Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui une chronique spéciale pour son 400e numéro.
Au programme : quatre albums édités par Panini Comics et Delcourt Comics qui vont vous emmener en voyage dans le temps.
C’est le 28 mars 2011 qu’a été mise en ligne la première chronique intitulée Le lundi c’est librairie ! pour vous proposer de façon régulière des critiques d’albums. Un peu plus de 8 ans et 1270 albums plus tard, nous en sommes au 400e numéro de ce rendez-vous hebdomadaire !
Pour fêter ce numéro, je vous propose une nouvelle critique des quatre albums qui étaient au programme de la première chronique en 2011, ce qui aura des allures de voyage dans le temps car le paysage des comics en VF a pas mal changé depuis cette époque.
The Authority – L’année perdue tome 1 | |
Panini Comics 168 pages – 15€ Grant Morrison / Keith Giffen |
Authority, une équipe formée de super-héros quasi-omnipotents, est repoussée au-delà de ses limites morales et intellectuelles quand elle se voit coincée dans une réalité parallèle. Quel prix les héros devront-ils payer pour rentrer chez eux ? Et que se passera-t-il quand ils devront affronter d’autres versions d’eux-mêmes ?
The Authority, la super équipe aux méthodes expéditives née sous la plume de Warren Ellis, est de retour dans une aventure improbable.
C’est Grant Morrison qui s’occupe cette fois de la super équipe, avec une histoire qui questionne la notion même de réalité : Authority se retrouve coincée dans un monde qui ressemble furieusement au notre : on retrouve en effet tous les travers de notre « vrai » monde, mais aussi le fait que la super-équipe n’existe que sous forme de comic books.
D’entrée de jeu l’auteur fait donc passer la super équipe de l’autre côté du miroir, avec un concept ambitieux et bien ficelé. Puis malheureusement, très vite il quitte le titre et laisse la main à Keith Giffen qui est censé travailler à partir des notes de son prédécesseur. Et là, c’est le drame : l’histoire devient alors poussive et nettement bien moins écrite que sous la plume de Grant Morrison.
Ce n’est pas non plus un résultat illisible, mais en terme de qualité d’écriture et de caractérisation on sent quand même beaucoup la différence et au fur et à mesure des épisodes de cette première partie Keith Giffen donne l’impression de naviguer à vue en colmatant au fil des pages les fuites dans son histoire. C’est vraiment dommage, car si Grant Morrison était resté sur le titre il y avait de la matière pour faire du grand Authority mais là c’est vraiment très moyen.
Le dessin de son côté est très irrégulier. Comme le scénario, ça commence bien mais ça finit par sacrément se dégrader et par moment c’est même assez pénible à regarder. On retrouve donc le même « effet soufflé » que pour l’histoire, ce qui est tout aussi dommage.
Un album moyen qui commence très bien, mais qui s’essouffle très vite une fois Grant Morrison parti.
Iron Fist tome 6 | |
Panini Comics 200 pages – 14€ Collectif |
Les Sept Capitales célestes se trouvent sur sept plans mystiques d’existence. Chacune d’elles ressemble à un paradis et est protégée par un champion. Ces redoutables guerriers sont connus sous le nom d’Armes Immortelles. Vous allez découvrir leurs aventures dans ces pages. Ce volume regroupe les cinq épisodes de la mini-série Les Armes Immortelles, écrite par Jason Aaron, Cullen Bunn, Rick Spears, Duane Swierczynski et David Lapham, et dessinée, entre autres, par Mico Suayan, Stefano Gaudiano, Arturo Lozzi, Khari Evans et Timothy Green II.
A la suite d’une série d’épisodes qui avaient réinventé le personnage de Iron Fist et son univers, une collection de récits permet d’approfondir ce dernier.
Cinq auteurs de grand talent s’occupent donc de proposer des histoires sur les fameuses Armes immortelles, qui sont des personnages équivalent à Iron Fist pour les autres Cités que K’un L’un. C’est tout un folklore, déjà effleuré dans la série Iron Fist, qui est approfondi en suivant les différentes Armes.
Parce qu’on a un peu tendance à l’oublier, mais Iron Fist ce n’est pas juste un gars en vert qui fait du kung-fu avec un poing qui brille. Il y a une mythologie qui a été écrite autour, et lors de la série Iron Fist lancée par Matt Fraction le concept est devenu encore plus ambitieux et son univers plus vaste que par le passé.
A la relecture de cet album, je conserve ma préférence pour l’épisode sur Gros Cobra qui est tout simplement excellent, mais ce n’est pas pour autant que les autres ne sont pas bonnes, au contraire même. Avec des ambiances très différentes, les différents auteurs permettent de mieux connaître ces personnages hauts en couleurs dans des aventures passionnantes.
Cet album n’est pas du tout indispensable à la compréhension de la série, mais en constitue un complément agréable. L’univers développé autour d’Iron Fist est vraiment riche, et c’est intéressant de voir des histoires dont il n’est pas le point central.
Du côté du dessin, les différents artistes à l’oeuvre rivalisent de talent au cours de ces cinq épisodes très soignés. Le styles sont parfois très différents, mais en tout cas l’univers des Armes immortelles est très joliment mis en images dans ces pages.
Un très bon album, qui permet d’enrichir tout le folklore autour des Armes immortelles.
Superman – Au coeur de la Nouvelle Krypton | |
Panini Comics 294 pages – 29€ James Robinson / Greg Rucka / Geoff Johns / Richard Donner |
C’est la révolution dans l’univers de l’Homme d’Acier ! Dans le précédent tome, Superman s’est rendu compte qu’il n’était pas le dernier Kryptonien en vie. En effet, son peuple n’a pas été entièrement décimé comme il le pensait. Des milliers de personnes étaient en fait retenues prisonnières par Brainiac. Dans cet album, les Kryptoniens s’installent sur une nouvelle planète et demandent à Superman de les rejoindre. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, le plus grand des super-héros quitte la Terre pour retrouver ses pairs !
Longtemps considéré comme le dernier survivant de Krypton avec sa cousine, Superman a découvert qu’en fait ce n’est pas le cas. Voici la suite de ce changement radical, initié dans le tome précédent.
Quiconque connait un peu Superman sait qu’il est doté de pouvoirs fantastiques, dus à l’interaction entre son anatomie de Kryptonien et le soleil jaune qui brille dans notre système solaire. Mais voilà qu’il se retrouve en compagnie d’autres survivants de son peuple qui ont forcément les mêmes pouvoirs que lui ! Cela fait un peu beaucoup à gérer, d’autant que tout le monde n’a pas la force morale à toute épreuve de l’Homme d’acier.
Dans ce second tome, James Robinson et Greg Rucka montrent les efforts de Kal-El pour s’adapter à cette nouvelle donne et à la culture de son monde d’origine qui s’avère moins familière pour lui que celle de son monde d’adoption. Mais ils montrent aussi la difficulté de ne pas laisser les choses s’emballer parmi une population où les conflits peuvent prendre de grosses proportions vu les super-pouvoirs de la population !
Très bien écrit, ce second album nous fait partager toute la difficulté de la position de Kal-El dans ce nouveau monde. On appréciera aussi la présence de guest stars comme les Green Lantern, Supergirl ou encore Adam Strange. Cet album est passionnant, avec juste ce qu’il faut d’action dans une histoire qui restitue avec beaucoup de justesse cette situation compliquée que représente l’arrivée de tous ces Kryptoniens.
Petite curiosité de cet album : une histoire située à peu près en son milieu et où sont crédités non seulement Geoff Johns mais aussi Richard Donner, à qui nous devons l’arrivée de Superman au cinéma sous les traits de Christopher Reeve. Ce récit qui s’intéresse aux criminel de Krypton comme son titre l’indique, reprenant des éléments du premier film, et s’avère aussi intéressant qu’il est bref.
En ce qui concerne le graphisme, le constat est tout aussi positif que vis-à-vis du scénario : les planches sont très joliment dessinées, et l’environnement Kryptonien est bien représenté. L’influence des films de Richard Donner est indéniable, mais plus comme une inspiration que comme une repompe stérile.
Un excellent album, passionnant d’un bout à l’autre.
Walking dead tome 13 | |
Delcourt Comics 144 pages – 14.50€ Robert Kirkman |
Aux portes de Washington, Rick et ses compagnons intègrent une communauté de survivants visiblement épargnée par le fléau qui ravage l’humanité depuis un an maintenant. Pas d’apparition de zombie. Mais ce retour au calme et à une vie presque normale ne se fera pas sans heurts et révélera au grand jour les difficultés d’adaptation de chacun.
Nouveau départ pour le groupe de survivants mené par Rick, mais comme d’habitude les choses ne sont pas si simples.
Quand on lit régulièrement Walking dead, on sait bien que la série est un peu comme une succession de montagnes russes : à chaque fois que les survivants menés par Rick Grimes ont apparemment trouvé un endroit où se poser la situation finit par déraper et on repart au carnage.
A force, ce genre de situations a de quoi fortement affecter les personnes qui les subissent, et Robert Kirkman en est conscient. A travers les situations vécues dans cet album, l’auteur nous montre aussi les blessures subies par ses personnages : blessures physiques bien entendu – on se souvient que Rick Grimes a perdu une main précédemment ! – mais surtout blessures psychologiques dues aux traumatismes des épisodes précédents.
Comme toujours, Robert Kirkman place ses personnages au centre de son intrigue : c’est eux qui mènent le bal et c’est eux qui sont importants, pas les zombies. En fait si les survivants devaient affronter des lapins enragés en tutu sur des licornes le propos serait très probablement le même vu que le sujet est véritablement le devenir des personnages qui ont vécu, vive et vivront encore l’enfer dans cette société qui s’est écroulée.
Ce nouveau tome est donc tout aussi passionnant que les précédents, avec toujours cette tension sous-jacente qui fait que chaque case laisse redouter une explosion dans la suivante. Maniant avec brio cette ambiance reconnaissable entre mille, Robert Kirkman signe une nouvelle fois un album qui se lit avec beaucoup de plaisir.
Du côté du dessin, Charlie Adlard tient les crayons avec sa maestria habituelle. Qu’il s’agisse de montrer des passages durs ou des scènes plus calmes, l’artiste est toujours aussi à l’aise avec l’univers des survivants de l’apocalypse zombie.
Un excellent tome, avec une très bonne analyse de la psychologie des survivants de l’enfer.
Voilà, cette quatre-centième édition est maintenant terminée. Merci aux éditeurs pour la confiance accordée au fil de ces années, ainsi qu’aux lecteurs du site qu’ils soient réguliers ou occasionnels.
Et si maintenant on se donnait rendez-vous pour la 500e ? 😉
Félicitations pour ton travail.
Donner autant de temps à ta passion.
Bonne continuation dommage que tu ne fasses plus les kiosques.
A bientôt pour te lire
Merci c’est gentil 🙂 J’aurais aimé poursuivre les kiosques, mais pour le moment je n’en ai pas le temps. Mais qui sait…