Le lundi c’est librairie !
Au programme trois albums édités par Delcourt Comics :
- Criminal Hors série – Sale week-end
- Hors-saison (en avant-première)
- Hope (en avant-première)
Criminal Hors série – Sale week-end | ||
Delcourt Comics 80 pages – 12€ Ed Brubaker |
1997. Un auteur de BD, Hal Crane, est invité à une ComicCon pour recevoir un prix. Il y retrouve l’un de ses assistants pour le guider sur place. Sa venue n’est cependant qu’une couverture pour régler un conflit vieux de plusieurs années. Ce récit évoque le monde souterrain des auteurs et éditeurs, les scandales internes et les suspicions, une superbe mise en abyme du milieu.
Ed Brubaker nous invite à faire un tour dans les coulisses de l’univers des comics, mais sans renoncer aux ambiances qu’il maîtrise à la perfection.
Après un premier hors-série très noir dont nous vous parlions un lundi précédent, voici une nouvelle histoire qui se situe dans l’univers de Criminal même si le lien est très ténu et n’apparaît pas tout de suite.
Ed Brubaker nous invite dans les coulisses de l’industrie des comics en nous faisant suivre les pas d’un auteur aigri qui cherche à régler ses comptes. Son assistant fait office de narrateur en commentant tout ce qui se passe et en expliquant le contexte.
L’intrigue est passionnante, on retrouve des échos de telle ou telle affaire bien connue du monde des comics et même si le personnage de Hal Crane est imaginaire on retrouve pas mal d’allusions ici et là avec aussi beaucoup de name dropping.
Ce nouveau hors-série est une vraie réussite, à la fois intéressante pour sa narration implacable et par ce culot de regarder l’industrie des comics dans le blanc des yeux pour exposer ses côtés les moins reluisants.
Le graphisme est quant à lui signé une nouvelle fois par Sean Phillips, complice d’Ed Brubaker sur pas mal d’albums. Le dessin est comme à son habitude très soigné, un peu moins sombre qu’à l’accoutumée – comme l’ambiance qui est moins glauque que dans Criminal – mais vraiment très réussi.
Un excellent album, qui concilie l’univers de Criminal et les coulisses des comics
C’est une période d’élections où Bernie Sanders, Hillary Clinton, Donald Trump sont autant de noms susceptibles de changer l’Amérique. À une échelle plus humaine la vie de Mark est aussi traversée par d’énormes changements. Il tente de surmonter l’épreuve de son divorce, la santé précaire de sa mère et l’inconstance de son boss. Au fil d’une élection qui présage du pire, ce père de famille fait ce qu’il peut pour préserver sa vie personnelle.
Les grands changements sont parfois à mettre en parallèle à d’autres à une échelle plus modeste, comme l’atteste cet album.
James Sturm ouvre en effet son récit sur la fameuse élection américaine qui a vu arriver au pouvoir Donald Trump, mais très rapidement on se rend compte que l’auteur ne va pas juste parler de politique. Car il est question de changements qui bouleversent la vie du personnage principal, et ce tout au long de l’album.
Découpé en plusieurs sous-récits qui se suivent, Hors-Saison parle donc de divorce, de maladie, de souffrance professionnelle… et montre un personnage qui tente de ne pas perdre pied alors qu’il est difficile pour lui de surnager au vu de ce qu’il traverse.
Ce qui est très appréciable dans cet album, c’est que James Sturm ne donne pas dans le mélo facile. Tout est écrit avec beaucoup de pudeur et de justesse, sans jamais en faire de trop. On ressent tout à fait le désarroi de son personnage face à tout ceci, et d’autant plus lorsqu’on a connu des choses similaires, mais l’auteur ne fait jamais dans le tire-larme facile ou le lacrymal gratuit.
L’album est très touchant et passionnant d’un bout à l’autre, on se demande à chaque récit quelle nouvelle catastrophe attend le personnage principal et on ne peut s’empêcher de compatir tout en observant qu’il a du courage pour surmonter ces épreuves.
Du côté du graphisme, également assuré par James Sturm, nous avons droit à des dessins joliment croqués. Le style est épuré, et la représentation sous forme d’animaux anthropomorphes est bien faite. Ce type de dessin donne un cachet tout particulier à cet album, qui est vraiment bien servi par le graphisme.
Un excellent album, au contenu très touchant.
Hope | ||
Delcourt Comics 80 pages – 12.50€ Guy Adams |
Dans un Los Angeles d’après guerre alternatif où la magie noire fait partie du paysage, Mallory Hope est un détective privé épuisé par les forces occultes auxquelles il fait appel et hanté par un sombre passé. Lorsqu’on lui confie une affaire de kidnapping, qui lui rappelle la disparition de sa propre fille, il est déterminé à aller jusqu’au bout.
On a déjà vu des histoires de détectives après-guerre, mais avec de la magie ça devient déjà plus rare !
Guy Adams nous raconte donc l’histoire d’un détective privé qui enquête sur une disparition dans un Los Angeles d’après-guerre, mais c’est un détective privé qui utilise de la magie ! Le côté classique de l’histoire est donc contrebalancé par l’ajout de cette composante surnaturelle, qui change complètement la donne par rapport à ce qu’on a l’habitude de lire ou de voir sur le sujet.
L’ambiance est un point fort de l’album, avec un côté oppressant qui capture l’attention du lecteur dès le départ. Ce dernier est comme envoûté dès le début de l’histoire, à l’affût de chaque péripétie jusqu’à son dénouement.
En parallèle de l’enquête de Mallory Hope, ce dernier est également présenté comme ayant subi un drame personnel et son utilisation de la magie n’est pas le seul élément de surnaturel qui le touche de près ! On pourra apprécier au passage que Guy Adams n’a pas caractérisé un clone de Constantine comme le côté privé/magie pouvait le laisser redouter mais part dans une toute autre direction.
L’album est en tout cas très intéressant, l’intrigue est bien construite et on ne devine pas du tout le fin mot de l’histoire avant que l’auteur ne nous montre de quoi il en est exactement. L’aspect surnaturel de l’histoire permet également à l’auteur de ne pas griller ses cartouches trop tôt, en brouillant les cartes grâce à la multiplication des possibilités sur ce qui s’est passé.
Du côté du dessin, le style de Jimmy Broxton colle parfaitement à l’ambiance de l’histoire. Le graphisme en noir et blanc est tout à fait adéquat pour restituer le côté oppressant de l’histoire, et lui donne une identité visuelle tout à fait particulière.
Un excellent album, à l’atmosphère à la fois oppressante et envoûtante.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique. Le programme n’est pas encore arrêté, mais il se peut que nous restions dans l’actualité lundi prochain ! 😉
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Concernant Hope, tu n’avais pas mentionné le format original et assez inhabituel du bouquin, enfin pour du Delcourt… je suppose que c’est pour mieux respecter le format des comics UK qui sont un peu carrés…
C’est surtout que je l’ai lu en numérique donc je n’ai pas spécialement vu le format différent 😉
Mais oui suis-je bête !!! on en avait déjà parlé en plus….
la quarantaine + le confinement… ça fait des dégâts…
J’ai bien aimé ce Hope, cet univers alternatif, cette ambiance classique mais particulière à cause de la magie omniprésente, tout cela contribue à en faire une bonne lecture.
La suite est prévue en VO pour début 2021, j’espère que Delcourt poursuivra l’aventure…