approche empreinte de classicisme et de respect de Kurt Busiek et qui donne cet air intemporel à ce récit.
En ce qui concerne l’édition en elle-même, nous sommes gâtés avec cet album. Le choix du papier – mat – est judicieux et rend bien justice au dessin, tandis que le format du livre le rend plus facile à manipuler qu’un Absolute. Quant aux bonus, ils sont nombreux (environ la moitié du livre) : scripts, crayonnés, genèse du projet et son évolution… autant de document très intéressants pour étudier Marvels avec soin.
Un excellent album, ouvrage de référence pour les amoureux de l’univers Marvel dans une très belle édition.
Thanos – La fin de l’infini | |
Panini Comics 112 pages – 18€ Jim Starlin |
Incapable de vaincre Annihilus, Thanos s’est suicidé pour sortir de l’équation à la fin de La Relativité de l’Infini. L’amant de la Mort revient cependant dans le monde des vivants pour constater que l’univers est sur le point de s’effondrer. Les forces luttant contre le seigneur de la Zone Négative sont éclatées et épuisées. Pour gagner, ils devront faire confiance à Thanos.
(Contient l’épisode US Thanos The Infinity Finale OGN, inédit)
Après plusieurs albums, il est temps pour Jim Starlin de conclure son histoire en faisant revenir Thanos sur le devant de la scène alors qu’il était plus ou moins absent des deux tomes précédents. J’avoue que je suis mitigé sur cet album : pas pour l’histoire en elle-même, qui contient tous les ingrédients de ce que j’ai envie d’appeler « la recette Starlin » (Thanos, Warlock, une menace cosmique, des entités conceptuelles, une certaine distance vis à vis de la continuité et une réflexion meta-textuelle en utilisant tout ceci comme métaphore) mais pour le fait que justement c’est l’application encore une fois de cette même recette à la lettre. Je ne vais pas spoiler l’album, mais au final c’est comme dans d’autres travaux de Starlin des années 2000, l’auteur part dans certaines directions en utilisant ses personnages emblématiques (faisant au passage passer les autres héros Marvel au mieux pour des incompétents, au pire pour des abrutis finis par rapport à ses personnages à lui) et trouve le moyen de jouer avec l’univers Marvel en jouant sur une marge de manoeuvre réduite vu qu’il ne peut pas tout casser sans que l’éditorial ne lui demande des comptes et procéder à quelques ajustements dont il est souvent le seul à tirer parti. Bref, ça donne l’impression de toujours lire un peu la même histoire, même si son contenu est in fine différent (disons qu’il résout de façon très similaire des situations différentes). Cela n’en fait cependant pas un mauvais album, loin de là même et il est même largement plus intéressant que les deux précédents (sûrement grâce à la présence de Thanos, qui fascine le lecteur sous la plume de Starlin). Mais quand on a quelques récits cosmiques de l’auteur sous le coude (et encore j’ai fait l’impasse sur quelques récits dispensables) ça donne un sentiment de déjà vu. En tout cas, en prenant cet album en tant que tel, on ne s’ennuie pas et l’auteur a toujours autant le sens du spectaculaire avec un style dont il a le secret pour nous livrer du bon gros cosmique prompt à nous apporter de l’évasion. Les amateurs de cosmique apprécieront, c’est quasi certain, mais je pense que l’intérêt pour cette histoire dans sa globalité (donc toute la saga) est inversement proportionnel au nombre de sagas cosmiques de Starlin déjà lues par le lecteur.
Ron Lim quant à lui signe la partie graphique de l’album, et l’artiste est toujours très inspiré pour retranscrire la pensée de Jim Starlin. C’est très joliment dessiné, et cette ambiance cosmique particulière est très bien retranscrite.
Un très bon album, mais une recette qui tend à s’essouffler saga après saga.
Vision tome 1 | |
Panini Comics 128 pages – 14.95€ Tom King |
Tome 1 sur 2
La vie de famille de Vision tourne à la tragédie.
L’Avenger Vision a décidé de fonder une famille. Le synthézoïde a décidé de la créer de toutes pièces et d’emménager en banlieue. L’intégration va s’avérer plus compliquée que prévue et les secrets vont venir peser sur l’ambiance de la petite famille.
(Contient les épisodes US Vision(2016) 1-6, inédits)
Dans les années 80, une tentative avait déjà été faite de faire vivre une vie plus ou moins normale à Vision, alors marié à Wanda Maximoff (la Sorcière rouge), mais cela avait tourné court car la série était mièvre et au final peu intéressante. Tom King relève le défi de faire une nouvelle tentative, en poussant cette fois plus loin le concept en dotant Vision d’une famille conçue par lui et donc constituée elle-aussi de synthézoïdes (terme qui d’ailleurs est normalement rendu caduc par les différentes altérations de la physiologie de Vision par rapport à la définition originale des années 60, mais c’est un détail). Nous retrouvons donc Vision et sa petite famille en banlieue, essayant de vivre une vie normale, sauf que bien entendu rien ne se passe aussi bien que ce qu’on pourrait espérer. L’auteur nous propose donc une histoire intéressante, effrayante par bien des aspects car on ne sait jamais ce qui va se passer avec les membres de la famille Vision et on peut même dire que quand il y a deux façons de résoudre une situation Tom King choisit le plus souvent la pire (pas en terme de qualité mais d’impact et de conséquences). Mais même si ses protagonistes sont des êtres artificiels, l’auteur en profite pour parler des travers de la société Américaine (intégration, pression sociale, père absent, etc…) et il le fait avec beaucoup de justesse sans jamais en faire de trop. Ce premier tome est en tout cas tout à fait passionnant, et je me demande jusqu’où l’auteur va aller car il semble bien décidé à aller très loin. Si jamais vous hésitez à tenter votre chance avec cet album car rebuté par ce qui avait été fait auparavant, alors n’hésitez plus car l’approche est radicalement différente et c’est beaucoup plus intéressant. En outre, Vision n’a pas été très gâté depuis pas mal de temps par les différents auteurs qui se sont intéressés à son cas (pas tous je précise, il y a des exceptions à cet état de fait), et là l’auteur l’exploite vraiment très bien.
Du côté du dessin, signé Gabriel Hernandez Walta, la qualité est également au rendez-vous. L’artiste retranscrit en effet parfaitement l’ambiance inquiétante de la série, et son côté effrayant ressort très bien.
Un excellent album, et une des meilleures utilisations de Vision depuis un certain temps.
C’est tout pour aujourd’hui !
le tome sur vision est clairement tentant !
Une très bonne surprise, ça ferait même penser à du Vertigo !