Le lundi c’est librairie !
Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de trois albums édités par Delcourt Comics :
- Le retour du Messie verset 1
- Lady Kildare tome 1
- Pulp (en avant-première)
Le Retour du Messie Verset 1 | ||
Delcourt Comics 144 pages – 16.50€ Mark Russell |
Dieu ordonne à Sunstar – le super-héros le plus puissant de la Terre – d’accueillir son fils, autrement dit Jésus, en tant que co-locataire, afin de lui apprendre à utiliser ses pouvoirs de manière plus… puissante et spectaculaire. Jésus, choqué par la façon dont les humains ont déformé son message et celui de son père, jure de tout faire pour remettre les choses en place.
Un team-up entre Superman et Jesus, ce n’est pas possible ? Et bien si…enfin presque !
Mark Russel met en scène un héros nommé Sunstar qui n’est qu’une imitation à peine voilée de Superman et qui se retrouve obligé de cohabiter avec un certain Christ, Jesus Christ.
L’auteur ne fait vraiment pas dans la dentelle, en dépeignant un Dieu constamment exaspéré par la nature humaine qui ne cesse de tout faire en dépit du bon sens… mais aussi par Jesus qui n’est pas forcément tel qu’il le souhaiterait. Nous avons droit à une relecture complètement outrancière et irrévérencieuse des mésaventures d’Adam et Eve et d’autres épisodes de l’histoire des religions dépeints avec un humour particulièrement acide.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Mark Russel va très loin dans son concept et on peut comprendre qu’il ait un tantinet vexé des gens qui ne sont pas forcément connus pour leur sens de l’humour. En tout cas, Le retour du Messie est une histoire très drôle à prendre comme un bon gros délire de sales gosses qui vont toujours plus loin et également comme une peinture de la nature humaine pas forcément très éloignée de la réalité. Il y a donc un peu de fond bien caché derrière les outrances de cette histoire, même si l’auteur met plus le paquet sur la provocation et l’outrance.
La cohabitation entre Jesus et Sunstar est hilarante et le récit est riche en rebondissements souvent très insolites, de quoi passer un agréable moment de détente en lisant cette histoire improbable à l’humour corrosif. La fin de l’histoire étant particulièrement intrigante (quoiqu’un peu prévisible), ça donne bien envie de lire un nouveau verset !
Du côté du dessin, nous avons droit à une prestation signé à la fois par Richard Pace et Leonard Kirk. Les parties de l’histoire plus centrées sur Dieu et Jesus sont illustrées différemment de celles davantage tournées autour de Sunstar, qui sont dessinées de façon plus « classique ».
Les deux approches sont en tout cas tout aussi efficaces l’une que l’autre, le graphisme de l’album étant globalement très bon. On notera d’ailleurs quelques petits gags visuels qui renforcent le côté « sale gosse » de ce titre.
Le sommaire de l’album est complété par une note de l’auteur et une note de l’éditeur, qui sont intéressantes à lire.
Un excellent album, particulièrement irrévérencieux, très drôle et finalement assez réaliste sur la nature humaine
Lady Kildare Tome 1 | ||
Delcourt Comics 192 pages – 16.95€ Brian Holguin |
Brian Haberlin & Brian Holguin ont imaginé ce récit mêlant horreur et fantaisie mettant en scène des créatures mythiques, transposées dans le monde moderne. Il est sublimé par le dessin du philippin Jay Anacleto. Imaginez un monde où les fées, les elfes, les démons et les magiciens existent vraiment. Ayant quitté les sous-bois de Faerie, ils se sont installés à New-York et mènent grand train dans les fêtes nocturnes qui animent la métropole, où la belle Lady Kildare – surnommée Aria – rayonne de mille feux. Un vrai conte de fée ?… Pas certain… C’est même l’horreur au pays des fées !
Sous ce nom se cache la série Aria, déjà publiée il y a hum quelques temps chez Semic.
On y retrouve donc le personnage de Lady Kildare, qui est une fée vivant cachée parmi les humains en compagnie d’autres personnages fantastiques. Ca vous rappelle quelque chose ? C’est normal, on peut penser que le concept de Fables a été un peu inspiré par cette série de Brian Holguin, tout comme certains éléments d’Alias d’ailleurs (une planche de cet album semble avoir fortement inspiré les créateurs de la série Marvel).
Du coup, l’album souffre du même problème que John Carter : quand on découvre après coup ce qui a inspiré des choses qu’on a déjà vu/lu, forcément c’est plus compliqué de l’apprécier. C’est mon cas, car je n’avais pas lu Aria qui est un des seuls Semic Books manquant à ma collection.
En dehors de ces considérations, les histoires composant cet album (dont une qui est sous forme textuelle et non de BD) sont plutôt intéressantes avec une bonne exploitation du concept de la série. C’est très « années 90 » mais ça se lit tout de même sans déplaisir. Il y a pas mal de bonnes idées dans ces pages, et les amateurs de magie dissimulées au sein de la société humaine ont de quoi se régaler.
A noter qu’un épisode de cet album a dû être entièrement revu, car il s’agissait d’un crossover avec Angela dont les droits sont ensuite partis ailleurs. N’ayant pas lu l’épisode original, ce remplacement ne m’a pas choqué et si je n’en n’avais pas été averti je ne m’en serais sûrement pas aperçu.
Côté graphisme, nous avons droit à des dessins de Brian Haberlin, Jay Anacleto et Roy Martinez. Le résultat n’est pas forcément vilain, mais fait surtout très daté et accuse bien son âge.
On se retrouve en effet avec des dessins qui font très « années 90 » avec tous les clichés de l’époque, des poses parfois un peu improbables et une insistance à la fois marquée et gratuite sur l’exhibition de la plastique des personnages féminins. C’est dommage, parce que ça rend la lecture un peu pénible par moments même s’il y a des moments bien sympa ici et là.
Un bon album, qui se lit plutôt bien mais est un peu daté
Pulp | ||
Delcourt Comics 80 pages – 12€ Ed Brubaker |
PULP est un thriller, une réflexion sur une vie de violence et un hommage appuyé aux Pulps, délivrée par la dream team constituée de Ed Brubaker et Sean Phillips. Max Winters, un écrivain de Pulps dans les années 1930 à New York, est entraîné dans une histoire qui rappelle celles qu’il écrit pour cinq cents le mot – des histoires mettant en scène un hors-la-loi du Far West qui rend justice à coups de revolver. Max sera-t-il aussi efficace que ses héros face à des braqueurs de banque, des espions nazis et des ennemis issus de son passé?
Nouvelle collaboration du duo Brubaker/Phillips, Pulp s’intéresse aux Pulps comme son nom l’indique… mais pas seulement.
En effet, le récit raconte l’histoire d’un auteur d’histoires du far west pour des pulps, donc nous avons droit à des passages de cette époque mais qui sont intimement liés à l’intrigue principale située à la fin des années 30. On peut d’ailleurs penser qu’un passage assez frustrant pour le personnage de Max Winters soit une petite allusion aux débuts d’un grand nom des comics glissée comme ça l’air de rien… (un peu comme dans une histoire de l’univers de Criminal, mais de façon plus subtile)
Ed Brubaker a en tout cas concocté une nouvelle fois une histoire sombre, avec une ambiance de polar noir dont il a le secret. C’est un récit âpre et dur, avec un personnage à la vie difficile et confronté au poids de ses choix. Le contexte historique de l’époque, particulièrement sombre avec une guerre mondiale en approche, est mis en avant avec beaucoup de justesse.
Ce qui fait la particularité de Pulp, c’est cette façon d’imbriquer les facettes « far west » et « polar » de son histoire pour que finalement elles soient en résonnance toutes les deux avec les codes de l’une qui déteignent sur l’autre. C’est très habile, et cela contribue à rendre particulière cette histoire qui n’est toutefois pas à conseiller aux lecteurs qui n’ont pas le moral vu sa dureté.
Passionnant d’un bout à l’autre, Pulp montre une fois encore le talent du duo Brubaker/Phillips pour concocter des histoires de personnages maltraités par la vie et qui doivent gérer les conséquences souvent catastrophiques de leurs actes dans un monde qui ne leur fait jamais de cadeau.
La partie graphique est signée Sean Phillips, qui montre une fois encore l’étendue de son talent pour mettre en image les histoires de son collègue. L’artiste et le coloriste (Jacob Phillips) ont opté pour deux ambiances graphiques distinctes pour cette histoire : une pour les passages « far west » (avec une colorisation qui évoque certainement le rendu de l’impression des « pulps ») et une pour les passages situés dans les années 30.
Le rendu graphique est une nouvelle fois excellent, avec une mise en image très soignée de cette histoire passionnante.
Un excellent album, qui confirme une fois de plus le talent du duo Brubaker/Phillips s’il en était encore besoin.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le programme de lundi prochain sera consacré à plusieurs albums, à la semaine prochaine ! 🙂
Watchtower Comics a besoin de vous !
Watchtower Comics est un site autofinancé et indépendant, qui vous offre depuis 2006 des contenus quotidiens sans publicité et des services gratuits.
Tout ceci coûte cher et nous avons besoin d'aide pour poursuivre notre activité.
Vous appréciez notre travail et vous voulez nous soutenir ? Faites un don sur notre page Tipeee !
Derniers commentaires