Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique d’un album édité par Urban Comics.
Au programme : Doom patrol t1.
Doom patrol tome 1 | |
Urban Comics 464 pages – 35€ Grant Morrison / Paul Kuperberg |
Constituée de héros traumatisés par des événements brutaux, l’équipe de la Doom Patrol a été rassemblée par le Chef Niles Caulder afin de leur permettre de se réinsérer dans la société. Mais après un événement tragique, le groupe se retrouve décimé et l’intégration de nouveaux membres comme Crazy Jane ou Rebis va entraîner la Doom Patrol dans des aventures encore plus surréalistes et horrifiques.
Contenu VO : The Doom Patrol #19-34, Secret Origins Annual #1
Amenée sous les feux de l’actualité avec son adaptation en série télévisée – actuellement diffusée sur Sci-Fi – la série Doom Patrol arrive enfin en librairie, avec un imposant premier tome.
Au début de l’album, un épisode introductif signé Paul Kuperberg permet au lecteur de (re)faire connaissance avec cette équipe insolite. L’épisode est en effet un récit qui permet de connaître les origines des membres de la Doom Patrol, sous une forme plutôt bien fichue. C’est efficace pour permettre à un lecteur complètement novice en la matière de rapidement saisir le concept de l’équipe et faire le tour des personnages.
Ensuite, on entre dans le vif du sujet avec le début du run de Grant Morrison, qui a emmené l’équipe dans des directions totalement différentes de ce qui s’était fait auparavant. On connait le style de l’auteur, qui n’hésite pas à emmener le lecteur très loin de sa zone de confort pour traiter des thématiques qu’il n’attend pas.
Une fois encore, Grant Morrison surprend. Saisissant tout le potentiel de cette équipe d’individus brisés par leurs pouvoirs, il les entraîne – et le lecteur avec – dans une ambiance de folie. Folie maîtrisée certes, mais ces épisodes sont quand même particulièrement barrés ! Qu’il s’agisse d’introduire le dadaïsme avec notamment un personnage au design cubiste, d’explorer la psyché fracturée d’un des membres de la Doom Patrol d’une façon plus qu’insolite ou de jouer avec le concept de Décréateur (et avec un « clone » de John Constantine pour cause d’interdiction de jouer avec l’original), Grant Morrison ne recule devant rien pour nous proposer une ambiance plus qu’étrange au fil de ces épisodes.
Ce début de run est en tout cas véritablement passionnant, et même envoûtant grâce au talent de conteur de Grant Morrison. Son écriture qui cache soigneusement une très grande maîtrise narrative derrière des histoires faussement dispersées rend particulièrement addictive la lecture de ces épisodes. A chaque épisode, on se demande jusqu’où l’auteur va aller, et le fait est qu’il va toujours très loin !
Si vous découvrez ces épisodes après avoir regardé la série télévisée, vous ne serez pas dépaysés car on y retrouve la même ambiance de folie. La composition de l’équipe est toutefois un peu différente, mais on retrouve bien des arcs entiers qui sont présents sur papier et sur le petit écran.
Passons maintenant au dessin… L’épisode d’origines est dessiné par John Byrne, qui fait du John Byrne : c’est joliment exécuté, mais cela reste tout de même très ancré dans ses habitudes, y compris pour le dessin des personnage où on a tendance à retrouver un peu toujours les mêmes visages d’une série à l’autre. Cela reste en tout cas très joli à regarder, malgré cette impression de redondance quand on a lu beaucoup de titres illustrés par John Byrne.
Pour la partie de Grant Morrison, c’est essentiellement Richard Case qui tient les crayons et le résultat est vraiment bon. On sent tout de même qu’au début l’artiste se cherche un peu, ce qui doit ne pas être super simple vu le scénario, mais au fur et à mesure cela s’améliore avec un rendu de plus en plus réussi. Richard Case donne corps aux idées de Grant Morrison avec beaucoup d’efficacité, et même les concepts les plus étranges sont très bien représentés. L’interim de Doug Braithwaire est par contre un bon cran en-dessous, mais sans non plus être irregardable.
Côté bonus, nous avons droit à une galerie de couvertures, aux recherches pour la Confrérie de Dada et au découpage de Grant Morrison pour un épisode.
Un excellent album, passionnant d’un bout à l’autre.
C’est tout pour aujourd’hui !
La semaine prochaine, je vous proposerai une chronique spéciale pour la 400e édition de Le lundi c’est librairie ! histoire de marquer le coup 🙂
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