Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de 2 albums édités par Hi Comics :
- Locke and key – Ciel et terre
- We only see them when they’re dead t1
Locke and Key – Ciel et terre | ||
Hi Comics 80 pages – 10.90€ Joe Hill |
Tous les secrets de Lovecraft n’ont pas encore été révélés…
En trois histoires courtes, les deux maîtres du Manoir Keyhouse, Joe Hill et Gabriel Rodriguez, vous invitent à un voyage dans le temps et l’espace, et lèvent le voile sur les mystères qui entourent les clés et la famille Locke :
Trois histoires courtes sont au programme de cet album, complétant ainsi l’univers de Locke & Key. Les deux premières histoires mettent en scène des époques antérieures avec d’autres personnages que la famille au coeur de l’intrigue, que l’on retrouve dans le troisième récit.
La première histoire, racontant comment un père essaie de sauver son fils gravement malade avec le pouvoir des clefs, est particulièrement touchante. Joe Hill fait bien ressentir au lecteur toute la détresse du père impuissant face au mal qui touche son fils, et qui souhaite exaucer ses rêves pour apaiser sa souffrance.
Ce premier récit est même poétique, avec l’idée de pouvoir « ouvrir la lune » et tout ce qui s’ensuit. Joe Hill montre ainsi qu’il est parfaitement à l’aise pour raconter une histoire poignante avec beaucoup de sobriété tout en utilisant le registre fantastique de son univers afin de lui donner un cadre qui sort de l’ordinaire.
Le second récit raconte quant à lui l’irruption de gangsters dans la demeure familiale des Locke pendant la Grande dépression. L’histoire commence assez mal, avec les gangsters qui prennent leurs aises en s’introduisant dans la demeure et en ayant un comportement choquant envers ses habitants… mais ils apprennent assez vite à leurs dépends que le pouvoir des clefs liées à la famille Locke ont des effets pour le moins inattendus. L’épisode se lit plutôt bien, avec un retournement de situations certes un peu prévisible mais tout de même surprenant par son ampleur.
Le troisième récit est de son côté très anecdotique : on retrouve en effet les trois enfants de la famille Locke et l’un d’entre eux fait une découverte très surprenante. L’idée est amusante, mais n’a pas grand intérêt en elle-même.
Tout en enrichissant le folklore de l’univers de Locke & Key, cet album est sommes toutes assez dispensable. Il peut faire un bon complément aux comics ou même à la série TV mais n’a rien d’indispensable.
Le graphisme des trois épisodes est signé Gabriel Rodriguez, et comme à son habitude l’artiste nous livre une prestation de grande qualité. Son style est toujours parfait pour mettre en images l’univers de Locke & Key, et son talent est indéniable pour faire ressentir toute la poésie de la première histoire.
Côté bonus, nous avons droit à une galerie d’illustrations et à un reportage photo montrant l’équipe créative de Locke & Key retournant sur les lieux qui ont inspiré la série. C’est plutôt intéressant de voir les lieux qui ont été ainsi retranscrits par le graphisme de Gabriel Rodriguez (ça l’est moins de voir les deux compères faire les imbéciles sur les photos), même si le ratio BD/bonus n’est pas forcément très intéressant dans ce tome.
Un bon album, qui enrichit la mythologie de la série mais n’a rien d’indispensable pour les lecteurs
We only see them when they’re dead tome 1 : Le Voyageur | ||
Hi Comics 144 pages – 17.90€ Al Ewing |
On n’oublie jamais la première fois que l’on voit un Dieu. Les Dieux sont toujours magnifiques. Et les Dieux sont toujours morts. 2367, aux confins de la galaxie. Dans ce futur lointain, l’humanité a épuisé toutes ses ressources et doit sa survie à l’exploitation de dieux morts flottant dans l’espace, dont les cadavres gigantesques servent désormais de matière première. Le Vihan II est l’un des nombreux vaisseaux nécropsiques qui arpentent le cosmos dans l’espoir de trouver ces divinités providentielles. Mais Georges Malik, son capitaine, nourrit une obsession : pourquoi les dieux ne se révèlent-ils que lorsqu’ils sont morts ? Pour tenter de s’émanciper de ce système gangréné par les inégalités et la pauvreté, tout l’équipage s’embarque alors dans un périple sous haute tension à la recherche d’un dieu vivant.
Avec cet album, nous découvrons la première partie d’une histoire de science-fiction ambitieuse et passionnante.
Al Ewing nous brosse le portrait d’un futur guère réjouissant, où l’humanité se retrouve obligée pour survivre de découper des dieux morts afin d’en prélever des parties… en fait l’humanité se retrouve finalement reléguée au même rang que les organismes et animaux qui de nos jours dévorent les corps des humains morts, de quoi remettre en perspective pas mal de choses !
Dans un cadre de science-fiction mettant en avant le vide désolé de l’espace, l’auteur mène plusieurs intrigues liées : les fameux dieux morts et leur mystère, la description du cadre très strict autour de l’exploitation (un rien macabre) de leurs corps et l’histoire d’un équipage dont le capitaine a des secrets familiaux et une obsession : trouver des dieux vivants, ce qui n’a jamais été fait auparavant.
Al Ewing mène toutes ces intrigues avec talent afin de construire une histoire solide et passionnante. Le côté désespéré de cet univers est particulièrement perceptible, qu’il s’agisse de la triste condition humaine reléguée au rang de nécrophage d’entités divines ou des risques que certains sont prêts à prendre pour se débattre dans cet avenir particulièrement sombre. Il y a également toute une bonne dose de mystère autour de ces dieux qui n’apparaissent aux hommes qu’une fois morts, et en la matière la dernière partie de l’album est particulièrement intrigante, sans parler de sa fin !
Les personnages sont quant à eux bien caractérisés, avec une histoire solide et riche en rebondissements autour du capitaine du Vihan II avec une histoire de vengeance dont on ne saisit les tenants et aboutissants que de façon très progressive. Là aussi, le désespoir de la condition humaine de cet avenir peu enviable est particulièrement perceptible. C’est une bonne idée d’avoir écrit l’histoire sur différentes périodes, cela contribue à l’atmosphère tragique en montrant à quel point le contexte est sombre vu que rien ne change vraiment, du moins à l’échelle des humains. Car il est bien question d’échelle dans ces pages, avec ces dieux gigantesques à la puissance que l’on devine immense même si on ne les découvre que morts face à des nuées d’humains si petits face à eux.
Cet album est une bonne surprise, montrant une nouvelle fois le talent de Al Ewing pour livrer des histoires passionnantes aux intrigues bien pensées. La fin de l’album donne particulièrement envie d’en lire davantage !
Côté graphisme, c’est tout aussi réussi avec des superbes planches de Simone Di Meo. L’artiste livre des dessins magnifiquement réalisés mettant parfaitement en images la désolation du vide de l’espace ainsi que le caractère majestueux de ces dieux morts à la taille démesurée. Le design des vaisseaux est d’ailleurs très soigné, et les scènes d’action spatiales sont bien réalisées.
Un excellent album, qui propose une histoire de science-fiction passionnante dans une ambiance de tragédie
C’est tout aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le sommaire de la prochaine chronique est en cours d’élaboration, rendez-vous lundi prochain pour voir ce que nous vous réservons !
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