Le lundi c’est librairie ! Au programme cette semaine, deux albums édités par Delcourt Comics :
- L’Invasion silencieuse tome 1
- Murder Falcon
L’invasion silencieuse tome 01 | ||
Delcourt Comics 160 pages – 13.50€ Larry Hancock |
Ce classique de la BD « conspirationiste », servie par un scénario paranoïaque à souhait et une ligne claire moderne rappelant celle de Serge Clerc et Daniel Torres, est enfin adapté en français. Ce premier tome d’une tétralogie rappelle les meilleurs épisodes de la série La Quatrième Dimension. 1950. Nous sommes en pleine guerre froide. Matt Sinkage est reporter. Il va tenter de démêler le vrai du faux en enquêtant sur une apparente invasion extra-terrestre qui implique le gouvernement américain, jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir. Espions communistes y cotaient des agents corrompus du FBI, des MacCarthistes frapadingues, des Stalinistes prêts à tout, et bien entendu… Des soucoupes volantes !
Paranoïa, communistes et soucoupes volantes… les années 50 s’invitent dans cet album !
C’est un récit particulièrement étrange que nous propose Larry Hancock dans cet album, où le lecteur est constamment baladé de faux semblant en faux semblant. S’agit-il de délire conspirationniste, d’espionnage, de science-fiction… ou bien de tout ceci à la fois ? Il faut avancer dans l’histoire pour se faire une idée, encore que l’auteur laisse un peu de marge de manœuvre au lecteur.
Il est au départ un peu compliqué de rentrer dans l’histoire, mais une fois pris dans le mouvement on se laisse porter par l’histoire et ses multiples rebondissements. Car en fait il se passe toujours quelque chose dans L’invasion silencieuse et le lecteur est tout autant malmené – et baladé – que le personnage principal.
L’ambiance paranoïaque de la Guerre froide, au plus fort de l’anticommunisme alors très actif aux Etats Unis, est parfaitement rendue dans cette histoire riche en surprises. Les fausses pistes se succèdent, quoiqu’en étant très attentif sur les dialogues il y a des choses qui se devinent. Du coup, il est difficile d’en dire davantage sans faire de spoiler et donc ruiner les surprises de Larry Hancock.
L’invasion silencieuse est vraiment un album très intéressant, et même si ce premier tome constitue un arc complet il donne envie d’en lire davantage (trois autres albums sont prévus).
Du côté du dessin, signé Michael Cherkas, c’est un peu déconcertant. L’influence européenne et la ligne claire sont clairement revendiquées, ce qui se sent dans le style très cartoony de l’histoire. Ca donne un cachet très différent aux planches, avec même un certain dynamisme dans les dessins… mais le souci c’est que cette façon de représenter les personnages les rend parfois un peu compliqués à reconnaître.
Ca reste bon et ça colle vraiment bien à l’ambiance, mais c’est tout de même particulier et il vaudrait mieux feuilleter avant achat pour être sûr que ce style ne vous rebutera pas.
Un très bon album, parfois un petit peu dur à suivre en raison de son graphisme particulier.
Murder Falcon | ||
Delcourt Comics 180 pages – 17.50€ Daniel Warren Johnson |
L’auteur d’Extremity revient avec ce récit complet qui mêle ses deux grandes passions : la BD et le Metal ! Cette fois-ci, il met en scène rien de moins que le Dieu du Hard Metal venu sauver le monde d’une invasion de monstres ! Le monde est menacé par une attaque de monstres, et la vie de Jack part en vrille : son groupe de rock est dissout, il n’a pas de nana et encore moins de futur. Mais ça, c’est jusqu’à ce qu’il rencontre Murder Falcon, envoyé du Heavy Metal afin d’anéantir le mal. Mais il ne peut pas le faire sans l’aide de Jack qui déclenche ses pouvoirs avec ses accords de guitare.
Murder Falcon, c’est l’exemple type de l’histoire beaucoup plus profonde qu’elle n’en a l’air.
A première vue, on a d’abord l’impression d’un bon gros délire de la part de l’auteur de l’excellent Extremity : le dieu du Metal qui combat des monstres en gagnant de la puissance grâce à la virtuosité d’un guitariste ! De quoi se poser des questions et sous-estimer grandement la portée de ce récit, ce qui serait une erreur.
Daniel Warren Johnson construit certes un univers articulé autour de sa passion pour le Metal, il serait faux de le nier : qu’il s’agisse de l’histoire en elle-même, de l’utilisation des termes qui y sont associés ou même de références plus ou moins cachées – une statue de Lemmy Kilmister ou un cameo à la fois inattendu et émouvant de Ronnie James Dio – Murder Falcon respire et même transpire littéralement le Metal.
Sauf que l’histoire que Daniel Warren Johnson ne se résume pas à des monstres qui se collent des transmuclaques sur fond de musique Metal. Il y est beaucoup question du courage de surmonter un événement traumatisant, de retrouver le goût de vivre après l’avoir perdu et de s’ouvrir à nouveau aux autres après s’en être isolé. Entre deux scènes de baston homériques sur fond de guitares, nous avons donc régulièrement droit à des passages vraiment émouvants et la fin est particulièrement touchante.
Après, il ne faut pas non plus mettre de côté la composante action débridée de Murder Falcon : c’est en effet du grand spectacle qui nous est offert, avec une menace de premier plan qui est ainsi combattue avec des moyens tout à fait hors norme. On sent comme une envie de l’auteur de se défouler à travers ces passages où l’exagération est de mise.
Dans la postface, l’auteur indique qu’il a lui aussi traversé des moments difficiles et que la musique – sa passion de toujours – l’a aidé à passer le cap à l’image de son personnage principal. Cela contribue à confirmer au lecteur le vrai sens de ce qu’il vient de lire. L’album est surprenant, un peu déconcertant au début mais on se prend vite au jeu et on se retrouve comme happé par cette histoire qui ne ressemble à nulle autre.
Du côté du dessin, assuré également par Daniel Warren Johnson, là aussi c’est particulier. Le style de l’artiste, qui ne vise nullement la vraisemblance, est parfaitement adapté pour restituer toutes les exagérations du récit. Nous avons donc droit à une galerie de créatures touts plus bizarres les unes que les autres, ne serait-ce que le fameux Murder Falcon en personne !
Côté bonus, nous avons droit à une galerie de couvertures alternatives rendant chacune hommage à un titre de Heavy Metal.
Un excellent album, beaucoup plus profond qu’il n’en a l’air.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Le programme de la semaine prochaine sera articulé autour de plusieurs albums, qui vous seront dévoilés lundi prochain !
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