Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de quatre titres édités par Panini Comics et Delcourt Comics.
Au programme : Les décennies Marvel – Les années 50, Slots, 365 jours de bonheur et Marvel 2-In-1 t2.
Les décennies Marvel – Les années 50 | |
Panini Comics 176 pages – 26€ Rico |
Une collection exceptionnelle pour fêter les 80 ans de la Maison des Idées, décennie par décennie !Avec les années 50, découvrez des aventures jamais publiées en France de Captain America !
(Contient les épisodes US Young Men 24-28, Captain America (1954) 76-78, Men’s Adventures 27-28 et Captain America : Theater of War – America First!, inédits)
Dans les années 1950, le Golden age des comics est révolu et les super-héros ne sont plus au goût du jour, à part du côté de DC Comics. Mais Atlas, un des nombreux visages de la nébuleuse éditoriale de Martin Goodman qui donnera naissance au Marvel Comics que nous connaissons, se met à essayer de remettre les justiciers masqués sous les feux de l’actualité, et donc le légendaire Captain America et ses collègues de la seconde guerre mondiale.
Cet album se concentre sur Captain America, qui après les nazis se retrouve à affronter le nouvel ennemi des Etats Unis en pleine guerre froide : les communistes. D’ailleurs les couvertures d’époque sont très évocatrices : on y lit « Captain America commie smasher » ce qu’on pourrait traduire par « Captain America le tabasseur de cocos ». Alors que les aventures de Captain America se déroulant pendant la seconde guerre mondiale étaient une sorte d’encouragement de la population et des soldats à combattre l’Axe, là on a plus l’impression d’une sorte de défouloir contre un ennemi aux multiples visages.
Les histoires sont toutes très simplistes, Captain America et Bucky reprenant leurs activités contre cette fois le « communiste de l’épisode », avec une grande brutalité. Xénophobie et anti-communisme primaire sont au menu de ces épisodes où le héros tricolore est particulièrement bas du front. Il est amusant de constater qu’il n’y a pas vraiment d’informations officielles sur le(s) scénariste(s) derrière ces épisodes même s’il se murmure qu’un certain Stan Lee – qui prétendra par la suite ne plus du tout se souvenir de cette période – n’y serait pas totalement étranger en plus de son rôle éditorial.
Donc la question se pose : est ce que cet album est mauvais : en fait non, contrairement à ce que les lignes précédentes pouvaient laisser supposer. Les histoires sont en effet cousues de fil blanc et pas intéressantes en tant que tel, mais elles ont par contre un intérêt historique non négligeable. C’est en fait un cliché de l’Amérique des années 1950, cristallisée dans une haine des communistes – qui d’ailleurs la lui rendaient bien – et obsédée par une crainte paranoïaque de l’omniprésence d’un ennemi invisible toujours prompt à lui piquer ses secrets (quoiqu’il ne faut pas nier que d’un côté comme de l’autre l’espionnage était très actif pendant la guerre froide).
C’est aussi l’occasion de voir un Captain America dont il n’avait pas encore été décidé qu’il avait disparu à la fin de la guerre pour revenir ensuite aux côté des Vengeurs. Là, Steve Rogers et Bucky Barnes avaient simplement pris leur retraite avant de rempiler pour « casser du coco » au service de leur pays. Mais par la suite cette période fut d’abord « oubliée » avant qu’un retcon ne finisse par établir que le Captain America de cette période n’était pas le vrai.
Cette astuce est d’ailleurs au coeur de l’intrigue de l’histoire de Howard Chaykin qui figure aussi dans cet album. Il y est clairement indiqué que le Captain America des années 1950 n’est pas le vrai, et même si l’histoire n’est pas inoubliable c’est un bel hommage à cette période reniée puis réintégrée dans l’univers Marvel.
Côté dessin, là aussi ce n’est pas la fête. Les artistes à l’oeuvre, dont le légendaire John Romita, donnent un peu l’impression de livrer le minimum syndical (d’ailleurs Romita a grugé Stan Lee pour le dessin du bouclier rouge et blanc) et le résultat n’est pas franchement génial. Pour la partie signée Howard Chaykin, on retrouve le graphisme habituel de l’artiste, personnellement je ne suis pas client – principalement à cause de ses dessins de visages – mais c’est tout de même soigné.
Côté bonus, nous avons droit à des planches avant lettrage et avant colorisation, un crayonné de John Romita et quelques illustrations, précédant deux préfaces de Roy Thomas des Masterworks Atlas. Ces textes sont particulièrement intéressants pour les anecdotes de leur auteur vis-à-vis du contexte de publication des épisodes des années 1950.
Un bon album, qui ravira cependant davantage les historiens des comics pouvant ainsi s’intéresser à une période particulière de la carrière de Captain America.
Slots | |
Delcourt Comics 160 pages – 15.95€ Dan Panosian |
Que dire de la vie de Stanley Dance, en dehors du fait qu’il l’a toujours menée à sa guise ? Malheureusement, il semble qu’il n’ait jamais pris en compte le fait qu’il vieillissait. Maintenant, cet ancien boxeur sur le retour est à la recherche de la rédemption et il est prêt à tout balancer. Une plongée dans un Las Vegas à couper le souffle, où tout ce qui est vieux peut devenir jeune… Ou pas.
Vous aimez Las Vegas et les histoires de loser sur le retour ? Slots est fait pour vous !
Situant son intrigue dans « la ville qui ne dort jamais » Dan Panosian nous raconte donc l’histoire de Stanley, un loser qui n’a rien perdu de sa superbe et qui est bien décidé à changer les choses. De retour dans la ville, le voici confronté aux fantômes de son passé.
Les histoires de vieux loser sur le retour ne sont pas rares, et constituent un bon départ pour beaucoup de polars. Avec Slots, l’auteur utilise donc des recettes bien connues mais efficaces pour construire son intrigue, et enchaîner ainsi les rebondissements. Ces derniers sont d’ailleurs d’autant plus inattendus que Stanley est dépeint comme ayant une chance insolente qui l’aide à se tirer de pas mal de mauvais pas. En fait, Slots est une succession d’électro chocs, avec des surprises en permanence.
Cependant, l’histoire est un peu sommaire : à part un catalogue de concepts vus et revus, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Certes le héros est attachant et l’ambiance est vraiment réussie mais en dehors de ça l’histoire ne peut être qualifiée d’autre chose que de sympathique. Elle est plaisante à lire, mais elle est trop banale, trop générique pour passer au niveau supérieur. C’est vraiment dommage car il y avait du potentiel, mais dans le domaine du personnage venu régler ses comptes à Las Vegas on a déjà vu beaucoup mieux, comme Scalped par exemple.
La partie graphique est également assurée par Dan Panosian et est vraiment très réussie. L’artiste a un style qui restitue à merveille l’ambiance de polar du récit, avec même quelques effets qui lui donnent une patine intemporelle. On se retrouve vraiment dans le cadre d’un Las Vegas fantasmé et figé dans le temps, qui fait penser aux vieux films s’y déroulant. La mise en page des planches est tout aussi réussie, et l’emploi de phylactères d’une forme inhabituelle est une bonne trouvaille, tout comme la colorisation qui simule le rendu des vieux comics avec les points de couleurs.
Côté bonus, une galerie de couvertures complète le sommaire.
Un bon album, avec un héros attachant mais une histoire un peu sommaire.
365 jours de bonheur | |
Delcourt Comics 112 pages – 15.50€ Liz Climo |
Après le succès international de ses premiers albums, revoici Liz Climo dans un tout nouveau recueil de gags issus de son petit monde. Au fil d’une année marquée par les saisons et les fêtes, retrouvez lapin et ours, mais également loutre, putois, tortue et tous les autres pour une nouvelle avalanche de poésie, de vannes et surtout d’humour. À mettre entre toutes les mains, des petits comme des grands !
Avec ce nouvel album, nous voici de retour dans le petit monde de Liz Climo, véritable remède au cafard et énorme dose d’ondes positives.
Avec ses histoires faussement naïves, Liz Climo pourrait faire penser que son travail ne s’intéresse qu’aux enfants. Cependant ce n’est pas vrai, car ses petits récits sont emplis d’une grande humanité et distillent l’air de rien des petits gags qui ont le don d’arracher des sourires aux lecteurs.
Pour cet album, Liz Climo a opté pour une division par saisons, un peu comme Charles M. Schulz en son temps avec Snoopy. Les gags sont donc écrits en conséquence, avec des thèmes différents. Les petites histoires sont toutes très sympa, les petites blagues sans prétention de Liz Climo faisant mouche pour amuser le lecteur, qu’il s’agisse de faire des jeux de mots ou de montrer des situations toujours plus décalées.
On retrouve dans cet album tout ce qui faisait le charme des albums précédents de Liz Climo, à savoir une galerie d’animaux dépeints avec tendresse dans un contexte humoristique et une ambiance positive d’un bout à l’autre de l’album. L’autrice utilise à merveille son bestiaire, trouvant le moyen de baser ses gags sur les caractéristiques physiques de chacun.
Il est clair que l’on est pas dans un comic book au scénario super complexe, avec des intrigues fouillées et des rebondissements partout. Mais d’un autre coté, Liz Climo ne le prétend pas non plus, et ce n’est pas parce que ses histoires sont simples qu’elles sont naïves ou simplistes. Il y a un véritable concentré de bonne humeur dans ces pages, et leur lecture forme autour du lecteur comme une bulle lui permettant d’oublier ses soucis le temps de sa lecture. Et franchement à une époque où ce n’est pas forcément la fête tous les jours ça fait vraiment du bien !
Du côté du dessin qui est aussi signé par Liz Climo, là aussi il ne faut pas se fier aux apparences. Le trait semble en effet adressé aux enfants, mais le style faussement naïf est très efficace pour dépeindre les gags de l’autrice. C’est frais, et ça fonctionne très bien !
Un excellent album, tout aussi efficace que les autres albums de Liz Climo pour lutter contre la morosité ambiante.
Marvel 2-In-1 tome 2 | |
Panini Comics 168 pages – 20€ Chip Zdarsky |
Dernier tome ! La Chose et la Torche sont toujours à la recherche du reste des autres membres de l’équipe. Et ils sont peut-être plus près de la fin de leur quête qu’ils ne l’imaginent. Retrouvez aussi un récit centré sur Fatalis.
(Contient les épisodes US Marvel 2-in1 7-12 et Annual 1, inédits)
Après un premier album très réussi, voici la suite et la fin de la recherche des autres membres des Quatre Fantastiques par le duo formé par la Chose et la Torche.
Le statut de cet album est un peu particulier : alors que je pensais que la série Marvel 2-In-1 constituait un prologue au premier tome de Fantastic Four dont je vous parlais la semaine dernière en fait ce dernier s’intercale entre deux parties de cet album et il n’est pas gênant d’avoir lu le tome 1 de Marvel 2-In 1, d’enchaîner sur Fantastic Four tome 1 et de continuer avec cet album.
On retrouve donc sous la plume de Chip Zdarsky la suite et fin de la quête des deux amis, avec des éléments très intéressants sur le multivers post-Secret Wars et sur Fatalis. Ce qui se déroule après Fantastic Four est tout autant intéressant, complétant à merveille l’histoire de Dan Slott.
A part la partie davantage centrée sur Fatalis, la thématique principale est tout de même cette amitié indestructible entre Ben Grimm et Johnny Storm. Même si par moments ils ne peuvent plus se voir en peinture et se lancent les pires cochonneries à la figure, c’est pour mieux se retrouver ensuite comme les meilleurs amis qu’ils sont depuis si longtemps. La fin de l’album tourne davantage autour de la famille, autre thématique clé des Fantastiques traitée avec efficacité.
Tout comme le premier album, ce second tome est passionnant. Les dialogues sont percutants, les scènes d’action très réussies et il y a beaucoup de très bonnes idées dans ces pages.
Du côté du dessin, nous avons droit à des prestations très réussies de Declan Shalvey et Ramon K. Perez. Les dessins sont très soignés, et on retrouve dans leur travail cette ambiance plus grande que nature qui est la marque des Fantastiques.
Un excellent album, qui termine en beauté les aventures d’un des duos les plus attachants de Marvel.
C’est tout pour aujourd’hui !
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