Le lundi c’est librairie ! vous propose la chronique de trois albums, édités chez Panini Comics, Delcourt Comics et Glénat Comics.
Au programme : La vie de Captain Marvel, Extremity et Snotgirl t1 (en avant-première).
Captain Marvel – La vie de Captain Marvel | |
Panini Comics 128 pages – 18€ Margaret Stohl |
Fresh Start ! Lorsque la pilote de l’US Air Force, Carol Danvers, est prise dans l’explosion d’un engin alien, sa vie est changée à jamais. Lorsque Carol retourne auprès de sa famille, elle est attaquée par les Krees et Captain Marvel va apprendre la vérité sur ses origines.
(Contient les épisodes US Life of Captain Marvel (2018) 1-5, inédits)
Alors que les origines de Carol Danvers sont établies depuis des lustres, voici que de nouvelles informations nous sont données dans cet album.
C’est un refrain bien connu, à chaque fois qu’un personnage Marvel vient faire un tour sur un autre media la version papier se cale dessus, avec plus ou moins de bonheur. J’étais donc assez perplexe en me demandant à quelle sauce Carol Danvers allait être mangée, mais au final ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais.
Sous la plume de Margaret Stohl, le passé compliqué de Carol Danvers se voit enrichi de nouvelles données, avec un retcon qui se devine plus ou moins au cours de l’avancée de l’histoire mais qui ne dénature pas le personnage. Certes, cela change radicalement la donne concernant un volet des origines de Carol, mais cela l’emmène également dans d’autres directions qui sont potentiellement intéressantes.
La lecture de cet album est très agréable, avec une Carol nettement plus sympathique que chez d’autres auteurs ou autrices. Le personnage est attachant, et ses aventures sont intéressantes à lire. Il y a une bonne dose d’action, mais aussi un retour plutôt bien fichu sur le passé de Carol à travers son retour au pays, sans que cela ne soit rébarbatif. L’album constitue en outre un bon point d’entrée pour le lecteur qui aurait envie de faire connaissance avec la super héroïne, sans devoir composer avec son passé sponsorisé par Doliprane.
Côté graphisme, nous sommes gâtés avec de bien jolies planches signées Carlos Pacheco et Marguerite Sauvage. Les deux artistes rivalisent de talent pour mettre en image cette histoire, leurs styles respectifs collant très bien aux ambiances représentées.
Le sommaire de l’album est complété par les traditionnelles couvertures, une lettre de l’autrice et un cahier graphique de Carlos Pacheco. C’est l’occasion pour ce dernier de parler de ses choix concernant le graphisme de l’album, notamment sur sa volonté de caler l’apparence de Carol Danvers sur celle de Brie Larson (cette dernière porte en effet les cheveux plus longs que Captain Marvel version papier). Après on est d’accord ou pas (personnellement je n’aime vraiment cette tendance), mais au moins l’artiste explique ses choix.
Un excellent album, qui nous offre un très bon moment de lecture en compagnie de Carol Danvers.
Extremity | |
Delcourt Comics 304 pages – 29.95€ Daniel Warren Johnson |
Thea est une rêveuse. Elle ne rêve pas d’une vie meilleure, mais de vengeance contre le clan qui a décimé sa famille. Mais ce sont des combats sauvages et sanguinaires impliquant des hommes, des machines de guerre et des monstres qui l’attendent au bout de ce chemin.Cette bataille va opposer les Paznina, les Roto et Thea va vite comprendre que dans une guerre, il n’y a jamais de vainqueur…
Avec cet album, nous voici plongés dans un monde post-apocalyptique où règne la violence.
Daniel Warren Johnson nous raconte ainsi la guerre que se livrent des clans dans un monde sans loi autre que celle du plus fort, avec des combat particulièrement sauvages. C’est aussi l’occasion de suivre une jeune fille meurtrie par ces conflits, sur le plan physique comme le plan moral, et de voir comment elle est changée par toute cette sauvagerie. Mais d’autres personnages ne suivent pas forcément le même chemin.
L’entrée en matière de l’album est très directe, on se retrouve directement dans le vif du sujet avec des explications qui viennent en chemin. La narration est suffisamment efficace pour que la méthode soit payante, sans que le lecteur ne se sente perdu puisqu’il trouve toujours à temps les explications dont il a besoin.
Cet album est passionnant, avec une histoire très bien ficelée qui tient le lecteur en haleine du début à la fin. Les rebondissements sont tous bien pensés, mais même si l’un d’entre eux est relativement prévisible son ampleur est par contre totalement impossible à deviner ! En tout cas l’histoire est vraiment très dure, c’est une histoire sans concession qui traite un sujet difficile sans en faire de trop mais sans non plus reposer des masses sur la notion d’espoir.
A travers cette histoire hors du temps, c’est également toute l’horreur de la guerre qui est étudiée par l’auteur. Qu’il s’agisse des combats, avec ses victimes, mais aussi des actes de sauvagerie, des vengeances ou encore des exterminations de masse, le cadre post apocalyptique n’est qu’une fine couche qui recouvre un propos aussi intemporel que la notion de guerre elle-même. C’est traité avec beaucoup d’efficacité, et si c’est très dur c’est aussi parce que le sujet l’est tout autant.
Côté graphisme, c’est aussi Daniel Warren Johnson qui officie. L’ambiance post-apocalyptique est très bien rendue, avec un effort particulier sur le design qui ne lorgne pas sur les classiques du genre. Le gore est aussi au rendez-vous pour certaines scènes, mais sans en faire de trop.
Un excellent album, très dur mais passionnant.
Snotgirl tome 1 | |
Glénat Comics 144 pages – 16.95€ Bryan Lee O’Malley |
Sortez les mouchoirs !
Lottie Person est une blogueuse mode hyper tendance de L. A. qui vit la vie parfaite – du moins, c’est ce qu’elle essaie de faire croire à tout son réseau. Mais la vérité, c’est que ses amis sont d’horribles personnes, que son petit copain l’a trompé avec une fille plus jeune, qu’elle a des allergies qu’elle ne contrôle pas, et qu’il se pourrait même qu’elle ait tué quelqu’un !
Avec ce premier album, nous voici plongés dans le monde des blogs de mode, dans une ambiance assez étrange.
Bryan Lee O’Malley nous fait ainsi suivre les aventures d’une blogueuse mode, à travers son quotidien compliqué entre ses galères sentimentales et ses allergies qui lui valent son drôle de surnom. Mais aussi on bascule parfois dans l’étrange, avec des choses qui ne se passent pas vraiment comme on peut le croire (je n’en dis pas plus pour ne pas faire de spoiler).
L’auteur nous a habitué à des choses loufoques avec Scott Pilgrim, mais dans cette série mythique le délire était au cœur de l’intrigue et dès la première page on savait qu’il ne fallait rien prendre au sérieux. Avec Snotgirl, l’approche est différente et du coup on ne sait pas trop à quel saint se vouer : l’auteur semble en effet patiner entre différentes ambiances sans vraiment se décider, et du coup le lecteur est ballotté sans trop savoir où il va. Du coup, le résultat est très inégal avec une histoire qui donne en permanence l’impression de ne pas être ce que l’auteur dit qu’elle est.
Les personnages sont quant à eux très superficiels, ce qui colle assez avec la personnalité que Bryan Lee O’Malley leur donne, mais le souci c’est que leur caractérisation est à l’avenant : en fait la plupart du temps on se fiche de ce qui leur arrive, et cette fixation sur les allergies de Lottie et leurs conséquences n’est pas du meilleur goût. Superficiel est également l’adjectif qui convient à l’histoire, car l’auteur ne fait que toucher du doigt plusieurs pistes sur l’orientation de son récit et on ne voit vraiment pas où il veut en venir. Enfin pour revenir aux personnages, l’auteur ne fait rien pour donner au lecteur l’envie de s’attacher, car ils sont soit inexistants, soit antipathiques.
Du côté du dessin, le style de Leslie Hung colle parfaitement au scénario. Les conversations entre personnages, de visu ou à travers différents moyens de communication, sont bien mis en valeur grâce à une narration graphique efficace. Ca rattrape un peu la casse vis à vis de l’histoire, mais ça fait une piètre consolation.
Un carnet de croquis, accompagnant la traditionnelle galerie de couvertures, complète le sommaire.
Un album décevant, aussi superficiel que ses personnages.
C’est tout pour aujourd’hui !
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